Angleterre : des empreintes humaines vieilles de 800 000 ans
Natural History Museum
Les plus anciennes traces de pas humains jamais découvertes en dehors d'Afrique ont été mises à jour dans la boue d'un ancien estuaire.
Ce sont les plus anciennes traces de pas humains jamais découvertes en dehors du continent africain qui ont été retrouvées sur la côte est de l'Angleterre. Vieilles de 800 000 ans, les empreintes d'adultes et d'enfants ont été trouvées en bord de mer à Happisburgh dans de la boue d'un ancien estuaire.
British Museum
Il existe seulement deux sites plus anciens, et ils sont situés tous deux en Afrique : à Laetoli en Tanzanie, où on a retrouvé des traces datées de 3,5 millions d'années, et à Koobi Fora au Kenya (1,5 million d'années).
" Une découverte exceptionnellement rare "
" C'est une découverte exceptionnellement rare ", a souligné Nick Ashton, du British Museum, qui a mené les recherches en coopération avec le National History Museum et la Queen Mary University London.
La découverte anglaise a été annoncée lors d'une conférence de presse au British Museum. Elle a été permise par l'érosion rapide des falaises de cette côte, qui révèle peu à peu des sédiments anciens. Ceux-ci, plus sombres, disparaissent presque aussitôt, emportés par la mer.
British Museum
La même équipe avait déjà mis à jour des pierres taillées et des fossiles de mammouth sur ce site il y a plusieurs années.
Les chercheurs ont trouvé les traces de pas par marée basse et se sont empressés de les photographier au plus vite avant que la mer ne revienne les effacer.
Ils ont ensuite reconstitué les clichés en 3D sur lesquels ils ont alors identifié des traces d'adultes et des empreintes plus petites, appartenant probablement à des enfants.
" C'est clairement une cellule familiale plutôt qu'un groupe de chasseurs ", a déclaré Ashton, qui estime que ces ancêtres mesuraient entre 90 cm et plus de 1,70 mètre.
Mais l'identité précise de ceux qui ont laissé ces traces reste inconnue. Selon Chris Stringer du Natural History Museum, ils pourraient s'apparenter à l'espèce de l'Homo antecessor, dont des restes ont été trouvés à Atapuerca, en Espagne.
L'homme moderne : apparition entre -500 000 et -300 000 ans
Il y avait déjà eu une forte alerte en 2010 quand des scientifiques israéliens avaient affirmé avoir trouvé dans leur pays des dents de Homo Sapiens datées de - 400 000 ans. La polémique et les controverses avaient fini, comme souvent, à étouffer les choses et à maintenir les anciennes déductions en place : les deux plus anciens fossiles d'Homo Sapiens (OMO 1 et 2), mal conservés et découverts en Ethiopie, daté de -195 000 ans pour le plus ancien, étaient toujours considérés comme "les débuts de l'Homme Moderne", en Afrique de l'Est... Bon, on peut aussi, comme certains scientifiques, se poser de réelles questions sur les "espèces humaines" et leur réelle différenciation et évolution (comme la différence entre les pygmées d'Afrique et les norvégiens par exemple, qui sont tous deux des Homo Sapiens-hommes modernes...), comme dans cet article au sujet de découvertes en Georgie. Notez que dans cet article, je parlais des 200 000 ans d'ancienneté de l'Homme Moderne, il suffit donc de changer le chiffre en 400 ou 300 000 ans...
Mais plusieurs découvertes étonnantes, dans une ancienne mine marocaine, bouleversent complètement ces précédentes déductions (peut-être un peu trop simplistes bien qu'affirmées sans relâche dans l'éducation humaine comme "prouvé"). Nous sommes donc dans le nord de l'Afrique de l'ouest et ce sont plusieurs fossiles très bien conservés d'Homo Sapiens qui ont été datés pour le plus ancien au minimum à - 300 000 ans, probablement plus...
