Des nouvelles Spatiales (MAJ 24/02/2012)
La superterre à triple coucher de soleil est peut-être habitable
Source :http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/astronomie/d/la-superterre-a-triple-coucher-de-soleil-est-peut-etre-habitable_36529/
Selon l’un de ses découvreurs, la superterre qui orbite autour de l’étoile GJ 667C à seulement 22 années-lumière du Soleil est désormais la meilleure candidate au titre de planète rocheuse habitable. Cerise sur le gâteau, GJ 667C c fait partie d’un système triple, on pourrait donc y admirer des triples couchers de soleil.
- L’eau liquide, source de vie dans l’univers, un dossier à lire
Voici une découverte que l’on ne doit pas aux observations de Kepler, pourtant très productif en ce moment, mais à l’observatoire de l’ESO. Comme expliqué dans un article déposé sur arxiv, c’est en analysant de nouveau les données spectroscopiques fournies par l’instrument Harps, équipant le télescope de La Silla, qu’une équipe internationale d’astronomes a découvert l’existence de l’exoplanète GJ 667C c. Des mesures effectuées à l’aide des télescopes Magellan II et Keck ont aussi été utilisées pour révéler que la naine rouge GJ 667C de type M, située à 22 années-lumière de la Terre, possède bien une deuxième exoplanète.
On connaissait déjà l’existence de GJ 667C b mais cette superterre orbitant en seulement 7,2 jours autour de GJ 667C, sa température de surface est bien trop élevée pour que de l’eau liquide puisse y exister. Il n’en est pas de même pour GJ 667C c qui est aussi une superterre.
Vortex hexagonal, le mystère du pôle nord de Saturne
S'il est bien une énigme dans notre propre système solaire que les scientifiques ne peuvent résoudre, alors il s'agit bien du fameux hexagone de Saturne. Photographié en 2007 par la sonde Cassini (en orbite autour de Saturne depuis 2004), ce phénomène reste en effet inexplicable par les astronomes, qui ont pourtant tenté à de nombreuses reprises de reproduire l'expérience en laboratoire.
Tout comme sur Jupiter, qui est aussi une planète gazeuse, l'atmosphère de Saturne se compose de « bandes nuageuses », qui sont plus facilement visibles sur Jupiter du fait de leur coloration. Ce sont justement ces nuages qui se précipitent au pôle nord de Saturne, et forment inexplicablement une sorte de vortex hexagonal, qui s'inscrit dans un mouvement stable depuis déjà bien longtemps (le premier repérage de ce phénomène a eu lieu dans les années 1980 grâce aux sondes Voyager).
L'hexagone du pôle nord de la planète a une envergure très impressionnante, puisque chacun de ses côtés mesure un peu moins de 14.000 kilomètres, sa superficie totale étant deux fois supérieure à celle de la Terre. Il s'agit d'un phénomène exceptionnel, qui n'a jamais été repéré ailleurs dans notre système solaire. Les hypothèses de la communauté scientifique concernant ce phénomène sont très nombreuses (aurore polaire spécifique à Saturne, courant atmosphérique, ...) mais aucune de ces explications n'est vraiment satisfaisante. On ne sait pas depuis combien de temps cette formation est présente sur Saturne, ni pendant combien de temps elle pourra rester aussi stable, et c'est justement cette stabilité qui intrigue les astrophysiciens.
Extraterrestres : leurs lampadaires pourraient trahir leur présence
Depuis plus de cinquante ans, le programme Seti cherche à détecter des civilisations extraterrestres à l’aide de leurs émissions radio. Deux astrophysiciens proposent de faire la même chose… mais avec les émissions lumineuses de leurs cités, dans le cadre de Oseti.
