Egypte : La momification existait déjà dans la préhistoire de Nagada
credit: Dr Stephen Buckley, University of York
Une étude et publication scientifique à la mi-août a repoussé de 1500 ans l'âge d'un rituel d'embaument sur une momie conservée à Turin (Italie) depuis 1901, ainsi que les ingrédients et récipients d'embaumement liés. On pensait jusqu'à présent que les rituels de momification étaient contemporains des premières dynasties "officielles" égyptiennes, bien qu'aucune datation n'avait pu jusqu'à présent accrocher une date de "première momification" ou une date de l'invention de telles pratiques en Egypte (en se rappelant que les plus anciennes momies découvertes au monde, jusqu'à présent, l'ont été en Amérique Latine, et non pas en Egypte...). Cette étude prouve sans aucun doute possible que cette momie a bien été embaumée, avec les mêmes doses d'ingrédients que sous les dynasties "classiques" égyptiennes, vers -3600 ans Avant J.C., c'est à dire pendant la phase préhistorique de l’Égypte appelée "culture Nagada" (de vers - 3900 à - 3300 ans AV. J.C). Mais notons qu'une précédente étude de 2014, sur des tombes préhistoriques égyptiennes, avait déjà ouvert de grands soupçons, qui viennent donc d'être confirmés...
C'est la première fois que des tests approfondis ont été effectués sur une momie préhistorique intacte, consolidant ainsi les conclusions antérieures des chercheurs selon lesquelles l'embaumement existait 1 500 ans plus tôt que prévu.
Datant de 3700 à 3500 av. J.-C., la momie est conservée au musée égyptien de Turin depuis 1901, mais contrairement à la plupart des momies préhistoriques des musées, elle n'a jamais subi de traitement de conservation, offrant une opportunité unique pour des analyses scientifiques précises. En effet, à l'instar de son homologue Gebelein Man A au British Museum, la momie de Turin était supposée avoir été naturellement momifiée par l'action desséchante du sable chaud et sec du désert.
Grâce à l’analyse chimique (voir le .pdf ci-dessous), l’équipe scientifique dirigée par les universités de York et Macquarie a découvert que la momie avait subi un processus d’embaumement avec une huile végétale, une résine de conifère chauffée, un extrait de plante aromatique et un mélange gomme / sucre végétal. utilisé pour imprégner les textiles funéraires dans lesquels le corps était enveloppé. (YH : notons que ce processus très ancien serait intéressant à comparer avec celui possiblement employé pour les mystérieuses momies de Nazca découvertes par des huaqueros (pilleurs de tombes) péruviens fin 2015 et révélées fin 2016, et qui ont été datées pour certaines de plusieurs millénaires...).
Le tissu en lin imprégné de produits d'embaumement. crédit: Dr Stephen Buckley, University of York