Patagonie, Chili : une empreinte humaine datée de 15600 ans BP
C'est une nouvelle preuve de la présence d'êtres humains en Amérique du Sud AVANT l'existence de la culture Clovis (nommée ainsi car découverte à l'époque à proximité de la ville de Clovis) en Amérique du Nord. On parle donc ici de pré-Clovis car, bien que des traces beaucoup plus anciennes que cette culture ont été découvertes tant en Alaska, Canada et USA, elle est toujours considérée comme la première culture évoluée des Amériques, et datée d'environ 14000 ans avant maintenant. Cette culture est supposée avoir disparue suite à un cataclysme généré par la chute d'un gros astéroïde ou comète, et aux changements climatiques liés.
Mais, depuis ces dernières années, plusieurs découvertes effectuées en Amérique Latine (surtout Brésil et Chili), avec des datations d'environ 20000 ans avant maintenant, ont semé le doute dans la communauté des spécialistes des Amériques. On note aussi une empreinte fossilisée découverte au Mexique (toujours contestée) qui a été datée de 40000 ans avant maintenant ! Les principales preuves du 20ème siècle ne consistaient pratiquement que les études de cette culture Clovis et les scientifiques avaient conclu que les premiers indiens étaient entrés dans le nord des Amériques au moment où, grâce à la dernière glaciation et l'abaissement du niveau des océans, le passage via le Détroit de Béring était possible à pied et aussi par cabotage de canoës suivant ces terres aujourd'hui englouties. Mais, déjà, certains scientifiques avaient souligné que cette période n'était pas la seule et que le Détroit de Béring était également hors d'eau tôt lors de la période glacière, aux alentours de -22000 jusqu'à -14000 ans environ... voir même aussi lors des périodes glacières précédentes...
Il se pourrait donc que ces scientifiques aient eu raison et qu'une première migration (ou plusieurs) se soit produite à ces très anciennes dates... ou que le génie humain avait déjà trouvé un autre moyen pour arriver directement en Amérique du Sud, bien avant la culture Clovis.
C'est une publication scientifique dans Plos One, l'un des principaux centralisateurs de publications scientifiques mondiaux, qui annonce une découverte et étude attendue par de nombreux chercheurs sur le sujet. L'endroit est voisin d'un site déjà connu pour son ancienneté, mais cette empreinte humaine est accompagnée d'outils lithiques et d'ossements de mégafaune disparue, dans la même couche sédimentaire, ce qui constitue des preuves évidentes selon les auteurs de cette publication.
Empreintes expérimentales.
Chaque rangée correspond à une fabrication de traces et chaque colonne à une teneur en eau sèche, humide et saturée du sédiment, respectivement. Notez que dans toutes les expériences, Trackmaker A a une empreinte en avant plus profonde des doigts et une grande arche longitudinale médiane (flèche blanche), le trackmaker B a une distribution légèrement plus uniforme de la profondeur de l'empreinte, mais ne montre aucun signe majeur d'arc longitudinal. (flèche blanche) et Trackmaker C laisse des empreintes de pas uniquement sur des substrats contenant de l’eau saturée et humide (les concepts utilisés ici sont schématisés en remplacement de l’empreinte absente de teneur en eau sèche). Cela s'explique principalement par la légèreté du corps (au moins 10 kg de moins que les autres constructeurs de trace), ainsi que par un centre de gravité bien équilibré (les centres de gravité des constructeurs de voies A et B sont déviés vers l'avant). En général, le hallux est une structure de premier plan qui peut être identifiée à chaque expérience, tandis que l'empreinte des parties latérales est variable. Lors des expériences sur la teneur en eau saturée, l’hallux peut faire glisser les sédiments vers l’avant (triangle de pointage) ou vers l’arrière (étoile). Trackmaker C sur un substrat à teneur en eau saturée a laissé des traces remarquablement similaires à celles de la structure sédimentaire excavée à Pilauco.
Voyons d'abord le résumé de la publication : " La présente étude décrit la découverte d'une structure sédimentaire singulière correspondant à une ichnite (une empreinte de pied fossilisée) qui a été excavée sur le site paléo-archéologique Pilauco (Osorno, Chili). Le fossile trace est associé à des os de mégafaune, du matériel végétal et des outils lithiques unifaciaux. Nous présentons ici une analyse détaillée de l'ichnite de Pilauco et des structures sédimentaires associées, ainsi que de nouvelles données radiocarbone. L’analyse ichnologique attribue avec certitude la trace aux ichnospécies Hominipes modernus, une empreinte d’hominoïde généralement liée à l’ Homo sapiens. Certaines caractéristiques particulières de la trace de Pilauco comprennent un hallux distal allongé, des empreintes digitales latérales oblitérées par le sédiment effondré et des masses de sédiment à l’intérieur et autour de la trace. Afin d'évaluer l'origine de l'ichnite, des expériences de traçage d'empreintes sont effectuées sur des sédiments de fonds de fossiles réhydratés. Les résultats démontrent qu'un être humain pourrait facilement générer une morphologie d'empreinte équivalente à la structure sédimentaire lors de la marche sur un substrat saturé (de la boue). À la lumière des éléments de preuve, nous concluons que le fabricant de la trace pourrait très bien avoir été un homme adulte pieds nus. Cette découverte, ainsi que la présence d'artefacts lithiques dans les mêmes niveaux sédimentaires, pourraient constituer une preuve supplémentaire d'une colonisation sud-américaine pré-Clovis du nord de la Patagonie, proposée à l'origine pour le site voisin de Monte Verde. "
" La datation au radiocarbone des graines et du bois est la plupart du temps constamment récente vers le sommet du profil stratigraphique, reflétant un paramètre de faible énergie avec seulement de légères perturbations. Pour les strates sous-jacentes PB-6, la moyenne des deux âges de probabilité médianes est de 17 300 années BP. L'âge de l'empreinte est limité par sept âges compris entre 13 195 ± 35 et 12 735 ± 40 14C BP. Ainsi, selon les âges de probabilité médians, il est raisonnable de dire que l'empreinte du Pilauco est d'environ 15 600 calibrés / ans BP. Une datation additionnelle au radiocarbone obtenue à partir d’une portion de Notiomastodon platensis (un mastodonte - espèce d'éléphant disparue), le crâne retrouvé près de la trace, ainsi qu'un échantillon prélevé dans une côte et ses sédiments de remplissage, indiquent des âges respectifs de 13 220 ± 60 ans et de 13 240 ± 60-122 905 ± 40 14 ans BP. Il est tout à fait normal de retrouver ces tranches d'âge, car le bois, les semences et / ou le matériel osseux ont des historiques de dépôt distincts dans le site, et ceux-ci avec l'empreinte elle-même, qui ne peut être datée directement. "
Voyons les autres données et les documents scientifiques ci-dessous :