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Sumeria gilgamesh 2

L'ÉPOPÉE DE GILGAMESH

Par Le 11/09/2015

L'ÉPOPÉE DE GILGAMESH - 2012 - up 09-2015

 

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L'ÉPOPÉE DE GILGAMESH TEXTE ÉTABLI D'APRÈS LES FRAGMENTS BABYLONIENS, ASSYRIENS, HITTITES ET HOURITES

Au début du Ve millénaire, en basse Mésopotamie, la mer s'est retirée, libérant des terres nouvelles.

Venus l'on ne sait d'où arrivent les Sumériens qui, dans la vallée des deux fleuves, aux rives du Tigre et de l'Euphrate, se sédentarisent. Ils sont pasteurs, agriculteurs, et, comme leurs contemporains égyptiens, maîtrisent cette technique sans laquelle nulle vie ne serait possible: l'irrigation.

Mille ans plus tard, ils ont bâti des temples et des palais. Kish, Our, Ourouk, leurs cités-états, dessinent sur l'horizon doré l'ombre rose de leurs colossaux murs de brique. Et, pour organiser l'économie d'abord, codifier la religion, enregistrer les lois et fixer une tradition orale déjà foisonnante de mythes, de récits épiques, de poèmes, ils ont inventé l'écriture idéographique. Le plus ancien écrit du monde a d'ailleurs été retrouvé dans les ruines d'Ourouk. Il date de la seconde moitié du IVe millénaire.

Les premiers mythes d'Ourouk se perdent déjà dans la nuit des temps. Ils racontent la naissance des dieux et des hommes, la vie, la mort, le bien, le mal et le déluge dont la Bible reprendra le thème deux mille ans plus tard.
C'est à partir du déluge que les Sumériens font commencer leur histoire et datent leurs dynasties.

La première fut celle de Kish. La deuxième celle d'Ourouk. Le cinquième roi de cette deuxième dynastie, disent les tablettes, fut Gilgamesh qui bâtit les murailles d'Ourouk et régna cent vingt six années. Gilgamesh allait devenir le premier héros-fondateur et inspirer la première épopée qui nous soit parvenue, la plus ancienne.

Ce géant solaire dont les bas-reliefs des temples illustrent les exploits a véritablement existé, gouverné Ourouk vers 2800 ou 2600 avant J.-C. et accompli de hauts faits. Mais, très vite, on en a fait un être surnaturel, fils de déesse, plus divin qu'humain en son corps : « Pour deux tiers il est dieu, pour un tiers il est homme » dit l'Épopée, et plus homme que dieu en son âme, car il connut l'incertitude, le doute, l'amour, la révolte, le désespoir, la sagesse, la mort.

Vers la moitié du troisième millénaire, Sumer voit changer le cours de son histoire. Venu de l'ouest, un peuple d'origine sémite, celui d'Akkad, s'est
à son tour fixé en moyenne Mésopotamie. Entre Akkadiens et Sumériens les échanges vont se multipliant. Aux seconds, les premiers empruntent
l'écriture cunéiforme et l'adaptent à la phonétique de leur langue. Dès lors, et pour plus de deux mille ans encore, la Mésopotamie utilisera deux langues.
Sumer domine économiquement, politiquement et culturellement, tandis que l'apport akkadien reste dans son ombre. Puis, Sumer connaît un premier
Déclin ; surgit alors un chef akkadien, Sargon, qui va fonder la première dynastie akkadienne, imposer la suprématie d'Akkad sur Sumer et unifier le pays. C'est probablement sous son règne que l'Épopée de Gilgamesh commence à prendre forme. Puis, de nouveau, Sumer l'emporte sur Akkad.
Puis, de nouveau, Sumer l'emporte sur Akkad. C'est l'époque, vers 21OO avant J.-C., où la fusion de ces deux cultures, de ces deux pensées dont aucune n'a perdu sa spécificité, donne une prodigieuse floraison littéraire. Poèmes d'amour, poèmes érotiques, récits historiques, textes religieux, prières, hymnes, lamentations, réflexions philosophiques et métaphysiques sur la justice divine et l'existence du mal, la vie et la mort, fables, allégories, déjà tout existe et tout s'écrit, en sumérien ou en akkadien.
Au début du deuxième millénaire, surgissent, toujours de l'ouest, de nouveaux conquérants: les Amoréens. C'est Babylone qui recueillera l'héritage de Sumer et d'Akkad, et le fera revivre. Règne glorieux dont le rayonnement politique et spirituel s'étendra, notamment au temps d' Hammourabi (1792-1750 avant J.-C.) sur tout le bassin méditerranéen.

Si l'on crée moins qu'aux temps anciens, on enregistre, on fixe, on transcrit sur les tablettes d'argile tout le patrimoine culturel de la Mésopotamie, comme si cette civilisation, se sachant mortelle, voulait à tout prix laisser un héritage. Les tablettes circulent et sont traduites. Le babylonien devient le véhicule de la pensée à travers tout le Proche-Orient, et c'est dans cette langue que les pharaons de Tell-Al-Amarna correspondront avec les Hittites, les Mitaniens, les princes de Syrie et de Palestine.

Entre temps, l'Assyrie du nord est devenue une puissance comparable à Babylone qu'elle finira par dominer. Mais cela ne change rien au phénomène culturel et, peut-être même, l'enrichit. Le roi assyrien Teglath-Phalassar Ier (1115-1077 avant J.-C.) à Assour, puis Assourbanipal (668-626 avant J.-G.) à Ninive feront copier, pour leurs bibliothèques, des milliers de tablettes, et ces copies se poursuivront même après la chute de Babylone et de l'Assyrie, environ 500 ans avant notre ère.

C'est ainsi que, au cours des millénaires, l'Épopée de Gilgamesh est devenue un des textes les plus diffusés de la littérature ancienne, traduit en Hittite, en Hourite, connu au pays d'Assour, en Anatolie, en Palestine où l'on a trouvé récemment, à Meggido, une version du XIVe siècle avant J.-C. Puis sont venus d'autres conquérants : grecs, romains, arabes. La brique des murailles mésopotamiennes s'est délitée. Le sable a enseveli sa mémoire. De cette prodigieuse étape de l' histoire des hommes, on n'a retenu que l'une des branches : la Bible, en oubliant le tronc.

Passent les siècles. Au début du XIXe s'ouvre l'ère des grandes découvertes archéologiques. Des pionniers, des amateurs, des consuls occidentaux expédiés au Proche-Orient, entreprennent des fouilles sur les lieux des villes anciennes de la Mésopotamie du nord. En l843, Émile Botta, consul de France, découvre, à Ninive, le palais de Sargon II, roi d'Assyrie. A Ninive, à Khorsabad, Victor Place et Fresnel prennent son relais. En 1857, des anglais, Hincks, Oppart Et Rawlison déchiffrent l'assyrien. Un peu plus tard, Rassam et Rawlison découvrent la deuxième partie de la bibliothèque d'Assourbanipal et expédient les précieuses tablettes au British Museum. Mais, dans les signes dont elles sont gravées, ils ne voient qu'un ornement. A partir de là, commence une étonnante aventure.

Un jeune homme de vingt et un ans, George Smith, de son état graveur en billets de banque, est devenu, par passion pour l'orientalisme, l'un des visiteurs les plus assidus du British Museum. En 1863, le conservateur du département qu'il visite a l'idée de l'engager pour l'aider à mettre en ordre et à restaurer les tablettes de Ninive. En comparant les couleurs et les formes, Smith, génialement, regroupe les tablettes, les classe, démontre qu'il s'agit bien d'une écriture, et la décrypte. Sur la première qu'il a ainsi déchiffrée il trouve.. le récit du déluge. En 1872, il fait une communication à la Society of Biblical Archeology et un quotidien anglais, le Daily Telegraph, offre un crédit de mille guinées pour que l'on continue les recherches sur place.
Smith part. Et comme si quelque dieu du destin avait décidé qu'il était enfin temps pour la culture mésopotamienne de sortir de l'oubli, une semaine après le début des fouilles, il trouve une deuxième tablette qui a un rapport évident avec le premier texte déchiffré. Il est désormais en possession de deux fragments de l'Épopée de Gilgamesh, et sait qu'il en existe beaucoup d'autres puisque le texte dont il dispose mentionne douze tablettes, vraisemblablement gravées vers l'an 2000 avant J.-C. Voilà les archéologues devant un puzzle géant. Ils mettront un siècle à le reconstituer, tantôt trouvant des fragments au cours de fouilles en Irak, mais aussi en Anatolie, en Syrie, en Palestine, tantôt les découvrant chez des antiquaires de Bagdad auxquels ils les rachètent. Les dernières trouvailles ont été faites en 1974 par une expédition allemande, et si l'Épopée de Gilgamesh comporte encore quelques lacunes, on peut cependant considérer qu'elle est pratiquement complète.

Gilgamesh, le héros taillé dans le granit le plus dur, Enkidou, son ami, son frère, modelé dans l'argile la plus tendre, revivent en un texte écrit voici plus de quatre mille ans, mais dont la tradition orale est plus ancienne encore.
Texte admirable et éternel comme les chefs-d'œuvre lentement élaborés par le divin imaginaire.

Voici celui dont le nom en akkadien signifiait « le guerrier qui est en avant » et qui pouvait signifier en sumérien « l'homme qui fera pousser un arbre nouveau » .

Le récit de Gilgamesh
Adapté par Jacques Cassabois

COMPLÉMENTS PÉDAGOGIQUES
Marie-Hélène Philippe,
agrégée de lettres classiques

gilgamesh-livret.pdfgilgamesh-livret.pdf (92.38 Ko)

Gilgamesh ou le destin des hommes (1) Traductions-Vulgarisation

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Illustrations de Serge Creuz (c).

Un dossier? Peut-être... Un récit ?

Disons : une histoire. La plus belle et la plus vieille histoire du monde. Trop peu connue, pourtant, des hommes d’aujourd’hui — et c’est un scandale. Car cette épopée de Gilgamesh , nous devrions la recevoir juste après le lait maternel, avec les émerveillements de l’enfance, avant le fatras scolaire. Gilgamesh, c’est la légende du monde, c’est l’inconscient collectif, c’est le souvenir des très anciens âges, quand l’homme-dieu se dressa aux portes de la première cité, pour lancer à l’univers son défi désespéré...

