Le plus ancien tertre préhistorique découvert en Amérique du nord (Labrador) - 6100 ans avant JC
Un certain nombre d'auteurs de l'antiquité, parmi lesquels un grand nombre d'anciens Grecs, ont, dans leurs écrits historiques ou philosophiques, mêlés avec de vrais descriptions d'endroits connus ou découverts depuis, des détails ou des affirmations sur des endroits considérés de nos jours comme étant de la fiction, ou à base de mythes, en l'absence de toute découvertes ou preuves les concernant. Ces endroits sont néanmoins comparables à des endroits comme Troie (surtout citée par le poète Homère) ou Rungolt par exemple, qui étaient considérés jusqu'à leur réelle découverte, comme des légendes ou de la pure fiction... La science est donc beaucoup plus prudente de nos jours, surtout qu'elle a fait des progrès et sait maintenant que le niveau des eaux était beaucoup plus bas à certaines périodes, mais qu'il existe et a existé aussi un grand nombre de phénomènes catastrophiques naturels (tsunamis, lames de tempêtes (eaux ou sables d'ailleurs), météores, séismes et éruptions volcaniques, inondations fluviales, incendies et tornades dévastatrices, etc...) ou artificiels (Guerres d'élimination et de déportation principalement) qui ont été susceptibles de faire disparaître des villes entières dans le passé... Je vais en faire ici un petit résumé pour ce qui concerne les endroits cités par les Anciens et appartenant (à priori) aux régions au nord de l'Europe.
Thulé :
Thulé a été cité la première fois par l'explorateur Grec Pytheas (qui habitait la ville de Marseille (Massalia), créée par les grecs) dans son rapport nommé "Sur l'Océan", rapport qui est lui-même cité par d'autres auteurs grecs et romains, mais qui n'a jamais été retrouvé, probablement détruit avec la Bibliothèque d'Alexandrie. Ce rapport contenait à priori ses découvertes faites lors de ses voyages entre 330 et 320 Avant J.C.. Parmis les auteurs qui le citent, il y a le romain Strabon (350 ans après donc, vers l'an 30), qui est plus que prudent dans sa "Géographie" Livre IV La Gaule, 5, la Bretagne (les îles britanniques faisant partie de la Gaule pour Strabon et les romains de l'époque, car ce n'est qu'une région administrative créée pour convenance romaine) : " Sur l'île de Thulé, nos renseignements sont encore moins sûrs, vu l'extrême éloignement de cette contrée, qu'on nous représente comme la plus septentrionale de toutes les terres connues. On ne peut guère douter, notamment, que tout ce que Pythéas a publié de cette contrée et de celles qui l'avoisinent ne soit une pure invention, à voir comme il a parlé des contrées qui nous sont aujourd'hui familières : comme il n'a guère parlé de celles-ci, en effet, que pour mentir, ainsi que nous l'avons démontré ci-dessus, il est évident qu'il a dû mentir encore davantage en parlant des extrémités mêmes de la terre. Disons pourtant qu'il a su accommoder ses fictions avec assez de vraisemblance aux données de l'astronomie et de la géographie mathématique, [car on conçoit à la rigueur que, comme il le dit,] les peuples voisins de la zone glaciale ne connaissent, en fait de plantes et de fruits, aucune de nos espèces cultivées, qu'en fait d'animaux domestiques ils manquent absolument des uns, et ne possèdent qu'un très petit nombre des autres ; qu'ils se nourrissent de miel et de légumes, de fruits et de racines sauvages ; que ceux qui ont du blé et du miel en tirent aussi leur boisson habituelle, et que, faute de jamais jouir d'un soleil sans nuages, ils portent leur blé dans de grands bâtiments couverts pour l'y battre, les pluies et le manque de soleil les empêchant naturellement de se servir, comme nous, d'aires découvertes ".
Notons tout de même que Pytheas, contemporain d'Aristote, cherche comme lui à prouver que notre planète est une sphère, comme l'enseigne l'école de Platon, à Athènes. Les savants de l'époque ont également compris que la Terre n'a pas la même inclinaison que le Soleil. Mais ils ne peuvent imaginer qu'elle tourne sur elle-même. Ils la placent au centre d'un système astronomique où le Soleil et les étoiles tournent autour de la Terre à un rythme que l'observation permet de déterminer...
Détail d'une carte du Moyen-âge
Enrichi des connaissances du IVe siècle, Pythéas profitera de son voyage pour vérifier toutes ces théories, et rechercher aussi probablement le mythologique continent d'Hyperborée, mentionné par un autre Grec, Aristée de Proconnèse, vers 600 Avant J.C. Ce sera la première application à grande échelle de la cosmographie mathématique à la géographie... il fit d'étonnantes découvertes pour cette époque (dont l'existence des marées liées à la Lune), mais ne fut pas cru comme il est très bien expliqué dans ce très bon article : http://www.inmysteriam.fr/enigmes-historiques/340-avant-j-c-le-voyage-extraordinaire-de-pytheas.html
A vrai dire, on n'a jamais pu identifier Thulé. Certains auteurs ont avancé l'hypothèse qu'il s'agissait des îles Féroé, des Îles Lofoten et même du Groenland, Orkney ou proche (Gaius Julius Solinus au 3e siècle et Servius au 4e) ou Shetland, avec même une identification à Saaremaa dans la Mer Baltique (Lennart Meri (1976). Hõbevalge - Silver White - Tallinn: Eesti Raamat), mais compte tenu des indications de Pythéas, il s'agit plus vraisemblablement de l'Islande voire de la Norvège qui pouvait à l'époque être considérée comme une île, d'autant plus que ses contours étaient en fait inconnus. Paul Gruyer, dans son livre Ouessant, Enez Heussa, l'île de l'Épouvante, publié en 1899, rapporte l'ancienne tradition orale qui faisait de l'île d'Ouessant la mythique Thulé, tradition déjà rapportée un siècle plus tôt par Jacques Cambry dans son Voyage dans le Finistère (1798).
Carte de Thulé - Auteur : Carolo Malegherio Furnio Arnoldus Mercator Lovaniensis (1558)
Pythéas n'indique pas avoir atteint Thulé si on suit encore Strabon. Il révèle simplement qu'elle est située à six jours de navigation depuis la Grande-Bretagne à des latitudes proches du cercle polaire. Certains auteurs ont imaginé que les indications de Pythéas concernant des populations pratiquant la culture du blé et l'élevage des abeilles se rapportaient à Thulé et à ses habitants. S'il s'agit vraisemblablement de peuples rencontrés au cours de son voyage dans le nord de l'Europe, rien n'indique qu'ils étaient les habitants de Thulé. Néanmoins, Pythéas peint avec étonnement les habitants de ces contrées nordiques : « Les Barbares nous montraient où se couche le Soleil, c'est-à-dire l'endroit où il disparaît pendant six mois, mais où, l'été, les nuits sont éclairées. » Il évoque ainsi le cercle polaire, sans aucun doute... (Pline l'Ancien en l'an 77 - publia son Histoire naturelle dans laquelle il cite également la prétention de Pytheas (dans le livre II, chapitre 75) que Thule est à six jours de voile au nord de la Grande-Bretagne. Puis, en parlant des îles de la Grande-Bretagne dans le livre IV, chapitre 16, il écrit: "La plus éloignée de toutes, connue et parlée, est Thulé, où il n'y a pas de nuits, comme nous l'avons dit, c'est-à-dire quand le Soleil passe par le signe du Cancer, et au contraire il n'y a pas de jours au milieu de l'hiver, et chacun de ces temps suppose qu'ils durent six mois, toute la journée ou toute la nuit". Enfin, en affinant l'emplacement de l'île, il la place le long du parallèle le plus septentrional de ceux qu'il décrit, en écrivant dans le Livre VI, chapitre 34: "Le dernier est le parallèle scythe, des collines du Rhiphean à Thule: dit-on), il fait jour et nuit continuellement par tour (pendant six mois)". " La dernière de toutes celles qu'on cite est Thulé. Nous avons dit qu'au solstice d'été elle n'a point de nuit, le soleil traversant alors le signe du Cancer, et, au solstice d'hiver, point de jour: quelques-uns pensent que la lumière et les ténèbres y durent six mois alternativement. Timée l'historien dit qu'à six jours de navigation de la Bretagne, et en deçà, est l'île Mictis, qui produit le plomb blanc, que les Bretons s'y rendent dans des barques d'osier garnies de cuir. On cite encore d'autres îles, Scandia, Dumna, Bergos et Nerigon, la plus grande de toutes, où l'on s'embarque pour Thulé; de Thulé, un jour de navigation mène à la mer congelée, appelée par quelques-uns Cronienne." PlineHistoire Naturelle.
« ... ou bien deviendras-tu dieu de la mer immense, les marins révéreront-ils ta seule divinité, et Thulé l'Ultime te sera-t-elle soumise? » Citation de Virgile, Georgiques, I, 29-30.
« Simultanément, on a du mal à croire ce qui nous est étranger {...]. Les campagnards d'ici ont la même attitude d'esprit que nous quand nous entendons parler des contrées sises au-delà de Thulé - quelle que soit en vérité cette Thulé, qui permet à ceux qui l'ont dépassée de débiter des racontars invérifiables et irréfutables… » Citation de Synesios de Cyrene.
Du coup, le géographe romain Pomponius Mela place Thulé au nord du pays des Scythes...
À une journée de navigation de Thulé, encore plus vers le nord, Pythéas dit avoir atteint le « Poumon marin », une zone où la navigation n'était plus possible, et que certains ont interprétée comme étant la banquise, ou un mélange d'icebergs et de brouillards sans soleil. Il décrit le paysage, à un jour de navigation de Thulé : « Il n'existe plus de véritable terre, ni de mer, ni d'air, mais une combinaison de ces éléments, [...] comme un "poumon marin" [nom grec de la méduse]. Tout ce qui existe se trouve en suspension, rendant la navigation et la marche impossibles ». Cette vision, où se mêlent icebergs, brouillard et mer, a sans doute terrorisé les marins. Ces dernières citations de Pythéas sont faites par Polybius vers 140 Avant J.C., dont son ouvrage"Histories, Book XXXIV". Puis Pythéas redescend vraisemblablement par la côte ouest de l'Angleterre et découvre l'Irlande sans y faire escale. Ce voyage ou un autre le conduit aux confins de la mer Baltique, pays de l'ambre jaune, jusqu'au fleuve Tanaïs, qui peut être la Vistule ou le Niémen. Il découvre une île immense, que les indigènes nomment Abalus (et renommée Baltia par les romains,,, autre île légendaire) et que Pythéas baptise « Royale », en souvenir de l'Atlantide, où le palais de Poséidon est recouvert d'ambre...