- Découvrez le programme Seti : recherche d’extraterrestres
Avi Loeb et Edwin Turner viennent de publier sur arxiv un article qui aurait fait plaisir à Carl Sagan, lequel aurait eu 77 ans le 9 novembre 2011. Il expose une nouvelle méthode pour découvrir l’existence de civilisations extraterrestres dans la banlieue proche du Soleil. Sagan, l’un des principaux pionniers du programme Seti, avec Frank Drake, aurait apprécié sans aucun doute leur contribution à sa juste valeur. Il se trouve que l’on fête aussi en ce moment les 50 ans de la formule de Drake à laquelle la Société française d’exobiologie consacre un atelier les lundi 21 et mardi 22 novembre 2011 dans les locaux du Cnes à Paris.
La formule de Drake permet de faire une estimation rapide du nombre de civilisations extraterrestres avec lesquelles nous pourrions entrer en communication dans la Voie lactée. Elle comporte plusieurs facteurs dont les évaluations sont délicates et sujets à controverse. On peut ainsi choisir de ne considérer pour l’un d’entre eux que la probabilité qu’une civilisation se signale d’une façon ou d’une autre par des signaux radio. Il pourrait s’agir du temps qu’elle consacre à tenter de faire directement des communications par radio au moyen de radiotélescopes, ou simplement des ondes radios qu’elle émet elle-même pour ses propres besoins.
Il se trouve que dans le cas de l’humanité, l’emploi des fibres optiques et d’autres technologies est en train de faire chuter dramatiquement la puissance des ondes radio rayonnées hors du Système solaire par notre civilisation. Il est donc probable que pour toutes les civilisations technologiques, c’est seulement pendant une phase très courte de leur développement que des émissions radio peuvent trahir leur présence dans la Galaxie.
La Terre vue de l'ISS de nuit trahit la présence d'une vie intelligente par la pollution lumineuse. © Nasa-sebastianszOseti
On peut donc penser qu’il serait plus judicieux de passer de Seti à Oseti (Optical Seti), c’est-à-dire d’étudier des signatures de civilisations E.T dans le domaine optique. On a proposé par exemple de faire la chasse aux sphères de Dyson.
Europe et Titan, lunes du système solaire les plus propices à la vie
La petite lune Encelade passe devant la grosse lune Titan
Parmi les lunes du système solaire, Europe et Titan sont considérées comme les plus susceptibles d'abriter à vie. Europe, petit satellite de Jupiter, aurait davantage d'atouts, selon le président de la Société française d'exobiologie, François Raulin.
Dans le cas d'Europe, autour de Jupiter, l'océan situé sous une couche de glace repose sur de la roche, donc en contact avec des minéraux. Il peut y avoir des sources hydrothermales sousmarines, semblables à celles grouillant de vie au fond des océans terrestres, relève-t-il.
Selon une étude récente dirigée par Britney Schmidt (Université du Texas), il y aurait aussi des poches d'eau géantes à l'intérieur de la couche de glace, et cette eau enfouie à 3 km de profondeur pourrait remonter vers la surface et faire craquer la glace par endroits.
Titan, plus gros satellite de Saturne, est le seul objet du système solaire - avec la Terre - ayant des étendues liquides à sa surface. Mais il s'agit de mers d'hydrocarbures : des mélanges d'éthane, de méthane et de propane.
Quand des comètes ou des météorites s'écrasent sur Titan, la glace peut fondre sous l'impact et l'eau rester liquide en surface pendant un millier d'années. "C'est pas beaucoup pour l'origine de la vie, mais ça peut être suffisant pour l'évolution vers des systèmes chimiques complexes", explique M. Raulin (Laboratoire inter-universitaire des systèmes atmosphériques).
Titan a un océan interne d'eau liquide, sous 40 km de glace. Mais il semble difficile qu'il y ait communication avec les hydrocarbures de la surface. L'océan est pris en sandwich entre deux couches de glaces, sans contact avec la Roche. Ce qui, selon M. Raulin, le rend moins intéressant que celui d'Europe.
