Carte de la ville d'Anfa en ruines par Marmol, 16ème siècle
Au 21ème siècle, Anfa est un quartier luxueux de la Cité Blanche, Casablanca au Maroc, Afrique. Mais ses origines historiques remontent à plusieurs millénaires, sans toutefois qu'on ait à ce jour réellement tenté d'étudier ses profondes fondations. Le quartier abrite encore quelques maisons datant du 18ème siècle, mais il est construit sur les ruines de l'antique cité d'Anfa qui forment une colline surélevée par rapport à la ville créée par l'arrivée des Français en 1907, Casablanca.
En fait, les origines d'Anfa remontent à l'aube des Temps, même si le géographe Léon l'Africain écrit en 1528 qu'Anfa a été créée par les Romains, personne n'a été voir si les Romains n'avaient pas eux-mêmes consolidés une antique cité. Il écrit aussi que la ville pratiquait la course, c'est-à-dire le piratage. Pour Marmol,au 16ème siècle aussi, son origine serait Phénicienne. Pour Ezzayani, né en 1734, la ville aurait été fondé par les Berbères. Les Zénètes s'établirent à Tamesna et Tadla, les Sanhadja en Doukkala. Les émirs des Zénata bâtirent la ville d'Anfa dans les Tamesna et la ville de Day dans le Tadla. Des écrits du 11ème siècle mentionnent son existence et des historiens pensent que la ville a peut-être été érigée par les Zénètes à cette époque. En fait, l'Homme pourrait y être installé depuis bien plus longtemps et la Cité légendaire n'a peut-être été qu'un camp d'agriculteurs-pêcheurs à ses débuts, car les découvertes archéologiques relativement récentes prouvent la présence d'Homo Erectus sur place il y a 1 million d'années...
Le site est tout à fait exceptionnel géologiquement et selon une étude de Fatima-Zohra Sbihi-Alaoui et Jean-Paul Raynal intitulée «Casablanca : Un patrimoine archéologique exceptionnel», la série sédimentaire de Casablanca serait un gigantesque escalier qui s'élève du rivage actuel jusqu'au plateau de l'Aéroport Mohammed V. Chacune de ses marches est un ancien rivage recouvert de dunes. Ces marches ont été taillées par l'océan, lors des périodes interglaciaires majeures, alors que les glaces des pôles avaient partiellement fondu sous l'effet du réchauffement. Les cordons dunaires, pour leur part, se sont édifiés pendant la transition vers les périodes glaciaires, lorsque le volume des océans commençait à diminuer en raison du stockage de l'eau aux pôles terrestres, conséquence du refroidissement global. L'âge des marches va croissant en direction de l'intérieur des terres. C'est un soulèvement de plus de six millions d'années qui est à l'origine de cette disposition originale et exceptionnellement préservée et mise au jour par les travaux d'urbanisme.
De nombreuses découvertes archéologiques ont déjà eu lieu, puisque dès 1926 des archéologues s'interessent aux nombreux fossiles de mamifères (dont plusieurs rhinocéros blancs) dégagés par les carrières servant à la reconstruction de la ville (l'ancienne ville a été rasée en 1468 par les Portugais vengeurs, totalement abandonnée pendant 300 ans, encore plus endommagée par un séisme en 1755, pour ne commencer réellement à réexister qu'au milieu du 19ème siècle). " La dernière en date est une incisive humaine dans la grotte des rhinocéros de la carrière Oulad Hamouda, datant de plus de 450 000 années. « Il s'agit d'un site exceptionnel au niveau mondial puisque nous avons trouvé dans cette grotte plus de 15 crânes de rhinocéros blancs », explique Abderrahim Mohib, conservateur principal des monuments et sites au ministère de la Culture et co-directeur du programme maroco-français «préhistoire du grand Casablanca». « Ce qui est d'autant plus intéressant, c'est qu'avec cette dernière découverte, nous sommes certains de trouver d'autres restes humains », continue la même source."