Au 2e siècle av. J.-C., Antoine Diogène écrit Les Merveilles d'au-delà de Thulé (Tα υπερ Θoυλην απιστα), un ouvrage relatant ses voyages fantastiques à Thulé et ailleurs... un peu comme Homère, il s'agit à priori d'un mélange d'aventures et de fictions... Pline l'Ancien précise par contre très sérieusementque des navires partent des îles de Nérigon et de Scandie pour Thulé. Le terme de Thulé figure également dans les Géorgiques du poète romain Virgile. Chez les Romains, Extrema Thule désigne la limite septentrionale du monde connu. Ptolémée le situe au 63° N de latitude dans son ouvrage Géographie. Notons que lorsque les scientifiques de l'Institut de géodésie et de géoinformation de l'Université technique de Berlin ont testé les cartes antiques de Ptolémée, ils ont identifié un modèle d'erreurs de calcul qui se produisait si on essayait de convertir les anciennes coordonnées de Ptolémée en coordonnées géographiques modernes. Après avoir corrigé les erreurs, les scientifiques ont cartographié la Thulé de Ptolémée sur l'île norvégienne de Smøla. Dans la Vie d'Agricola, Tacite mentionne avec assurance que les équipages « la virent distinctement » (Vie d'Agricola, X. 6), mais « reçurent l'ordre de ne pas aller plus loin ».
« Tous sortent de la mort comme l'on sort d'un songe.
Les corps par les tyrans autrefois déchirés
Se sont en un moment en leurs corps asserrés,
Bien qu'un bras ait vogué par la mer écumeuse
De l'Afrique brûlée en Thulé froiduleuse. » poème d'Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques
Pierre Du Val: La Carte Du Monde pour l'Ancienne Histoire (1665) avec Thulé en haut à gauche
Durant l'époque médiévale, Ultima Thule est parfois utilisé comme le nom latin du Groenland alors que Thule désigne l'Islande. De nombreuses cartes du Moyen-âge montrent Thule...
Carte de Thulé (Thyle à gauche) au-dessus de l'Ecosse et des îles Orcades
On retrouve aussi Thule sur cette carte de 1539 d'Olaus Magnus sous le nom de Tile..., voici une image grossie de cette île inconnue :
Au 20e siècle, les mouvements pangermanistes et nazis (Société de Thulé), puis l'écrivain français Jean Mabireassocient Thulé au mythique continent d'Hyperborée qu'ils considèrent comme le « berceau » de la race aryenne.
En 1941 ou 1953 selon les versions, la base aérienne de Thulé est nommée ainsi par les américains d'après la légende, située au Groenland sur le sol danois de la région de Avannaa, elle sera le lieu d'un grave accident nucléaire en 1968, avec le crash d'un bombardier transportant 4 bombes nucléaires (dont une n'aurait pas explosée et n'aurait jamais été retrouvées d'après certains)...
Base aérienne de Thulé au Groenland, proche d'un lieu ancestral des inuit du même nom...
De par sa position mythique extrême, Thulé est parfois employée pour désigner le point le plus au Nord, une espèce d'absolu indépassable, proche de l'idée de "bout du monde". Et pour finir, il est important de savoir que le Gaelic écossais pour nommer l'Islande est "Innis Tile", ce qui se traduit par "île de Thulé"... et que Thulé a aussi donné son nom à un des éléments primordiaux, le 69ème dans la Table Périodique des éléments (ou table de Mendeleïev) : le Thulium...
Pour finir et aussi parler des Inuit et des Esquimaux, les habitants de l'Arctique, voici un extrait du livre de Jean Malaurie, L'Appel du Nord, Ultima Thulé : « Nord, montagne, humanité primordiale, peuple heureux et immortel: ces idées se retrouvent comme en gigogne dans plusieurs civilisations anciennes. Des fragments de ces idées mythiques se retrouvent dispersés dans toutes les civilisations jusque dans l'Arctique. Les Esquimaux, bien que tard venus dans l' Arctique - 10000 ans au plus tôt - gardent de la Sibérie au Groenland la mémoire d'un peuple pré-Esquimau, plus fort et plus conquérant, les Tornit ou Tunit, peuple anti-ethnique. Il est remarquable, en effet, que le Sud groenlandais ait, encore au XIX' siècle, une conscience aiguë de l'existence au nord, très au nord, d'un peuple de géants plus grands, plus forts et cannibales.On m'a montré, dans la région de la péninsule de Boothia les énormes pierres avec lesquelles ces " Tunit " construisaient de grands iglous. A Thulé, on a même gardé quelques mots du vocabulaire de ce peuple perdu dans la brume des siècles obscurs. " Ce sont nos pères ", me disaient les Inuit de Thulé (au Groenland)… »
« Cet espace nordique a un nom: Thulé. Thulé-Tele : loin; Thu-al : Nord (Celte); Tholos ou Tolos : brouillard (grec); Tula: balance (sanscrit); Tulor mexicaine est dans la tradition ésotérique, la Terre lointaine, l'Ile blanche, le Pôle des lumières, le Sanctuaire du Monde. Thulé, baie de l'Étoile Polaire, est à l'aplomb du Pôle céleste. Telle Jérusalem, pôle judéo-chrétien ou La Mecque, avec la Kaaba, pôle de l'Islam, Thulé est le pôle des hyperboréens. »
« Les invasions se succèdent en Occident. Le mythe demeure: Atlantide de Platon ou Ifverboren, selon les vieux mythes suédois, le jardin des Hespérides, le berceau de la première race des hommes, nouveau Saint Graal, Thulé exprima la tradition celto-germanique la plus ténébreuse, où auraient vécu avant le déluge un peuple d'hommes proches des Dieux, les Atlantes, qui n'auraient survécu à l'engloutissement qu'en fuyant vers l'hypothétique Agaretha. Le Pôle du monde, la capitale, l'île, la montagne des " Maîtres de la Nuit ", des " Douze Sages ". Cette île ou montagne initiatique, où se situerait elle ? »... ".
Le nom de Thulé remonte aux premières populations indo-européennes (des Aryiens nomades selon certains chercheurs); il a pris en chaque langue une nuance différente: Thuath en gaélique veut dire "le nord" ou "la gauche", Thyle en vieux saxon et Tiule en goth signifient "la limite extrême" et, en sanskrit, Tula, "la Balance", désigne la constellation de la Grande Ourse située au Nord.
Les choses se compliquent un peu aussi car les archéologues nomment un peuple indien du Grand Nord, ancêtre des Inuit actuels comme "le peuple de Thulé " !...
Est-ce les Tornit ou Tunit, dont les groenlandais avaient, encore au XIX' siècle, une conscience aiguë de l'existence au nord, très au nord, d'un peuple de géants plus grands, plus forts et cannibales. Avec des traces dans la région de la péninsule de Boothia avec les énormes pierres avec lesquelles ces "Tunit" construisaient de grands iglous. ?
Qu'en disent les archéologues ? " Les archéologues désignent du nom de Paléo-indiens (paleo signifiant ancien) les premiers peuples en provenance de l'Asie du Nord-Est qui ont atteint l'Amérique du Nord. On a longtemps cru que cette migration datait d'il y a 12 500 ans. De nouvelles découvertes, dont certaines sont incontestables, ébranlent dorénavant cette certitude. Elles signalent plutôt l'arrivée d'humains en Alaska des milliers d'années auparavant. Des archéologues suggèrent même qu'au moins deux vagues migratoires quittent l'Asie en direction de l'est vers le Nouveau Monde. L'idée que nous nous faisons de la venue de ces anciens chasseurs dans l'Ouest canadien n'est plus aussi simple. Il semble en effet que des humains ont longé la côte nord-ouest du Canada vers le sud avant de se disperser dans toute l'Amérique du Nord.
Cependant, sauf pour certaines régions de l'Arctique, les humains s'installent vraisemblablement en tout dernier à Terre-Neuve et au Labrador. Cette situation s'explique en partie par la couverture de glace qui recouvre le sol il y a 10 000 ou 11 000 ans, et la nécessité de traverser le continent en passant par des territoires situés beaucoup plus au sud (les États-Unis d'aujourd'hui). Ils poursuivent, par la suite, leur progression vers le nord le long de la côte Est. En chemin, ils chassent et pêchent sans doute des mammifères terrestres et marins, et d'autres espèces marines. L'immense site archéologique de Debert révèle que les Paléo-indiens s'installent en Nouvelle-Écosse il y a environ 10 000 ans. La découverte d'outils et d'armes caractéristiques de cette époque a également lieu au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard. Des pointes de lances ou de dards provenant de sites archéologiques de l'Île-du-Prince-Édouard ressemblent beaucoup aux premiers artefacts retrouvés lors de fouilles effectuées le long de la côte nord du détroit de Belle Isle, maintenant le Labrador. Selon les archéologues, ce n'est pas une coïncidence. Les premiers Labradoriens auraient traversé le fleuve Saint-Laurent et se seraient dirigés vers l'est en suivant la Basse-Côte-Nord jusqu'au Labrador. Personne avant eux ne s'y était aventuré.
Artefacts tirés de sites archéologiques situés dans le détroit de Belle Isle (Labrador) - Ces artefacts datent d'entre 9000 et 7500 ans avant le présent. - Avec la permission de James A. Tuck, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.
