Santorin Grèce : nouvelles découvertes à Akrotiri
photography by Manos Angelakis
Je n'en avais pas encore parlé, mais de nouvelles découvertes doublées d'une information qui reste à confirmer, donc à prendre avec des pincettes, m'y conduisent naturellement. Mettons d'abord en place les lieux et l'histoire de ce site archéologique extraordinaire :
Sur cette carte de Santorin, vous pouvez voir (points noirs) les sites archéologiques, dont celui d'Akrotiti
Historiquement, Akrotiri a été découverte en 1860, lors de l’ouverture d’une carrière à l’occasion des travaux du canal de Suez. En effet, les pierres ponces de l’île avaient été choisies par les ingénieurs de Ferdinand de Lesseps pour réaliser les parois du canal. Des fouilles partielles sont réalisées entre 1895 et 1903, par l’archéologue allemand Hiller von Gaertringen, qui a dirigé une étude remarquable de la ville de Théra. À l’écart de la ville, il exhuma le principal édifice pré-héllénique de la ville, le temple d’Apollon Karnéios, ainsi que la palestre et l’aire sacrée qui les relie, remontant au VIe siècle av. J.-C.. Les signes les plus anciens d’occupation humaine remontent pour l'instant au néolithique tardif (IVe millénaire av. J.-C. ou plus tôt), et vers 2000 – 1650 av. J.-C. Ces dernières datations semblent correspondre à l'abandon total de la ville (aucun corps n'y a été trouvé) suite à une série de séismes précurseurs d'une ou plusieurs éruptions volcaniques...
Plusieurs tablettes écrites en linaire A ont été découvertes à Akrotiri (Wikipedia - CC BY-SA 3.0)
Les choses restèrent intouchées jusqu'en 1967, avec des fouilles sous la direction de l’archéologue grec Spyridon Marinatos. Il mit à jour l’une des plus grandes sociétés égéennes du IIe millénaire avant notre ère, société qui apparaît avoir été fortement influencée par la civilisation minoenne présente en Crète à la même époque. Akrotiri devint probablement l'un des ports égéens majeur de l’âge du bronze. Certains des objets archéologiques qui y furent retrouvés provenaient en effet non seulement de la Crète voisine, mais également d’Anatolie, de Chypre, de Syrie, d’Égypte, du Dodécanèse et de Grèce continentale. Il a environ 3 600 ans (la date est encore discutée mais la date de 1645 Av. JC est probable), une puissante éruption volcanique désintégra le centre de ce territoire jadis circulaire. Elle ensevelit sous des tonnes de cendres la cité cosmopolite d’Akrotiri et provoqua un raz de marée qui détruisit des villes crétoises, anéantissant la flotte de la civilisation minoenne, bien que cette dernière perdura encore après, mais affaiblie, avant d'être annexée par celle de Mycènes...
L'une des nombreuses fresques d'Akrotiri (Domaine public)
Les fouilles sont très régulières depuis, avec des découvertes extraordinaires : les Akrotiriens (nous ignorons toujours comment ils s'appelaient eux-mêmes, mais supposons qu'ils faisaient partie de la Civilisation des Cyclades) avaient bâti toute une ville de maisons à étages, selon des normes anti-sismiques élaborées. Une large couche d'argile surmontée d'une large couche de tuf volcanique, elle-même surmontée de fondations de larges pierres. Le tout également soutenu par de solides étais en bois. Toutes les maisons étaient équipées de salles de bains à l'étage, reliées à une fosse elle-même reliée à un égout, via une tuyauterie à l'intérieur des murs. Et un incroyable tracé de routes taillées dans le tuf (les plus anciennes d'Europe possiblement) desservaient la ville. Les habitants ont du ne prendre que leurs richesses (peu de bijoux ont été trouvés) car de nombreuses poteries, contenant encore des traces d'huile ou de vins, poissons ou victuailles, ont été découvertes. Beaucoup de fresques devaient décorer les maisons et temples. De nombreuses publications et photos sont accessibles sur de nombreux sites internet.
Mais parlons maintenant des dernières découvertes de 2018 :