Une mission spécifique vers Titan (par Titan Mare Explorer) est envisagée par la Nasa. Il s'agirait de poser, sur un des lacs, un petit submersible qui analyserait la composition du liquide, pour rechercher d'éventuelles molécules d'intérêt biologiques.
Certains astrobiologistes, dont Dirk Schulze-Makuch, pensent qu'il peut y avoir une forme de vie "exotique" - utilisant les hydrocarbures et non l'eau comme solvants - dans les lacs de surface, malgré les très basses températures (-180°C).
Au delà des suppositions de vie potentielle, Titan est jugé intéressant à cause de la chimie à base de carbone à sa surface, avec des aérosols dans l'atmosphère. Sur cette lune, il serait possible de remonter le temps et d'étudier les processus chimiques ayant précédé l'émergence de la vie sur Terre, voici 3,8 milliards d'années.
Deux nouveaux satellites pour Jupiter !
L'un des télescopes Magellan de 6 mètres de diamètre (observatoire de Las Campanas au Chili) a découvert deux nouveaux satellites à Jupiter, portant leur total à 66. - 1er février 2012.
La cordillère des Andes au Chili est réputée pour la qualité de son ciel. C'est pourquoi l'ESO a choisi d'y implanter depuis un demi-siècle ses meilleurs instruments et c'est donc fort logiquement à cet endroit que sera construit le futur télescope géant E-ELT. Mais la région attire également d'autres observatoires. À seulement 25 kilomètres du VLT, la fondation américaine Carnegie a financé la construction de deux instruments de 6 mètres de diamètre, les télescopes Magellan, au sein de l'observatoire Las Campanas. Ils seront bientôt supplantés par le Giant Magellan Telescope (GMT) et ses sept miroirs de 8,4 mètres disposés en pétales qui devraient être opérationnels en 2016. L'ensemble formera l'équivalent d'un miroir unique de 24,5 mètres de diamètre et fera du GMT l'un des trois plus grands télescopes de la planète avec l'E-ELT et le TMT.
En attendant la mise en service de ces instruments géants, les astronomes continuent d'arpenter le ciel et de faire des découvertes avec les télescopes à leur disposition. C'est ainsi que deux nouveaux petits satellites de Jupiter ont été dénichés par l'un des télescopes Magellan, au nez et à la barbe des sondes planétaires qui depuis plusieurs décennies survolent la planète géante gazeuse (Juno sera la prochaine sonde à l'atteindre en juillet 2016).
Les satellites de Jupiter, une grande famille
Dans la famille des satellites de Jupiter, on connaît principalement les quatre plus célèbres (re)découverts en 1610 par Galilée. En quittant la planète géante on trouve d'abord Io, un corps céleste de 4.600 kilomètres de diamètre soumis à d'intenses forces de marée qui le déforment et y provoquent une activité volcanique permanente découverte en 1979 sur les images prises par la sonde Voyager 1. Viennent ensuite Europe et ses lacs souterrains d'eau liquide, Ganymède qui est la plus grosse des lunes de Jupiter avec un diamètre de plus de 5.200 kilomètres et enfin Callisto, avec son cœur de fer dans un manteau de glace. Jusqu'à l'arrivée des sondes Voyager dans les années 1980 on connaissait également huit autres satellites découverts avec des télescopes terrestres aux XIXe et XXe siècles. Les sondes spatiales américaines en ajoutèrent trois autres.
Depuis une dizaine d'années, une nouvelle génération de télescopes terrestres et de détecteurs électroniques a considérablement allongé la liste avec près d'une cinquantaine de nouvelles découvertes réalisées lors des oppositions de la planète comme ce fut le cas en octobre dernier. Ce sont des corps célestes de moins de 10 kilomètres de diamètre qui circulent sur des orbites très excentriques et rétrogrades, ce qui fait dire aux astronomes qu'il s'agit sans aucun doute des fragments d'astéroïdes ou de comètescapturés. Un sort qui attend la plupart des petits corps célestes qui s'aventurent un peu trop près de la plus massive des planètes du Système solaire et qui se solde parfois par une collision, comme en 2009.