Au cours de la dernière période glaciaire, la glace d'une épaisseur de près de 1,6 kilomètre provoque l'affaissement du sol. Ce dernier se rétablit graduellement après le retrait des glaciers. Les plages et les sites archéologiques dépassent dorénavant le niveau de la mer. Les plus anciens sites archéologiques, qui bordent la côte sud du Labrador, sont donc les plus élevés. C'est ce qui en a facilité la datation. D'ailleurs, le plus vieux site archéologique de la province, situé dans la partie sud du Labrador, repose effectivement à 27 mètres au-dessus du niveau de la mer. La datation au radiocarbone confirme un âge géologique frôlant les 9000 ans. YH : Nous avons donc aux endroits recouverts de glaces (ou hors de glaces mais proches) lors des dernières glaciations un effet contraire aux régions plus au sud : les terres, libérées du poids des glaces, s'élèvent, alors que plus bas, les terres hors de l'eau sont inondées par la montée des eaux suite au même dégel, et s'enfoncent sous l'eau...
Une partie de ces premiers habitants continuent leur lente expansion vers le nord en longeant le littoral labradorien, mais les preuves les plus anciennes de leur implantation sont manifestes dans la région du détroit du Labrador. De petits campements plus récents et géographiquement moins élevés s'échelonnent entre Red Bay et le Québec. Au fil du temps, ces gens enrichissent leur culture de nouveaux éléments (ou du moins ont-ils été préservés pour donner aux archéologues le plaisir de les découvrir), notamment des haches et des herminettes taillées en pierre polie, des pointes de harpons détachables en bois de cerf pour la chasse au phoque (peut-être les plus vieux au monde), des dagues et des pointes de lances en os, l'utilisation d'ocre rouge et de pigments de graphite, auxquels il faut ajouter les inhumations ponctuelles sous des talus en pierre.
Ensuite : Un autre peuple qui se sépare en deux : Les Autochtones de la tradition archaïque maritime tirent leur nom d'un site datant de 4000 ans mis au jour à Port au Choix dans le nord-ouest de Terre-Neuve. Le mot « archaïque » fait référence à un peuple de chasseurs-cueilleurs sans connaissance de l'agriculture. C'est un mode de vie répandu dans toute la partie orientale de l'Amérique du Nord. Le mot « maritime » souligne l'importance accordée aux ressources maritimes dans la vie de ces anciennes peuplades vivant à Terre-Neuve et au Labrador. De nos jours, les archéologues différencient deux branches des Autochtones de la tradition archaïque maritime : l'une méridionale et l'autre septentrionale.
Pointes de lances en os et en pierre trouvées à Port au Choix (Terre-Neuve), datant de 4000 à 3200 ans BP - On peut voir ces reliques dans la collection de The Rooms Provincial Museum Division. - Gracieuseté de M. Ralph Pastore, Memorial University of Newfoundland, St. John's, Terre-Neuve.
La branche septentrionale
La branche septentrionale est la première venue s'installer dans la province. Ces Autochtones descendent des habitants originellement établis le long du détroit du Labrador. Ils semblent déjà fort bien adaptés à une vie axée vers la mer iI y a 7500 ans. Des fouilles effectuées dans un tertre funéraire situé à l'Anse Amour, au sud du Labrador, ont permis de découvrir une défense de morse, des arêtes de poisson, un véritable harpon à tête détachable, un manche en bois de cervidés et d'autres objets signalant déjà les liens étroits qu'ils entretiennent avec la mer. Ce tertre funéraire et le harpon sont parmi les plus vieux vestiges de la planète.
Tertre funéraire Anse Amour - le plus ancien en Amérique du Nord, Labrador, établi entre 6600 et 6100 avant J.C. - Formé d’un amoncellement peu élevé de grosses pierres, le tertre funéraire circulaire d’un diamètre de 8 à 10 mètres était situé à l’arrière de la principale zone d’habitation. On trouve à l’intérieur du tertre une petite chambre funéraire de pierre sous laquelle on a découvert le squelette bien conservé d’un enfant et plusieurs artefacts.
Dès qu'ils sont bien implantés dans le sud du Labrador, les Autochtones de l'Archaïque maritime se propagent ensuite vers le nord. Il y a 5000 ans, ils atteignent les baies Saglek et Ramah dans la partie la plus septentrionale du Labrador. La région de Ramah recèle une pierre particulière, le chert de Ramah, et au cours des 2500 ans qui suivent, ils façonnent leurs outils et leurs armes dans ce minéral. Plusieurs vestiges archéologiques remontant entre 7500 ans et 3500 ans révèlent une longue évolution culturelle comprenant presque toute la côte labradorienne.
Au cours de cette période, ils fabriquent avec habileté divers outils dont des pointes de lance en pierre éclatée à lamelles étroites et à longs manches coniques (pour faciliter l'emmanchement), des couteaux et des grattoirs. Les couteaux sont d'ailleurs assez gros. La pierre est adoucie, polie et transformée en haches, herminettes et gouges pour travailler le bois. Ils achèvent les animaux marins blessés à l'aide de pointes en ardoise polie. Ils utilisent des ulus (des couteaux en forme de croissant), et des couteaux de formes plus traditionnelles pour préparer les peaux et apprêter le gibier. Nous ne pouvons que conjecturer sur les objets en os, en bois de cerf, en ivoire, en bois, en peau, en écorce, et autre matière première biologique qu'ils auraient pu concevoir, sans oublier les charpentes d'habitation, les manches de harpons et de lances, les vêtements, les récipients en écorce et en bois, et bien d'autres articles. Certains archéologues estiment que ces Autochtones ont peut-être construit de grandes pirogues dans les régions où le bois était plus abondant, ou participé à du troc. Les ornements retrouvés comportent des parures de cou en mica et en stéatite, et de larges lames en chert de Ramah probablement destinées à des cérémonies.
Bien que le sol acide du Labrador a effacé en grande partie toute trace d'os, quelques vestiges et l'emplacement des campements et des villages montrent bien qu'ils se nourrissaient de poissons, de phoques, d'oiseaux de mer, de morse et peut-être de petites baleines. Les mammifères terrestres, surtout le caribou, occupaient également une place importante dans l'approvisionnement en nourriture, bois de cerf, os et peau. Il semble qu'au moins un gros village de chasse au caribou a été établi à Nulliak dans le nord du Labrador. Des corridors bordés d'amas de pierres guidaient les caribous en migration directement vers le campement.
Nulliak - chasse au caribou
Ils ont bâti des habitations à des emplacements propices en creusant des trous dans des plages de rochers. Aux endroits où la mer s'est retirée et a laissé des plages surélevées, nous pouvons apercevoir des reliefs d'habitation dont nous pouvons constater l'évolution. D'abord individuelles, elles deviennent collectives et composées d'un certain nombre de pièces disposées en rangée le long de la plage. Ce type d'habitation atteint son apogée à Nulliak. Il y avait là des « maisons longues » pouvant atteindre 100 m. (YH : notez que des maisons de 100 mètres de longueurs sont énormes et assez uniques pour cette périodes de 7500 à 4000 ans avant le présent ! C'est ce type de structures découvertes qui se rapprochent le plus des légendes des Inuits sur leurs ancêtres "géants" qui construisaient des igloos de pierres énormes selon eux...).
Le creux laissé par une maison préhistorique - Nulliak
Il y a environ 4000 ans, une nouvelle peuplade fait son entrée dans le nord du Labrador, les Paléoesquimaux. À mesure que ces étrangers explorent le territoire du Labrador et se répandent vers le sud, les Autochtones de l'Archaïque maritime disparaissent. Peut-être n'est-ce qu'une coïncidence, mais des archéologues affirment que les Paléoesquimaux savaient mieux tirer leur épingle du jeu, c'est-à-dire exploiter les ressources et repérer les meilleurs emplacements pour l'établissement de campements. Peu importe la raison, les Autochtones de la souche septentrionale cessent d'exister il y a environ 3500 ans. Si des groupes ont survécu, ils ont échappé aux recherches intensives que les archéologues ont menées sur la côte labradorienne.
Structure de pierres de l'époque préhistorique - Labrador
La branche méridionale
L'origine des Autochtones de branche méridionale de l'Archaïque maritime est nébuleuse. Un nouveau complexe d'outils en pierre fait son apparition dans la partie sud du Labrador il y a un peu moins de 6000 ans. Ces Autochtones préfèrent, pour la fabrication d'outils, le chert et la rhyolite présentes dans cette région plutôt que le quartz, le quartzite et la chert de Ramah de la branche septentrionale. Vers environ 5000 ans ou 4500 ans, ils habitent déjà la côte méridionale et certaines zones de la côte centrale du Labrador. Ils fabriquent des pointes de lances à large lamelle avec des encoches dans le manche, ainsi que des couteaux en éclat, des grattoirs et des outils de circonstance à partir des matériaux disponibles localement. Des sites archéologiques contiennent des haches, des herminettes et des gouges en pierre adoucie, de même que des harpons et des lances en ardoise polie. Leur type d'habitation est inconnu. De rares vestiges de foyers en pierre ont survécu, parfois en rangée le long d'anciennes terrasses de plage.
Les Autochtones de la branche méridionale sont les premiers humains à coloniser l'île de Terre-Neuve. Il y a au moins 5000 ans, ils s'installent dans la péninsule Northern et, en moins de 1000 ans, dans tout le littoral terre-neuvien.
Le site archéologique le plus intéressant jusqu'à présent est celui de Port au Choix sur la route migratoire des phoques du Groenland. Chaque printemps, ces animaux représentent une source sûre de ravitaillement. En 1968, des fouilles entreprises dans un large périmètre du site révèlent des centaines d'artefacts. Contrairement à la plupart des autres emplacements, le sol de Port au Choix a préservé les matériaux biologiques. Des artefacts en os, en ivoire et en bois de cerf nous donnent un aperçu des outils évolués dont se servaient les Autochtones de la branche méridionale de l'Archaïque maritime. Des harpons détachables et à pointes barbelées, des dards pour tuer les oiseaux, des lances à poisson en bois et en bois de cervidés, ainsi que des harpons et des lances en os et en ardoise polie témoignent d'une admirable adaptation à l'environnement de Terre-Neuve. Ils utilisent des grattoirs et des outils en bois de caribou pour le tannage des peaux, des alènes en os et de fines aiguilles façonnées à partir d'os d'oiseaux pour la préparation et la confection des vêtements. Des gouges, des haches, des herminettes, ainsi que des burins et couteaux de petite taille faits à l'aide d'incisives de castor, leur permettent d'abattre des arbres et de transformer le bois en objets que nous pouvons difficilement imaginer.