En 2010, Arne Sjöström, archéologue maritime de l'Université Södertörn et l'archéologue maritime January Öijeberg du musée de Malmö, avaient trouvé le système de pêche fixe le plus ancien connu dans le nord de l'Europe, voir du monde - plusieurs pièges à poissons en branches de noisetier tissées datant de 9 000 ans, au large des côtes du sud de la Suède. Nous sommes dans la Mer Baltique, dans la Baie de Hanö. C'est maintenant la confirmation scientifique de la découverte d'un site préhistorique englouti à cet endroit, daté de l'âge de pierre, faite par les Universités suédoises de Lund et de Södertörn.
La Civilisation de l'Indus encore plus étendue que supposée
La Civilisation de l'Indus, ou encore Civilisation Harappéenne (Harappa étant leur plus grande ville découverte à ce jour), est l'une des 4 plus anciennes civilisations sophistiquées découvertes à ce jour, avec celles de la Mésopotamie (Sumer), de l'Egypte des pharaons et de la Chine impériale, mais c'est aussi la moins bien connue des quatre, puisque leur écriture n'a toujours pas été déchiffrée. Et une dernière découverte, au nord de l'Inde, accentue encore le mystère lié à cette très ancienne civilisation raffinée, car l'endroit en question augmente encore la superficie du territoire sur lequel ce peuple s'était établi et avait construit des cités ayant un caractère très moderne. C'est la première fois que des traces bien identifiées de cette société sont découvertes aussi à l'Est et cette superficie d'occupation de territoires de la civilisation Harappéenne la situe maintenant du Pakistan et nord-ouest de l'Inde au nord de l'Inde, car des artefacts de la civilisation de la Vallée de l'Indus ont été trouvés sur une surface de 930.000 km², presque aussi grande que l'Europe de l'Ouest entière.
Mais quelle est cette nouvelle découverte au juste ?
Excavation site from the late Indus Valley civilization period in a village called Chandayan, in the northern Indian state of Uttar Pradesh. (A.K. Pandey/Archaeological Survey of India)
C'est en labourant la terre pour l'extraction de l'argile que des ouvriers ont découvert un crane humain portant une couronne de cuivre très abîmée, dans le village de Chandayan, au nord de l'Inde, dans l'état d'Uttar Pradesh. L'Archaeological Survey of India (ASI) a été tenue au courant de cette découverte et s'est donc précipitée sur les lieux pour le sauvegarder et entreprendre des fouilles. Voilà ce qu'en dit le Dr Rakesh Tewari, directeur général de l'Archaeological Survey of India (ASI) : c'est seulement la deuxième couronne à être découverte ainsi sur un site de la Vallée de l'Indus, que ce soit en Inde ou au Pakistan car seule une couronne en argent avait été déterrée sur un autre site de la Vallée de l'Indus, dans l'état d'Haryana au nord-est de l'Inde. (YH : seulement deux couronnes et toutes deux retrouvées au nord-est de l'Inde, et datées de la fin de cette civilisation : c'est probablement un indice important sur l'Histoire de cette société humaine ancienne...)
" Notre objectif était de procéder à un opération de sauvetage, afin de voir ce qui pouvait être trouvé sur le site autour des restes du squelette " explique Tewari
" La personne portant la couronne a du être un personnage important dans la société " suppose le Dr A.K. Pandey, directeur des fouilles à Chandayan et archéologue principal de l'ASI, " mais on ne sait pas si à cette époque, les gens l'utilisaient comme une couronne ou comme une sorte de casque ", ajoute-t-il. (YH : la forme de cette couronne ou casque est en effet assez étrange, ou incomplète - on sait que le cuivre possède des propriétés magnétiques et /ou isolantes également...).