Lire la suite ci-dessous :
- 450 000 ans incisive hominidé
" En effet, les recherches archéologiques se font à deux niveaux. Le premier est daté de plus d'un million d'années et représente les traces de l'occupation humaine jusqu'à aujourd'hui, et on y trouve de l'outillage ou des restes d'animaux. Quant au second niveau, qui date de 500 000 à 700 000 années, il constitue une grotte à hominidés où il y a eu plusieurs découvertes de restes humains. « Entre 1994 et 2009, nous avons découvert 6 prémolaires et incisives ainsi qu'un mandibule adulte et un fragment de mandibule d'enfant », explique Abderrahim Mohib qui soutient que les découvertes au niveau du Grand Casablanca sont riches et importantes, puisqu'elles ont été publiées au nouveau mondial. Sont également responsables du programme maroco-français, en partenariat avec le ministère de la Culture marocain, les ministère des Affaires étrangères en France et deux instituts de recherche archéologique en France et au Maroc, qui effectuent deux fois par an des recherches poussées. « Nous avons deux campagnes en avril-mai et en octobre-novembre », explique Abderrahim Mohib."
" Des campagnes fructueuses qui permettent de mettre à jour des trouvailles majeures. Des trouvailles qui sont en danger, puisque les carrières ne sont pas protégées, encore moins conservées. « Il y avait énormément de carrières à Casablanca, aujourd'hui il n'en reste que 4 et elles ne sont pas protégées », rapporte le conservateur des monuments et sites du ministère de la Culture. Une constatation des plus alarmantes lorsque l'on sait que Casablanca est considéré comme le berceau de l'humanité du Maroc et que ces recherches apportent beaucoup au niveau mondial. « Nous avons, à plusieurs reprises demandé un parc archéologique, comme il se fait dans le monde, mais personne n'a répondu présent». Des projets de lotissements sont préférés à la recherche, car on juge celle-ci trop peu importante. « Il n'est pas difficile de nous laisser quelques hectares pour clôturer un bâtiment, faire du moulage de surface afin de travailler dans les meilleures conditions », explique Abderrahim Mohib. Ce serait pourtant une manière de rassembler les découvertes et d'en faire le bilan afin de présenter au grand public les découvertes réalisées. Un projet qui, selon le responsable, rapporterait beaucoup d'argent au pays, mais surtout ce serait un moyen pour préserver le savoir et l'histoire de nos ancêtres. La patrimoine archéologique de la ville blanche est unique et internationalement reconnu et il a servi de base pour plusieurs études. Il est donc important de garder cela en mémoire et de tout faire pour le préserver, pour éviter que tout ce travail fourni ne soit vain." (Le Matin)
Cette période des 6 derniers millions d'années assez facilement explorable par les techniques actuelles et réunie au même endroit est une opportunité rare au niveau mondial pour étudier cette période particulièrement intéressante. Et la diversité de la faune et flore préhistorique de la région, la présence d'hominidés anciens sont d'autant plus attractifs. Ce serait un gâchis de ne pas tenter de sauvegarder ces traces, alors que nombre de carrières, d'anciennes grottes où l'ont a trouvé des fossiles humains ont déjà été détruites et remplacées par des constructions modernes, Anfa étant maintenant devenue une des grandes villes du monde actuel... L'ONU et l'Etat Marocain se penchent-t-il sur le problème question patrimoine mondial ? Espérons-le...et parlons-en...
MAJ 05-2020 :Selon la version apportée par Roman Heritage, un site culturel à but non lucratif sur la Rome antique, le nord du Maroc était occupé par les Amazighs, appelés «Berbères». « Le nord du Maroc, l'Algérie et les villes espagnoles de Ceuta et Melilla (...) ont été habitées par des tribus berbères semi-nomades », raconte cette source.
« Vers 800 avant J.-C., les villages phéniciens de la Méditerranée ont commencé à créer des colonies commerciales dans la zone côtière et se sont mélangés avec la population berbère. Elle servit au VIIIe siècle av. J.-Cprobablement d’escale aux Phéniciens vers les îles Purpurines (Essaouira). En 814 avant J.-C., la ville de Carthage a été fondée (...) Vers 500 avant J.-C., les Carthaginois formaient un empire qui s'étendait jusqu’à la péninsule ibérique, le nord de l'Afrique, les îles Baléares, la Corse, la Sardaigne et la Sicile et leurs échanges commerciaux s’effectuaient jusqu’aux fin fonds de l'Afrique.»
