« Je pense que peut-être une tempête avait renversé (la pierre) », dit-il. « Elle a peut-être été enterrée plus loin dans la mer, recouverte d'algues, et peut-être que ces dernières années seulement, elle a été déplacée sur cette plage puis exposée. La datation au radiocarbone ne peut être effectuée que sur des éléments organiques », a déclaré Keddie, « mais les histoires écrites et orales peuvent donner un aperçu de la signification de la pierre ».
Le pilier de pierre sculpté tel qu'il a été découvert en juillet 2020 photo : GRANT KEDDIE / LA PRESSE CANADIENNE
« C'est très probablement une pierre spéciale qui a été utilisée dans les rituels et les cérémonies », a-t-il dit, expliquant que les peuples salish de la côte avaient des « spécialistes de la météo ».
On pensait qu'ils avaient « des pouvoirs spéciaux pour attirer les saumons quand ils étaient en retard, ou vous pouviez entreprendre des rituels (avec) certaines pierres pour changer le temps pour le rendre bon pour la pêche, pour le rendre mauvais pour vos ennemis », a-t-il déclaré.
Comme les anciens avaient parlé de plusieurs personnages, « Je me demande toujours, y en a-t-il plus là-bas ?» Ajoute Keddie.
Source : https://www.theglobeandmail.com/canada/british-columbia/article-carved-stone-pillar-found-on-bc-beach-is-an-indigenous-artifact/
Enquête sur la référence historique : Franz Boas est considéré comme le fondateur de l’anthropologie américaine. En tant que tel il s’est engagé en faveur d’une ethnographie participative des tribus indiennes. Il a développé un modèle d’analyse qui met l’accent sur la transmission linguistique des mythes. Pour Boas la langue est dans une tradition humbold-tienne le véritable fondement de l’identité nationale. Toutefois les langues et les tribus ne doivent pas être comparées mais examinées du point de vue de la dynamique de leur contamination réciproque. Franz Boas a identifié chez les Kwakiutl une unité sociale échappant à toute théorie anthropologique, le numaym. Celui-ci, dirigé par une aristocratie, se transmet de génération en génération des biens matériels et immatériels (titres, noms, fonctions religieuses). Claude Lévi-Strauss, qui a beaucoup étudié la mythologie kwakiutl, a entre autres repris les travaux de Boas pour élaborer le concept société à maisons - terme venant des "maisons" princières. Dans un article où il utilise abondamment cette notion, il cite à plusieurs reprises la société kwakiutl en exemple. Il indique ainsi qu'une maison y obligeait ses filles à divorcer chaque fois qu'elles pouvaient contracter un mariage plus élevé dans l'échelle sociale, assurant une meilleure position à ses futurs descendants. Ou encore que, le mariage étant le vecteur d'entrée dans une maison, un noble Kwakiutl désireux d'entrer dans une famille privée de filles pouvait épouser symboliquement un de ses fils, et à défaut, un bras, une jambe... du chef de famille ! Boas et ses propres influences seront par la suite analysées au cours des 20ème et 21ème siècles : https://journals.openedition.org/rgi/892
Les Kwakwaka'wakw (ou Kwakiutl) vivent principalement au nord de l'île de Vancouver et sur le continent. On estime leur nombre actuel, après avoir risqué l'extinction à la fin du 19ème siècle, à 5 500 personnes, dont seules 200 parlent encore la langue originale. La langue traditionnelle des indiens Kwakwaka'wakw s'appelle le kwakiutl ou le kwak'wala. Ce peuple partage beaucoup de traditions culturelles avec les nations voisines, dont les croyances de nombreux esprits et divinités ; des pratiques, cérémonies et rites existent dans la culture de chaque tribu et aussi, dans certains cas, dans certaines cultures indigènes voisines ; chaque tribu a toutefois sa propre histoire, ses propres pratiques et ses propres légendes.
Deux Kwakiutl en costume de cérémonie. The Kwakiutl Indians of Vancouver Island. (postcard) - Domain public
" Nombreux sont ceux qui pensent qu’une personne riche et puissante est quelqu’un qui possède beaucoup de choses. Les Kwakwaka’wakw, le peuple parlant kwak´wala, pensent qu’une personne riche et puissante est celle qui fait le plus de dons. Depuis des temps immémoriaux, les Kwakwaka’wakw organisent des potlatchs et ces cérémonies continuent de jouer un rôle central et unificateur dans la vie communautaire d’aujourd’hui.
Le mot « potlatch » signifie « donner » et provient d’un jargon de commerce, le chinook, utilisé autrefois le long de la côte Pacifique canadienne. Les invités assistant à l’événement reçoivent des dons. Plus l’hôte offrant le potlatch donne de présents, plus il acquiert un statut élevé. La cérémonie du potlatch jalonne les moments important de la vie des Kwakwaka’wakw : dotation d’un nom aux enfants, mariage, transfert de droits et de privilèges et deuil.
C’est un grand moment de fierté – le moment de montrer les masques et les danses appartenant au chef ou à l’hôte offrant le potlatch. C’est un moment heureux. « Quand quelqu’un est heureux au fond de son cœur, il distribue des cadeaux. Notre créateur nous a légué cela, une façon bien à nous de procéder, que ce soit notre façon de nous réjouir, nous les [Kwakwaka’waw]. Tout le monde sur terre a reçu un don. Le potlatch nous a été légué comme une façon à nous d’exprimer notre joie. " — Axu Alfred, ancienne.
Courtesy of Royal BC Museum, BC Archives. https://www.researchgate.net/figure/Exposition-des-pieces-de-la-Potlatch-Collection-dans-la-salle-paroissiale-dAlert-Bay_fig1_30431285
Arlette Seligmann, Kurt Seligmann devant un totem Gitksan, Colombie-Britannique, 1938 - 2008 Artists Rights Society http://antiquenativeamericanindian.info/late-1800s-or-early-1900s-haida-carved-argillite-totem-pole-native-northwest-nwc.html
Important :
https://www.erudit.org/fr/revues/raq/2017-v47-n2-3-raq03793/1048599ar.pdf
Curieusement, ce totem assez rare en pierre n'est pas sans me rappeler ceux des Harak dans l'Amazonie de l'Amérique du Sud, bien loin du Canada mais procédant aussi d'une culture héritière des migrations sibériennes et indonésiennes du passé... :
https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/amazonie-les-harakmbut-devoilent-leurs-monolithes-sacres.html
Yves Herbo et Traductions, Sciences-Faits-Histoires, 28-01-2021