La couronne en cuivre de 4.000 ans, décorée avec une perle de cornaline et une perle de faïence - The remnants of a 4,000-year-old copper crown found on a skull from the late Indus Valley civilization period found at village of Chandayan, in the northern Indian state of Uttar Pradesh. (A.K. Pandey/Archaeological Survey of India)
Pendant les fouilles, le Dr Pandey a aussi découvert des ossements d'animaux et des marmites de terre cuite, des pots en argile, à la même profondeur que le site funéraire situé à 20 mètres de là. Cela suggère qu'un animal a été sacrifié lors d'une cérémonie funéraire pour la personne dont on a trouvé les restes. " C'était une pratique de cette époque " affirme Pandey.
Une autre pièce métallique de cette même couronne, ainsi qu'un os pelvien et un fémur de la jambe gauche de la personne ont été déterrés, ainsi que 21 pots en terre cuite sur le site funéraire. Une habitation de la même période a été aussi trouvée, à 45 mètres du site funéraire, entourée par un sol compact, des murs de boue séchée et des trous pour des poteaux de clôture. La découverte est importante, car c'est la première fois que l'on trouve les traces d'une habitation de la fin de la Civilisation de l'Indus aussi loin à l'est, augmentant ainsi la superficie connue de cette civilisation.
Yves Herbo : Avec cette deuxième couronne découverte et concernant la dernière période de l'existence de cette civilisation mystérieusement disparue et oubliée même très longtemps, de nouvelles interrogations se font jour dans les esprits des chercheurs. En effet, la civilisation harappéenne est justement considérée pour l'instant comme une civilisation extrêmement égalitaire, et jusque dans la planification de toutes ses villes : aucun temple ni château ou palais n'y a été découvert. Au contraire, toutes les cités sont construites sur le même modèle très sophistiqué pour l'époque : " la ville est composée de deux grands quartiers : un premier comportant une plate-forme de terre surélevée que les premiers archéologues nommeront la "citadelle" et un second, appelé "cité basse", composé de maisons et de magasins étroitement entremêlés, séparés par un réseau de rues et d'allées, bien définies, suivant un plan précis, de largeurs fixées et en usage dans la quasi-totalité des sites.
Les bâtiments principaux étaient construits en briques, cuites ou crues, d'une forme rigoureusement standardisée. Un système décimal de poids et mesures était utilisé sur toute la superficie de cette civilisation. Les villes les plus peuplées comptaient jusqu'à 30 000 habitants. (au minimum 5 millions d'habitants en tout).
À Harappa, Mohenjo-daro et sur le site de Rakhigarhi, les plus connues et probablement les plus peuplées des villes de cette civilisation, la planification urbaine incluait le premier système au monde de traitement des eaux usées. À l'intérieur des villes, l'eau était tirée de puits. Dans les maisons, une pièce était destinée aux ablutions, les eaux usées étaient dirigées vers des égouts couverts qui longeaient les rues principales. Les maisons ouvraient seulement vers des cours intérieures ou sur des ruelles, se tenant ainsi éloignées des éventuelles mauvaises odeurs et reflux.
Le rôle de la citadelle est encore sujet à débat. Contrairement aux civilisations contemporaines de la Mésopotamie et de l'Égypte, aucune structure de grande taille n'était ici construite, aucune ne semble avoir été un temple ou un palais donc pas de trace matérielle prouvant l'existence de roi, d'armées ou de prêtres. Certaines structures sont cependant identifiées comme des greniers qui signifierait l’existence de surplus agricoles, une raison de cette floraison urbaine.
À Mohenjo-Daro, on a découvert dans la citadelle le « grand bain », une piscine rectangulaire entourée de galeries qui pourrait avoir été un bain public. Deux escaliers symétriques donnent accès à un bassin dont l’étanchéité est assurée par des joints de bitume entre les briques. Bien que la citadelleait été entourée de murs, il ne semble pas qu'elle ait eu un rôle défensif mais plutôt de protection contre les crues. La ville basse est formée de rues régulières orientées nord-sud et est-ouest. Les maisons sont d’une superficie de 50 à 120 m2. Elles possèdent un étage auquel on accède par un escalier intérieur. Certaines sont dotées d’un puits privé, les autres sont approvisionnées en eau par des puits publics. Les maisons sont équipées de salles de bain dont les eaux usées sont évacuées par une rigole en plan incliné qui conduit au caniveau de la rue.