L'Empire romain s'est ainsi développé dans les régions nord-africaines et de Maurétanie. Vers 15 av. J.-C., les Romains occupèrent la région et créèrent un port sous le règne d’Octavius Augustus (Octave Auguste), premier empereur à contrôler l'Empire romain de l’an 27 av. J.-C. jusqu'à sa mort en l’an 14 apr. J.-C. Le port d'Anfa établi par les Romains devint donc un important pilier reliant la région au port de Mogador (aujourd'hui Essaouira).
Anfa est une appellation berbère, synonyme de «petite colline», d’après le livre «Africa Ethnonyms and Toponyms» publié par l'UNESCO. Habitée et gouvernée par les Amazighs, la région comprenant le Maroc, l'Algérie et la Tunisie d’aujourd'hui a porté comme surnom «Maurétanie», du 3e siècle avant J.-C. à l’année 40 après J.-C.
Des pièces de monnaie de l'époque du roi Juba I, le père de Juba II. / Ph. DR
Royaume de Maurétanie, Denier à l'effigie de Juba II. Date : c. 20 AC. - AD. 20. Nom de l'atelier/ville : Maurétanie, Césarée - Wikipedia - CC BY-SA 3.0
Il semblerait aussi que l'expédition de Juba II, un roi amazigh de l'Afrique du Nord, pour découvrir les îles Canarieseut comme point de départ le port d'Anfa. Ce dernier a été nommé Anfus par les Romains lorsque la Maurétanie était un partenaire commercial de l'Empire européen.
Les histoires suggèrent qu'Anfa et la partie nord du Maroc appartenaient à la «Maurétanie Tingira», une province romaine créée après que l'empereur romain Claudius eut divisé le royaume en deux provinces. La ville antique d'Anfa aurait entretenu des relations commerciales avec Volubilis jusqu'au 5e siècle av. J.-C.
Statue de Juba II, découverte à Volubilis, au Maroc. photo Yves Tennevin - Wikipedia - CC BY-SA 3.0
Juba II (névers 52 av. J.-C. - mort vers 23 ap. J.-C.) était considéré par les écrivains de l’Antiquité pour un lettré et un érudit (éduqué à Rome). Malheureusement, son abondante oeuvre ne nous est parvenue que sous forme de fragments. Il est très souvent cité dans les sources anciennes, en particulier par Pline l’Ancien (Historia Naturalis, L.V, 16, 2) qui considérait que « sa réputation de savant est encore plus mémorable que son règne » et Plutarque (César, 55, 3) qui voit en lui un très grand historien grec. Juba IIavait lui-même réuni une bibliothèque dans la tradition des rois hellénistiques et envoyé des copistes dans les plus grandes bibliothèques de son temps. On sait même que des escrocs lui vendirent de faux livres de Pythagore. Il écrivait, semble-t-il, exclusivement en grec, la langue de la culture en son temps, et ses sujets d’intérêts étaient très variés : philologie, théâtre, poésie, peinture, botanique (il nomma l'euphorbe du nom de son médecin personnel grec Euphorbos). Il rédigea aussi une Histoire de Rome, une autre sur les Assyriens, ainsi que des Arabica qu’il dédia au jeune prince Caius, le petit-fils d’Auguste. Il traita des réalités africaines dans deux ouvrages, les Libyca et un traité sur les Errances d’Hannon. Pour ces derniers, il puisa ses informations sans doute dans des documents anciens, les libri punici, hérités de son grand-père Hiempsal II (Salluste,Guerre de Jugurtha, 17,7 ; Pline, Historia Naturalis, XVIII, 22 : le sénat les confie aux rois africains après la chute de Carthage) et peut-être rédigés par lui (ou traduits en grec) à partir d’une tradition ancienne. Il s’appuyait aussi sur le résultat d’explorations aux îles Canaries (Pline, Historia Naturalis, VI, 37-2) et en quête des sources du Nil (Pline, Historia Naturalis, V, 10-1
La conquête des Vandales
L’Anfa romaine a ensuite été conquise par les Vandales, une tribu germanique orientale qui a migré du sud de la Scandinavie pour atteindre l’Espagne et l’Afrique du Nord au 5e siècle apr. J. -C. Une version rapportée par le livre «Afrique du Nord: Une histoire de la Rive méditerranéenne au Sahara» (Editions Duckworth Overlook, 2012) de Barnaby Rogerson, un écrivain et historien britannique qui indique que « la conquête vandale fut un événement de courte durée mais dramatique dans l'histoire de l'Afrique du Nord ». « Tous les propriétaires romains ont été expulsés d'Afrique du Nord et leurs domaines donnés aux guerriers vandales qui sont devenus une classe dirigeante », écrit-il.