Les deux derniers satellites découverts (qui montrent à quel point les observatoires terrestres ont un rôle à jouer dans l'étude du Système solaire) portent à 66 le total des corps célestes actuellement en orbite autour de Jupiter, qui reste la planète la plus entourée.
Source : http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/astronomie/d/deux-nouveaux-satellites-pour-jupiter_36414/
MISE A JOUR : La superterre Gliese 1214 b est bien un monde d'eau
Une vue d'artiste de GJ 1214 b orbitant très près de sa naine rouge.
© Nasa, Esa et D. Aguilar (Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics)
Découverte en 2009, l’exoplanète Gliese 1214 b suscitait des interrogations sur sa nature, les astrophysiciens hésitant entre une planète océan exotique et une sorte de supervénus couverte de nuages. Les observations réalisées à l’aide de la WFC3 de Hubble sont maintenant favorables à l’hypothèse d’une planète largement gazeuse avec une forte quantité d’eau dans son atmosphère.
De même que nous avions sous-estimé la diversité des corps célestes dans notre Système solaire, nous ne nous rendons probablement pas encore compte de la diversité du monde des exoplanètes que nous commençons tout juste à explorer. Le cas de Gliese 1214 b (GJ 1214 b) en est probablement un bon exemple. On savait que cette planète, qui effectue son orbite en 38 heures autour d’une naine rouge située à environ 40 années-lumière de la Terre dans la constellation d'Ophiuchus (le Serpentaire), possédait une atmosphère. Mais il était bien difficile d’en connaître la nature et plusieurs modèles ont été proposés.
Un article publié sur arxiv vient toutefois d’apporter des précisions. Les astrophysiciens y décrivent les résultats obtenus en utilisant la Wide Field Camera 3 (WFC3) du télescope Hubble pour analyser l’atmosphère de GJ 1214 b. Deux modèles semblent maintenant éliminés, celui faisant intervenir un cœur de glace entouré d’une atmosphère d’hydrogène atomique et d’hélium et celui proposant un cœur rocheux entouré d’une atmosphère d’hydrogène moléculaire.
Une certitude : GJ 1214 b fait partie des superterres puisque son diamètre et sa masse sont respectivement d'environ 2,7 fois et 7 fois ceux de la Terre. Mais sa densité moyenne est faible puisqu’elle est estimée à 2 g/cm3. Pour mémoire, celle de la Terre est de 5,5 g/cm3.
On pouvait donc bien envisager qu’elle contienne beaucoup d’eau. Mais comme sa température de surface doit dépasser les 100 °C, cette eau, si sa présence était confirmée, ne pouvait être que dans un état exotique.
Une exoplanète dominée par l'eau
Pour le savoir, les chercheurs ont donc utilisé la Wide Field Camera 3 à l’occasion d’un transit planétaire pour mesurer les caractéristiques du rayonnement infrarouge traversant l’atmosphère de GJ 1214 b sur une large bande de fréquence. Une atmosphère qui ne serait pas composée majoritairement de vapeur d’eau serait plus transparente en infrarouge que dans la bande de la lumière visible.
Ce n’est pas ce que les astrophysiciens ont trouvé et il est maintenant probable que GJ 1214 b soit constituée d’un noyau de roches et de glaces entouré d’une atmosphère formée de 50 à 85 % de molécules d’eau. Il s’agirait donc d’une exoplanète s’étant formée initialement loin de son étoile, riche en glaces, qui aurait ensuite migré pour s’approcher de son soleil âgé d’environ 6 milliards d’années.
Il n'est pas interdit de penser qu'une partie de l'eau présente sur cette exoplanète se trouve sous forme de glace « chaude » dans une phase exotique ou encore formant peut-être une sorte d'océan supercritique étant données les conditions de températures et de pressions y régnant.
Yves Herbo 02-2012