Cette histoire, nous vous l’offrons à partir d’aujourd’hui. Vulgarisée, traduite du cunéiforme par des soins diligents. Fascinante, toujours, comme elle le fut depuis les origines, depuis sa toute première version, voici cinq mille ans!

Imaginez que le petit père Staline, massacreur cultivé, se fût avisé, en 1945, que la fin des temps pouvait être proche — avec cette saleté de bombe découverte par les Américains... Imaginez qu’il eût décidé de sauver, de mettre en lieu sûr tout l’héritage littéraire de l’humanité, donnant cet effet des ordres précis :

— Pendant qu’il en est temps encore, tant qu’ils existent, allez me rechercher les textes de l’âge d’or hellénique. Nous comprenons le grec, nous connaissons cette écriture, ce ne sera peut-être plus le cas dans quelques années. Allez donc, cherchez, compilez, traduisez, classez-moi tout cela dans nos archives.

Imaginez la suite : que des archéologues du futur en l’an 4300, viennent à découvrir — sous les décombres du Kremlin — la bibliothèque de papa Staline, apprenant ainsi l’existence de Périclès, celle de la Grèce antique, bref, toute une civilisation pré-russe ! Imaginez leur stupeur, leur enthousiasme ! Voilà, très exactement, ce qui s’est passé pour les Sumériens. Avec les mêmes écarts chronologiques. Avec la même résurgence miraculeuse. Et tout a commencé parce qu’un jeune Anglais de 1839 voulait aller aux Indes par la voie terrestre, un peu comme ses compatriotes actuels se tapent le joyeux pèlerinage de Londres à Katmandou...

Il s’appelait Austen Henry Layard, il était parti avec un copain. Leur chemin passait par la Mésopotamie. L’archéologie était à la mode : ils fouillèrent donc un peu, en amateurs éclairés… et tombèrent sur Ninive et sur Nimroud, capitales d’Assyrie. Oubliés, les Indes et les maharajahs ! Arrivé pour quelques semaines, Layard resta des années sur ses villes mortes, creusant, cherchant, fouillant fiévreusement. Il trouvait des palais, des lions, des taureaux ailés — dieu du ciel ! — il exhumait des colosses aux regards d’éternité, dont l’apparition frappait d’épouvante les terrassiers irakiens, Il creusa et trouva mieux encore : la bibliothèque entière, complète, quasi intacte, du Grand Roi Assourbanipal, Lion d’Assyrie et Terreur de l’Orient !

C’était fou. C’était inespéré.

Vingt-cinq mille tablettes d’argile. Des caractères cunéiformes, une écriture inconnue, une langue morte. Il fallait déchiffrer tout ça.

Incroyablement, on y parvint.

Henry Rawlinson, agent politique de Sa Majesté Britannique, officiait à Bagdad. Il avait des loisirs. Mieux encore, il avait découvert la clé du code, la «pierre de Rosette » des civilisations mésopotamiennes. Tout était là, bien visible, gravé dans le roc, lexique éternel : près de Kermanshah, il avait découvert le rocher de Behistoun, l’inscription de Darius : en vieux-persan, en élamite, en babylonien enfin — en caractères cunéiformes !

Rawlinson décoda, des nuits entières. Le British Museum encouragea la besogne, lui fournit un assistant, George Smith. Et quelle ne fut pas la sensation, quelques années plus tard — en 1872 — quand ce Smith put annoncer triomphalement, à la tribune de la « Society of Biblical Archaeology » , devant une assistance absolument bouleversée :

— Gentlemen, dans les tablettes assyriennes du British Museum, nous avons retrouvé un compte-rendu du Déluge !

On s’enflamma pour la découverte. C’était incontestable : un récit de la catastrophe biblique, dûment corroborée ! Et, en prime, les fragments d’une épopée bizarre, émouvante... Mais les textes étaient très obscurs, très incomplets. Le journal « Daily Telegraph » offrit mille guinées d’or à qui découvrirait les pages manquantes . On retourna à Ninive, on racla les fondations de la bibliothèque — et l’on trouva !

Désormais, tout était clair : Assourbanipal, roi terrible, grand écorcheur, creveur d’yeux et coupeur d’oreilles, avait voulu sauvegarder le passé, au profit des générations futures. Il avait envoyé ses scribes et traducteurs, leur donnant ordre de fouiller les antiques archives de Babylone. Il avait fait collationner des textes aussi vieux que l’écriture. Et tout cela s’étalait à présent : une civilisation inconnue, antérieure de 2400 ans au Grand Roi d’Assyrie lui-même ! Pour reprendre ma comparaison du début : comme si l’on avait découvert Eschyle et Sophocle dans la bibliothèque de Staline !

La suite allait de soi : on chercha le berceau de l’antique civilisation sumérienne, on exhuma les cités pré et post-diluviennes. Et ce furent les fouilles d’Our, d’Ourouk, Lagash, Kish, Shourroupak, Eridou, Agadé, Suse, Babylone ! Et ce furent d’autres découvertes, des fragments du même récit, infiniment plus anciens, mais à peu près identiques — les originaux en somme ! — rédigés bien souvent en  « sumérien d’église »... car bon nombre de scribes avaient utilisé une langue déjà morte, déjà savante (comme notre latin actuel), survivant à la décadence politique de tout un peuple...

Les premières versions originales furent trouvées à Nippour, en 1888. Elles dataient d’environ vingt-neuf siècles avant Jésus-Christ. Elles avaient donc, à peu de chose près, cinq mille ans d’âge.

On étendit les recherches. Et bientôt, l’on comprit que l’épopée de Gilgamesh, que cette saga perdue et retrouvée, avait été — bien avant la Bible — LE best-seller du Moyen-Orient. Jugez donc : on en retrouva une version complète, à peu près conforme, dans les archives impériales de Boghazkoï, capitale hittite : ce texte, rédigé en akkadien sémitique, datait du 2e millénaire avant J-C.

On en retrouva des traductions partielles, en hittite (langue indo-européenne) et en hourrite. On en découvrit des fragments à Sultantepe, dans l’actuel Kurdistan turc. Puis des épisodes cananéens, à Megiddo, antique cité de Palestine : les auteurs de la Bible avaient donc dû connaître cette vieille histoire !

On retrouva l’épopée dans les tablettes d’Ugarit, sur la côte syrienne. A tout le moins des adaptations, des influences directes, bien discernables dans les récits — rédigés vers 1800 avant notre ère — d’une civilisation distincte. Il y eut d’autres indices de « retombées culturelles » : il semble que l’épopée de Gilgamesh ait influencé les conteurs de la tradition crétoise, égéenne, puis mycénienne, avant de reparaître, comme un filigrane d’or et de vérité, dans la toile des poèmes homériques...

Et je vous fiche mon billet que, lorsqu’on aura déchiffré les textes de la magnifique bibliothèque royale d’Ebla — fraîchement retrouvée en Syrie — on y verra surgir quelque traduction de Gilgamesh !

Mais qui donc étaient ces Sumériens de légende? Et quel était ce Gilgamesh, dont je vous bassine depuis tantôt trois pages ?

Distinguons.

Sumer, c’est la plus antique civilisation de Mésopotamie — et l’une des plus anciennes du monde, certainement. C’est cette culture qui s’épanouit voici cinquante-trois siècles, bien avant le Déluge — ou les déluges, car il y en eut plusieurs ! — et qui se poursuivit bien après, survivant à son peuple, un peu comme notre latinité survécut au monde romain.

Sumer, ce fut le delta du Tigre et de l’Euphrate, aujourd’hui perdu dans les sables — car le golfe Persique a reculé vers le sud, mangé par les alluvions des fleuves. Ce furent cinq, puis dix cités fameuses, cernées de murs puissants, ornées de ziggourats formidables, ces magnifiques pyramides à gradins, observatoires autant que temples, préfigurations de la Tour de Babel.

Sumer, ce fut un peuple mystérieux, « venu du nord ou de l’est ». Du Caucase ? Des hauts plateaux iraniens ? Du lointain Sinkiang ? Des steppes de Mongolie ? De la vallée de l’Indus ? Allez donc savoir... Peut-être venaient-ils d’un paradis perdu, tout simplement, situé « à l’Est d’Eden », guidés par les fils et petit-fils d’un Adam déchu, recru de fatigue, de regrets et d’amertume …

Ils arrivèrent, en tout cas, quatre mille ans avant notre ère, et s’installèrent dans le delta, y fondant leurs premières cités. Oh ! Ils n’inventèrent pas toutes choses : avant eux, il y avait déjà une culture, des poteries remarquables, des huttes, des bourgades. Qui peut dire l’origine et les premières fondations d’Obeid, de Harappa, de Mohenjo-Daro, de Jéricho? D’ailleurs, en Egypte aussi, une civilisation pré-dynastique florissait depuis la nuit des temps... (5000 avant J-C.?).

Toujours en est-il que ces Sumériens organisèrent quelque chose de structuré. Des villes. De petits Etats. Des réseaux d’irrigation. Des greniers. Des temples. Un clergé de mages et d’astronomes, nantis de grands pouvoirs, détenteurs des Augures et du Calendrier des Semailles. Toujours en est-il qu’ils travaillèrent le cuivre et l’or, qu’ils connurent les arts de la paix et les sciences de la guerre, qu’ils eurent des phalanges armées de piques, précédées de chariots à quatre roues, eux-mêmes tirés par quatre onagres semi-domestiqués. C’était mieux qu’un peuple, cela : c’était une nation !

Bien avant le Déluge, ils eurent des rois. Car on a retrouvé leurs listes dynastiques, assez complètes et tout à fait formelles : la royauté, le pouvoir, étaient tombés du ciel ! Affirmation séduisante, énigmatique, dont vous ferez ce que vous voudrez, selon votre tempérament plus ou moins romanesque.

Etait-ce à dire que le pouvoir se réclamait du droit divin? « Moi, Goudea, par la grâce de Ningirsou, roi de Lagash ».,.. Ou bien que le sceptre avait été arraché aux prêtres, aux sorciers-mages, descendu du « ciel ». des ziggourats pour être installé dans le palais des guerriers laïcs ? Le sabre l’aurait ainsi emporté sur le goupillon… lequel n’en conserverait pas moins d’immenses et mystérieux pouvoirs. D’ailleurs, il y avait des prêtres-rois, dans certaines cités...