Peu d’informations existent sur la façon dont la ville d’Anfa s'est remise de la conquête des Vandales. En 744, un royaume amazigh appelé Barghawata, appartenant à la confédération Masmouda, s'installe entre le Bouregreg et l’Oum Errabiâ au sud du port romain (Anfus).
Dans son livre, l'historien britannique a décrit Casablanca comme le «port punique d'Anfa». Il précise aussi que le port était « la capitale de l'hérésie Barghawata du VIIIe au XIIe siècle ».
La destruction par les Portugais
Contrôlée par la dynastie amazighe, la ville d'Anfa est ciblée par les Portugais au XVe siècle. Barnaby Rogerson rapporte que « le port de corsaire a été attaqué par les Portugais [à deux reprises] en 1486 [puis en] 1515 avant qu’ils réussissent à l’occuper de 1575 jusqu'au tremblement de terre de Lisbonne de 1755 ».
Illustration du port d'Anfa détruit par les Portugais. Par Marmol, 16ème siècle
Au 21ème siècle, Anfa est un quartier luxueux de la Cité Blanche, Casablanca au Maroc, Afrique. Mais ses origines historiques remontent à plusieurs millénaires, sans toutefois qu'on ait à ce jour réellement tenté d'étudier ses profondes fondations. Le quartier abrite encore quelques maisons datant du 18ème siècle, mais il est construit sur les ruines de l'antique cité d'Anfa qui forment une colline surélevée par rapport à la ville créée par l'arrivée des Français en 1907, Casablanca.
En fait, les origines d'Anfa remontent à l'aube des Temps, même si le géographe Léon l'Africain écrit en 1528 qu'Anfa a été créée par les Romains, personne n'a été voir si les Romains n'avaient pas eux-mêmes consolidés une antique cité. Il écrit aussi que la ville pratiquait la course, c'est-à-dire le piratage. Pour Marmol,au 16ème siècle aussi, son origine serait Phénicienne. Pour Ezzayan
Une autre version presque identique est racontée par Paul Puschmann, professeur adjoint d'histoire économique, sociale et démographique à l'Université Radboud aux Pays-Bas. Il souligne dans son livre «Casablanca: un miracle démographique sur le sol marocain ?» (Editions Uitgeverij Acco, 2011) que « pendant la dernière partie du XVe siècle, l’armée portugaise attaqua Anfa pour se débarrasser des pirates locaux ».
« Bien que les Portugais n’ont pas occupé la ville, sa population locale l’a abandonnée, laissant Anfa se transformer en une ville fantôme.»
Ainsi, Anfa n'aurait pas pu survivre au raid portugais. Elle deviendra et restera une ville abandonnée jusqu'en 1770. Paul Puschmann se réfère dans son livre à la période qui a suivi l'attaque portugaise, affirmant que « trois siècles s’écouleront avant qu'Anfa ne soit sortie de ses ruines en 1770 grâce aux plans militaires du Sultan Mohammed Ben Abdallah (sultan alaouite de 1757 à 1790, ndlr) qui tentait de libérer le Sultanat marocain des envahisseurs étrangers ».
Anfa rebaptisée Dar El Beida
Grâce au sultan alaouite, Anfa est épargnée des attaques étrangères pour renaître de ses cendres. L’auteur de «Casablanca : un miracle démographique sur le sol marocain ?» suggère que « Casablanca a fonctionné comme un bastion contre les attaquants étrangers à cette époque ».
« Le Sultan construira d'extraordinaires remparts et placera une garnison dans la Médina. Il construira également une mosquée, une école coranique, des bains publics et des moulins et, sous son commandement, la ville sera repeuplée par des Chleuh berbères de la région d'Essaouira et des environs de Meknès.»
C'est sous le règne de Moulay Mohammed Ben Abdallah que la ville d'Anfa est baptisée Dar el Beida, une appellation qui existe jusqu'à présent. « Le renouveau de la ville s'est accompagné d'un changement de nom : Anfa est devenue Dar el Beida, même si les Européens ont commencé à parler de plus en plus de Casablanca », conclut Paul Puschmann.
