Un feu entretenu ancien de 1 million d’années ? - Nouvelles espèces
Publiée dans PNAS, une étude internationale suggère que des traces d’os et de végétaux brûlés, trouvés dans les sédiments d’une grotte sud-africaine et datées de 1 Ma, seraient les vestiges d’un foyer utilisé à l’époque par les Homo erectus occupant les lieux, au moins 300.000 ans plus tôt que ce qu’envisageaient les précédentes estimations.
C’est notamment grâce à l’étude micro-spectrométrique (une technologie basée sur les infrarouges) de sédiments de la grotte de Wonderwerk, en Afrique du Sud (déjà connue pour avoir été fréquentée par les ancêtres de l’homme), qu’une équipe internationale y a découvert "des cendres de substances végétales bien préservées et des fragments d'ossements, déposés sur des surfaces bien délimitées". Les chercheurs interprètent ces éléments comme les vestiges de petits feux de camp.
Leur âge : 1 million d’années ! La maîtrise du feu, élément clé de l’évolution physiologique et culturelle de l’homme, remonterait-elle si loin ? Encore discutée par les experts, cette possibilité fait reculer de 300.000 ans la première utilisation supposée du feu établie à partir d’indices controversés vieux de 7 à 800.000 ans trouvés en Israël. Mais cela fait également reculer de 600.000 ans sa première utilisation attestée à partir de vestiges vieux d’environ 400.000 ans découverts notamment en France et en Chine.
"[Ceci] suggère que les ancêtres de l'homme, déjà du temps de l'Homo erectus, pouvaient avoir adopté le feu dans leur mode de vie", conclut Michael Chazan, anthropologue à l'Université de Toronto, co-directeur de l’étude.
Il y a tout de même certaines "certitudes" et énoncés "comme allant de soit" dans ce petit texte de spécialiste : il est fait mention sans arrêt des "ancêtres de l'homme" alors qu'aucune preuve génétique n'existe à ce jour avec un lien prouvé entre Homo Erectus ou aucun hominidé (à part quelques métissages) et l'Homo Sapiens... même nos plus proches cousins anciens, Néandertalis, Denisova et Florensis (dont l'ADN proviendrait en direct d'Erectus) n'ont pas des marqueurs génétiques comparables aux Homo Sapiens (seul une partie des humains possèdent seulement 4% d'ADN commun avec Néandertal, ou autre partie entre 4 et 6% avec Denisova)... alors que notre ADN est proche à 98% de celui du gorille ou chimpanzé... Peut-être n'avons-nous pas encore trouvé cette infime trace d'ADN qui confirmerait que tous les hominidés, y compris Homo Sapiens et certains primates aussi aient une même origine et un seul ancêtre lointain commun... mais il n'y a peut-être pas non plus qu'un arbre originel qui s'est développé en branches (comme l'affirme les théories évolutionnistes), mais plusieurs arbres originels qui ont donné plusieurs branches... Je suis d'avis que les spécialistes devraient, par honnêteté, dire "possibles ancêtres de l'homme" plutôt qu'affirmer sans cesse (faussant les idées) "ancêtres de l'homme" tout court...
Une autre découverte récente qui confirme la complexité du genre humain et la probabilité, non seulement de grosses erreurs d'interprétations passées sur des fossiles d'hominidés, faussement identifiés dans le passé, et non actualisés de nos jours, mais aussi d'autres branches et hominidés encore inconnus de nos jours... Certains scientifiques suggèrent aussi de se repencher sur les premiers primates découverts (ou assimilés comme primates à l'époque de leur découverte), notamment des restes très vieux datant du Jurassique suggèrant des primates géants. Il est impossible à ce jour, et malgré toutes les comparaisons possibles des caractéristiques des fossiles trouvés d'éliminer la possibilité d'un ancêtre commun à toute la lignée primate-homo (les lémuriens étant un autre mystère) remontant à plusieurs centaines de millions d'années. Un ancêtre primate géant ayant disparu en même temps que les dinosaures ou quelques dizaines de millions d'années après et aurait diminué de taille par adaptation et mutations liées à l'environnement (et diminution de la gravité ?) pour donner plusieurs branches primates-hominidés...
Des métissages entre plusieurs espèces d'hominidés...
