
tablette (Mathieu Ossendrijver)
Enfin, quelques mois plus tard en 2015, Mathieu Ossendrijver compare ces photos avec quatre autres tablettes babyloniennes datées de la même période. C'est ici que les choses apparaissent et deviennent évidentes, annulant d'un coup certaines déductions sur les capacités logiques limitées des Babyloniens, mais aussi l'Histoire des inventions, donc l'Histoire tout court... Car sur les tablettes figurent des instructions chiffrées pour construire des trapèzes ; deux d'entre elles contiennent aussi une référence à Jupiter. Et, surprise : les chiffres sont similaires à ceux de la première tablette. Cela ne peut signifier que deux choses. D'abord, ces tablettes décrivent à l'évidence le déplacement de Jupiter. Ensuite, et c'est la découverte la plus étonnante, elles démontrent que les astronomes babyloniens utilisaient déjà la géométrie pour calculer la progression des planètes. Un choc, car l'on pensait que cette méthode avait été mise au point au 14e siècle, par un groupe de penseurs d'Oxford nommé les « calculateurs ». Il s'agissait donc (encore une fois) d'une réinvention d'un procédé déjà connu dans l'antiquité (voir hérité d'un savoir encore plus ancien car cette découverte ne date pas l'invention en elle-même !)...
On savait déjà que les astronomes de Babylone, ville antique de Mésopotamie, située dans ce qui est aujourd'hui l'Irak, calculaient le déplacement des planètes grâce à des méthodes arithmétiques bien élaborées, mais on était presque certain que leurs connaissances s'arrêtaient là, en absence d'autres données. Mais cette découverte en dit beaucoup plus long sur les capacités de réflexion abstraites réelles des scientifiques babyloniens puisque ces tablettes décrivent la vitesse quotidienne apparente de Jupiter, observée à différents moments pendant soixante jours à partir de son lever héliaque - le moment où la planète devient pour la première fois visible à l'est, au-dessus de l'horizon, à l'aube. À partir de ces indications, les scientifiques babyloniens pouvaient dessiner un trapèze, dont l'aire correspondait à la distance totale parcourue par la planète sur la période considérée. Ils pouvaient aussi estimer dans quelle mesure la vitesse de déplacement de Jupiter diminuait au fil du temps.
" On savait déjà que les Babyloniens utilisaient la géométrie pour mesurer des surfaces physiques, comme celle d'un champ ", explique Christine Proust, spécialiste des mathématiques cunéiformes à l'université Paris-Diderot, Directrice de recherche, Laboratoire SPHERE (UMR 7219, CNRS & Université Paris Diderot), Equipe REHSEIS, affectée au Projet SAW. " Cette découverte, si elle est confirmée (YH : par des pairs scientifiques et une autre étude), montre qu'ils étaient capables d'une réflexion plus abstraite que ce que l'on imaginait. "
sources : http://amor.cms.hu-berlin.de/~ossendrm/cuneiform.html, http://www.larecherche.fr/actualite/astronomie/
Yves Herbo : inutile de dire, pour les spécialistes, que cette nouvelle découverte renforce la possibilité que les habitants de la Mésopotamie (Sumériens-Babyloniens) aient bien observé et calculé dans le passé la trajectoire (destructrice selon certaines traductions ?) de la fameuse planète X (la neuvième planète que les scientifiques cherchent en ce moment) nommée donc Nibiru selon les mêmes traducteurs contestés...
Yves Herbo et traductions, Sciences et Faits et Histoires, 15-04-2016