Les fouilles à Port au Choix ont également exposé de nombreux ornements et objets associés à des pratiques à caractère spirituel ou magique, notamment des becs et des pieds d'oiseaux, des dents d'ours, de renards, de loups et de castors, des épinglettes et des pendentifs sculptés en forme d'oiseaux, d'ours et même en forme d'humains. Des perles de coquillage, des parures de cou ressemblant à des épées et des pagaies, des cristaux de quartz, de la calcite, de l'améthyste et toutes les variétés de pierre de forme inhabituelle servaient probablement à des fins religieuses ou décoratives. La mer constitue une source d'inspiration pour bon nombre de ces objets, tels un épaulard en pierre, une dent de cet animal, et la représentation de mouettes, de canards, de huards et du grand pingouin maintenant disparu. On peut donc en conclure que des membres de cette peuplade entretenaient des rapports symboliques avec ces oiseaux et ces mammifères.
À l'évidence, les Autochtones de l'Archaïque maritime étaient totalement adaptés à l'environnement de l'île comme en fait foi leurs outils, leur économie et leurs manifestations culturelles.
Les premiers peuples des périodes intermédiaire et récentes ont également su s'adapter aux régions centrale et méridionale du Labrador. Des archéologues proposent même que les Innus modernes aient peut-être pour lointains ancêtres les Autochtones de l'Archaïque maritime. Malgré une implantation réussie de la branche méridionale au Labrador, et l'acclimatation de leur culture à Terre-Neuve, ils disparaissent de l'île il y a environ 3000 ans. Contrairement à la disparition des Paléoesquimaux dans le nord du Labrador, les archéologues peinent à trouver une raison, comme l'arrivée de nouveaux venus, pour la justifier. Le mystère demeure donc entier relativement à leur disparition et à l'absence des premiers peuples dans la province entre 3000 et 2000 ans.
Après, un troisième peuple (ou vague de migration) arrive vers il y a 4000 ans, comme on a vu plus haut. La désignation Paléoesquimau (paléo signifiant ancien) s'applique aux peuples de l'Arctique précédant les Autochtones de la culture de Thulé. Ces derniers sont les ancêtres des Inuit qui vivent actuellement dans le Grand Nord canadien. Les Paléoesquimaux sont peut-être de lointains parents de peuples habitant dans l'Arctique d'aujourd'hui, mais ils n'en sont pas les ancêtres directs.
La culture paléoesquimau culture semble originaire de l'Alaska et remonte à un peu plus de 4000 ans. Les Paléoesquimaux parvenus jusqu'à l'Extrême-Arctique appartiennent probablement au groupe Independence I, du nom du fjord situé dans le nord-est du Groenland, lieu de découverte des premiers artefacts. YH : Ils ont donc probablement traversé le Canada à pied pour aller de l'Ouest à l'Est
À Terre-Neuve-et-Labrador, de nombreux archéologues scindent en deux la préhistoire du Paléoesquimau : la période ancienne qui s'échelonne entre 3800 ans et 2200 ans avant le présent, et la période récente, qui s'amorce vers 2500 ans avant le présent et prend fin entre 1000 ans et 500 ans avant le présent. Même si la période ancienne chevauche quelque peu la période récente, les archéologues ne s'entendent pas sur l'influence exercée par la plus ancienne sur la plus récente. C'est dans la baie Saglek, au nord du Labrador, qu'ont été découverts les plus anciens artefacts de la province. Ils datent d'environ 3800 ans. L'archéologue terre-neuvien James Tuck soutient que la culture des Paléoesquimaux anciens, désignée telle au Labrador, possède beaucoup de points communs avec celle du groupe Independence I du Groenland et de l'Extrême-Arctique.
Des artefacts du groupe Independence 1 - Baie de Saglek, Labrador. - Avec la permission de James A. Tuck, Memorial University of Newfoundland, St. John's, T.-N.-L.
Parmi les outils qu'ils utilisent : des harpons parés de petites pointes en pierre, souvent dentelée (comme les couteaux de cuisine modernes), des petites pointes de projectiles qui sont probablement des pointes de flèches et des grattoirs servant à séparer la graisse de la peau, des petits couteaux en pierre et des burins. Ces derniers sont des outils fins en pierre permettant de faire des encoches dans des os et du bois. Les petites herminettes déterrées dans les sites archéologiques paléoesquimaux laissent supposer que ce peuple travaillait le bois. Les Paléoesquimaux anciens se servaient également de lamelles. On en retrouve abondamment dans les sites archéologiques paléoesquimaux. Les lamelles, petites et acérées, sont des éclats de pierre dont l'équivalent de nos jours serait un couteau de poche à lames jetables ou une lame de rasoir.
Des archéologues du Smithsonian Institution ont repéré différents types d'habitation des Paléoesquimaux anciens dans la région nord du Labrador. L'une de ces habitations est une maison de forme bilobée probablement autrefois recouverte de peaux tendues sur une charpente en bois ou en os de morse. Le sol de ces habitations était pavé de pierres plates. Elles comportaient aussi un foyer fait de dalles de pierre verticales enfoncées dans le sol et placé au milieu de la structure. L'entrée, clairement identifiée, était située au centre loin des aires de sommeil.
Ces archéologues ont constaté avec étonnement que les Paléoesquimaux anciens préféraient installer leur campement dans des endroits protégés et quelque peu éloignés du littoral nordique du Labrador, plutôt que dans les îles périphériques et sur les promontoires, là où les oiseaux et les mammifères marins étaient sans doute plus abondants...
Vers 3000 ans avant le présent, des vestiges semblent indiquer que Terre-Neuve et le Labrador ont vécu une explosion démographique ayant peut-être pour origine l'émergence d'une nouvelle culture baptisée culture Groswater, du nom de la baie Groswater située sur la côte centrale du Labrador. Plusieurs des outils dont se servaient les Autochtones de cette culture ressemblent suffisamment à ceux des Paléoesquimaux anciens pour que nous puissions rationnellement y voir une filiation. L'effondrement de la culture de l'Archaïque maritime sur l'île de Terre-Neuve vers 3200 ans avant le présent pourrait expliquer en partie le succès de la culture Groswater. Cependant, vers 2200 ans avant le présent, c'est au tour de cette culture à disparaître de l'île. Peu après, les Autochtones de la culture Groswater sont rapidement introuvables au Labrador... Les archéologues ne peuvent que supposer que c'est la raréfaction du gibier qui a provoqué cette disparition ou extinction rapide.
L'arrivée de Paléoesquimaux récents se produit quelques siècles plus tard. Les archéologues la nomment culture du Dorset. Elle voit le jour dans la région du bassin Foxe entre l'embouchure de la baie d'Hudson et l'île de Baffin. Cette culture est plus développée que celle des Paléoesquimaux anciens. Les Autochtones de la période du Dorset utilisent des lampes et des récipients en stéatite (Ils ne dépendent donc pas du bois. Ils font brûler de l'huile de phoque pour se chauffer et s'éclairer.) Des artefacts montrent qu'ils fabriquaient eux aussi des traîneaux, mais tirés peut-être par des hommes plutôt que par des chiens, ainsi que des embarcations ressemblant à des kayaks. YH : Les archéologues n'expliquent pas ces "sauts de développement" dans les cultures indiennes (et préhistoriques en général), qui évoluent peu pendant des millénaires avant un "sursaut" rapide qui amène de nombreuses inventions sur une courte période... On peut imaginer une rencontre avec un peuple plus évolué ou encore la naissance d'un "génie" inventif... Les légendes parlent aussi souvent de "dieux éducateurs" qui aident les tribus à évoluer...
De nombreux sites, comme celui de Port au Choix, mis à jour par l'archéologue Priscilla Renouf de Memorial University, sont vastes et dénotent une longue occupation. Elle y a déterré une quantité considérable d'os de phoque du Groenland. Cet endroit était donc un emplacement privilégié pour la chasse au phoque. Leurs techniques de chasse très avancées pourraient expliquer la présence de si nombreux sites sur l'île de Terre-Neuve. D'ailleurs, c'est probablement le peuple autochtone dont la démographie a été la plus importante sur cette île.
Il y a 1200 ans, la culture du Dorset disparaît de l'île, puis du nord du Labrador entre 1000 et 500 ans. De fait, les Autochtones de la culture du Dorset disparaissent complètement du Groenland et de l'Arctique canadien. Peut-être les Autochtones de la culture de Thulé, ancêtres des Inuits modernes, ont-ils déplacé la plupart d'entre eux (du moins ceux n'habitant pas sur l'île de Terre-Neuve). Peut-être aussi certains membres de la population du Dorset vivant dans l'Arctique se sont-ils assimilés au peuple de Thulé, quoique rien ne prouve vraiment cette hypothèse. D'autres facteurs entrent probablement en jeu dans la disparition de la culture du Dorset à Terre-Neuve, par exemple une rarefaction des phoques du Groenland et de caribous.
La culture du Dorset de la période récente se distingue par une multitude de sculptures. Bon nombre d'entre elles sont extraordinairement réalistes et d'une grande puissance d'évocation. Les artistes de la culture du Dorset de l'Arctique ont sculpté des ours, des poissons, des oiseaux, des visages dans l'ivoire, l'os et le bois. Leur style était tout à fait remarquable et inédit dans cette région. Au Labrador, le matériau privilégié était la stéatite. Le musée de Terre-Neuve possède une très belle collection de figures humaines, d'ours blancs et d'oiseaux, ainsi qu'un crâne humain, et bien d'autres objets inspirés des mondes naturel et surnaturel. D'après certains archéologues, cette prolifération artistique était peut-être une réponse à la menace que faisait peser sur eux l'invasion des Autochtones de Thulé, un moyen de se démarquer ou encore le signe d'un peuple cherchant, dans le monde des esprits, des solutions à des problèmes concrets...