Photo : David Reich et al., Nature
Cette représentation de notre évolution suggère qu'elle est encore en cours mais elle semble assez linéaire et directionaliste. Si l'aventure de l'évolution consciente a une dimension individuelle, on ne la voit pas vraiment.
Le schéma simplifié suivant relativise beaucoup notre positionnement au bout de la chaîne et suggère que plusieurs embranchements sont possibles après notre espèce :
En mars 2010 des chercheurs de l'Institut Max Planck (Anthropologie Evolutionniste, Leipzig, Allemagne) avait découvert une nouvelle espèce d'hominidé en étudiant uniquement l'ADN contenu dans l'os d’une phalange. Cette étude avait permis de différencier cet ADN qui n'appartenait ni à un néandertalien, ni à un Homo sapiens. Cet hominidé nouveau avait été nommé Homme de Denisova en référence à la grotte de Denisova (sud de la Sibérie). Les résultats sont publiés dans la revue Nature du 23 décembre 2010 par une équipe internationale de scientifiques dont quelques uns qui avaient déjà participé à la première publication : Svante Paabo (Institut Max Planck) et Richard Green (Université de Californie), entre autres.
Les études de l'os et d'une dent continuent...
Les éléments fossilisés de l'homme de Denisova (une phalange et une dent) montrent des différences morphologiques notoires avec ceux de l'homme de Neandertal et d'Homo sapiens. En particulier, la dent, découverte dans la même grotte que celle de l'os de doigt, ressemble beaucoup plus à celles d'hominidés plus vieux comme Homo habilis et Homo erectus. L'étude de l'ADN montre que les 2 éléments appartiennent à la même espèce, mais pas au même individu.
L'homme de Denisova, un frère de l'Homme de Néandertal ?
Le projet de séquençage du génome de l'homme de Denisova a permis de nouvelles découvertes surprenantes. En comparant le séquencage du génome de l'homme de Denisova avec les génomes des Néandertaliens et des hommes modernes, les chercheurs ont déterminé que l'homme de Denisova appartenait à un groupe frère de l'homme de Neandertal... Ce qui signifie que Néandertaliens et Denisoviens descendent d'une même population ancestrale qui s'était elle même séparé plus tôt des ancêtres des hommes actuels. (YH : ça c'est de la spéculation).
L'étude a également trouvé des similitudes de séquences ADN entre les Dénisoviens et certains Mélanésiens actuels (entre 4 et 6%), ce qui suggère qu'il y a eu métissage entre Dénisoviens et les ancêtres des Mélanésiens. Cela veut également dire que le territoire de l'Homme de Denisova devait aller de la Sibérie au sud de l'Asie. Pour les chercheurs cette grande amplitude territoriale aurait du permettre de trouver un grand nombres de fossiles de cette population. Comme il n'en est rien les chercheurs suggèrent d'examiner plus attentivement les fossiles déjà trouvés dans cette région. Il est possible que des fossiles aient été mal "affectés".
« Il se pourrait que d'autres échantillons soient classés à tort, indique Richard Green. Mais maintenant, avec l'analyse de l'ADN, on peut dire de façon définitive à quelle espèce appartient un fossile ... c'est juste une nouvelle façon d'extraire des informations à partir de restes fossiles. »
Une nouvelle hypothèse de la sortie d'Afrique ?
A la lumière de cette nouvelle découverte il est possible d'imaginer un autre type de migration hors d'Afrique. Il y a 300 000 - 400 000 ans un groupe d'hominidés ancestraux aurait quitté l'Afrique. Il aurait divergé assez rapidement en deux populations. L'une va devenir l'Homme de Neandertal et va conquérir l'Europe à l'ouest, l'autre va coloniser les terres de l'est et devenir l'Homme de Denisova. Par la suite (entre -70 000 et - 80 000 ans), Homo sapiens sort à son tour d'Afrique. Il va d'abord rencontrer les néandertaliens avant de conquérir l’Europe (voir la précédente étude montrant le métissage entre Sapiens et Neandertal) puis en se développant vers l'est il va également se métisser avec l'homme de Denisova...
