Une ville d'une civilisation inconnue de 4200 ans minimum déterrée en Espagne !
- 2012 - MAJ 09-2015 - 2020
Photo UAB
Aucune caractéristique similaire n'a été observée dans d'autres constructions de l'âge du bronze, avec ses murs de trois mètres d'épaisseur, ses tours carrées qui à l'origine devaient mesurer jusqu'à sept mètres de haut et une entrée monumentale avec une poterne voûtée en ogive.
Le mur protégeait une ville de 4 hectares située au sommet d'une colline. Avec des éléments architecturaux évoquant des structures militaires stylisées orientales.
L'alignement et les caractéristiques révèlent une stratégie de défense judicieuse qui représentait une nouvelle façon de se battre.
Cette découverte pose de nouvelles questions sur ce que l'on sait à propos de l'origine des inégalités économiques et politiques en Europe, la formation de l'armée et le rôle que la violence a joué dans la formation des identités.
Un site comparable à la civilisation minoenne de Crète.
Les fouilles archéologiques réalisées cette année sur le site de La Bastida (Totana, Murcia, Espagne) ont mis en lumière un système de fortification imposant, unique en son temps. Cette découverte, en incluant toutes les autres découvertes faites ces dernières années, permet de réaffirmer que cette ville était la communauté la plus avancée d'Europe en termes politiques et militaires au cours de l'âge du bronze (il y a environ 4.200 années: autour de 2200 avant notre ère -), et est comparable seulement à la civilisation minoenne de Crète.
La découverte a été présentée par Pedro Alberto Sánchez Cruz, secrétaire de la Culture de la Région de Murcie et Vicente Lull, professeur de Préhistoire de l'Université Autonome de Barcelone (UAB) et directeur des fouilles.
La fortification consistait en un mur de deux à trois mètres d'épaisseur, construit avec de grosses pierres et du mortier de chaux et soutenu par de larges tours à bases pyramidales situées à de courtes distances, près de quatre mètres, les unes des autres.
La hauteur originelle de la muraille était d'environ 6 ou 7 mètres. Jusqu'à présent, six tours ont été découvertes sur une longueur de 70 mètres, bien que la totalité du périmètre de la fortification fait plus de 300 mètres.
L'entrée de l'enceinte était un passage construit avec des murs solides et de grandes portes sur la fin, maintenues fermées avec de grosses poutres en bois. L'un des éléments architecturaux est la poterne voûtée en ogive, ou porte secondaire, située près de l'entrée principale. L'arc est en très bon état et est le premier à être trouvé dans l'Europe préhistorique. D'autres ont été trouvées dans la deuxième ville de Troie (Turquie) et dans le monde urbanisé du Moyen-Orient (Palestine, Israël et Jordanie), influencé par les civilisations de la Mésopotamie et de l'Egypte.
Cela indiquerait que des gens de l'Est ont participé à la construction de la fortification. Ils auraient atteint La Bastida après la crise qui a dévasté la région il y a 4.300 années.
Il a fallu attendre près de 400 à 800 ans plus tard pour que les civilisations comme les Hittites, les Mycéniens, ou les cités-Etats comme Ougarit, incorporent ces méthodes innovantes dans leur architecture militaire.
Une construction conçue pour le combat :
La fortification de La Bastida est une construction impressionnante en raison de sa monumentalité, de son expertise ressortant dans l'architecture et l'ingénierie, de son ancienneté et parce qu'elle nous aide aujourd'hui à en apprendre davantage sur ce passé lointain.
Elle représente également une innovation dans l'art d'attaquer et de défendre des fortifications, en particulier sur le plan militaire.
La construction a été conçue uniquement à des fins militaires, par des personnes expérimentées et utilisant des méthodes de combat inconnues à cette époque en Occident.
Les tours et les murs extérieurs dénotent une connaissance approfondie de l'architecture et de l'ingénierie, avec des pentes de plus de 40 pour cent. Le mortier de chaux utilisé offre une solidité exceptionnelle à la construction, maintenant fortement les pierres et rendant la paroi étanche, tout en empêchant les attaquants de pouvoir s'accrocher.
La poterne, conçue comme une entrée cachée et couverte, exigeait une grande planification de la structure défensive dans son ensemble et d'une bonne technique d'ingénierie pour l'adapter parfaitement dans le mur.
