C'est grâce au chef indien Shawnee Ben Barnes et à Brad Lepper, qui est conservateur de l'archéologie à l'Ohio History Connection qu'une comparaison a pu être effectuée et le mystère très probablement élucidé. En effet, lors d'une conversation au sujet du tambour des Shawnee, qui est utilisé dans toutes leurs cérémonies les plus importantes, Ben Barnes a expliqué comment ils attachent la peau de cuir à la coquille en enroulant les bords du cuir autour d'une série de cailloux noirs et ronds, qu'ils attachent ensuite avec du cordage. Ensuite, ils attachent une corde autour d'un des cailloux enveloppés de cuir, passent le cordon sous le fond de la coquille et l'attachent à un autre caillou enroulé de cuir sur le côté opposé de la peau, répétant le processus jusqu'à ce que chaque caillou soit attaché à un autre et que la peau de tambour soit fermement attachée à la coquille.
Les fameuses billes noires de Henry Shetrone sont alors revenues en mémoire et après des mois de recherche, ils sont tombés d'accord pour dire qu'ils faisaient partie d'un tambour des Hopewell, construit de la même manière que les Shawnee modernes fabriquent encore leurs tambours de cérémonie. Le papier présentant leur idée a été publié en ligne le mois dernier dans la revue du Congrès Archéologique Mondial, Archaeologies. Si ils ont raison, c'est la preuve la plus ancienne d'un tambour dans l'est de l'Amérique du Nord.
Seip Mound excavations début du 20ème siècle (Henry Clyde Shetrone, domaine public)
Notons que dans le Seip Mound, outre des chambres contenant plusieurs squelettes portant des ornements (perles), a été trouvé plusieurs plaques de cuivre ainsi qu'une petite chambre de crémation des corps, inhabituelle dans la culture hopewell.
Une pipe ayant une effigie de hibou découverte dans le Seip Mound
Il n'est pas surprenant que la culture de Hopewell utilisait des tambours dans leurs cérémonies, mais parce que les tambours sont généralement fabriqués à partir de matériaux périssables, comme le bois et le cuir, il en reste peu de chose aux archéologues après des siècles d'enfouissement. Les cinq sphères de pierre de Seip Mound, dont la taille et la couleur sont presque identiques à celles des tambours des Shawnee, pourraient être tout ce qui reste d'un tambour des Hopewell... Ces pierres ne sont plus gravées dans les pratiques actuelles, mais des similitudes entre les pierres de tambour Shawnee et les sphères en stéatite des Hopewell, notamment la taille, la couleur et le nombre, suggèrent l’intrigante éventualité que ces dernières étaient utilisées dans la construction des tambours.
Pour le chef Ben Barnes, la recherche a une signification profondément personnelle. Si ils ont raison, une caractéristique centrale de son identité religieuse personnelle se reflète dans ces artefacts datant de 2 000 ans, récupérés d'un monticule dans une vallée qui abritait son peuple avant leur retrait forcé au 19e siècle. Les Hopewell sont en effet considérés comme les ancêtres de plusieurs tribus indiennes établies pendant des millénaires aux nord-est et midwest des Etats-Unis...
Une signification claire des gravures présentes sur les pierres n'a jamais pu être établie par contre, avec encore une supposition culturo-religieuse liée, accentuée par le fait que ces tambours sont toujours utilisés de nos jours pour des cérémonies de ce type...
Hopewell rocks Canada (Domaine Public)
Sources : http://scienceviews.com/indian/seip_group.html
https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11759-018-9334-1
http://www.dispatch.com/news/20180422/teaming-up-to-tackle-mystery-of-hopewell-pebbles
Yves Herbo et Traductions, Sciences-Faits-Histoires.com, http://herboyves.blogspot.com/, 25-04-2018