Tout comme le chercheur suédois Per Lilieström, Björn Asbrandsson était en Irlande lorsqu'une grosse tempête s'est levée et a emmené son bateau vers le sud, et les courants ont fait le reste... A en croire cette saga, des années plus tard, un marchand Islandais nommé Guliev était aussi surpris par une tempête lors de son chemin vers Dublin et son navire, un cargo qui avait été utilisé par les vikings pour transporter 40 tonnes de biens, se retrouve deux semaines plus tard aux abords d'une île, au printemps et ayant des plages dorées. L'une des plages est envahie par de nombreux aborigènes à la peau blanche et qui parlent une sorte d'irlandais. Les natifs aide le navire à trouver un endroit abrité et les convient à un entretien avec leur chef et la tribu. Les islandais pensent pendant un moment qu'il pourrait bien s'agir d'une sorte de colonie viking, la plus loin connue. Quand ils rencontrent le chef, ils constatent que c'est un homme grand et fort, avec des cheveux blancs. Et il leur parle dans un langage nordique et, quand il apprend qu'ils viennent d'Islande, il leur confesse qu'il en était un aussi. Il sera très heureux de les accueillir et de réparer leur navire. Il s'appellait Björn Asbrandsson...
Après plusieurs semaines, Guliev et ses hommes étaient prêts pour repartir en Islande et y raconter l'extraordinaire aventure qu'ils avaient vécu. Le chef Björn leur donne beaucoup de cadeaux, un bracelet en or et une épée et demande à Guliev " si vous avez la bonne fortune de retourner dans votre pays, donnez cette épée pour Kjartan, Maître Frodon, Turid et le bracelet à sa mère..."
Et comme l'indique le chercheur-navigateur suédois Per Lilieström, il y a beaucoup de toponymes dans le langage canarien avec celui du nord. Quelques exemples :
La Grande Canarie dans le langage aborigène s'appelle Tamaràn/Tamara, qui est aussi tout simplement une île. Il est évident que l'on retrouve partout dans les îles britanniques le nom de Tamara : c'est le prénom de femmes, mais aussi de rivières et d'endroits... La plus ancienne ville connue à Grand Canaria s'appellait Tara... comme la déesse celte, et le nom de la capitale celtique irlandaise. Bentaiga / Ben-taiga aux Canaries. Ben est un préfixe irlandais désignant des pics et sommets clairs et Taiga était un héros irlandais de 3ème siècle ayant obtenu un bateau. Tirma/Tirmal aux Canaries pourraient se référer au mot "evil" (mauvais) norvégien prononcé par les prêtres et Tir est l'un des dieux nordiques de la triade Thor, Taranis et Tir. Tir. So Tirmal signifie "culte de Tir ou prier Tir". Magec : ce mot est l'équivalent canarien du celte et se réfère au dieu celte de la triade et de la moisson : Mac, et Geth ou Mac, c'était le Fils du Soleil et aussi la Charrue.
Pour en revenir aux écrits de Dominik Wölfel et son étude sur le langage des canariens natifs, d'après les écrits et signes trouvés dans les grottes et sur des pierres, des sculptures, il y est bien mentionné qu'il a été trouvé au Barranco de Guayadeque, Grande Canarie, des signes berbères, mais aussi des runes nordiques et plusieurs signes d'un langage mégalithique. Et Wölfel y écrit aussi (dès 1933), que la clé pour savoir si la race des Cro-magnons était forte et blonde avait été trouvée aux Canaries, parce que " ce peuple était aux îles Canaries au moment de leur conquête et que tous les témoignages historiques disent qu'ils étaient blonds. De quelle autre source, à part de la race des Cro-magnons, pourrait être venue cette race aux yeux et aux cheveux clairs ? ". Tout ceci entraîna évidemment un grand enthousiasme en Allemagne, y compris d'ailleurs chez des non-nazis puisque des scientifiques comme Biedermann, Closs, Nowak, Anders, Roithinger, Stengel, Eschbach, Wagnest, Stumfol, Willigut et les quatre déjà cités dont Huth et Fischer ont tous publié quelque chose sur les Canaries...
Un autre nazi célèbre est impliqué aux Canaries : Gustav Winter. C'est un précurseur car il arrive aux Canaries dès 1926, avec une réputation de grand ingénieur (mais c'est plutôt un grand aventurier - voir sa vie très mouvementée) et arrive à se faire une "place au soleil" avec l'aide d'hommes politiques et d'affaires locaux. Marin depuis son adolescence, on le retrouve en 1933 faisant souvent la navette entre l'Allemagne et les Canaries pour ses affaires. On pense que c'est à cette période qu'il est recruté par les services secrets du nazi Herman Goering. En 1936, il arrive à Burgos en Espagne pour rencontrer Franco, avec l'ordre d'acheter l'entière péninsule de Jandia aux Canaries aux Espagnols, sous prétextes de vouloir engager des travaux de fermes, de pêcheries et de stockages de bovins... il obtient la signature d'une pré-vente et d'une location de la région en longue durée...
La villa et la tour de Winter à Jandia
C'est assez étonnant, mais c'est dans les archives de la Wehrmacht, en 1939, Herman Goering arrive à Jandia, avec le personnel des services secrets de l'Armée et aussi avec Whilelm Canaris (on note la coïncidence de nom, mais est-ce le vrai ?), le chef de l'espionnage allemand, la Abwehr, pour superviser la construction de l'extraordinaire villa de Winter par des soldats allemands, possiblement l'endroit de l'OrganisationTodt... Ici, en 1939, Canaris rencontre aussi l'espion britannique Kim Philby...