Les différents quartiers de Mohenjo-Daro ont été reconstruit à plusieurs reprises suivant le même plan. À chaque fois, le système de canalisation et d’égout a été réaménagé, ce quisuppose l’existence d’une autorité publique. Pourtant, aucun des bâtiments de Mohenjo-Daro et de Harappa ne peut être considéré comme un temple ou un palais. Aucune trace n’indique avec certitude la prédominance d’une classe de rois ou de prêtres.
La plupart des habitants des villes semblent avoir été des commerçants ou des artisans, vivant ensemble dans des zones bien définies déterminées suivant leur activité. Des matériaux, provenant de régions lointaines, étaient utilisés dans la confection de sceaux, de perles et d'autres objets. Les sceaux comportent des représentations animales, divines et des inscriptions. Quelques-uns d'entre eux étaient utilisés pour faire des sceaux dans l'argile mais ils avaient probablement d'autres emplois. La découverte de sceaux jusqu’en Mésopotamie atteste de l'existence d'un commerce lointain.
Bien que certaines maisons soient plus grandes que d'autres, il ressort de l'observation de ces villes, une impression d'égalitarisme, de vaste société de classe moyenne, toutes les maisons ayant accès à l'eau et au traitement des eaux usées. "
La découverte de ces couronnes pourrait donc signifier que, peu de temps avant la disparition de cette culture (la population ayant probablement migré historiquement vers le Gange), ce peuple s'est doté de rois pour tenter de contrecarrer un bouleversement profond (probablement extérieur ou climatique selon les hypothèses), sans toutefois y réussir...
Yves Herbo Traductions, Sciences, Fictions, Histoires.com, 10-08-2015
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Commentaires
1
erculisse p
Le 12/02/2014
merci pour la promptitude et la précision de ces réponses.
Bien des sites et des forums gagneraient à s' en inspirer.
A l' opposé de toute démagogie, forme actuelle de l' obscurantisme,
une vulgarisation vigilante et pondérée est, sans doute possible, l' outil
privilégié de l' évolution et l' épanouissement universels.
Donc, merci encore, et surtout, surtout, bonne continuation.
2
erculisse p
Le 10/02/2014
bravo, merci, tout çá.
juste deux petites questions, naïves sans doute :
1. quel procédé photographique permet-il la datation d, empreintes aussi anciennes ?
2. comment se peut-il que, dans un délai de quelques heures, la marée vienne
effacer des traces présentes depuis 800 000 ?
merci encore.
yveshLe 11/02/2014
1. aucun procédé photographique ne permet une datation d'empreintes... il est mentionné que ce sont des datations au carbone qui ont pu le faire (précision : la marge d'erreur fait que la date est en fait dans une fourchette de 1 million d'années à 800.000 ans...
2. les côtes déchirées de l'ouest de la France, de l'Irlande et Angleterre montrent une forte érosion due aux fortes marées et tempêtes assez nombreuses à ces endroits (et on voit bien que cela semble augmenter avec le temps). Ces fortes marées et tempêtes enlèvent tout le sable et sédiments le long des côtes, faisant apparaître à marée basse (juste après donc), des bandes de terres et rocs qui étaient ensevelies sous des mètres parfois de sables. Ce sont donc des couches de sédiments plus ou moins épais vieilles de plusieurs centaines ou millions d'années qui sont ainsi découvertes, le temps de quelques heures, avant que la marée haute ne reviennent déposer du sable et en arracher aussi une partie au passage... certaines de ces empreintes peuvent donc réapparaître à la prochaine tempête (bientôt car on en attend encore 4 ou 5 ce mois de février 2014!) ou pas...