Sur cette île envahie par les oiseaux depuis des générations, les dépôts de guano étaient tellement importants qu'une entreprise australienne l'a exploité de 1860 à 1927. Cette entreprise est encore présente donc en 1924, ce qui permet à Emery de bien distinguer l'antique du moderne... et d’emprunter le petit train qui parcourait l'île, afin d'amener le guano près de la mer pour les convois de bateaux... il est malheureusement probable que plusieurs sites aient été abîmés ou même détruits par cette entreprise employant des méthodes du 19ème siècle...

L'île Malden vue de satellite, les plus grosses structures (terrasses) sont visibles en haut à gauche. Le centre de l'île est très souvent inondé par des lagons de faibles profondeurs. Un lagon est parfaitement rond, on ne sait pas si c'est dû aux 3 explosions nucléaires britanniques aériennes, il ne semble pas y avoir de radioactivité sur les lieux, qui sont libres d'accès... (http://outremers360.com/politique/histoire-doutre-mer-le-pacifique-a-ete-frappe-par-11-795-bombes-dhiroshima/)
Tous les écrits et descriptions de Emery sont formels : il en a conclu que ces ruines étaient les créations d'une petite population polynésienne qui avait résidé là pendant probablement plusieurs générations quelques siècles plus tôt, sans pouvoir dater à l'époque quoique ce soit. Néanmoins, on sait depuis que la plupart des îles de la Ligne et les îles de l'archipel/nation de la République des Kiribati (l’ethnie dites "des Gilbert") ont été habitées à tour de rôle il y a plus de 2000 ans (et même 500 ans avant JC à priori) (YH : des datations toutes effectuées avant les changements de calibrages du carbone 14 - à revoir probablement à la hausse question ancienneté !).

cette gravure (encore copiée et vendue de nos jours en plusieurs exemplaires) date du Roi Louis-Phiippe (19eme siècle) et représente un monument polynésien à l'époque visible dans les îles appelées à l'époque Gilbert citées (Malden, Christmas, etc...)
Il découvre d'antiques structures en pierre, situées autour des plages, principalement celles du nord et du sud. Un total de 21 emplacements archéologiques ont été dégagés, trois d'entre eux (du côté du nord-ouest de l'île) sont plus grands que les autres (certains documents (et sites internet) parlent de pyramides, mais, d'après les images satellites (Nord-ouest de l'île), il s'agit plutôt de longues structures élevées (tumulus ?) servant de plate-formes à des maraes...). Ces plates-formes n'ont pas été excavées ni fouillées en profondeur à priori (aucune trace écrite). Ces emplacements incluent des plates-formes de temple, appelées des marae, des emplacements de maisons, et des tombes. Les comparaisons avec les structures en pierre sur des atolls de Tuamotu prouvent qu'une population entre 100 et 200 indigènes pourrait avoir construit toutes les structures de Malden. Des maraes d'un type semblable ont été trouvés à Raivavae, une des Îles Australes. Divers puits employés par ces anciens habitants sont aujourd'hui à sec, ou saumâtres. Les nombreux lagons n'ont jamais été fouillés à priori... et l'ont sait que l'eau a considérablement monté: toutes ces îles sont basses sur les eaux, et il est déjà prévu un projet de déménagement de toutes les populations de la République des Kiribati (et de leurs voisines - des milliers d'habitants donc) car ces atolls (et donc toutes ces ruines) sont appelés à disparaître avant la fin de ce siècle, engloutis par les eaux du Pacifique...

marae de Raivavae. Le marae consiste généralement en une surface rectangulaire pavée de pierre, de corail ou nue, dont le périmètre est bordé de pierres plus hautes ou de bois. Il est parfois accompagné d'une terrasse pavée supportant des constructions en bois. Au centre de cette surface pavée, parfois sur un côté, une pierre est parfois dressée. Les plus grands marae sont parfois accompagnés de marae secondaires, de chemins et de surfaces dallées de pierres appelées paepae. (certaines positions astronomiques ont été trouvées). Dans certaines îles (Tahiti, iles de la Société), les marae désignent une construction particulière et rituelle, parfois en forme de pyramides...