Bâtie sur l’emplacement de l’ancienne citée d’Anfa, les origines de la ville de Casablanca s'enracinent dans les temps les plus reculés de notre histoire ancienne. Des racines parfois oubliées et souvent ignorées des Casablancais eux-mêmes. Sous nos pieds, reposent pourtant des millénaires de sites préhistoriques uniques en Afrique du Nord. - https://youtu.be/4-4Gjg_V8ZM
Malgré la découverte très importante des plus anciens Homo Sapiens (Homme modernes, même archaïques) au Maroc (- 300 000 ans), rien n'est fait au niveau de ce site très important, montrant des dates bien plus anciennes d'une présence des premiers homininés rattachés au genre Homo... Casablanca s'est développée à partir de la médina et du premier bassin du port, essentiellement à partir de 1920. C'est l'urbaniste Henri Prost qui en a dessiné les premières extensions entre les années 1917 et 1922. Tous les architectes du Maroc, passés et présents, s’accordent naturellement à le dire : Casablanca fut un laboratoire architectural et urbanistique à ciel ouvert. Il n’y a qu’à arpenter certaines rues pour s’en rendre compte : la capitale économique du Maroc regorge de façades et d’immeubles au style tantôt art déco, tantôt mauresque, qui témoignent d’une riche expérience architecturale durant le XXe siècle. Il est dommage que les impératifs économiques et colonialistes aient ainsi probablement détruit une bonne partie du patrimoine préhistorique du Maroc et de l'Humanité...
Sidi Abderrahman Ibn Jilali, personnage très pieux, trouva refuge il y a très longtemps sur le rocher face à l’océan pour mieux s’adonner à la prière. Ses fidèles lui construiront une petite maison pour venir l’écouter sur l’îlot. A sa mort, il y sera enterré dans un mausolée qui attire encore de nos jours particulièrement des femmes désireuses de retrouver la fertilité et calmer leurs angoisses. Ce petit bout de terre est totalement incongru le long de la corniche ultra moderne et branchée de Casablanca ; un petit clin d’œil aux traditions séculaires.
extraits : " En 1952, le second Congrès Panafricain de Préhistoire qui se tenait à Alger vint visiter les carrières de Casablanca dans le cadre de son excursion «E» (Biberson, 1952a, 1952b) et ne put que constater le désastre. Les rapports entre archéologues et carriers se dégradèrent suite à la destruction du site initialement classé et le travail scientifique se faisait donc désormais entre les excavatrices : « A peine disposions-nous de quelques secondes entre le départ d’un camion et l’arrivée du suivant pour nous précipiter sur le front de taille. Que de merveilles ont dû être ainsi jetées à la mer » (Antoine, 1952). Après le congrès, l’extension de la carrière Schneider vers le nord-est permit la découverte de nouvelles cavités. De 1952 à 1956, sept grottes furent successivement mises au jour dans la «Cunette de Sidi Abderrahmane», le long d’une falaise morte témoin d’un haut niveau marin autour de 30 m au-dessus de l’océan : grotte du Rhinocéros, grotte de l’Eléphant, grotte de la Gazelle, grotte du Cheval, grotte des Ours, Cap Chatelier et grotte des Littorines (figure 12) (Biberson, 1953). Dans cette dernière, Pierre Biberson découvrit en 1955 des restes humains fossiles dans le niveau F. Ils appartenaient à un «Pithécanthropien probable certainement très voisin d’Atlanthropus mauritanicus» (Arambourg et Biberson 1955, 1956 ; Biberson, 1956). Ces vestiges sont constitués de deux portions de maxilaires (figure 13). Si la robustesse de certaines dents (P3 et M2) est comparable à celle des spécimens de Tighenif, d’autres (M1 et M3) présentent toutefois des dimensions moindres (Hublin, 1991). Ils étaient associés à un outillage attribué à l’Acheuléen «évolué» du Maroc (Biberson, op. cit.) et renforcèrent l’intérêt de la carrière où se rencontrait une concentration exceptionnelle de sites pénécontemporains. "
" Pierre Biberson n’avait pu vraiment exploiter les trouvailles de fossiles de la carrière Thomas I avant de quitter le Maroc et n’en parla d’ailleurs que très peu dans sa synthèse de 1961 : à vrai dire, les dépôts marins de cette carrière lui posaient un problème d’interprétation à cause de leur altitude plus élevée que celle de ceux de la carrière de Sidi Abderrahmane auquels il les raccordait pourtant. Par la suite, cette exploitation fit l’objet de ramassages dispersés de faune et d’industrie et en 1969, Philippe Beriro, le fils du contremaître, découvrit une portion gauche de mandibule humaine qui fut attribuée à Atlanthropus mauritanicus (Ennouchi, 1969) (figure 14). Considérée comme de sexe féminin (Sausse, 1975), elle présente «une relative gracilité qui contraste …/… avec la robustesse de la denture» et la hauteur et l’épaisseur du corps mandibulaire la placent «à proximité des minimum enregistrés chez les Homo erectus (Hublin, 1991). Elle a été plus récemment attribuée à un représentant de Homo rhodesiensis (Hublin, 2001)."