Le peuple de Thulé
Les Autochtones de Thulé sont les ancêtres préhistoriques des Inuit qui habitent actuellement le nord du Labrador. (Le nom provient d'une petite collectivité située dans le nord-ouest du Groenland contenant des vestiges archéologiques de cette culture.)Il semble que la culture de Thulé s'est développée il y a environ 1000 ans grâce à un brassage d'idées et peut-être de peuples, de la mer de Béring à la côte nord de l'Alaska (?). Selon de nombreux archéologues, le réchauffement du climat qui s'est produit il y a environ 1000 ans a permis la formation de chenaux dans la glace de la mer de Beaufort et du golfe d'Amundsen. Les habitants de l'Alaska ont alors pu suivre les baleines boréales qui descendaient vers le sud l'été. La culture de Thulé, nom attribué par les archéologues, se répand rapidement dans l'Arctique canadien, puis graduellement au Groenland et au Labrador.
La technologie du peuple de Thulé
Les Autochtones de la culture de Thulé ont fait preuve d'une grande ingéniosité pour survivre dans l'Arctique. Dans une région où les Européens et leurs descendants étaient incapables de fonctionner sans une aide extérieure, les Autochtones de Thulé se débrouillaient très bien. Ils tirent parti des os, des dents et de la peau des animaux qu'ils ont chassés pour chasser ces mêmes espèces. Ils construisent de gros bateaux, des oumiaks, pour se déplacer et chasser la baleine. Leur charpente est faite de côtes de morse sur lesquelles sont tendues des peaux de morse. Ils utilisent également de petites embarcations monoplaces en peau de phoque pour la chasse à la baleine. Ils transforment le bois de grève en traîneaux à chiens souvent chaussés d'os de baleine en guise en patins. Ils tressent des lanières de peaux de phoque en harnais et sangles. Ils façonnent les os et l'ivoire des mammifères marins en harpons et lances. Ils renforcent leur court et puissant arc avec des cornes de bœuf musqué.
Un harpon en bois en forme de pointe - Culture Thulé - Avec la permission du musée The Rooms, St. John's, T.-N.-L
Cette ingéniosité technique se retrouve aussi dans la fabrication de leurs habitations. En hiver, ils vivent dans des maisons semi-souterraines pourvues d'un plancher en dalles de pierre.La charpente, en côtes et en os de mâchoire de baleine, est recouverte de peaux de morse et de mottes de gazon. L'entrée s'ouvre sur un long tunnel qui s'abaisse en son centre pour emprisonner l'air froid sous le niveau du plancher. À l'intérieur, les familles vivent confortablement sur des plateformes en pierre couvertes de fourrures. Des lampes en stéatite (pierre à savon) alimentées à l'huile de phoque et de baleine éclairent et réchauffent les longues nuits d'hiver. Au printemps, poussés par le dégel du sol et l'accumulation d'eau dans les habitations, ils emménagent dans des tentes en peau qui les abriteront jusqu'à la venue de l'hiver suivant. À la chasse ou en déplacement, les Autochtones de Thulé construisent des habitations de neige appelées igloos, une autre invention parfaitement adaptée aux conditions arctiques. Ils taillent des blocs de glace à l'aide de couteaux en bois ou en corne spécialement fabriqués pour cette fonction. Ils empilent ensuite les blocs en leur donnant cette forme associée, de nos jours, aux habitations inuites de l'Arctique canadien. La chaleur que dégage la lampe en stéatite vernit, d'une couche de glace, l'intérieur de l'habitation pour l'isoler du froid et du vent.
Leur culture repose sur leur capacité à tuer d'énormes baleines boréales qui peuvent atteindre jusqu'à 20 mètres. Ces animaux leur assurent une énorme quantité de nourriture et la possibilité de survivre à un long hiver. Les chasseurs de baleine de Thulé se déplacent dans des oumiaks pouvant transporter environ 20 hommes.
Les vestiges archéologiques les plus anciens de la culture de Thulé sont situés à l'extrémité nord du Labrador, entre autres aux îles Killiniq (appelé autrefois Killenek) et Staffe. C'est ici que l'archéologue William Fitzhugh du Smithsonian Institution a découvert les plus anciens vestiges archéologiques du Labrador associés à ce peuple. Entre 1250 et 1450 de notre ère, des Autochtones de Thulé, dont les ancêtres ont probablement habité l'île de Baffin, fondent trois villages. C'est de là qu'ils partent chasser le morse, le phoque et les oiseaux. Ces petits campements comptent environ 25 à 35 personnes qui semblent y vivre durant les derniers mois de l'hiver et au printemps. Les habitants de l'île Staffe construisent deux types d'habitation : la première est rectangulaire et peu profonde mesurant en moyenne 4 mètres sur 5 mètres et la deuxième, plus profonde, mesure en moyenne 5 mètres sur 6 mètres. Les habitations de plus grande dimension comportent une entrée pavée, des montants de pierre à l'intérieur pour soutenir le toit, un sol dallé et, à l'arrière, des surfaces de couchage. Des fouilles ont permis de découvrir les traces d'une cuisine et des fragments de couteau ulu (qu'utilisaient exclusivement les femmes) dans la partie est d'une habitation. Les archéologues en ont déduit que cette partie de l'habitation était réservée aux femmes. Dans la partie ouest, ils ont trouvé des couteaux de dépeçage et des pointes de harpons et de lances. Cette partie semblait donc réservée aux hommes.
Couteau ulu avec poignée en ivoire et lame en ardoise - culture Thulé - Avec la permission du musée The Rooms, St. John's, T.-N.-L.
En 1989, les archéologues du Smithsonian Institution ont découvert les restes de ce qui pourrait être un kashim, ou maison communale, sur l'île Staffe. De forme ovale et dépourvue d'une surface de couchage, des bancs en pierre s'alignent plutôt le long des murs. S'appuyant sur les annales des missionnaires moraves, venus au Labrador vers la fin du 18e siècle, l'ethnologue du Musée canadien de l'histoire, J. Garth Taylor, a retrouvé des vestiges d'un kashim inuit et de son utilisation. Les habitants de la collectivité se réunissaient dans ces bâtiments communaux pour chanter, danser et accomplir des rites cruciaux à la survie du groupe. Ces découvertes effectuées à l'île Staffe nous donnent un aperçu de la vie sociale et spirituelle des premiers Inuit du Labrador.
L'île Staffe constitue le point de départ de l'occupation du Labrador par le peuple de Thulé. Aux environs de 1500 de notre ère, ils avaient progressé jusqu'à la baie de Saglek. Probablement vers 1550 de notre ère, les Inuit du Labrador, leur nom véritable depuis cette époque, s'établissent dans la région Nain-Hopedale. Peu de temps après, ils atteignent Red Bay, lieu de pêche basque, où ils rencontrent donc les premiers européens (modernes) qui viennent régulièrement au Labrador...
Hyperborée :
j'ai déjà parlé de cet endroit mythique dans cet article : " https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/civilisations-anciennes-de-l-age-pre-glaciaire-dans-la-baltique.html " car la Baltique du côté russe/finlandais fait partie des possibilités rarement citées, pourtant visité (entre autres) par les chercheurs nazis dans les années 1930-1940 et auparavant par les partisans de la théorie aryienne = thule/hyperborée (car les deux sont mêlés dans ces théories dont je parle plus bas). Historiquement, c'est Aristée de Proconnèse, vers 600 Avant J.C., qui parle le premier d'une grande île aux confins septentrionaux du monde habité. Hyperborée est comme parfaite, avec le soleil qui y brille constamment. Selon Diodore de Sicile, Apollon passe son hiver aux côtés des Hyperboréens, sa mère Léto est d'ailleurs née en Hyperborée. Thésée et Persée sont censés avoir visité les Hyperboréens.
« Ceux qui ont écrit sur les anciens mythes [racontent que] dans les régions situées au-delà des Celtes, il y a dans l'Océan une île au moins aussi grande que la Sicile. Cette île est située au nord et habitée par les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu'ils vivent au-delà de l'endroit d'où souffle le vent du nord, le Borée ; l'île est à la fois fertile et productrice de toute sorte de cultures, et, comme elle jouit d'un climat exceptionnellement tempéré, elle produit deux récoltes par an. » (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, II, 47, trad. de Paul Goukowsky)
De grandes quantités d'or se trouvent en Hyperborée, gardées par les griffons, selon Hérodote :
« De son côté, Aristée, fils de Caystrobios, de Proconnèse, dans un poème épique [Arimaspées Ἀριμάσπεια Arimáspeia], raconte que, possédé par Phébus, il alla chez les Issédons, qu'au-dessus des Issédons habitent les Arimaspes, hommes qui n'auraient qu'un œil ; au-dessus des Arimaspes, les griffons gardiens de l'or ; au-dessus des griffons, les Hyperboréens qui s'étendent jusqu'à une mer ; que, sauf les Hyperboréens, tous ces peuples, à commencer par les Arimaspes, font constamment la guerre à leurs voisins ; que les Issédons furent chassés de chez eux par les Arimaspes, les Scythes par les Issédons ; et que les Cimmériens, qui habitent la côte de la mer du Sud, sous la pression des Scythes, abandonnèrent leur pays. Ainsi, lui non plus n'est pas, concernant ce pays, d'accord avec les Scythes ». (Hérodote, Enquête, IV, 14, trad. Ph. E. Legrand)
Hécatée d'Abdère, historien et philosophe sceptique, établit un lien entre les Hyperboréens et la Lune. Pindare fait une belle évocation de la vie bienheureuse des Hyperboréens, « sacrifiant à Apollon de magnifiques hécatombes », et dont « les banquets et les hommages ne cessent pas d’être pour le dieu la joie la plus vive ».