Faut-il croire, avec les tenants de la colonisation extra-terrestre, que le pouvoir avait été conféré par des « dieux-cosmonautes » venus d’ailleurs ? On connaît le texte fameux de la Genèse : « Les fils des dieux (elohim) virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qui leur plurent... Or, les géants étaient sur la terre en ces jours-là, et cela après que les fils des dieux furent venus vers les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants ; ce sont là les héros renommés des temps anciens ».

Les écritures sumériennes ne nous éclairent pas beaucoup quant à ces intéressants métissages. Mais elles nous apprennent quand même que Gilgamesh était un héros, qu’il était « trois quarts dieu, un quart homme » .... et qu’il était costaud.

Un pouvoir tombé du ciel, trois explications. Au fait, elles ne sont pas incompatibles…

Gilgamesh, nous le savons aussi, vécut réellement. Il fut cinquième roi d’Ourouk, sur la liste dynastique post-diluvienne. Il descendait même, en ligne directe, d’un personnage tout à fait remarquable : à savoir du fameux Utnapishtim, citoyen de Shourroupak-la-Submergée, c’est-à-dire du Noé sumérien !

Avec un tel ancêtre terrien, avec d’autres ascendants divins, notre Gilgamesh ne pouvait être un personnage ordinaire. A quoi donc ressemblait-il ? Nous avons des représentations, des portraits, des sceaux royaux, qui nous le montrent en monarque sémite, barbu, chevelu, vêtu d’une robe somptueuse, coiffé de la tiare, paré de bijoux comme une femme, mais fort occupé à étrangler deux lions ! Ces images ne sont pas véridiques : Sumérien de souche ancienne, Gilgamesh n’était nullement Sémite et pas davantage « Indo-Européen ». Il ne ressemblait pas aux Egyptiens hamitiques, ni aux Touraniens, ni aux Mongols... En fait, personne ne sait exactement ce qu’étaient ces Sumériens agaçants, mal identifiables, ces trapus aux épaules charnues, avec leur grosse tête ronde, leur nez court et droit, leurs grands yeux en amande. « De race divine » ? C’est commode…

Dieu par son âme invincible, homme par son corps vulnérable : tel fut sans doute Gilgamesh, géant, roi, héros, paladin d’épopée, qui parcourut le monde en riant, avec son copain Enkidou. Gilgamesh, qui chercha l’amour, trouva l’amitié, chercha l’aventure, trouva la mort, chercha l’éternité, trouva le destin.

Gilgamesh ! Cinq mille ans depuis, des exploits toujours résonnants, des angoisses qui ne nous ont jamais quittées. Un poème épique, une littérature qui enfanta toutes les autres — et combien s’abstiendraient d’écrire, s’ils savaient tout ce qui fut déjà dit, et dans quels termes ! — Un indice d’immortalité, dans la poussière des siècles. La survivance de la Geste, par-delà la chair périssable...

Gilgamesh.

Gilgamesh ou le destin des hommes (2)

gilgamesh2-serge-creuz.jpg Illustrations de Serge Creuz (c).

1. L’INCONNU DU DÉSERT

Gilgamesh, seigneur de Koulab, grande est ta gloire !

Il fut le sage connaissant toute chose ; il fut le roi parcourant l’univers. Il était savant, il détenait les clés des mystères et des secrets. Il nous retrouva la connaissance des jours anciens, d’avant le Déluge. Il partit pour de longs voyages, revint harassé et recru de travaux.

Cela ne pouvait durer. Les hommes se plaignirent aux dieux, les dieux firent appel au Père Anou :

— Il est né d’une déesse, il et fort comme un taureau sauvage. Il prend les fils et les filles. Est-ce là le Roi, le berger de son peuple ?

Anou entend ces récriminations, médite, échafaude un plan :

— Voyons, il lui faut un égal, un reflet de lui- même, un coeur aussi tempétueux que le sien. Ils seront rivaux et lutteront sans fin ; ça les occupera, pour la plus grande paix d’Ourouk, pour la tranquillité des citoyens. C’est l’affaire d’Arourou.

Arourou, c’est la déesse de la création. Elle conçoit en son esprit l’image du rival. Elle trempe ses mains dans l’eau, modèle de l’argile, qu’elle lance ensuite dans l’espace. C’est ainsi que naquit le noble Enkidou. Il avait les vertus de Ninourta lui-même (1). Il avait la peau rude et couverte de poils épais. Mais il était inconscient de toutes choses, innocent comme les animaux sauvages, dont il partagea tout d’abord l’existence.

Enkidou, donc, broutait les herbes du désert, en compagnie des gazelles. Il jouait avec les fauves,au crépuscule, près des abreuvoirs ;il se réjouissait de l’eau et du vent.

Mais un soir, les troupeaux s’avancèrent vers le domaine des hommes et c’est ainsi, près d’un étang, qu’un trappeur aperçut Enkidou. Il le vit trois soirs de suite, face à face, et chaque fois fut pétrifié de frayeur. Finalement, le trappeur abandonna sa chasse et rentra chez lui, sans grand gibier, au surplus terrifié. Longtemps, il resta songeur et silencieux. Finalement, dans un murmure, il osa se confier à son père :

— J’ai vu un homme dans les collines... Mais peut-être était-ce une bête, ou un dieu ? Il a toute la force du monde, il ressemble aux immortels venus du ciel. Il parcourt le désert avec les troupeaux sauvages, il mange de l’herbe. Maintenant, il s’avance sur nos terres, se repose près de nos puits. J’ai peur, je n’ose l’approcher. Il comble mes fosses, il détruit mes pièges, il libère le gibier qui s’y fait prendre. De quoi vivrons-nous désormais ? Le père parla, dans la sagesse de son âge

— Fils, tu connais Gilgamesh, roi d’Ourouk. Personne ne peut l’affronter, il est de taille à décrocher les étoiles. Va donc dans la cité d’Ourouk, va trouver Gilgamesh, expose-lui la force de cet inconnu. Demande-lui une prostituée du temple d’Ishtar, une enfant du plaisir. Ramène ici cette femme, pour qu’elle maîtrise l’homme sauvage. Lorsqu’il reviendra aux points d’eau, il la trouvera, il la couvrira de son étreinte. Alors les animaux se détourneront de lui, il sera seul et vulnérable.

(1) Ninourta, Ningirsou : dieu guerrier, vent du sud, irrigateur. Il endigua les flots de l’enfer et perfora plusieurs monstres.

Ainsi fit le trappeur, qui se mit en route, trouva Gilgamesh, lui fit ses doléances et présenta sa requête. Le roi d’Ourouk trouva la chose plaisante :

— Ton père a raison. Prends donc une prostituée du temple, emmène-la dans le désert, offre-la à cet inconnu. Elle parviendra sans doute à l’apprivoiser.

Puis, dressant une pierre, il y grava tout le récit. Quand les dieux créèrent Gilgamesh, ils lui donnèrent un corps parfait. Shamash-le-Glorieux lui accorda la beauté, Adad-la-Tempête le

remplit de force. Les grands dieux le voulurent de beauté parfaite, surpassant tous les autres. Ils le firent dieu pour deux tiers, homme pour le reste.

Il construisit les murs d’Ourouk, le puissant rempart, et le temple Eanna pour Anou-du-Firmament et pour Ishtar-l’Amoureuse. Regarde-les aujourd’hui : le grand mur extérieur, dont la corniche étincelle de cuivre ; et le mur intérieur qui n’a point d’égal. Approche et considère le seuil, vois comme il est ancien. Admire la maison d’Ishtar, notre dame de l’Amour et de la Guerre ; aucun homme vivant, aucun roi à venir ne pourra égaler cette merveille. C’est l’Eanna, c’est le temple d’Ourouk. Monte au rempart, fais-en le tour, considère ces épaisseurs, examine cette maçonnerie: n’est-ce pas de la bonne brique, brûlée pour l’éternité ? Sept sages en ont posé les fondations.

Note du récitant : une fois pour toutes, Shamash est le nom sémitique du Dieu-Soleil (aujourd’hui encore : Shamsh chez les Bédouins, Shemesh en hébreu, Shems en arabe...). Mais à l’époque de Gilgamesh, l’astre du jour portait encore son nom sumérien : Outou. Nous conserverons cependant l’appellation, plus tardive, des relations principales.

Anou, c’est le Dieu-Père, primordial et cosmogonique, celui qui plane au-dessus de la mêlée. Adad, c’est évidemment le Thor sumérien, le maître des pluies et des tempêtes. Quant à Ishtar, redoutable et superbe, c’est à la fois la soeur et l’épouse de Shamash : elle préside aux Amours et aux Guerres, ces deux véhicules des conquêtes et des souffrances...

Reste le culte de la brique, qu’on croyait particulier aux peuplades belges. Force est de constater que les Sumériens nous ont devancés, en ce domaine comme en d’autres. Ils appréciaient particulièrement la brique « brûlée », bien plus solide que la brique cuite au soleil, mais beaucoup plus chère aussi, car le combustible était rare. Faut-il en déduire que Gilgamesh aurait fait, parmi nous, un promoteur heureux ?

Mais laissons ces considérations et retournons au corps du récit.

Gilgamesh avait été la fierté, le champion d’Ourouk-aux-puissantes-murailles. Il avait multiplié les randonnées guerrières, dépensant en tous lieux sa jeune force bouillonnante. Mais nulle part, il n’avait trouvé d’adversaire à sa taille : tout homme pliait devant lui. Désenchanté, il revint donc en sa ville, qui bientôt retentit de plaintes et de lamentations :

— Il est intenable ! Son désoeuvrement est une calamité pour tous les citoyens. De jour, de nuit, son arrogance n’a pas de limites. Il sonne le tocsin pour s’amuser. Aucun père ne garde ses fils, car Gilgamesh les rassemble pour ses folles expéditions. Et pourtant, le Roi devrait être un berger pour son peuple ! Aucun amant ne trouve de fille vierge ; le noble ne peut conserver sa femme, le guerrier se voit arracher ses filles, car Gilgamesh les veut toutes, dans sa  lubricité. Et pourtant, voilà le berger de la cité, qui devrait être sage, bienveillant, résolu.

(Nous présentons nos regrets à Gisèle Halimi, car toute cette histoire est absolument scandaleuse.  Mais les Sumériens étaient d’affreux machos, vigoureusement phallocrates, qui n’avaient jamais entendu parler du M.L.F. Au reste, vous feriez mieux de ne pas lire la suite et de brûler ce journal.)