La première ville d'Âge du Bronze d'Europe continentale. (YH = plus ancienne découverte à ce jour pour être plus modeste que les auteurs...)
Les dernières fouilles et le résultat de datation au carbone 14 (YH : pas suffisant) indiquent que La Bastida fut probablement la ville la plus puissante d'Europe au cours de l'âge du bronze et un site fortifié depuis sa construction, 2200 ans environ avant notre ère, avec un système de défense jamais vu (YH : ou trouvé à ce jour) en Europe.
La fortification n'est pas la seule découverte qui a été faite. De 2008 à 2011, les fouilles ont mis au jour de grandes résidences mesurant plus de 70 mètres carrés, réparties à travers les quatre hectares de la ville.
Ces grandes maisons et bâtiments publics alternaient avec d'autres constructions plus petites, toutes séparées par des entrées, des couloirs ou des places.
Une grand bassin retenu par une digue de 20 mètres avec une capacité de près de 400.000 litres d'eau, indique clairement que la population de la ville était complexe et qu'elle utilisait des techniques de pointe incomparables à d'autres villes de l'époque.
Les découvertes faites à La Bastida révélent une rupture militaire, politique et sociale : la création d'une société violente au pouvoir classiste, qui a duré sept siècles et a conditionné le développement des autres communautés vivant dans la péninsule ibérique.
L'ensemble de ces découvertes a permis aux archéologues de redéfinir ce que l'on sait de l'origine des inégalités économiques et politiques en Europe, ainsi que l'institution militaire et le rôle joué par la violence dans la formation des identités.
MAJ 09-2015 : Où en sont les fouilles 3 ans plus tard ? Tout d'abord, deux vidéos (vo) :
Ce site exceptionnel a en fait été découvert dès 1869 mais ce n'est que très récemment que son importance pour la compréhension de la préhistoire du continent européen est apparue. Cette culture est apparue subitement sédentarisée, mais est peut-être issue d'une culture précédente en Espagne, celle des Millares, mais est suffisamment particulière pour avoir obtenue sa propre appellation et classification. Il s'agit donc de la culture Argar, qui a été l'une des premières en Europe a développer un mode de vie sédentaire et très rapidement de l'urbanisme, de la métallurgie et la création de classes sociales différentes entraînant automatiquement des inégalités politiques et économiques, des conflits. Le site est énorme pour l'époque et la région (de -2.300 ans à - 1.400 avant JC) et l'un des plus important d'Europe avec ses 4 hectares de surfaces construites.
Notons qu'en 1983, Vicente Lull, professeur de préhistoire à l'Université Autonome de Barcelone a effectué des fouilles et a écrit ses conclusions sur le fait qu'il y avait deux strates différentes de constructions et que, dans l'une d'entre elles, la culture de cette époque enterrait ses morts sous les planchers des maisons, ce qui dénotait une notion profonde de la famille. On fait ici le lien avec les cultures ayant précédés Sumer en Mésopotamie et sur les plateaux Arméniens, Turcs et Iraniens, qui procédaient identiquement, (y compris la civilisation de l'Indus) mais à des périodes plus anciennes à priori.
Asome-UAB
De nombreuses vaisselles en céramique ont été trouvées, ainsi que des objets en bronze. En 2005, Maria M. Ayala écrit un article sur un gros bloc de pierre couvert de "insculpturas", qui a été trouvé par l'équipe de Martinez Santa-Olalla. L'analyse morphométrique réalisée sur le bloc et la composition des bols et sculptures sur une de ses surfaces l'amène à conclure qu'il s'agit d'une gravure dans laquelle "une zone géographique connue a été tracée et / ou liée à la population qui a fondée ce village ". Il s'agirait donc plus ou moins d'une carte des lieux.
C'est seulement en 2012 donc que les étonnantes fortifications entourant la petite ville sont découvertes.