Mais voici l'intégralité du texte de Diodore de Sicile dans son ouvrage "Bibliothèque Historique" son Livre II, XLVII " Des Scythes, des Amazones et des Hyperboréens" (extrait les Hyperboréens) : " Puisque nous sommes arrivés à parler des contrées septentrionales de l'Asie, il ne sera pas hors de propos de dire un mot des Hyperboréens. Parmi les historiens qui ont consigné dans leurs annales les traditions de l'antiquité, Hécaté et quelques autres prétendent qu'il y a au delà de la Celtique, dans l'Océan, une île qui n'est pas moins grande que la Sicile. Cette île, située au nord, est, disent-ils, habitée par les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu'ils vivent au delà du point d'où souffle Borée. Le sol de cette île est excellent, et si remarquable par sa fertilité qu'il produit deux récoltes par an. C'est là, selon le même récit, le lieu de naissance de Latone, ce qui explique pourquoi les insulaires vénèrent particulièrement Apollon. Ils sont tous, pour ainsi dire, les prêtres de ce dieu : chaque jour ils chantent des hymnes en son honneur. On voit aussi dans cette île une vaste enceinte consacrée à Apollon, ainsi qu'un temple magnifique de forme ronde et orné de nombreuses offrandes ; la ville de ces insulaires est également dédiée à Apollon ; ses habitants sont pour la plupart des joueurs de cithare, qui célèbrent sans cesse, dans le temple, les louanges du dieu en accompagnant le chant des hymnes avec leurs instruments. Les Hyperboréens parlent une langue qui leur est propre ; ils se montrent très bienveillants envers les Grecs, et particulièrement envers les Athéniens et les Déliens ; et ces sentiments remontent à un temps très reculé. Ou prétend même que plusieurs Grecs sont venus visiter les Hyperboréens, qu'ils y ont laissé de riches offrandes chargées d'inscriptions grecques, et que réciproquement, Abaris, l'hyperboréen, avait jadis voyagé en Grèce pour renouveler avec les Déliens l'amitié qui existait entre les deux peuples. On ajoute encore que la lune, vue de cette île, paraît être à une très petite distance de la terre, et qu'on y observe distinctement des soulèvements de terrain. Apollon passe pour descendre dans cette île tous les dix-neuf ans. C'est aussi à la fin de cette période que les astres sont, après leur révolution, revenus à leur point de départ. Cette période de dix-neuf ans est désignée par les Grecs sous le nom de Grande année (Note de Hoefer : Cycle de Méton)... On voit ce dieu, pendant son apparition, danser toutes les nuits en s'accompagnant de la cithare, depuis l'équinoxe du printemps jusqu'au lever des Pléiades, comme pour se réjouir des honneurs qu'on lui rend. Le gouvernement de cette ville et la garde du temple sont confiés à des rois appelés Boréades, les descendants et les successeurs de Borée (Note de Hoefer : Ce récit paraît tout à fait fabuleux, car il ne peut s'appliquer à aucune des îles situées au nord de la Celtique.)... (traduit du grec ancien par M. Ferd. Hoefer (1851).
Abaris l'Hyperboréen (Αβάρις Υπερβορέος / Abáris Hyperboréos chez Platon) est un personnage semi-légendaire de la Grèce antique, prêtre d'Apollon hyperboréen, probablement chamane au même titre que Aristée de Proconnèse, actif vers 568 Avant J.C.. Abaris vivait avant la guerre de Troie, ou du temps de Pythagore (-530). D'après la Souda, « comme de nombreux peuples envoyaient des ambassadeurs auprès des Athéniens, on dit qu'Abaris fut l'envoyé des Hyperboréens, au cours de la 53e olympiade » (-568/-565). Pindare (dans le fragment 270) place Abaris à l'époque de Crésus (-561/-546). D'autres parlent de -696/-693. Selon Giorgio Colli, «la figure d'Abaris est établie historiquement, mais elle est ponctuée d'ajouts mythiques. La détermination chronologique de Pindare renvoie à la moitié du VIe s. av. J.-C. (la prise de Sardes date de 546 av. J.-C.), mais Erwin Rohde voudrait avancer un peu la vie d'Abaris. Elle s'écoulerait ainsi entre la fin du VIIe s. et la moitié du VIe s. (…) L'activité d'Abaris à travers la Grèce avait été celle d'un devin ».
Une carte du monde d'après Herodote, avec mention des hyperboréens en haut
Une carte du monde d'après la Rome de Strabon
Entre 1912 et 1918, la "Société de Thulé" est créée par des adeptes de théories antisémites amateurs d'ésotérisme issu du 19e siècle. Il s'agit au tout début du Germanen Orden (1912), un nouvel Ordre Teuton, issu lui-même du groupe Reichshammerbund (Reich Hammer League provenant du journal propagandiste "Hammer" de Theordor Fritsch (1902)) et dirigé par Hermann Pohl. Au départ, Thulé n'était qu'une société de recherches ethnographiques. Sous la direction du professeur Félix Niedner, elle édita, à partir de 1912, une compilation en vingt-quatre volumes:"Altnordische Dichtung und Prosa (Prose et poésie de l'Antiquité nordique)". La guerre de 1914-18 dispersa ses collaborateurs. Un grand nombre en furent victimes. La paix revenue, le groupe se reforma, mais prit une orientation nouvelle sous l'influence de l'écrivain et professeur d'histoire Paul Rohrbach, qui a publié de nombreux ouvrages relatifs à l'Asie et au pangermanisme. Ce fut aussi Paul Rohrbach qui introduisit le Dr Karl Haushofer dans le groupe Thulé et qui finalement lui en confia la direction. Un autre membre influant fut Dietrich Eckart, lequel y introduisit Alfred Rosenberg, qui deviendra ministre de Hitler. Jusque-là le groupe Thulé n'était qu'une sorte d'académie dilettante, légèrement snob.
Rudolf Glauer, dit Rudolf von Sebottendorff (1875-1945), un aventurier baignant dans l’ésotérisme et l’astrologie, ayant aussi vécu en Orient, devient le chef du Germanen Orden en Bavière, qu’il transforme en 1918 en Société de Thulé. " Créée à Munich au tournant de l’année 1917, 1918, (la Société de Thulé) était l’incarnation du Germanen Orden fondé à Leipzig en 1912 afin de regrouper divers petits groupes et organisations antisémites " explique l'historien de référence du nazismeIan Kershaw. Diffusée à Munich dans les milieux aristocratiques, voir monarchiques, l'idéologie de cette société prônait l'antisémitisme, l'antirépublicanisme, le paganisme et le racisme. Son symbole, la croix de Wotan, n'est pas sans rappeler la croix gammée. Des liens ont été imaginés avec l'hypothétique Société du Vril, une société secrète basée sur un livre de Edward Bulwer-Lytton, (auteur des Derniers Jours de Pompéi), dans un roman de science-fiction The Coming Race publié en 1871 ! En fait, Plusieurs auteurs (Johannes Täufer, Louis Pauwels et Jacques Bergier dans Le matin des Magiciens, et l'Allemand Jan Udo Holey travaillant sous le pseudonyme de Jan van Helsing) ont affirmé que la Vril-Gesellschaft (Société du Vril), ou loge lumineuse, était une communauté secrète d'occultistes dans le Berlin pré-nazi. La société berlinoise du Vril était en fait une sorte de cercle intérieur de la société de l'ordre de Thulé. On l'a également pensé en contact étroit avec le groupe anglais connu sous le nom d'ordre hermétique de l'Aube dorée. Aucune preuve vérifiable de l'existence de la société du Vril n'a jamais été publiée...
Sur une affiche de 1919 qui présente les "armes" du groupe Thulé, on voit un glaive germanique (la lame tournée vers le bas, le manche vers le haut) qui est posé devant un svastika senestrogyre (ou croix de Watan) irradiant des rayons lumineux. Le manche du glaive se trouve sur le symbole alors que des feuilles de chêne entourent la lame. En haut de cette affiche, on trouve l'année : 1919 et en bas de celle ci la mention en gothique Thulé Geselschaft. Toute la future symbolique nazie se trouve déjà ici en place, dès 1919...
Certains membres de ce groupe pensaient que Thulé était ce qui subsistait d'un continent aujourd'hui disparu, appelé Hyperborée, et que ce continent était le berceau de la race aryenne. L'idéologie de l'Ordre était fondée sur la croyance en l'existence de surhommes et d'une race humaine supérieure: les Aryens qui aurait vu le jour dans l'hypothétique Hyperborée. Cette société reprend la thèse qui dit que les Juifs sont sur la Terre pour y créer l'enfer. L'un de ses textes de référence est celui des Protocoles des Sages de Sion. L'idéologie professée par la société Thulé s'inspire de tout un corpus d'éléments ésotériques et mystiques puisés dans l'Ariosophie de Guido von List, chez Jorg Lanz von Liebenfels, Rudolf von Sebottendorff, Helena Petrovna Blavatsky, Arthur de Gobineau, et des théories aryano-centristes de certains archéologues allemands, tel que Gustav Kassina (1858-1931).
Vers 1923, Rudolf Hess, revenu à Munich, devient l'un des animateurs de l'Ordre de Thulé, dont Hermann Göring est l'un des membres les plus célèbres. L'étrange voyage de Hess, considéré alors comme le dauphin de Hitler, vers le Royaume-Uni en 1941, visite par laquelle il voulait négocier une paix séparée et qui a abouti à son incarcération, aurait selon certains un rapport avec son appartenance à la Société Thulé et aux desseins de cette organisation à ce moment de la guerre, alors qu'elle cherchait le secret de l'immortalité durant la Seconde Guerre mondiale.
Fouilles archéologiques nazies, 1934
La société de Thulé aura des moyens sans limites et on sait qu'elle a fait des recherches archéologiques dans beaucoup d'endroits du monde (avec l'aide de "l'Université Nazie" et de ses scientifiques, dont l'influant Hans Reinerth), y compris en Scandinavie, en profitant de l'occupation des lieux, ou même avant...
Occultisme et hindouisme, les bases du Nazisme (La Société secrète de Thulé) - documentaire historique pour information et non caution
L'histoire de la Terre envoie un avertissement climatique
Une équipe internationale de scientifiques, dirigée par l'Université de St Andrews, a collecté des données couvrant les 66 derniers millions d'années pour fournir de nouvelles informations sur les types de climats auxquels nous pouvons nous attendre si les niveaux deCO 2 continuent d'augmenter au rythme actuel. L'augmentation projetée entraînerait des niveaux préhistoriques de chaleur qui n'ont jamais été ressentis par les humains. En fait, cette étude souligne qu'une action urgente est nécessaire pour éviter les niveaux préhistoriques de changement climatique.