" Les ramassages se poursuivirent, principalement effectués par Philippe Beriro, qui réalisa des levés stratigraphiques très explicites, aux interprétations chronologiques près et à la fin du mois de mars 1972, il découvrit de nouveaux fossiles humains dans une grotte de la carrière Thomas III (aujourd’hui Oulad Hamida 1) (Ennouchi, 1972, 1975, 1976). Ces restes étaient constitués d’un fragment craniofacial (figure 15), d’une petite portion de maxillaire et de dents isolées. Ils étaient associés à de la faune et à de l’industrie lithique. Cette cavité fut rapidement détruite par l’exploitation de la carrière."
Les Scandinaves du Néolithique utilisaient des bateaux en peau d'animaux pour la chasse et les échanges, le transport à longue distance. Une étude récente menée par le Dr Mikael Fauvelle et publiée dans le Journal of Maritime Archaeology suggère que la culture scandinave antique de la céramique piquée (PWC) aurait pu construire des bateaux en utilisant des peaux d'animaux, en particulier des peaux de phoque, pour naviguer, pêcher, chasser et transporter, échanger sur de vastes distances. La PWC a prospéré entre 3500 et 2300 avant J.-C. dans les régions entourant la mer Baltique et la mer du Nord, y compris certaines parties de la Suède, du Danemark et de la Finlande actuels.
Gigès, le mystérieux inventeur de la monnaie métallique
Pièce de Lydie en Electrum
Les plus anciennes pièces de monnaie métallique, marquant peu à peu le changements définitif (pour le monde entier sauf aux Amériques, où les peuples ont continué leur économie spécifique jusqu'à l'arrivée des envahisseurs et culture dévastatrice) de l'économie de l'Humanité, passant de la dernière économie créée (le troc) aux échanges par monnaie de substitution, toujours pratiqués de nos jours, ont été découvertes en Turquie, dans l'ancien Royaume de Lydie (ou Méonie pour Homère). Les Lydiens (aussi connus comme les Lud par les Egyptiens et Assyriens) était un peuple indo-européen descendant de Lydos, fils d'Attis d'après Homère. Quand on sait qu'Attis est en fait un Dieu très connu, d'origine Phrygienne (qui dominaient les Lydiens au début) et que l'on retrouve sous le nom d'Adonischez les Grecs et Romain ou Tammuzchez les Hindoux, on devine que les origines mêmes de ce peuple sont aménagées. Et ce n'est pas mieux pour leur Roi Gigès, qui a régné (d'après la science officielle mais avec une fourchette temporelle) de entre 708 et 687 avant Jésus-Christ, sa mort étant entre 680 et 648 avant Jésus-Christ...