Le trappeur se confondit en gratitude, trouva la spécialiste et l’emmena comme convenu.  En trois jours de voyage, ils parvinrent aux points d’eau.

Là, le trappeur et la femme s’assirent en silence, face à face, attendant le  gibier. Trois jours passèrent encore : on ne voyait que de petits animaux, apeurés et furtifs. Mais enfin parurent les grands troupeaux sauvages et Enkidou parmi eux. Et elle l’aperçut, massif et velu, descendant au loin des collines. Alors le trappeur lui adressa la parole :

— Le voici. Maintenant, femme, n’aie aucune honte, découvre ta poitrine. Fais bon accueil à ton désir, provoque-le au besoin. Montre-toi nue, offre-lui ton corps. Laisse-le t’approcher, couche-toi près de lui, apprends à cet homme sauvage ta science de femme, enchaîne-le par les sortilèges. Car alors les bêtes du désert, dont il partageait l’existence, s’éloigneront de lui.

Elle n’eut aucune honte, elle le provoqua, elle accueillit calmement son désir. Il fut d’abord surpris, comme fasciné, un peu méfiant. Puis la curiosité l’emporta… Elle lui apprit alors les ressources de son art. Ils eurent beaucoup de choses à se dire, pendant six jours et sept nuits, car Enkidou avait oublié l’eau, le vent et les errances dans les collines. Mais quand il fut satisfait, il voulut repartir et rejoindre les animaux. Et tout aussitôt qu’une gazelle l’aperçut, elle s’enfuit en bondissant. Etonné, il chercha de grands fauves : eux aussi s’éloignèrent en grondant. Enkidou eût aimé les poursuivre, les rattraper, mais il lui semblait avoir perdu une

partie de sa force. Ses membres étaient comme liés, ses genoux fléchissaient sous la course.(2). Enkidou se retrouva seul et faible, avec des pensées d’homme dans l’esprit, des émotions d’homme dans le cœur. Pensif et triste, il revint vers la femme qui l’avait attendu. Et alors elle lui parla :

— Te voilà plein d’une sagesse nouvelle. Te voilà pareil aux dieux. Pourquoi veux-tu courir en sauvage avec les animaux du désert ? Viens avec moi. Je te mènerai dans Ourouk-aux-fortes-murailles, je te montrerai le temple d’Ishtar et d’Anou, l’Eanna de l’amour et du ciel. C’est là que vit Gilgamesh,  le très fort, celui qui règne sur les hommes comme un taureau indompté.

Enkidou mit du temps à comprendre, mais finalement fut séduit. Il venait de découvrir la solitude humaine, il cherchait un compagnon à qui ouvrir son cœur.

— Je viens avec toi, femme. Je veux voir cette ville, ces murailles, ce temple et cet homme, moi qui suis né dans les collines, moi qui suis le plus fort de tous.

Ils marchèrent donc et, chemin faisant, elle l’étourdissait de ses paroles :

— Tu verras sa face. Je connais bien Gilgamesh de la grande Ourouk. Tu verras, Enkidou, les gens sont vêtus de robes somptueuses, chaque jour est une fête, les garçons sont beaux et les filles sont superbes. Et comme ils sentent bon ! Tu aimes la vie, Enkidou, tu aimeras la cité.

Tu verras Gilgamesh, l’homme heureux, dans sa radieuse virilité. Il est parfait de force et de beauté, il ne se repose jamais. Il est plus fort que toi, aussi laisse tomber tes vantardises. Shamash-le-Glorieux l’a comblé de faveurs, et Anou-du-Firmament, et Enlil aussi. Le sage Ea lui a donné l’entendement de toutes choses. Je te le dis : dans ses rêves, Gilgamesh sait déjà tout de toi et de ta venue.

De fait, au temple dOurouk, Gilgamesh était allé trouver sa mère, la grande déesse Ninsoun :

— Mère splendide, laisse-moi te conter mon rêve de cette nuit. Je marchais, sous la voûte cloutée d’étoiles. J’étais plein de joie, entouré des jeunes héros, et soudain un météore nous tomba du ciel. Je voulus le soulever, mais il était trop lourd. Et les nobles d’Ourouk voulaient lui baiser les pieds. Et je l’aimais comme on aime une femme. Et il était comme une hache, que je porterais à mon flanc. Et tu me le donnas pour frère. Quel est donc ce rêve étrange, ô Ninsoun ?

(2) Pas étonnant, après de pareils excès…

Ninsoun, sage et clairvoyante, lui répondit aussitôt :

— Cette étoile du ciel, cette hache brillante, c’est ton compagnon qui te secondera dans les périls. Sa force est immense, Il a vécu parmi les bêtes sauvages, dans les herbages des collines désertes. Il te sera comme un frère. Voilà l’explication de ton rêve. Et Gilgamesh se retira tout songeur.

Cependant, la prostituée du temple guidait toujours Enkidou. Elle avait partagé ses vêtements, lui en donnant la moitié, lui apprenant à se vêtir. Le menant par la main, elle fut une mère pour lui, elle le conduisit chez les bergers de la plaine. Ceux-ci, craintifs et respectueux, s’assemblèrent autour de lui, offrant du pain et du vin. Mais Enkidou ne connaissait que l’herbe et le lait des ânesses sauvages.

Il était là, stupide, ne sachant que faire du pain et du vin. Et la femme parla encore :

— Enkidou, mange ce pain, bois ce vin, ce sont les sources de la vie.

Il mangea et but du vin tort, sept gobelets bien remplis. Il devint joyeux, son coeur enfla et son visage s’empourpra. Il lissa les poils de son corps et s’oignit d’huiles parfumées : Enkidou devenait un homme. On lui choisit des vêtements appropriés, il apparut superbe. Puis il découvrit l’usage des armes et chassa les lions, afin que les bergers puissent trouver le repos au long des nuits. Il tua des loups et des lions, il fut l’invincible gardien du campement, et les bergers se confièrent en sa force. Et, toujours, la femme était son initiatrice (3)...

Il vivait heureux parmi les bergers, oublieux d’Ourouk et de ses merveilles. Mais voici qu’un jour, sur la piste lointaine, il aperçut un voyageur isolé.

— Femme, quel est donc celui-là ? Pourquoi est-il venu ? Je veux savoir. Va le chercher.

Elle courut, ramena l’étranger, qui se désaltéra, mangea et puis expliqua sa venue :

— J’arrive d’Ourouk-aux-fortes-murailles. Gilgamesh est entré parmi l’assemblée du peuple. Ils s’étaient réunis pour choisir une épousée, pour l’un de nos jeunes hommes d’une famille considérable. Mais lui se moque et défie tout le monde. Il s’est arrogé des droits fort étranges. Il prétend passer en premier auprès de l’épousée : le roi d’abord, l’époux ensuite.

Il dit que cela fut ordonné par les dieux, depuis que fut tranché le cordon ombilical du monde. Mais à présent les tambours battent dans l’enceinte d’Ourouk, et toute la cité gronde en fureur. Et pourtant, qui pourra affronter sa force ?

Entendant cela, Enkidou se dressa et devint très pâle. Sa voix s’éleva comme un mugissement :

— J’irai en cette ville, où Gilgamesh règne sur le peuple. Je lui lancerai mon défi. Je crierai très haut, sur les places d’Ourouk : je suis Enkidou, je suis venu pour changer l’ordre ancien, car je suis le plus fort ici !

Ayant dit, Enkidou quitta le campement et marcha vers la ville.

Et, toujours, la femme le suivait.

(3) Ainsi donc, les Sumériens admettaient la théorie de l’évolution ! Enkidou, le sauvage, passe de l’inconscience animale à la condition humaine le voilà chasseur et pasteur, avant de devenir citadin. Un saisissant raccourci !

Gilgamesh ou le destin des hommes (4)

Ceci continue l’épopée de Gilgamesh, feuilleton héroïque, érotique, métaphysique et sumérien. Vieux de six mille ans, le récit n’a rien perdu de son pouvoir de fascination. Suivons le roi d’Ourouk dans son plus étrange voyage, celui de l’aventure intérieure...

5. LES RIVAGES LOINTAINS 

gilgamesh-3-creuz.jpg

Illustrations de Serge Creuz (c).

 

Ecritureperou 5000ans mini

L'écriture est apparue au Pérou il y a 5000 ans

Par Le 10/09/2015

L'ECRITURE EST APPARUE AU PÉROU IL Y A 5000 ANS

 

Ecritureperou 5000ans mini

 

Oubliez ce que vous avez appris à l'école : L'ECRITURE EST APPARUE AU PÉROU IL Y A 5000 ANS...

Nous allons tout d'abord mentionner la définition la plus fondamentale et générale de l'écriture produite dans cette édition du Journal officiel de l'Association péruvienne du Rock Art (APAR):

" Un ensemble de codes dessinés, commandé par des règles graphiques qui montrent l'expression de la pensée et de la cognition humaine "

Et maintenant une photo montrant cette définition:

Ecritureperou 5000ansRegardez bien ce que notre ami archéologue pointe, c'est une découverte qui fera baisser vos paradigmes scolaires. - Mira bien lo que el amigo arqueólogo está apuntando, es un descubrimiento que se va a bajar tus paradigmas escolares. Photo: reporterodelahistoria

 

L'image que vous voyez ci-dessus a été prise à Checta (Chant), à trois heures de Lima (Vallée du Chillon). Ce que vous voyez sur cette pierre sont des (symboles sculptés dans la roche) pétroglyphes. Si cette théorie de ce groupe d'archéologues est correcte, l'écriture existe depuis au moins 5.000 ans au Pérou. Toujours pas convaincu par ce qui est dit ? Lisez la suite...

 

La fragilité de l'inscription

 

Rupestre perouDe l'art rupestre non naturaliste (pas d'animaux, pas de représentations de la nature), les probables premières traces d'écriture qui présentent des lignes verticales et horizontales. - Arte rupestre no naturalista, el probable primer vestigio de escritura que demuestra renglones verticales y horizontales. Foto: monografias

 

Avant de retourner au bulletin de l'APAR pour continuer, il est nécessaire de préciser que personne ne sait quand ni où l'écriture a été inventée. Certes, on a trouvé des monuments sumériens (et des tablettes) avec des signes disposés en lignes datant de 3000 ans avant JC environ, tout comme en Egypte ou à Mohenjo-Daro (Inde). Mais personne ne peut dire la date exacte ni le lieu précis où elle est apparue. Sinon, en Chine, en Crète, en Asie Mineure et en Amérique, les premières traces d'écriture sont plus récentes, cependant, juste avant notre ère.