L'étude, publiée dans la revue scientifique Annual Review of Earth and Planetary Sciences (lundi 31 mai 2021), fournit l'histoire la plus complète à ce jour de l'évolution du CO 2 au cours des 66 derniers millions d'années, le temps écoulé depuis que les dinosaures ont parcouru la planète pour la dernière fois. Les données collectées montrent plus clairement que jamais le lien entre CO 2 et climat.
En collaboration avec des collègues de la Texas A&M University, de l'Université de Southampton et de l'Université suisse ETH Zürich, l'équipe internationale a rassemblé des données collectées au cours des 15 dernières années à l'aide de techniques de laboratoire de haute technologie.
Des échantillons ont été prélevés sur des carottes de boue des fonds marins, où des fossiles microscopiques et des molécules anciennes s'accumulent, préservant une histoire de ce à quoi ressemblaient le CO 2 et le climat à l'époque. En tirant ces anciens atomes au moyen d'instruments super sensibles, les scientifiques peuvent détecter les empreintes chimiques des changements passés du CO 2, qui peuvent être comparés aux changements actuels. Par exemple, l'étude explique, grâce à la combustion de combustibles fossiles et à la déforestation, comment les humains ont maintenant ramené le CO 2 à des niveaux jamais vus depuis environ trois millions d'années.
Une nouvelle étude financée par l'UE dans le cadre d'une action Marie Skodowska-Curie et d'une subvention de recherche de la Fondation Carlsberg, a montré que les changements dans différentes parties du système climatique - courants océaniques, glaces de mer et modèles de vent - étaient si étroitement entrelacés qu'ils se sont probablement déclenchés et renforcés les uns les autres, et ont conduit à des changements climatiques brusques récurrents. Il s'agit ici en quelque sorte de la confirmation d'une précédente analyse disant qu'à partir de il y a 11 500 ans, la température annuelle moyenne des glaces du Groenland a grimpé d'environ 8 °C en quarante ans, en trois étapes de cinq ans. (Richard B. Alley, « Ice-core evidence of abrupt climate changes », PNAS, vol. 97, no 4, 2000, p. 1331–1334 (DOI 10.1073/pnas.97.4.1331)
Tout au long de la dernière période glaciaire, le climat a changé à plusieurs reprises et rapidement au cours des événements dits Dansgaard-Oeschger, où les températures du Groenland ont augmenté entre 5 et 16 degrés Celsius en quelques décennies. Lorsque certaines parties du système climatique ont changé, d'autres parties du système climatique ont suivi comme une série de dominos basculant successivement.
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Telle est la conclusion d'une analyse des données sur les carottes de glace par un groupe de chercheurs qui comprenait la postdoctorante Emilie Capron et la professeure agrégée Sune Olander Rasmussen de la Section de physique de la glace, du climat et de la Terre de l'Institut Niels Bohr, Université de Copenhague, au Danemark. Cette découverte, qui vient d'être publiée dans la revue Nature Communications , est préoccupante car l'étendue de la glace de mer dans l'Arctique a joué un rôle important dans ces changements climatiques dramatiques du passé. Aujourd'hui, l'étendue de la glace de mer se réduit rapidement et on ne sait pas si cette partie du système climatique pourrait déclencher un changement climatique soudain prochainement.
Comprendre les changements climatiques brusques du passé est essentiel à notre capacité de prédire avec certitude si quelque chose de similaire se produira aujourd'hui ou dans un proche avenir.
Au cours des dernières décennies, cela a conduit les climatologues à rechercher des relations causales entre les changements climatiques brusques pendant la période glaciaire, lorsque les températures du Groenland ont augmenté à plusieurs reprises de 16 degrés Celsius en quelques décennies avant de retomber lentement aux niveaux normaux de la période glaciaire.
Cités englouties, données compilées - MAJ 19-08-2014
Dwarka, Inde
Comme on le sait avec de plus en plus de fiabilité et de précisions, l'être humain et ses civilisations ont connu dans le passé des bouleversements souvent catastrophiques, non seulement liés aux migrations de peuples envahissant les autres et guerres de territoires, mais le plus souvent liés aux bouleversements climatiques dus aux périodes glaciaires-interglaciaires et aux éruptions volcaniques, séismes et tsunamis (qui sont souvent des conséquences de précédents événements eux-mêmes). Tous ces bouleversements, souvent méconnus, sont découverts de nos jours et apportent un éclairage nouveau sur des disparitions de civilisations ou même d’ethnies humaines et races animales du passé. Un grand nombre de ces données réapparaissent d'endroits aujourd'hui sous les eaux et nous font comprendre et réaliser l'immensité réelle des territoires ainsi perdus et engloutis, et la probabilité que certains territoires aient bien été habités par des milliers, voir des millions d'individus à certaines périodes. L'un de ces énormes endroit disparu est bel et bien en train d'être redécouvert au nord de l'Europe avec la civilisation du Doggerland et ses probables annexes englouties vers l'Ecosse et la Scandinavie. Mes réflexions me font pour l'instant penser que les anomalies récemment découvertes dans la Mer Baltique (attention, ce dossier a commencé en 2012 !) font bien partie de la même période que cette civilisation du néolithique du Doggerland et qu'il s'agit de territoires et paysages possiblement terraformés par l'homme...
Commençons donc déjà cette compilation de données avec celles déjà présentes sur ce site en ordre dispersées, je me propose de les réunir par océans/mers et par coordonnées des parallèles géographiques classiques (adaptable) - notez bien qu'il s'agit de cités ou ruines englouties par les eaux, mais aussi par la jungle parfois ou les boues volcaniques, les sables et également parfois dans des lacs ou fleuves, il est aussi question de vestiges sur des îles...
Retrouvez l'intégralité de ce dossier mis à jour, composé de liens d'articles documentés avec photos et/ou vidéos et cartes au niveau des PAGES ou via ce lien :
En 2010, Arne Sjöström, archéologue maritime de l'Université Södertörn et l'archéologue maritime January Öijeberg du musée de Malmö, avaient trouvé le système de pêche fixe le plus ancien connu dans le nord de l'Europe, voir du monde - plusieurs pièges à poissons en branches de noisetier tissées datant de 9 000 ans, au large des côtes du sud de la Suède. Nous sommes dans la Mer Baltique, dans la Baie de Hanö. C'est maintenant la confirmation scientifique de la découverte d'un site préhistorique englouti à cet endroit, daté de l'âge de pierre, faite par les Universités suédoises de Lund et de Södertörn.
Langage des signes et de la communication graphique à la fin du Magdalénien il y a environ 14000 ans cal BP
Figure 3 : Figures énigmatiques (fantastiques ou composites) gravées sur lissoir, Rochereil - Figure 4 : Aurochs gravé sur lissoir, Rochereil (Musée national de Préhistoire). Crédit Émilie Lesvignes
Cet article est dans la lignée de ceux concernant la transmission du savoir et de la mémoire aux temps préhistoriques, c'est à dire avant l'invention théorique de l'écriture, considérée comme le début de l'Histoire par les normes scientifiques actuelles, et rejoint donc la compilation de données présente sur ce site sur ce thème, avec comme exemple :
Tout comme celui cité, il s'agit d'un extrait d'un article scientifique, mais dont le sujet se situe aux environs de 12 000 ans avant notre ère, ou 14 000 ans avant notre présent, alors qu'il reflète des découvertes et interprétations proches des mêmes que celles datées de 400 000 ans concernant une transmission des connaissances et pratiques ancestrales aux générations futures, via des traces de symboles ou d'indices que nous découvrons. A cette période bien plus proche de nous, l'homme surnommé magdalénien par nos scientifiques est strictement identique à nous, physiquement parlant. Il est l'héritier des précédentes cultures ayant parcouru le Moyen-Orient, l'Europe et l'Asie et ayant déjà commencé à coloniser les Amériques selon les dernières découvertes.
Langage de signes et communication graphique à la fin du Magdalénien
L'art de Rochereil (Grand-Brassac), de l’abri Mègeet de la Mairie (Teyjat, Dordogne), France
Par Patrick PAILLET, Maître de conférences, Muséum national d’Histoire naturelle, Département de Préhistoire, UMR 7194, Musée de l’Homme et Elena MAN-ESTIER, Conservatrice du Patrimoine, Ministère de la Culture et de la Communication, Direction générale des Patrimoines, Service du Patrimoine, Sous-Direction de l’Archéologie UMR 5199 Pacea
Extrait de : Olivier BUCHSENSCHUTZ, Christian JEUNESSE, Claude MORDANT et Denis VIALOU (dir.),Signes et communication dans les civilisations de la parole, Paris, Édition électronique du CTHS (Actes des congrès des sociétés historiques et scientifiques), 2016.
Résumé
À partir de quelques exemples tirés de l’iconographie pariétale et mobilière des sites de Rochereil et de Teyjat (La Mairie et l’abri Mège), les auteurs montrent l’originalité et la puissance du langage des signes et de la communication graphique à la fin du Magdalénien, il y a environ 14 000 ans cal BP. Cette période est contemporaine des ultimes soubresauts de la dernière glaciation qui induisent une transformation radicale des paysages et des écosystèmes. Les sociétés humaines, jusqu’alors inféodées aux steppes périglaciaires, s’adaptent peu à peu à ces changements en transformant leurs équipements, en révisant leur stratégie économique et cynégétique, en modifiant en quelque sorte leur mode de vie. Elles repensent également le nouveau monde qui les entoure et inventent de nouveaux symboles. La communication graphique et le langage qu’elles soutiennent en sont le meilleur reflet.
Abstract
Through some examples of parietal and portable iconography of the sites of Rochereil and Teyjat (La Mairie and Mège shelter), the authors show the power and originality of the symbolic language and graphic communication at the end of Magdalenian, about 14 000 years ago cal BP. This period is contemporary of the last back-and-forth of the Late Ice Agethat led to an important landscape and ecosystem transformation. Human societies that were directly linked to periglacial steppa are due to an adaptation towards these changes by transforming their weapons, by thinking new economic and hunting strategies, somehow by changing their way of life. They also modify their way of thinking this new world surrounding them and invent new symbols. Their graphic communication with its language is its best reflectance.