Il y a 265 ans, sur l'île de Mauréa dans l'archipel de Tahiti, une énorme pyramide à étages de base rectangulaire (80m x 25m) fut découverte. Cette pyramide a été détruite (ou laissée à l'abandon et le matériel réutilisé) par les autorités française... on note que, depuis, des pyramides semblables ou proches (pyramides à degrés avec ou sans temple au sommet) ont été découvertes au Cambodge, en Corée, en Indonésie et en Chine... et en Amérique centrale et latine bien sûr...

Ile Malden, des structures en forme de pyramides, peut-être des temples. (Mike Fay Photos, Panoramio)





d'autres ruines et routes sur l'île Malden (Mike Fay, Megatransect, Panoramio)
Il est décrit également des routes pavées "à la polynésienne" se dirigeant vers la mer, dans le sud de l'île. La (mauvaise) route qui fait le tour de l'île est par contre une construction moderne, du 19ème siècle.



(toutes images, versions free : Mike Fay - Panoramio)
Voici une pièce d'archives (traduite par mes soins) datant de 1934, résumant la première publication de Emery sur ces îles qu'il a visité donc en 1924.
Archéologie des îles du Pacifique équatorial. Kenneth P. Emory. (Bulletin, Bernice P. Bishop Museum, 123. 43 pp., 22 fig., 5 pls. Honolulu: Bishop Museum, 1934.)
Un chercheur, dont la vaste expérience et les études comparatives dans le domaine de archéologie polynésienne, notamment pour s'équiper et se qualifier pour accomplir sa tâche, donner un avis dans cette publication et apporter des données historiques archéologiques de toutes les possibles sources, y compris les matières recueillies personnellement, par rapport au début de l'occupation par l'homme des îles Howland, Fanning, Washington, Christmas et Malden.
Ces îles coralliennes basses de la Polynésie équatoriale, historiquement inhabitées par autre chose que divers groupes impermanents de naufragés, travailleurs contractuels, et Européens, ont longtemps été rapportées comme présentant des structures de pierre et d'autres manifestations d'habitants antérieurs.
Cependant, des rapports exacts sur ces caractéristiques précédentes, n'ont jamais été mis à disposition. L'auteur examine les rapports antérieurs à la lumière des recherches récentes, dégage attentivement les faits de la fiction, fournit une considérable masse de nouveaux détails observés, et emploie toutes ces données en comparant les premiers habitants de ces îles avec d'autres groupes ethniques polynésiens dans le but de peser les possibilités de relations culturelles.
Les résultats sont des plus intéressants. Le langi tongien très annoncé sur l'île Malden se révèle être un marae typique Raivavae qui, avec trente-cinq à quarante autres maraes plus petits et certaines questions supplémentaires sur l'importation culturelle, sert à soutenir la conclusion selon laquelle une relation culturelle étroite existait entre les anciens habitants de Malden et les premiers Polynésiens de Raivavae, îles Australes, à 1.280 miles de distance (2060 km).
D'autre part, les sites de Fanning Island, y compris une enceinte à poissons et des murs de pierre, sont fortement évocateurs d'une influence tongienne (îles Tonga).
Les îles de Howland, Washington, et Christmas portent témoignages d'anciens habitants présentant des particularités culturelles mixtes ou indéterminées. Ce travail reflète un traitement critique des faits qui démontre un penchant louable pour une précision détaillée, et des conclusions, offertes avec une raisonnable prudence, adhérant étroitement à la preuve présentée pour leur soutien.
W. C. McKern
On peut noter aussi que cette île (comme d'autres voisines), a été le lieu du premier essai thermonucléaire britannique en 1957 (Grapple 1/Short Granite), comme quoi la présence de ruines antiques n'ont pas ému non plus les autorités britanniques... ce qui ne les a pas empêchés de déclarer cette île comme étant une réserve protégée... pour les oiseaux !
Il faut noter également que, à priori, aucune fouille en sous-sol n'a jamais été effectuée sur l'île Malden, y compris au niveau des tombes antiques : en ce qui concerne la Polynésie, l'archéologie s'est souvent et longtemps contentée de fouilles de surface, les archéologues ayant mis du temps à admettre l'existence d'une réelle Histoire et des évolutions culturelles locales, et même l'ancienneté tout simplement de ces premiers habitants des îles... les Européens n'ont jamais aimé que l'on remette en question leurs talents de "découvreurs" porteurs de la "bonne parole"... voir Christophe Colomb, qui est toujours considéré comme le "découvreur" des Amériques dans les livres d'Histoires... occidentaux... car le barbarisme de Colomb et de ses hommes est bien sûr considéré comme "moderne" et "évolué" par rapport aux "sauvages" déjà présents sur place !
Sources :
http://sitesavisiter.com/malden-malden-line-islands
https://fr.wikipedia.org/wiki/Malden_(île)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_Kiribati
http://geoculture.canalblog.com/archives/2015/01/06/31264686.html
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1525/aa.1936.38.1.02a00230/pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kenneth_Emory
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marae
Archaeology of the Pacific Equatorial Islands, édité par James M. Andrews, Cambridge, Mass., The Museum, 1943, paru dans Studies in the Anthropology of Oceania and Asia, presented in memory of Roland Burrage DixonPolynesian stone remains