Mais c'est la chose la plus importante à considérer: le fait que l'inscription ait été sculptée sur un monument ne signifie pas que c'était à ce moment précis qu'ils ont commencé à traduire des signes. Vous comprenez ? Un exemple simple: votre vieille mère a probablement conservé une de ces cartes que vous avez faite, enfant, pour la fête des mères avec des nouilles, des lentilles et une écriture tremblée. Cependant, nous ne pouvons pas dire que cette carte est la première preuve que vous ayez fait une écriture complète. Ainsi parle le bulletin de l'APAR :

Les premiers écrits, enregistrés et interprétés, sont rencontrés dans des civilisations formées par des hommes vivant dans des villages, qui avaient des cultes et des temples, l'agriculture et le commerce, de l'artisanat, y compris la poterie, en plus de l'art du dessin et de la sculpture, et une expression de compositions artistiques graphiques souvent combinées avec des signes que nous reconnaissons comme l'écriture. De toute évidence, les arts et l'artisanat étaient plus élevés dans les grandes villes anciennes ; l'orthographe peut être plus récent, mais atteint facilement plusieurs siècles avant les premières expressions que nous connaissons. Probablement, elle a été faite sur du bois, de l'adobe et d'autres matériaux qui ne pouvaient pas survivre intactes. Cependant, quand ils ont commencé à utiliser la pierre, la céramique et le bronze brûlé, et quand les précautions de stockages ont été prises, ces dernières écritures ont perduré, et c'est un facteur qui détermine la relativité de ces processus de datations plus récentes.

Il est peu probable que quelqu'un dans votre famille ait pu garder la première partie où vous avez mis votre premier mot. Mais cela ne signifie pas que vous ne saviez pas comment écrire, non ?

 

Le vainqueur Conquistadore ne comprenait pas

 

Pizarro" Tuez-les, car ils ne peuvent pas lire la Bible en espagnol " (je sais qu'elle était en latin OEE). - “Mátenlos porque no saben leer la Biblia en español” (ya sé que estaba en latín oee). Imagen vía ABC

Au sujet de la rencontre de l'espagnol avec des cultures préhispaniques il a été écrit beaucoup de choses. Pendant de brefs moments de pensée aussi ces écrits ont préféré affiner notre idée de la «conquête» et l'ont renommée comme étant une "destruction".

Ici, nous allons cotoyer cette discussion, mais nous n'allons pas l'aborder. Ce qui se passe est qu'il y a toujours eu une vision plutôt biaisée sur l'écriture. Donc, vous acceptez cette phrase sans problèmes :

" Les gens ont développé l'écrit pour atteindre un haut niveau culturel "

Cette prémisse est problématique car elle affecte la compréhension de l'écriture hiéroglyphique qui existait en Amérique. L'archéologue Michael Coe a reconnu l'existence de l'écriture dans notre continent bien avant l'arrivée des Espagnols dans ces terres, après avoir étudié en profondeur les dossiers de la culture maya.

Bien sûr, comme aucun bien ne peut perdurer, le système s'est effondré progressivement après l'invasion espagnole du propre témoignage de l'évêque du Yucatan, Fray Diego de Landa, qui a même travaillé pour développer un alphabet pour la traduction des hiéroglyphes mayas avec le castillan de cette époque.

La phrase en caractères gras ci-dessus représente l'esprit européen du XVIe siècle, incapable de comprendre et d'apprécier la complexité de tout le système symbolique et cognitif qui a été développé par les peuples de l'Amérique Centrale. Où il y avait contact culturel, le système a été détruit.

 

L'écriture à Checta

Après avoir digéré cette information, nous pouvons enfin parler de la découverte qui a incité cet article. Antonio Wong Robles et Gori Tumi Echevarría sont deux archéologues péruviens qui ont établi le premier et le plus ancien écrit du Pérou.

Gori dit ceci à ce sujet :

La séquence artistique de Checta est l'un des plus prouvés échantillons artistiques existants au Pérou - de entre l'époque archaïque jusqu'à l'influence Chavin dans les Andes centrales - et a fourni des preuves claires pour l'identification et le suivi de la première écriture péruvienne.

Et ceci est dit par Antonio :

Nous considérons que Checta est le plus grand signe du phénomène de l'écriture du début, qui accompagne le processus de la civilisation et de la consolidation du pouvoir des ayllus primaux dans les Andes, sur une période approximative de deux mille ans et une extension couvrant au moins six bassins hydrographiques Continentaux dans la côte centrale du Pérou, du bassin de la rivière Supe au bassin de la rivière Lurin.

 

Ecritureperou 5000ans 2© Dante Piaggio / El Comercio
Expertos aseguran que Checta es vital para entender el origen de la escritura en Sudamérica.

 

Comme enregistré, le bloc de pierre de Checta a été découvert en 1925 par Mgr Pedro Villar Cordova, mais ce fut seulement plus tôt ce mois-ci (février 2015) que El Comercio a rapporté la découverte de ces archéologues :

Qu'est-ce qui vous rend si sûr Gori Tumi Echevarría face à la première preuve andine de l'écriture ? Il affirme que son résultat le plus important est d'avoir défini le calendrier et la séquence du site, en d'autres termes, l'ordre temporel durant lequel les signes quilcacamayoc ont été faits sur les pierres. Cela, dit-il, lui a permis de comprendre qu'il y a quatre phases dans Checta.

Ces phases peuvent se séparer ainsi :

Première (2500-2000 avant JC), des petits trous dans les pierres
Deuxième (2200-1000 avant JC), des formes géométriques : des cercles, des points, des croix, des spirales, des lignes droites et autres
Troisième (1200-600 avant JC), des motifs semi-naturalistes
Quatrième (800-200 avant JC), des images de serpents

Mais ceci est le plus intéressant : des signes très similaires à ceux-ci ont été trouvés dans d'autres régions du Pérou. Si l'hypothèse qui a été formulée est correcte, l'écriture andine est plus ancienne que nous le pensions.

Il est temps de mettre à jour les livres d'histoire...

Source + liens dans article : http://ciencia.utero.pe/2015/02/22/olvida-lo-que-te-ensenaron-en-el-colegio-la-escritura-en-el-peru-aparecio-hace-5000-anos/

http://es.sott.net/article/35569-Hallan-en-Checta-indicios-de-escritura-de-hace-cinco-mil-anos

Merci à Thierry Jamin pour ce partage.

 

Yves Herbo traductions, Sciences, Faits, Histoires, 10-09-2015

chambre-pyramidale-etrusque.jpg

Des pyramides sous-terraines étrusques découvertes en Italie

Par Le 07/09/2015

Des pyramides sous-terraines étrusques découvertes en Italie - 2012 - MAJ 09-2015

 

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Une série de chambres pyramidales creusées dans la roche sous la ville d'Orvieto, en Italie, sont entrain d'être mises à jours par des archéologues

Le Dr David B. George du Département d'études classiques à Saint-Anselme et le Dr Claudio Bizzarri du Parco Archeogico Ambientale dell Orvietano (PAAO) sont les co-administrateurs principaux des fouilles faites avec des étudiants du Saint Anselm College.

 

Vue d'une partie de la chambre pyramidale que les archéologues sont entrain de déblayer. L'intérieur de l'espace souterrain avait été rempli presque à ras bord avec la partie supérieure utilisée comme cave à vin moderne. Cependant une caractéristique s'est révélée frappante: une série d'anciens escaliers creusés dans la paroi pouvaient être d'un type étrusque.

 

tunnel-estrusque.jpg

 

Les mystérieux Étrusques

Les étrusques contrôlaient Orvieto à partir d'environ 1000 avant notre ère jusqu'à la conquête romaine de la ville en 264 avant notre ère. Largement connu pour son art, l'agriculture, la métallurgie fine et le commerce, ils ont commencé à décliner au cours du Ve siècle avant J.-C., alors que les Romains augmentaient en puissance. En 300-100 avant notre ère, ils ont été finalement absorbés dans l'État romain.

Leur étonnant langage non indo-européen s'est complètement éteint et il n'ont laissé pratiquement aucun écrit pour documenter leur société. La dernière personne connue pour avoir été capable de lire l'étrusque était l'empereur romain Claudius. Presque tout ce que nous savons à propos de cette culture très influente provient de leurs tombes richement décorées qui aident à reconstruire leur histoire.

 

Une chambre pyramidale

L'équipe a d'abord remarqué la façon dont les côtés de la chambre en pierre ont été taillés, à l'endroit où la cave à vin est aujourd'hui situé, l'effilant vers le haut de façon pyramidale.

Encore plus étonnant, il y a une série de tunnels, aussi de construction étrusque, passant en dessous de la cave à vin. Cela laisse supposer la possibilité de structures plus profondément enfouies.

 

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Tunnel partant d'une chambre pyramidale vers une autre. Image: Dr. D. George, Saint Anslem College

 

Les fouilles ont débuté le 21 mai 2012 : il ont commencé à creuser à travers un plancher du 20e siècle et un tas de décombres constitué de vieilles chaussures de tennis, d'assiettes brisées et autres rebuts du début du 20ème siècle et fin du 19ème siècle. Après le déplacement d'un mètre de terre et de débris, les chercheurs ont atteint la surface d'un sol médiéval.

 

Cependant, juste au-dessous de ce plancher, il y avait une couche de remblai qui, à la surprise de tout le monde, contenait du matériel culturel et des objets, telle qu'une poterie Attique illustrée en rouge du milieu du 5ème siècle et une poterie étrusque avec des inscriptions du 6e-5e siècle avant notre ère et même des objets qui datent de 1000 avant notre ère.

 

Cette couche de remplissage semble provenir de différentes tombes dans le cadre d'opérations de nettoyage et a été déposée dans la cavité pyramidale à travers le centre de son sommet désormais coiffé d'une voûte médiévale. (YH : on devine ici l'action de Papes romains enterrant les origines de certaines inspirations romaines...).

 

La couche est frappante pour son nombre de céramiques étrusques noires brillantes indiquant que le site a été scellé avant la période hellénistique au milieu du Ve siècle avant notre ère. Il semble probable que l'espace ait été retrouvé par hasard au Moyen Âge et qu'il a été utilisé comme une cave.