Richard Green déclare :
"L'histoire est maintenant un peu plus compliquée. Au lieu de l'histoire, que nous pensions simple, d'une migration hors d'Afrique (Out of Africa) de homme moderne et le remplacement des Néandertaliens, nous voyons maintenant plusieurs axes de migrations avec plus d'espèces et des métissages plus nombreux qu'auparavant."
Sources : Nature, BBC, http://foudreevolutive.blogspot.fr/2011/10/evolution-de-lhomme-recentes.html
Un nouvelle espèce contemporaine d'Australopithecus afarensis en Ethiopie (Nature 28/03/2012)
Lucy partageait son territoire avec une autre espèce il y a 3,4 millions d'années. Bipédie pour Lucy et arboricolisme pour son "voisin".
Découverte d'ossements fossilisés du pied d'une espèce inconnue qui vivait il y a 3,4 millions d'années en Ethiopie, dans la région de l'Afar. Les os montrent des caractéristiques indiquant que son propriétaire était arboricole.
L'étude
Les restes partiels d'un pied fossilisé ont été retrouvés en février 2009 à Burtele, dans les roches de Woranso-Mille. C'est dans la même région (Afar) que les ossements de la célèbre Lucy, Australopithecus afarensis, avaient également été exhumés. L'équipe dirigée par le professeur Yohannes Haile-Selassie a publié les résultats de l'étude le 29 mars 2012 dans la revue Nature.
La découverte
Les os du pied de l'espèce inconnue sont très différents de ceux de Lucy. Un gros orteil opposable le rapproche de la morphologie des grands singes actuels ou, plus éloignée, de celle d'Ardipithecus ramidus qui vivait il y a 4,4 millions d'années. L'âge des ossements, déterminé avec la méthode de datation Argon-Argon, est établi à - 3,46 millions d'années. Cette nouvelle espèce est donc bien contemporaine de Lucy.
Un hominidé arboricole ?
Cette nouvelle espèce est donc un visiteur arboricole inattendu dans le buisson de l’évolution humaine… Inattendu parce que la bipédie semblait être, à l’époque, devenue une norme même si les espèces d’hominidés ne négligeaient certainement pas de remonter ponctuellement dans les arbres (pour dormir ou pour se protéger)…
Toutefois les chercheurs ne pensent pas que cette espèce était uniquement arboricole. « Cette espèce était probablement plus agile dans les arbres que Australopithecus afarensis, mais moins agile sur ses deux pieds » dit l’anthropologue William Harcourt-Smith ( Université New York, Lehman College). "Nous ne pouvons pas avoir de certitude, mais sa démarche bipède est certainement très différente de celle de Lucy et probablement beaucoup moins efficace !».
"Le pied de Burtele montre clairement que, il y a 3,4 millions d'années, les Australopithecus afarensis, qui marchaient debout sur deux jambes, n'étaient pas les seules espèces d'hominidés vivant dans cette région de l'Ethiopie", a déclaré le Docteur Yohannes Haile-Selassie, conservateur au Cleveland Museum of Natural History. "Cette espèce a coexisté avec des parents proches qui étaient plus aptes à grimper aux arbres..."
Il va falloir revoir notre conception de l’évolution humaine ?
Pour Harcourt-Smith « Les conclusions de cette étude vont entrainer une remise en cause du déroulement de l'évolution des hominidés… Cela fournit une preuve supplémentaire contre l'idée que les hommes modernes ont évolué de manière linéaire"...
Le spécimen n’a pas, pour l’instant, été attribué à une nouvelle espèce en raison de l’absence du crâne ou d’éléments dentaires.
L'équipe de chercheurs : Yohannes Haile-Selassie, Beverly Z. Saylor, Alan Deino, Naomi E. Levin, Mulugeta Alene, Bruce M. Latimer.
Video en Vo (mettez les sous-titres CC) de Nature Video Channel. Read the original research paper: www.nature.com/nature/journal/v483/n7391/full/nature10922.html
Sources :
SciencesDaily
BBC
Photo : Yohannes Haile-Selassie of the Cleveland Museum of Natural History, source : http://www.hominides.com/html/actualites/nouvelle-espece-contemporaine-lucy-0583.php
Sans oublier cette autre nouvelle espèce éventuelle : https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/une-nouvelle-espece-humaine-en-chine.html
Yves Herbo 04-2012