MAJ 25-10-2018 : Un site espagnol a récemment repris une partie de cet article (merci) et apporté quelques précisions :

Voici une ancienne carte montrant le lagon comme il était en 1924. Il montre aussi le tracé de la route moderne (à l'époque) qui faisait le tour de l'île et mentionne le petit train abandonné en 1927 et son tracé assez rectiligne qui par du côté "landing" à l'ouest, passe au sud pour remonter vers l'est de l'île. Notons qu'aucune de ses routes et chemin de fer moderne ne va directement vers la mer, à part du côté "landing", port moderne. Alors que les routes antiques sont situées au sud en grande partie.

On voit clairement que cette élévation rectiligne a été en partie engloutie, détruite par les courants et continue plus loin

Les anciennes routes de l’île Malden ressemblent beaucoup aux routes en basalte d’Ara Metua, sur l’île de Rarotonga, à 1 610 kilomètres au sud de Malden, qui est essentiellement une route qui fait le tour de l’île. Il est surprenant de constater que la route au sud de Malden et qui s'enfonce sous l'eau semble pointer directement vers Rarotonga...

Il y a environ 40 temples en pierre sur l'île Malden. Les pyramides sont du type "imbriqué" et "tronqué" et sont couronnées par des dolmens. Ils mesurent 9 mètres de haut, 6 à 18 mètres de large et 27 à 60 mètres de long.

L'une des structures survivantes de l'île Malden. On estime que l'île sera engloutie totalement par les eaux avant la fin de ce siècle...
La vérité est qu’une si petite île (même en projetant ses côtes plus larges à l’ère glaciaire) ne pouvait accueillir beaucoup de monde. La construction des œuvres mégalithiques susmentionnées a donc dû impliquer l’importation de main-d’œuvre provenant d’autres lieux, avec le matériel et les outils nécessaires. Pour cette raison, il est probable qu’il exista une culture ancestrale qui engloba la région du Pacifique et qui montre encore son empreinte culturelle sur les îles de la région. On peut penser à la millénaire culture Lapita dont on ne connaît pas les limites géographiques, mais certains parlent évidemment du continent mythique Mu (ou Lémurie selon), dont certaines récentes preuves géologiques (large plateau incluant la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie qui a été à l'air libre il y a très longtemps) ont été annoncées. Zealandia : https://www.science-et-vie.com/nature-et-enviro/zealandia-le-continent-englouti-34095. Les effleurements marins visibles sur la photo satellite ci-dessous montrent que de larges bandes de terres ont été à l'air libre dans le passé.

Source : https://reydekish.com/2018/05/11/la-isla-de-malden/

Zealandia, le continent englouti à 94%
LES 3 CRITÈRES QUI FONT DE ZEALANDIA UN CONTINENT
Sa nature géologique
L'épaisseur, la composition et la densité du sous-sol sont typiques d'une croûte continentale - quand bien même il est largement immergé.
Sa taille
Cette structure géologique s'étend sur quelque 4,9 millions de kilomètres carrés.
Une surface très supérieure à celle du sous-continent indien (3,3 millions de km2 ).
Son histoire
Zealandia forme un tout cohérent, bien séparé géologiquement de l'Australie, depuis au moins 65 millions d'années.
Yves Herbo texte et traductions, Sciences-Faits-Histoires, http://herboyves.blogspot.com/, 23-06-2016, 25-10-2018