" Il y a environ 14000 ans cal BP, les dernières sociétés paléolithiques (Magdalénien supérieur et final) évoluent dans des environnements en profonde mutation. L’instabilité climatique qui règne durant le Bölling-Alleröd (GIS-1) a un impact direct sur les écosystèmes. Une recomposition des faunes est alors engagée. Les grands troupeaux des steppes froides et des toundras ouvertes comme l’antilope saïga, le bison et le renne, disparaissent progressivement des paysages. Ils migrent pour la plupart vers le nord, vers l’est ou vers les régions de montagnes. Des espèces animales tempérées comme le cerf, l’aurochs ou le sanglier se développent de nouveau et recolonisent des espaces qui se referment progressivement sous l’emprise des forêts (Costamagno, Laroulandie (dir.)2003). Les derniers magdaléniens exploitent de plus en plus des petits gibiers (léporidés, spermophiles,… ) et domestiquent le loup (Boudadi-Maligne 2010 ; Boudadi-Maligneetal. 2011, 2012, 2014). Les changements climatiques et environnementaux engendrent une modification de l’économie des groupes préhistoriques. Les hommes adaptent leurs équipements techniques lithiques et osseux. Ils produisent des outils standardisés, notamment sur grandes lames pour les outils domestiques et sur de petites lames ou lamelles pour les instruments de chasse. De nouvelles armes apparaissent, notamment différents types de pointes. On note également des innovations dans les armements en bois de cervidés et dans leur système d’emmanchement. La miniaturisation des équipements de chasse est rendue nécessaire par l’évolution des pratiques cynégétiques en milieu fermé (Langlais 2010, Naudinot 2013, Valentin 2008). Les pratiques symboliques, notamment le langage et la communication par l’image, évoluent également. Ces changements radicaux revêtent une forte empreinte territoriale ou essaiment plus largement selon une double dynamique qui n’est pas contradictoire dans les paysages en voie de fermeture (Collectif 2014). Les grottes de Rochereil (Grand-Brassac) et de la Mairie (Teyjat) dans le nord de la Dordogne sont deux sites majeurs contemporains de cette période de transition entre Magdalénien et Azilien (fig. 1)."
Figure 1 : Carte de situation des sites de Rochereil et Teyjat. DAO Patrick Paillet
La petite grotte de Rochereil, découverte au début du XXe siècle et fouillée essentiellement entre 1937 et 1941, correspond à un lieu d'intenses occupations dont la fonction au Magdalénien était vraisemblablement liée pour partie à la production d'objets ornés et de parures (Man-Estier et Paillet 2013b, Paillet 2014b). En effet, si l’on considère la taille du site (une trentaine de m² !) et l’épaisseur relativement modeste de la couche magdalénienne (une quarantaine de cm), la série d'objets d'art recueillie par le Dr Paul-Émile Jude est considérable (plus de 250 pièces). La grotte mesure une quinzaine de mètres de longueur et 2 à 3 m de largeur. Sa hauteur varie d’environ 5 m à l’entrée à moins de 2 m dans sa partie la plus profonde. Les fouilles de P.-E. Jude ont mis au jour d’importants dépôts du Magdalénien et de l’Azilien. Une reprise récente des séries dans le cadre d’un Projet Collectif de Recherche « Peuplements et cultures à la fin du Tardiglaciaire dans le nord du Périgord, entre Dronne et Tardoire » dirigé par P. Paillet a permis de requalifier la séquence archéostratigraphique du site. Il s’agit de Magdalénien supérieur ancien et récent, d’Azilien ancien et récent et de Laborien. P.-E. Jude publie deux coupes stratigraphiques relevées à l’entrée et à l’intérieur de la grotte (Jude et Cruveiller 1938, Jude 1960). La principale, à l’aplomb de l’entrée de la grotte, fait apparaître au moins quatre couches superposées de couleur et de structure différentes :
– la couche I est stérile et repose sur le sol rocheux. Elle est constituée de sables fluviatiles sur la terrasse et d’argile calcaire rougeâtre dans la grotte.
– la couche II correspond au Magdalénien supérieur. Elle mesure près de 40 cm d’épaisseur. Sur la base de l’hétérogénéité de certains éléments lithiques et faunistiques, cette couche a été partagée arbitrairement en deux niveaux, IIa (niveau inférieur, comprenant les 2/3 de la couche) et IIb (niveau supérieur).
– la couche III correspond à l’Azilien. Elle mesure plus de 1,80 m d’épaisseur et se superpose directement à la couche II, sans zone stérile intermédiaire. Cette couche est subdivisée en trois niveaux (IIIa, IIIb et IIIc).
– enfin, la couche IV est stérile et constituée de terre végétale. Elle mesure environ 2 m d’épaisseur.
La grotte de la Mairie (Teyjat) est située à une vingtaine de km au nord de Rochereil. Elle s’ouvre au midi, dans le village de Teyjat, au cœur d’un massif de calcaires dolomitiques du Bajocien. Elle est constituée de deux galeries divergentes : une galerie fossile subhorizontale d’une centaine de mètres de longueur, large de 5 m et haute de 4 m en moyenne et une galerie active descendante d’une quarantaine de mètres. Le gisement magdalénien et la zone ornée occupent les 10 premiers mètres de la galerie supérieure. Les occupations fouillées au début du siècle par Pierre Bourrinet, aidé épisodiquement par Denis Peyrony et Louis Capitan, ont mis en évidence une importante archéoséquence (jusqu’à 4 m de remplissage), divisée en deux couches du Magdalénien supérieur (couches inférieures A et B – Magdalénien supérieur ancien et couches supérieures C et D – Magdalénien supérieur récent). Les deux couches ont livré un assemblage lithique et osseux très riche et bien caractéristique du Magdalénien supérieur. Les occupations de la Mairie sont parfaitement synchrones du Magdalénien de Rochereil (Aujoulat 1984 ; Barrière 1968, 1972 ; Capitan et al. 1908 ; Langlais 2014).
L’abri Mège (Teyjat), à environ 200 m à l’est de la grotte de la Mairie, le petit abri Mège renferme une séquence unique du Magdalénien supérieur ancien, épaisse de 40 cm à près de 1,60 m à l’entrée(couche 2). Elle est contemporaine des couches A et B de la Mairie (Capitan et al. 1906, Langlais 2014). Ces trois sites ont livré d’importantes séries d’objets d’art dont la mise en comparaison est particulièrement enrichissante. Les représentations pariétales de la Mairie, réalisées sur un vieil édifice stalagmitique aujourd’hui disloqué, rappellent par bien des aspects l’art mobilier et notamment celui de Rochereil. Il est donc cohérent de placer l’art pariétal de la Mairie en résonance avec les séries d’objets ornés.
Singularité des arts de la Préhistoire
L'un des points communs à l'ensemble des sociétés de chasseurs-collecteurs du Paléolithique supérieur est l'existence d'un langage de signes et d'une communication graphique hautement symbolique désignée communément sous le terme d’« art ». Présent depuis près de 40 000 ans sous sa forme pérenne, l’art préhistorique est remarquable par la persistance de thèmes et de techniques d’expression durant toute sa trajectoire paléolithique. Les évolutions, les changements ou les ruptures qui marquent parfois son développement ne remettent pas radicalement en cause la cohérence de l’ensemble des pratiques artistiques. Elles ne changeront véritablement qu’avec les sociétés agro-pastorales du Néolithique. L’art préhistorique occupe des terrains d’expression différenciés. Les parois, les plafonds et les sols des grottes et des abris, parfois les roches disposées à l’air libre dans des fonds de vallées au cœur de la nature, constituent les supports exclusifs de l’art pariétal et rupestre monumental plus ou moins déconnectés de la vie des hommes. L’art est également présent dans leur quotidien immédiat. Il occupe d’innombrables outils, rehausse une infinité d’armes et se glisse parfois, souvent même, sur des restes fragmentaires sans utilité apparente et immédiate et sur des déchets. La communication graphique paléolithique est élaborée à partir de thématiques fondamentalement ancrées dans l’observation du vivant. L’art préhistorique est souvent qualifié d’art animalier et son bestiaire affiche une pluralité zoologique extrême, en particulier dans l’art des objets. Cette diversité est moins grande dans l’art des grottes. Cependant, une dizaine d’espèces animales prédominantes constituent la grande majorité de l’iconographie animalière (fig. 2). Il s’agit du cheval, du bison, de l’aurochs, du cerf, de la biche, du renne, du bouquetin, du mammouth, des félins et de l’ours. Les poissons et les oiseaux ne sont pas rares, mais leur dessin résiste souvent à l’interprétation (Citerne 2003, Paillet 2006, Crémadès 1997, Nicolau-Guillaumet 2008). Les artistes préhistoriques ne puisent pas exclusivement leur source d’inspiration dans le réel et son observation. Le corpus des représentations non-figuratives, parfois qualifiées de géométriques ou plus souvent encore d’abstraites, est immense, plus grand encore que celui des animaux, mais il est plus discret. Les préhistoriens rassemblent sous le vocable de « signes » un corpus polymorphe d’entités graphiques plus ou moins élaborées à partir des formes élémentaires que sont le point, la ligne et le plan (Sauvet 1990). Les signes possèdent des caractéristiques formelles relativement stables auxquelles sont associés conventionnellement un ou plusieurs signifiés. Leur rôle est donc de servir à la communication. C’est aussi le cas de l’image humaine qui est relativement fréquente, mais souvent éloignée de la réalité, soit par le biais de processus de segmentation graphique (mains, membres, sexes isolés, etc.), soit par exagération de traits (bestialisation des profils humains) (Bourrillon et al. 2012, Fuentes 2013, Vialou 1991).
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Commentaires
1
Thierry
Le 13/12/2016
Très complet, merci de ce document.
ᛉ
yveshLe 29/12/2016
Merci Thierry ! Je suis un compilateur de données à des fins de comparaisons (un peu comme Einstein qui a compilé les données de ses prédécesseurs physiciens pour trouver certaines clefs - sans avoir tout son génie !) et de recherches, car il est évident que certaines solutions sont adjacentes et cachées dans des données connues...