Les fouilles se sont donc poursuivie en dessous de cette couche de remplissage...

 

Un complexe unique d'espaces pyramidaux et de tunnels

Sous 1.5 mètre se trouvait une autre couche et un escalier creusé dans la pierre (ce qui a donné les premiers indices sur l'origine de l'ouvrage). Il continuait le long du mur et tournait dans un coin, en dessous duquel il semblait qu'une structure avait été construite dans le mur, peut-être la descente se poursuivait-elle avec des escaliers en bois.

 

Les matériaux trouvés pointent tous sur le milieu du Ve siècle avant J.-C. et rien au-delà. A ce niveau a été également trouvé un tunnel (photo ci-dessus) amenant à une autre structure pyramidale, ce tunnel est antérieur au Ve siècle avant JC.

Jusqu'à présent, 3 mètres de "gravas" ont été enlevés et la structure pyramidale se poursuit vers le bas.
Cela ressemble pour le moment à un espace caverneux mesurant 10 mètres en partant des fouilles actuelles jusqu'au plafond de la cave.

 

Les principaux archéologues sont encore perplexes quant à la fonction de cette structure qui n'est vraisemblablement pas une citerne.

Le Dr Bizzarri a précisé que rien, pouvant ressembler à ces structures, n'a été documenté n'importe où en Italie ou dans le monde étrusque.

Le Dr. George, note que cela pourrait faire partie d'un sanctuaire, et attire l'attention sur les structures pyramidales qui ont été décrites dans des sources littéraires comme faisant partie de la tombe de Lars PorsennaLars Porsenna était un roi étrusque qui a régné sur Chiusi et Orvieto à la fin du 6ème siècle avant notre ère.

Le Dr Bizzarri est cependant prudent, car ce parallèle ne correspond pas exactement à ce que l'on commence à voir apparaître ici, mais cela ouvre des perspectives intéressantes.

Tous deux conviennent que la réponse les attend au niveau de la base qui pourrait être à 4 ou 5 mètres en dessous de la couche qu'ils ont atteinte. Les hypogées pyramidaux souterrains d'Orvieto pourraient offrir un aperçu unique de cette civilisation.

 

Une chose est certaine, la prochaine saison sera passionnante !

Sources : Past Horizons: "Etruscan pyramidal chambers discovered in Italy" , http://decouvertes-archeologiques.blogspot.fr/2012/09/des-chambres-pyramidales-etrusques.html , http://bpblognews.blogspot.fr/2012/09/first-etruscan-pyramid-discovered-in.html

Des photos de la fouille https://www.flickr.com//photos/saintanselm/sets/72157630970565974/show/

 

MAJ 09-2015 : " Les archéologues se grattent la tête à propos d'une structure en forme de pyramide souterraine qu'ils ont excavé sous la ville médiévale historique d'Orvieto en Italie. Mais cela ne peut pas être à tout jamais un mystère. Ils espèrent trouver des réponses pendant qu'ils continuent à déterrer des objets et des documents architecturaux à partir du sol.

Pyramid etruscianLa salle pyramidale - Courtesy Daniel George, Jr.

" Nous l'avons découverte il y a trois étés et n'avons encore aucune idée de ce qu'elle est ", écrivent le professeur David B. George du Collège Saint-Anselme et le co-directeur Claudio Bizzarri et ses collègues sur le site. " Nous ne savons pas ce qu'elle est. Ce n'est pas une carrière; Ses murs sont trop bien habillés. Ce n'est pas un puits ou une citerne : Ses murs n'ont aucune preuve de traitements hydrauliques." 

Pyramid etruscian2 tunnelroomaExcavation sur le mur ouest de l'hypogée étrusque près du tunnel qui relie cette hypogée pyramidale (Salle A) de l'autre côté (Salle B). Courtesy Daniel George, Jr.

Qualifiée de «cavitation» («trou» ou «creux» en italien), ou d'hypogée, les archéologues l'ont excavé jusqu'à environ 15 mètres plus bas. Ils ont marqué leur troisième année sur le site en 2014. Ils ont découvert en quantités importantes ce qu'ils considèrent comme des bucchero Gris et Noirs, des vaisselles communes, et des restes de poteries dessinées rouges et noires. Ils ont daté les dépôts du milieu à la fin du 6e siècle avant notre ère.

Pyramid etruscian2 tunnelroombLe même tunnel ou passage, entrée, vu de l'autre côté, de la salle B - Looking from Room B through the Etruscan tunnel into Room A. Courtesy Daniel George, Jr.

" Nous savons que le site a été scellé à la fin du 5ème siècle avant notre ère " continue George. " Il semble que cela n'a eu lieu qu'une seule foisUne grande importance est le nombre d'inscriptions en langue étrusque que nous avons récupérées - Plus de cent cinquante... Nous constatons également un éventail intéressant d'architectures / décorations en terre cuite ".

Pyramid etruscian2 06 2015En juin 2015, un autre tunnel ou une "porte" ou "fenêtre" a été déterré. Le fond de la salle en pyramide n'est toujours pas atteint... il semble que plusieurs structures souterraines soient reliées entre elles par des tunnels de ce type. On ne connaît pas l'utilité de ces structures encore. http://digumbria.com/

 

Extraits de : http://popular-archaeology.com/issue/fall-09012014/article/archaeologists-investigate-underground-structure-beneath-orvieto-italy

Le site qui suit les fouilles 2015 : http://digumbria.com/ + l'appel aux volontaires de juin 2015 : https://www.archaeological.org/sites/default/files/brochure2015_1.pdf

Voici un extrait d'un vieux livre en ma possession, qui parle justement des premières découvertes de la civilisation étrusque et de premières descriptions. Ce livre est de 1832 et s'intitule " La France Littéraire Tome 3 " qui est un livre de revues, compilant divers textes scientifiques, historiques, journalistiques, politiques, de poésies et de fictions, de différents auteurs de l'époque. Ces extraits proviennent d'un texte scientifique de Raoul Rochette dont le titre est " Des Monuments Funéraires de l'Antiquité ", page 40.

(...) " Mais, avant de quitter l'Egypte, j'aurai encore a vous y signaler des monuments funéraires d'un ordre tout-à-fait à part, dont, à la vérité, il ne subsiste, depuis bien des siècles, qu'un souvenir presque fabuleux, tant les éléments dont il se compose paraissent, aujourd'hui encore, incroyables, et les notions qui s'y rapportent, trompeuses à force d'être gigantesques.

Vous comprenez qu'il s'agit de ce fameux Labyrinthe, tombeau immense, qui réunissait, dans son prodigieux programme, les merveilles du système des hypogées et de celui des pyramides, jointes à un luxe, à un développement de constructions, qui semblent impossibles à réaliser. Je veux parler aussi de cet autre tombeau fameux, de ce monument d'Osymandias, dont on s'était flatté de nos jours de retrouver la place et de reconnaître les vestiges, par une de ces illusions qu'on peut pardonner à la science, parce qu'elles laissent toujours subsister, à mesure même qu'elles se détruisent, quelques vérités utiles et nouvelles. (...)

(...) " Un pareil phénomène nous accueillera dans l'antique Etrurie, dont l'histoire, aussi bien que la civilisation, offre un mélange original d'éléments empruntés à l'Orient et à la Grèce, et appliqués sur un fond italique, et qui ne nous a guère laissé, pour expliquer l'une et l'autre, avec les débris de sa langue, qui est encore une énigme, que ses tombeaux et les objets qu'elle y avait enfouis, ci qui ne sont pas du moins un mystère aussi impénétrable.

Là aussi, nous trouverons des tombeaux souterrains, des hypogées, remplis, comme à Volterra, Cortone, à Chiusi, d'urnes cinéraires avec des sujets sculptés et peints, de vases, d'amulettes, de bijoux et d'instruments divers, ou bien ornés, comme à Corneto, de peintures relatives au sort des âmes après la mort, de représentations tantôt aimables et riantes, tantôt sombres et sévères, selon qu'elles participent, à un plus ou moins haut degré, du génie élégant de la civilisation grecque, ou qu'elles se produisent sous l'influence, plus ou moins directe, de l'austère civilisation étrusque. Là aussi, nous trouverons un tombeau fabuleux, mais digne encore de figurer dans l'histoire de la science, ne fût-ce qu'à cause des traits réels introduits dans la composition de ce monument imaginaire; je veux parler du fameux tombeau de Porsenna, qui réunissait la merveille des pyramides à celle des labyrinthes, avec cette particularité, dont l'Egypte même ne parait pas s'être jamais avisée, que plusieurs ordres de pyramides s'y trouvaient superposés l'un à l'autre et coiffés d'un chapeau commun. Un monument tel que celui-là, décoré du grand nom de Porsenna, attribué à la haute antiquité étrusque, qui avait excité l'attention d'un homme comme Varron, dont nous devons une description détaillée à un écrivain comme Pline, et dont plus d'un savant moderne s'est efforcé de réaliser l'ambitieuse chimère par un travail assez pénible, et jamais, à mon avis, d'une manière heureuse, méritera bien, à tous ces titres, que nous nous arrêtions quelques instants à le considérer.

Mais, à défaut du mausolée idéal de Porsenna, qui ne nous offrira que la vanité de la puissance, ou du moins celle de la science, nous aurons occasion de constater, sur presque toute la face actuelle de l'antique Etrurie, un fait archéologique bien autrement important, et dont la découverte à jamais mémorable et féconde en conséquences inappréciables pour la connaissance de l'antiquité tout entière, date des quatre dernières années; c'est la présence de vases peints, entièrement pareils à ceux des Grecs, sous le rapport des formes, du dessin et de la fabrique, ornés de sujets de l'histoire héroïque et de la vie civile des Grecs, couverts d'inscriptions grecques, avec des noms d'artistes grecs ; monuments qui établissent d'une manière si curieuse et si positive des rapports de croyance, de civilisation et de commerce entre l'antique Etrurie et la Grèce, soit qu'on les considère comme exécutés directement dans les ateliers de la Grèce et par la main de ses artistes : ce qui est, pour la plupart de ces vases, l'opinion que j'ai d'abord exprimée, et que je maintiens encore aujourd'hui ; soit qu'on y voie les produits du sol et de l'industrie étrusques, dus à l'importation de modèles grecs et à une colonie d'artistes grecs, telle que celle que le Corinthien Démarate, père de l'ancien Tarquin, conduisit avec lui dans son établissement à Tarquinii, et qui dut exercer tant d'influence sur la culture des arts, dans toute cette partie de l'Italie et à cette haute époque de l'histoire. Ce sont là, messieurs, des questions aussi curieuses, aussi intéressantes en elles-mêmes, qu'importantes pour la connaissance de l'histoire de l'art et de la civilisation antiques, que nous aurons à discuter ensemble, à l'occasion de ces sépultures étrusques, dont la découverte récente est venue enrichir l'archéologie de tant de notions nouvelles, sans compter toutes celles qu'elle lui promet encore. " (...)