Crésides d'argent, attribuée à Crésus-5ième siècle av JC
Il était appelé Gugu par les Assyriens, et serait à l'origine des traditions bibliques sur Gog, prince de Magog (c'est-à-dire en assyrien mā(t) Gugu : « pays de Gygès »). En fait, on ne sait pas vraiment comment il est arrivé au pouvoir car les sources sont rares (donc à fiabilité resteinte) et divergent complètement... :
Selon Hérodote (né vers 484 avant notre ère et mort vers 420 - donc 250 ans après environ), Gygès était à l'origine le fils d'un des gardes et le confident du tyran Candaule, (ou Sadyate, ou encore Myrsile), roi très légendaire descendant d'Héraclès (Hercule), qui était un roi vantard qui ne cessait de vanter la beauté de sa femme. Ne supportant pas que Gygès puisse douter des charmes de son épouse, Candaule lui donne l'ordre de tout faire pour la voir nue et constater sa vérité. Après avoir refusé car pensant que c'est indigne, Gygès finit par céder et se cache dans la chambre royale au bon moment pour admirer le déshabillage de la Reine. Mais celle-ci le découvre sans le laisser paraître. Elle a compris que le roi ne peut être que l'auteur de cette indignité et décide de se venger de cet outrage. Elle convoque Gigès le lendemain et lui fait le chantage suivant : soit il assassine Candaule, devient son époux et le nouveau Roi, soit il est exécuté... Gigès n'a pas trop le choix, poignarde le Roi et s'empare du trône de Sardes, capitale de la Lydie...Mais selon Platon (né en 424/423 av. J.-C., mort en 348/347 av. J.-C. - donc 300 ans après environ), Gygès n'était qu'un simple berger lydien à l'origine, qui faisait paître son troupeau lorsqu'un violent orage fit s'affaisser une colline. Il s'y aventura et découvrit un énorme cheval de bronze dans les flancs duquel étaient pratiquées des portes (Cheval qui rappelle un peu le célèbre Cheval de Troie de part sa description !). Après avoir ouvert ces portes, Gygès aperçut à l'intérieur du cheval le squelette d'un géant portant au doigt un anneau d'or. Il se saisi de cet anneau, se le passa au doigt, et, sans dire un mot de son aventure, il alla rejoindre les autres bergers du voisinage. Par hasard, il remarqua que, à chaque fois qu'il tournait sa bague vers l'intérieur, il devenait invisible de tous, tout en gardant la faculté de voir et d'entendre ce qu'il se passait autour de lui. Dès qu'il retournait la bague en sens inverse, il redevenait visible. Après avoir essayé les pouvoirs de son anneau par plusieurs expériences, il se rendit au palais et séduisit la reine. Il complota avec elle la mort du roi, le tua et s'empara du trône...
Le mystère des tunnels de la cité engloutie de Baïes
Baïes (Baia de nos jours) est le nom d'une ancienne cité romaine, située en Italie, plus précisément au nord du golfe de Naples, dans une anse sur la rive est du cap Misène, entre la pointe de la Lanterne au sud et la pointe de l'Épitaphe au nord. Elle est proche de la base navale romaine de Misène, et fait face à Pouzzoles, de l'autre côté de la baie donc.
Plutôt qu'une ville, Baïes était un regroupement de villae de villégiature étagées sur la pente intérieure d'un ancien cratère (l'endroit est une caldeira volcanique, suite à une éruption explosive vers - 35000), en partie submergé par la mer, Baïes devait son succès à la douceur de son climat et surtout à la présence de sources thermales engendrées par le volcanisme actif des Champs Phlégréens. Ces sources chaudes, sulfureuses ou salines, sont vantées comme les plus curatives et les plus abondantes d'Italie par Pline l'Ancien, Strabon, Florus, Fronton et aussi Flavius Josèphe.
Des milliers d'outils en pierre taillée, d'os de chevaux, et une dent de lait humaine: une grotte du plateau central iranien a livré des traces d'occupation humaine vieilles de 452.000 à 165.000 ans, les plus anciennes jamais trouvées dans cet immense territoire à la croisée du Levant et de l'Asie.
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Commentaires
1
YvesH
Le 23/11/2011
PS : Et, en tant qu'auteur et chercheur à l'esprit ouvert, mon petit doigt me dit que cet endroit est très bien situé pour le débarquement du "Peuple de la Mer" légendaire et cité entre autres par les égyptiens et phéniciens, ou encore pourquoi pas des fameux atlantes après leur destruction, et la création d'un camp très tôt. Seule l'étude de tels lieux (et sur plus de niveaux que deux puisqu'il y a 6 millions à étudier !) peut permettre une avancée quelconque, surtout en matière d'archéologie "classique" bien sûr, mais aussi pourquoi pas des découvertes inédites... YH
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