Néandertal et ses mystérieuses structures en cercle
reconstitution de structures en ossements de mammouths
Les données étant plus nombreuses, il est temps de parler des mystérieuses structures bâties par les Néandertaliens en forme de cercle, à base d'ossements de mammouths. Pour rappel, j'ai déjà parlé et relayé la découverte du CNRS, en France, d'une étrange structure en cercle, découverte dans la grotte de Bruniquel, mais faite en stalagmites, et datée d'environ 180 000 ans. Une structure pouvant d'ailleurs rappeler celles faites en ossements de mammouths ailleurs, les stalagmites rappelant éventuellement des défenses de mammouth : https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/preuves-autre-histoire/des-constructions-en-cercle-de-presque-180-000-ans-en-france.html
En fin d'article, je ferai aussi mention de la découverte récente, en Russie du sud, au-dessus de la Mer Noire et face à l'Ukraine, d'une structure identique en os de mammouth, mais à priori bâtie par Homo Sapiens (Homme moderne) il y a environ 26 000 à 19 000 ans, une éventuelle réutilisation ou imitation donc, par une culture encore mal connue, qui a utilisé parfois des techniques uniques au monde, mais aussi d'autres plus répandues, comme des statuettes du type "Venus", dont environ 250 exemplaires ont été trouvées dans de nombreux pays, et datées de 40 000 à 15 000 ans environ pour les fourchettes hautes et basses (c'est dire la longueur temporelle de cette pratique !). Voir liens en bas. Cette pratique traverserait donc l'aurignacien jusqu'au magdalénien en passant par le gravettien, se moquant bien des différentes "cultures" créées par la science moderne...
En raison de son nomadisme, Néandertal a adopté des modes d’habitat variés, du campement en plein air pour quelques jours de chasse au camp de base dans un abri-sous-roche. Néanmoins, ces lieux de vie, sensibles à l’érosion, n’ont souvent laissé que des traces ténues et difficiles à interpréter. Les Néandertaliens choisissaient leur lieux d’habitat en fonction des ressources disponibles à proximité : eau, gibier, bois, gîtes de roche, ainsi qu’en fonction des avantages offerts par le site : vue, protection, ensoleillement… Les campements répondaient, en outre, à des nécessités diverses : camps de base pour une saison (ou plusieurs), campements temporaires pour acquérir des ressources, haltes où était découpé le gibier d’une journée de chasse…
Quand Néandertal habitait une grotte, il en occupait de préférence l’entrée, pour bénéficier de la lumière naturelle. Il privilégiait également les abris-sous-roche (cavités naturelles d’une paroi rocheuse). Les campements en plein air devaient certainement être plus nombreux que ne le laissent supposer les traces archéologiques. Ils prenaient des aspects variés : tente (structure démontable et transportable, formée d’une armature en bois recouverte de peaux, de nattes…) ; hutte (abri simple constitué avec les matériaux trouvés dans l’environnement immédiat et abandonné ensuite) ; écran de protection (en pierre, en bois, en végétaux…) ; habitation en os de pachydermes (telle la célèbre cabane du site de Molodova I, en Ukraine).
Reconstitutions d’habitats en plein air de l’époque néandertalienne : de gauche à droite, une tente conique composée de perches en bois couvertes de peaux, une hutte conique en branchages, la cabane de Molodova construite en ossements de mammouths. © Pascale Galibert, Inrap
Les habitats néandertaliens livrent parfois des traces d’aménagements intérieurs. Les sols ont pu être pavés de pierres ou de galets, voire couverts de litières végétales. Des aires d’activité semblaient clairement délimitées : aires de taille de la pierre, de boucherie, de couchage, de préparation culinaire… Mais peu de traces de combustion (foyers, aires de chauffe) ont été découvertes.
Le site de la Folie, au nord de Poitiers, en France, a été fouillé avant la construction d'une station d'épuration. Les archéologues ont mis au jour les vestiges d'une structure circulaire de type coupe-vent. Cet aménagement aurait servi de campement provisoire à un groupe de Néandertaliens à la recherche de gibier, il y a 55 000 à 60 000 ans.
Structure néandertalienne trouvée en France (INRAP)
Sur les 180 m² du site fouillé, les archéologues ont ainsi repéré la chambre à coucher près du foyer, presque vierge de vestiges ; l'atelier de façonnage des outils et ses nombreuses pointes racloirs, couteaux de pierre et enfin la « déchetterie », qui a livré une accumulation très importante de restes animaux. Une fosse a également été retrouvée qui servait à faire bouillir de l’eau, certainement pour la cuisson des aliments et peut-être pour la toilette.
LA PRATIQUE OU NON DE LA CHASSE AUX MAMMOUTHS PAR LES NÉANDERTALIENS POUR SE PROCURER DE LA NOURRITURE EST PARTICULIÈREMENT DISCUTÉE. UNE ÉTUDE RÉALISÉE DANS LE CADRE D’UN PROJET FRANCO-UKRAINIEN IMPLIQUANT LE CNRS, LE MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE ET L’ACADÉMIE NATIONALE DES SCIENCES D’UKRAINE, VIENT DE PROPOSER L’HYPOTHÈSE QUE L’HOMME DE NÉANDERTAL UTILISAIT ÉGALEMENT LES OS DES MAMMOUTHS COMME MATÉRIAU DE CONSTRUCTION POUR LEURS HABITATIONS, ET CE BIEN AVANT L’HOMME ANATOMIQUEMENT MODERNE. LES RÉSULTATS DE CETTE ÉTUDE, RÉALISÉE PAR LAËTITIA DEMAY ET STÉPHANE PÉAN, ET COORDONNÉE PAR MARYLÈNE PATOU-MATHIS ET LARISSA KOULAKOVSKA VIENNENT D’ÊTRE PUBLIÉS DANS LA REVUE QUATERNARY INTERNATIONAL (2013).
Couche 4 de Molodova I. Vue sur l’accumulation circulaire en ossements de mammouths © I. K. Ivanova
L’hypothèse selon laquelle l’Homme de Néandertal aurait utilisé des mammouths comme matériau de construction est basée sur l’analyse du matériel faunique du site de Moldova I situé dans la vallée du Dniestr en Ukraine, en particulier du niveau 4 riche en vestiges archéologiques du Paléolithique moyen. Datant de l’époque inter-pléniglaciaire du Dernier Glaciaire (MIS 3) 2, elle a livré 40 000 artefacts lithiques attribués à la culture moustérienne 3 et environ 3 000 ossements de mammifères, essentiellement de mammouth laineux (Mammuthus primigenius).
Plusieurs zones ont été dégagées : une fosse remplie d’ossements, différentes zones d’activités (de boucherie, de production d’outils), 25 foyers et une accumulation circulaire composée d’ossements de mammouths décrite initialement comme étant une structure d’habitat confectionnée par les Néandertaliens. Les structures d’habitat en ossements de mammouth avérées au Paléolithique supérieur, en Ukraine et en Russie, ont été (aussi) réalisées par les Hommes anatomiquement modernes (Homo sapiens) en particulier de culture épigravettienne 4.
Lire la suite ci-dessous :