Voici donc une référence très intéressante au mausolée étrusque décrit par Pline il y a bien longtemps : s'agirait-il ici de la découverte de ce tombeau de roi mythique ?

Les étrusques et les mystérieux passages creusés à ciel ouvert.

Il ne s'agit pas ici de tunnels ou de souterrains, mais littéralement de rues et passages creusés directement dans le sol, assez profondément pour créer un passage protégé totalement par des falaises : On en trouve encore de nos jours dans la Toscane italienne, des "via" creusées directement dans le tuf volcanique des collines. On reste ébahi devant l'ampleur des travaux accomplis à cette lointaine période (1000 ans avant notre ère environ !) avec de faibles moyens et pour des raisons peu évidentes de nos jours : tout ceci est effectivement artificiel... :

 Via cave sovana1Via Cava Sovana - Toscane

Via cava sovanaVia Cava Sovana - Toscane

La via cava di poglioLa via cava di poglio

Tomba orioli castel assoNécropole étrusque Castel d'Asso - Tombe Orioli

 

Autres liens en connexion : http://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/pyramides-et-constructions-cyclopeennes-en-italie-part-1.html

http://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/pyramides-et-constructions-cyclopeennes-en-italie-part-2.html

 

Yves Herbo traductions, S,F,H, 09-2012 - MAJ 09-2015

 

 

Niede pinturas

Brésil : les preuves d'une migration plus ancienne

Par Le 06/09/2015

Brésil : les preuves d'une migration plus ancienne

 

Niede pinturasNiede Guidon

 

Ce n'est pas la première fois que le sujet est abordé sur ce site mais il est évidemment nécessaire d'y apporter, dès que l'occasion s'offre ou est trouvée par l'auteur (moi-même), les pièces complémentaires qui étayent de plus en plus cette très probable réalité historique : l'Amérique du sud n'a pas été conquise en premier par les tribus asiatiques (comme celle, la plus nombreuse, nommée Clovis par la science moderne) et leur culture, via le détroit de Béring au grand Nord, mais bien par d'autres hommes, bien plus tôt, provenant probablement d'Afrique, mais aussi de l'Australie et des îles polynésiennes (mais on sait que premiers australiens provenaient probablement d'Afrique en suivant les côtes de l'Asie du sud-est, puis d'île en île). Les premières découvertes faites au Brésil ont été relatées ici via quelques articles :

 

https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/le-bresil-avait-aussi-son-cro-magnon.html

https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/sciences/bresil-prehistoire-migrations-adn-ovnis.html

https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/prehistoire-antiquite/la-mysterieuse-pierre-d-inga-bresil.html

https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/civilisations-tres-anciennes-en-amazonie.html

https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/retour-sur-les-geoglyphes-amazoniens.html

https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/des-hommes-installes-en-amazonie-il-y-a-plus-de-10000-ans.html

 

Après donc ces sites dont je parle dans ces articles (dont celui de la Roche Percée, devenu célèbre depuis), voici encore ces découvertes prouvées par des datations récentes, dans les sites de la Serra da Capivara au Brésil, qui remettent également en cause la théorie d'un peuplement précolombien du Nouveau-Monde par la seule culture asiatique de Clovis. En fait, il s'avère de plus en plus que des êtres humains pourraient bien s'être établis en Amérique du Sud il y a quatre fois plus longtemps que prévu. Au Brésil, dans le parc national Serra da Capivara, classé au patrimoine mondial de l’humanité, des peintures rupestres et divers autres preuves indiquent une présence humaine bien plus ancienne que prévu dans le Nouveau Monde.

 

Peinture pedra furadaL'une des peintures rupestres très anciennes de l'un des 1500 sites

 

Le New-York Times a d'ailleurs publié tout un article sur ce sujet précis.

Selon la théorie la plus acceptée (au point qu'elle est déjà apprise dans certaines écoles), l’Amérique aurait d’abord été peuplée il y a 13.000 ans environ par la culture de "Clovis", (nom d’un site archéologique du Nouveau-Mexique où elle a été découverte vers 1930). Elle est arrivée depuis l’Asie par le détroit de Béring alors émergé grâce à la glaciation encore en cours. Or, certains outils des sites brésiliens remonteraient à 22.000 ans et un crâne vieux de 11.000 ans, étudié par Walter Neves de l’université de São Paulo, présente davantage de ressemblances avec ceux des Aborigènes australiens que ceux des Asiatiques. Les archéologues et anthropologues spécialistes du Nouveau-Monde se déchirent violemment sur la question, certains comme Gary Haynes de l’université du Nevada n’hésite ainsi pas à déclarer que ces outils auraient pu être façonnés par des singes (!).

 

Par contre, il faut bien reconnaître que des analyses d’ADN mettent bien en valeur l’existence d’un lien entre les populations indigènes d’Amérique Centrale et d’un enfant de la culture de Clovis mort il y a 12.700 ans. Mais une étude de 2013 montre à l’inverse des liens génétiques entre les Amérindiens Botocudo et des Polynésiens...

 

La contestation d’un modèle unique basé sur la culture de Clovis prend donc de l’ampleur et s’appuie de plus en plus sur des éléments concrets. En novembre, un site uruguayen aurait montré un peuplement humain vieux de 30.000 ans, tandis que des charbons tirés d’un foyer découvert à Serra da Capivara ont été datés d’il y a environ 48.000 ans. "Si ces théories et datations sont vérifiées, ceux qui ont vécu à Serra da Capivara n’ont pas transmis leur patrimoine génétique aux populations d’aujourd’hui, explique au New-York Times Michael Waters de l’université A&M du Texas. Nous devons réfléchir longuement et profondément sur ces sites anciens et à comment ils s’insèrent dans l’histoire du peuplement des Amériques." - 2015 - Les datations ont été à nouveau confirmées (voir en bas).

 

In Piauí, Brazil, archaeologists say stone tools prove that humans reached what is now Brazil as early as 22,000 years ago, upending a belief that people first arrived about 13,000 years ago.  By Nadia Sussman on Publish DateMarch 27, 2014. Photo by Daniel Berehulak for The New York Times. Watch in Times Video »



sources : http://www.maxisciences.com/arch%e9ologie/comment-un-site-archeologique-bresilien-perturbe-les-modeles-en-cours_art32275.html

http://www.nytimes.com/2014/03/28/world/americas/discoveries-challenge-beliefs-on-humans-arrival-in-the-americas.html?partner=rss&emc=rss&_r=2

 

Conclusions provisoires : Les deux théories ne sont pas incompatibles mais complémentaires : comme ailleurs dans le monde (voir les traces de plusieurs migrations et même demi-tours au niveau de l'Asie du Sud-Est, mais aussi dans la péninsule de l'Arabie Saoudite), il y a probablement eu plusieurs migrations de Homo Sapiens (comme il y a aussi probablement eu plusieurs migrations encore plus ancienne des hominidés qui ont précédés Homo Sapiens, comme Homo Erectus par exemple, voir Néandertal et Denisovien aussi, etc...). Et ces migrations ont pu suivre différents chemins selon les possibilités climatiques de chaque époque, mais aussi les connaissances et inventions des diverses tribus et groupes d'humains concernés par ces migrations... Absolument rien n'interdit aussi de penser que la navigation ait pu être inventée bien plus tôt qu'on ne le pense (même si certaines traces trouvées sur des îles méditerranéennes, mais aussi d'Indonésie par exemples nous incitent à y penser fortement) par quelques groupes ou tribus de voyageurs, mais que cette invention précoce (et pourtant logique car ni l'eau, ni les fleuves par exemple, n'ont jamais pu arrêter l'Homme très longtemps) ait pu être reperdue par la suite, entre deux migrations. Donc, non seulement le détroit de Béring est devenu plusieurs fois un passage "à pied sec" entre la Sibérie et l'Amérique du Nord sur plusieurs dizaines de milliers d'années et selon plusieurs glaciations/déglaciations, mais on sait bien aussi maintenant que l'homme moderne est parvenu en Australie il y a au minimum 60.000 ans... et qu'il n'y avait pas de la terre partout reliant l'Australie à l'Asie et donc que l'homme connaissait déjà au moins le principe de la navigation il y a au minimum 60.000 ans. Et c'est un minimum quand on voit la répartition géographique d'Homo Erectus par exemple, qui a parfaitement pu transmettre des connaissances et laisser des indices aux suivants avant de disparaître, car on a bien découvert finalement ses propres capacités intellectuelles plus évoluées qu'on ne le pensait et une certaine sophistication de son industrie de la pierre également...

Nous devons aussi saluer les scientifiques "de pointes" qui tentent déjà les premières recherches approfondies du site pour établir une chronologie de ces différentes peintures et en chercher d'autres. C'est en effet le site où nous avons trouvé les plus anciennes traces de l'homme sur l'ensemble des Amériques, une occupation continue donc entre -50.000 et - 20.000 ans (pas au Nord donc mais bien au Sud) et il faut donc s'atteler à en trouver d'autres ailleurs, et voir où ce premier habitant des Amériques a bien pu aller ensuite... :

 

Peinture pedra furada 2

(extrait) : " Dans la mesure où les plus anciennes occupations préhistoriques proviennent de la région du Piaui et que désormais l’authenticité des pièces et la validité des datations 14C ne sont plus mises en doute, la nécessité de poursuivre les recherches s’avère indispensable. En effet, le site de Pedra Furada qui a livré ces informations est un abri-sous-roche développé à la base de l’escarpement gréseux. Or ces conditions ne sont guère propices à la conservation des os, que ceux-ci soient humains ou animaux. Or, ce n’est pas le cas des sites développés dans les formations calcaires du pédiment et qui sont susceptibles de fournir beaucoup d’informations sur les paléoenvironnements du Pléistocène (lesquels sont presque totalement inconnus dans cette partie d’Amérique du sud).