Le premier élément à voir la lumière dans les fouilles de 2012 a été une ligne défensive-la Ligne 1, formée par des pans de mur jusqu'à 3 m de large, dont cinq tours massives au profil tronqué sont attachées. En moyenne d'environ 4 m de large et s'étendant entre 3 et 3,50 m de la face externe des murailles peintes. Les tours 1 à 4 sont séparées par des distances comprises entre 2,80 et 4,70 m. Compte tenu du volume de pierres creusées et des couches effondrées à l'extérieur, la hauteur initiale de la ligne 1 a été de 5 m. À ce jour, son excavation a été documenté sur plus de 45 m, à partir du point le plus bas, près du ravin Salado et montant le long d'une presque perpendiculaire à ce dernier. Si nous projetons ce tronçon jusqu'au sommet de la colline environnante, la Ligne 1 aurait dépassé 300 m, suivant les pentes de l'ordre de 40 pour cent.
Asome-UAB
Presque parallèle à la ligne 1 est apparue une deuxième ligne de murs ("Ligne 2"). Cette ligne possède deux bastions dont le périmètre est en forme de quart de cercle et à moins de 3 m de largeur. Les deux lignes définissent une entrée étroite, qui a souffert dans l'espace de temps de plusieurs changements d'utilisations constructives. Dans chacun d'eux, il a été réorganisé des poteaux en bois pour correspondre à la porte et, à leur tour, les parois latérales et des mezzanines en bois comme soutien possible ont été réaménagées. L'entrée mène à un couloir ou corridor extérieur qui a été rempli de sédiments, des déchets et dont la construction a varié au fil des matériaux des époques.
La Ligne 2 est associée à une tour tronquée de 4 m de large, conservée avec une hauteur de 2,5 m. Sur son côté est un espace dont le contour trace un arc ogival de 1,5 m de haut et 0,85 m de large à sa base ouverte. Bien que les sédiments à l'intérieur de la fouille n'ont pas encore terminé d'être enlevés et ne peut donc fournir un diagnostic définitif, l'écart ressemble à celle d'une poterne, à savoir, la porte secondaire d'une utilisation défensive potentielle.
La datation au carbone 14 indiquent que la fortification était déjà présente vers 2.200 à 2.100 Avant JC. Son âge et l'élévation préservée des murs et des tours font de cette découverte l'une des plus importantes de l'archéologie européenne au cours des dernières années. Les fortifications en vidéo :
Si vous aimez la 3D, vous pouvez visiter les lieux virtuellement ici : https://skfb.ly/DpKn
En se basant sur la zone de densité et la surface occupée de La Bastida, il y aurait vécu environ 1000 habitants. Un tel chiffre est exceptionnel pour l'âge du bronze en Europe occidentale, et contraste avec le potentiel agricole limité de l'environnement du site. La Bastida devait être un endroit stratégique à partir duquel d'autres villages plus petits étaient dominés. On devine alors sa capacité à centraliser un grand nombre de ressources non naturelles locales (matières premières, céréales), et de plus, la production métallurgique est ajoutée. Ce site est l'une des rares enclaves de la culture des argáricos montrant de nombreux signes de production métallurgique, et dans ce cas, probablement à partir de matières premières exogènes, importées de bien loin...
Asome-UAB - une double urne
Plusieurs tombes ont été également trouvées, la plupart sont des urnes (ou grands vases) en céramique contenant un seul individu mais quelques-unes contenaient deux squelettes, homme et femme, homme et enfant et un cas où deux hommes ont été ensevelis dans la même urne... on ne sait pas encore s'il y avait des liens de parentés dans ces sépultures doubles, des analyses d'ADN sont prévues.
Crâne d'El Argar au diadème d'argent (dessin de Louis Siret, 1887).
2020 : Pour la transparence et l'Histoire, voilà un très vieux texte (1931) qui parle déjà de cet endroit... qui a été donc délaissé par la science ensuite, malgré son authenticité reconnue, avant sa redécouverte... :
Au sud de l’Espagne, Peter Eeckhout rencontre des archéologues qui ont retrouvé les vestiges d’El Argar, une puissante civilisation effacée de notre mémoire collective. Il y a 4 000 ans, dans une Europe peuplée de tribus, elle aurait fondé le premier État d’Europe occidentale...
céramique tayronas, de curieuses similitudes avec l'art antique chinois
Voici, en tant que données archéologiques complétant les compilations de datas sur les civilisations préhistoriques ou antiques disparues, des informations sur un site situé en Amérique Latine dont je n'avais pas encore parlé. Il ne s'agit pas de découvertes récentes mais ces endroits, suite aux difficultés d'accès géographiques, ethniques ou politiques, conservent toujours de nos jours une grande part de mystères. En fait, en cherchant des données plus récentes, on s'aperçoit aisément du manque de fouilles profondes et de recherches véritables de preuves originales de la fondation de ce site et de véritables datations basées sur des éléments concrets, même si les autorités colombiennes affirment que des archéologues ont pu fouiller le site pendant 30 ans, on sait aussi que seuls 10% de celui-ci l'a été réellement !...