Bon, ce n'est pas un article sur les mystères et les étrangetés de la seconde guerre mondiale, mais on notera juste que la villa de Winter est énorme et possède même une grande tour ronde " à la Templier ", possédant une belle ouverture vers le ciel souvent dégagé de l'île... qu'elle possède aussi de très nombreuses chambres et pièces d'eau, ainsi qu'un générateur électrique... en fait, cette villa est à la pointe de la modernité de l'époque - surtout aux Canaries ! - et possède plusieurs entrées. Située aussi près de la baie où un sous-marin U-167 sera vu plusieurs fois - il y a même un rapport d'un avion britannique ayant attaqué ce sous-marin... Et Winter et sa famille n'habiteront jamais cette très belle villa en fait... Winter n'aura d'ailleurs aucun problème avec la justice locale avant 1958... juste pour des problèmes financiers à priori...
Tous ces aspects mystérieux liant les nazis aux Canaries sont dans le livre très intéressant de Rubio Jaime Rosales " NAZI ARCHEOLOGY IN THE CANARY ISLANDS " dont vous avez ici quelques résumés et photos (parmi d'autres).
Une chose est à priori sûre historiquement, en ce qui concerne les Canaries : Les îles ont été visitées par les Phéniciens, les Grecs et les Carthaginois. Selon Pline l'Ancien, auteur et philosophe romain du 1er siècle après JC, l'archipel a été trouvé comme étant inhabité lors de sa visite par les Carthaginois sous Hannon le Navigateur au 5ème siècle avant JC, mais ce qu'ils ont vu étaient des ruines de grands bâtiments (qui ont donc complètement disparu depuis - ou sous l'eau). Cette histoire peut donc suggérer que les îles étaient habitées par d'autres peuples avant les guanches... et que ces derniers étaient bien, d'après les dernières études génétiques, des descendants de berbères de l'Atlas marocains ayant réussi à naviguer (ou par naufrages) jusqu'aux îles après la visite des Carthéginois donc.... (Une nouvelle étude génétique récente dément en partie ce fait : il y a bien des descendants des berbères, mais aussi un autre apport plus ancien, et l'arrivée de l'homme aux Canaries et plus ancien que supposé au 20ème siècle). En fait, il y aurait eu trois ethnies différentes, séparées sur différentes îles.
Nous avons donc bien aux Canaries les traces d'une très ancienne culture préhistorique dont seuls quelques signes et gravures restent dans la pierre (sans pour autant y voir une référence à la race des Cro-magnons d'ailleurs !). Cette culture était déjà éteinte 500 ans avant JC d'après les Carthaginois, mais y avait construit de grands bâtiments (probablement détruits ou réutilisés par les berbères débarqués par la suite et ayant oublié leur culture avec le temps et l'isolement (les Guanches), malgré quelques visites probables et très espacées ensuite par des Celtes et/ou Vikings comme l'attestent les runes et armes nordiques trouvées...
On note aussi que les dernières découvertes font état de commerce entre l'Empire Romain et l'Archipel des Canaries : Le site d'El Bebedero à Lanzarote dans les îles Canaries a fourni la première preuve sûre de commerce romain avec l'archipel. (Photo : Courtoisie de Pablo Atoche Peña). Environ 100 tessons romains, neuf morceaux de métal, et un morceau de verre ont été trouvés sur ce site. Les artefacts ont été trouvés dans des strates datés de entre le premier et le quatrième siècle de notre ère.
Des récits grecs disent qu'une île au-delà des colonnes d'Hercule existait, où les Champs-Elysées gisaient (le Jardin des Hespérides). L'historien grec Plutarque (ca. AD 46-120) décrit les îles avec plus de précision, et le poète romain Lucain (AD 39-65) et l'astronome et géographe égyptien Ptolémée (environ AD 90-168) ont donné leur emplacement précis. En 1964, une amphore romaine a été découverte dans les eaux au large de Lanzarote, et depuis lors, un certain nombre d'autres ont été trouvées sous l'eau. Toutes, cependant, n'avait pas de contexte approprié et ne pouvaient être datées avec précision; qu'elles étaient vraiment romaines a également été interrogé parce que beaucoup étaient semblables aux amphores utilisées par les Espagnols au XVIe siècle pour le commerce avec les Amériques. Les trouvailles de El Bebedero montrent que les Romains ont commercé avec les Canaries, s'il n'y a aucune preuve qu'ils s'y sont jamais installés. La chute de l'Empire Romain a également entraîné l'isolement total et l'oubli du peuple Canarii-Guanche... jusqu'à sa redécouverte... et extermination par les conquérants espagnols au 15ème siècle...
La plupart des tessons appartiennent à de grandes amphores utilisées pour transporter des produits tels que le vin, le sel pour le poisson et l'huile d'olive. L'analyse de leur argile indique que les navires étaient originaires de Campanie (une région de l'Italie centrale), de la Bétique (sud de l'Espagne), et de la Tunisie.
Nous avons toujours l'espoir qu'un jour, une très ancienne tombe ou restes de bâtiment soit déterré, datant d'avant les Guanches (dont les plus anciennes traces remonteraient tout de même à 1000 ans Avant JC d'après certains archéologues, et la génétique - mais où étaient-ils puisque les Carthaginois ne les ont pas vus en 500 avant JC - ou alors il y a des problèmes de datations quelque part !) et attestant de cette première culture préhistorique dans ces îles, qui ont également subies plusieurs montées et descentes du niveau des océans, mais aussi des périodes volcaniques...
http://archive.archaeology.org/9705/newsbriefs/canaries.html
http://en.wikipedia.org/wiki/Canary_Islands_in_pre-colonial_times
Un article en complément :
http://rustyjames.canalblog.com/archives/2015/02/05/31468815.html
Yves Herbo traductions et recherches, Sciences, Faits, Histoires, 01-02-2015