D'autant plus que "Ciudad Perdida" ou la "Cité Perdue" colombienne, a été découverte par des huaqueros en 1972 et révélée à la science et au public qu'en 1975, laissant la pègre des pilleurs de tombes vider en partie de ses trésors en or et joyaux les vestiges de cette petite ville précolombienne, comme d'ailleurs beaucoup de sites amérindiens... Il s'agit pourtant d'un site et d'une culture absolument unique dans tout le continent sud-américain, comme nous allons le voir :
Ciudad Perdida, Colombie, Gavin Rough from Waterloo, Canada - CC BY 2.0
Oiniadai (ou Œniadæ) est une très ancienne cité située en Étolie-Acarnanie, près de l'embouchure de la rivière Achelous. On sait que vers 550 avant JC, la cité était bien connue des civilisations antiques, mais un aspect étrange en ce qui concerne son port est qu'il se situe de nos jours à 3 kilomètres à l'intérieur des terres ! Un gros contraste avec d'autres cités grecques que l'on découvre de nos jours englouties sous les eaux à cause de la montée de ces dernières...
En fait, grâce à une étude géologique, on sait maintenant que la ville était assise sur une ancienne île rocheuse à l'intérieur du delta formé par le fleuve tumultueux et qu'il y a donc eu une relation facile avec la mer Ionienne... vers 3000 ans avant JC.Et qu'effectivement, un ancien port de cette période y a bien été trouvé : https://geomorphologie.revues.org/645. Mais, il y a 3500 ans environ, les alluvions du fleuve ont commencé à boucher et combler le delta, éloignant petit à petit la mer des ports (car plusieurs ont donc été construits au fur et à mesure du temps) de la région...
On sait aussi que la ville est citée (Tite-Live - Histoire Romaine) pour avoir joué un rôle important lors de la Campagne de Grèce (-211) et aussi qu'elle frappait sa propre monnaie. La ville est aussi sujette à des troubles, comme Athènes, lors de l'Edit d'Alexandre (-324) : En 324 av. J-C prit fin l’époque de Lycurgue (avec sa mort) à Athènes. Ce fut alors l'Edit d'Alexandre et le début des troubles. A l’extérieur de la cité grecque, l’édit d’Alexandre provoqua le retour des exilés ce qui impliqua pour Athènes l’abandon de l’île de Samos et de nombreux troubles politiques. Nous possédons un document qui présente un des aspects de la crise extérieure d’Athènes, il s’agit du décret d’Antiléon de Chalcis: Dès -324, Athènes essaya de sortir de sa solitude, elle se tourna alors vers une puissance un peu excentrique: l’Etolie (se trouvait dans la partie nord occidentale de la Grèce). Les Étoliens avaient, eux aussi, expulsé les habitants d’une cité, celle d’Oiniadai, et ils ne voulaient pas non plus se plier à l’édit d’Alexandre...
Des cales de bateaux - ancien port - Heinz Schmitz - Antike Schiffswerft in Oiniadai (Griechenland) - CC BY-SA 2.5
Brésil : Des français déterrent des objets de 23 000 ans
Denis Vialou, du Musée national d'histoire naturelle de Paris, et ses collègues pensent avoir trouvé des artefacts de 23 000 ans dans le refuge de Santa Elina dans l'est du Brésil, selon un rapport publié dans Science News . Les artefacts, trouvés dans trois couches de sédiments, comprennent des objets en pierre et des plaques osseuses prises à partir de la peau de paresseux géants, qui ont été modifiées avec des encoches et des trous. Des foyers ont également été trouvés dans les couches de sédiments. Les sites d'occupation humaine précoce en Amérique du Sud se trouvent généralement le long de la côte.
D. Vialou et al. - l'Antiquité
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