C’est donc dans cet objectif que des recherches géomorphologiques, stratigraphiques et paléoenvironnementales sont menées. Elles permettront de comprendre l’organisation des formations sédimentaires et leurs relations latérales, de faire les liens entre les formations développées dans les abris-sous-roche de l’escarpement gréseux et celles que l’on retrouve dans les pièges karstiques du pédiment, et de localiser au mieux les secteurs susceptibles d’apporter le maximum d’informations.

Le cro magnon bresilien

Le "Cro-Magnon" brésilien habitait déjà la jungle brésilienne il y a 50.000 ans...


Parallèlement, nous développerons une politique de sondages à la recherche de niveaux archéologiques du Pléistocène final. En effet, il ne fait aucun doute que les industries de Pedra Furada (datées entre 50 et 20 ka) soient bien d’origine anthropique. Mais ce site reste unique au Brésil et il pose bien évidemment le problème des origines du peuplement de l’Amérique du Sud. Pour tenter de répondre à cette question, il faut rechercher d’autres sites et élargir le champ des occupations comprenant à la fois des artéfacts et de la faune. C’est pour cela que nous avons décidé de travailler dans la zone calcaire davantage propice à une meilleure conservation, car les premiers travaux menés par Niede Guidon et Claude Guérin ont permis de mettre à jour une mégafaune jusque-là totalement inconnue dans cette région d’Amérique du Sud.


En élargissant les secteurs d’étude et en entamant de nouvelles recherches, nous espérons replacer les données régionales dans les débats sur l’origine des peuplements sud-américains et participer au courant novateur qui touche toute l’Amérique sur ce thème. "

Source : http://www.mae.u-paris10.fr/arscan/Espaces-et-Temps-des-Premiers.html

 

 

Yves Herbo, Sciences, Faits, Histoires, 06-09-2015

Dans OVNI/UFO
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Le Triangle des Bermudes Part 3 : de 1950 à 1975

Par Le 05/09/2015

Le Triangle des Bermudes Part 3 : de 1950 à 1975 - 2013 - up 09-2015

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Epave du Sapona, échoué dans les années 30, suite à une tempête sur l'îlot Cat Key, au large de Bimini, Bahamas. Encore visible de nos jours.

Suite des Partie 1  et Partie 2

 

Enlevé par les O.V.N.I. ou détruit par une explosion ?

 

Dès le mois de mars 1950, un C124 Globe-master, se dirigeant vers l'Irlande, se perd au nord du triangle.

«Encore une victime des O.V.N.I. ! » s'exclament en chœur les ufologues.

Non, répond le New York Times, qui affirme que l'avion a été victime d'une explosion.

Un correspondant, dépêché à Londres par le quotidien new-yorkais, écrit à ce sujet le 24 mars 1950 :

«Un officier de l'armée de l'Air des Etats-Unis à l'aéroport de Shannon, a déclaré, de bonne heure aujourd'hui, que le pilote d'un avion de recherche avait aperçu des signaux lumineux et une épave quelque part sur la route de l'Atlan­tique suivie par un gros C 124 des forces améri­caines, cet appareil disparu depuis vingt-quatre heures avec cinquante-trois personnes à bord.

»Les nombreux avions qui avaient sillonné quelque 800 miles d'océan à la recherche de cet appareil ont été dépêchés vers l'endroit, situé à environ 450 miles directement à l'ouest de l'Irlande...

»Tôt hier, on avait eu pour la dernière fois des nouvelles de cet avion de transport géant, alors qu'il effectuait un vol ordinaire des Etats-Unis vers la Grande-Bretagne...

»Le pilote d'un Superfort B 29 a communiqué par radio l'encourageante nouvelle au sujet des signaux lumineux de l'épave... Il a également déclaré avoir aperçu ce qu'il croyait être un radeau de sauvetage.

»Un officier de la R.A.F. souligne que la mer était houleuse et qu'il y avait de grands vents dans cette région. Des avertissements de tempête ont été affichés le long de la côte anglaise.

» Le major Horace A. Stephenson, commandant de la mission américaine de sauvetage à l'aéro­port de Shannon, en Irlande, a déclaré aux reporters... «Je crains que les navires ne mettent un certain temps — peut-être des heures — à se rendre là-bas...» Il attendait le retour du B 29 «pour vérifier si l'aviateur a vraiment vu ce qu'il dit avoir vu.»

» II a ajouté que le pilote pouvait s'être trompé, à cause de l'obscurité. C'est à minuit 45 samedi, heure de Londres, que, d'après le pilote, ces objets ont été aperçus... vingt-quatre heures après les dernières nouvelles du gros avion.

»0n a signalé d'autres épaves et d'autres signaux lumineux à soixante miles du premier endroit», dit encore le major Stephenson.

»ll entendait ainsi que les seconds objets se trouvaient à soixante miles plus près de l'Irlande, a-t-il précisé.

» L'avion de transport... avait décollé jeudi de la base aérienne de Limestone, Maine, et avait fait le plein à Gander, Terre-Neuve.

»0n a assuré les reporters que les survivants seraient amenés à Shannon...

» L'avion avait envoyé son message réglemen­taire vendredi à une heure du matin... indiquant sa position, 800 miles au sud-ouest de l'Irlande, et ajoutant qu'il comptait atterrir à 6 heures du matin à la base aérienne des Etats-Unis à Milden-hall, Angleterre.»

 

De catastrophes en catastrophes...

Trois mois après l'affaire du Globemaster, un cargo de 356 pieds, le Sandra, ayant appareillé de Savannah en Géorgie à destination de Puerto-Cabello au Venezuela et transportant une cargai­son d'insecticide, met le cap au sud vers le détroit de Floride, passe au large de Saint Augustine par beau temps. Après quoi, il disparaît quelque part dans le détroit de Floride entre Jacksonville et Miami.

Le même mois, le 9 juin, un avion transportant des missionnaires de la New Tribes Mission de Chico, en Californie, fait une escale de 24 heures à Miami avant de repartir pour le Venezuela. Après un arrêt à Kingston, à la Jamaïque, pour faire le plein, il reprend son vol en direction de Maracaïbo où il ne parviendra jamais.

 

L'année suivante, dans le courant de la nuit du 3 au 4 octobre 1951, le cuirassé brésilien Sâo Paulo, destiné à la casse, disparaît avec huit hommes à bord.

Cinq mois plus tard, le 2 février 1952, un British York volant en direction de la Jamaïque et ayant à bord 33 personnes et six hommes d'équipage, se perd dans la zone nord du triangle.

Un an plus tard, jour pour jour, le 2 février 1953, un avion de transport de troupes britannique part pour la Jamaïque. L'avion envoie un S.O.S. en cours de vol, sans toutefois donner sa position ni les raisons de son appel. Après deux semaines de recherches, vaines, on a conclu que l'avion s'était perdu «pour une cause indéterminée».

 

Vaines recherches pour retrouver le «Super Constellation»

Le 30 octobre 1954, un Super Constellation de l'U.S. Navy transportant 42 personnes dispa­raît au nord-ouest des Bermudes après avoir décollé par beau temps de la base aéronavale de Patuxent River, dans le Maryland, pour rallier les Açores.

Dès le 1er novembre, le New York Times relate les circonstances du drame et s'interroge sur ses causes :

«La Marine a annoncé hier soir qu'un de ses quadrimoteurs Super Constellation a disparu avec quarante-deux personnes à bord pendant un vol transatlantique ; elle ajoute qu'on le « présume perdu». Tous les avions et navires disponibles sont engagés dans de vastes opérations de recherches et de sauvetage sur un parcours de 120 miles de largeur depuis la côte du New Jersey jusqu'aux Açores...

» L'avion avait décollé à 21 heures 39, ... em­portant avec lui quarante-deux membres d'équi­page et passagers, dont quatre femmes et cinq enfants. Il se dirigeait vers Lages, aux Açores, pour ensuite se rendre à Port-Lyautey, en Afrique, mais il est tombé quelque part en route.

»Dans son dernier message, à 23 heures samedi, l'appareil donnait sa position. Il se trouvait alors à plus de 350 miles au large de la côte du Maryland.

» Les recherches ont commencé à une heure du matin, hier, après que l'avion eut omis par deux fois d'établir les contacts qu'il devait faire à heures fixes avec le sol.

» Se sont joints aux opérations avions et navires de toute la côte orientale, des Bermudes aux Açores, et même de la Méditerranée... Les condi­tions de recherche hier étaient généralement favorables...

»Des avions et des vaisseaux équipés d'appa­reils de radar spéciaux pour les opérations noc­turnes ont accéléré les recherches après la nuit tombée.

«Selon les autorités de la Marine, l'avion avait à son bord cinq radeaux de sauvetage d'une capacité de vingt personnes chacun, 102 gilets de sauvetage, quatre-vingt-dix combi­naisons, un appareil de radio d'urgence et un pistolet de signalisation muni de douze projectiles.»

 

Le mystère du «Southern Districts»

Le 2 décembre 1954, un navire américain, le Southern Districts, chargé de soufre, quitte Port Sulphur au Texas à destination de Bucksport dans le Maine, avec un équipage de 23 hommes. Il contournera donc la Floride.

Dès le 7 décembre, la Garde côtière, sans nou­velle du Southern Districts, entreprend des re­cherches qui demeurent vaines. Le 15 décembre, le New York Times rapporte le témoignage de Mr Collins, un marin qui a eu l'occasion de naviguer à bord de ce bateau:

« Un marin a déclaré aujourd'hui, à l'enquête de la Garde côtière... que le vaisseau n'était «rien qu'un vieux sac de rouille». «C'est le premier bateau dans lequel j'aie jamais eu peur de voya­ger», a ajouté le marin... Mr Collins, qui avait navigué trois fois à bord de ce bâtiment et qui l'avait laissé une semaine avant le voyage fati­dique, a déclaré aussi que, lors d'un précédent voyage, «la cargaison était toujours humide. Un certain nombre de gars m'ont averti, à Houston, de ne pas embarquer»...

» Le vaisseau gémissait et grinçait à chaque fois que la mer était haute... » Mr Collins a poursuivi en disant que le navire devait se rendre en Nouvelle-Ecosse après avoir fait escale dans le port du Maine... « Jen'iraisjamaisen Nouvelle-Ecosse sur ce bateau-là; je sais ce que c'est que la mer là-bas», a-t-il ajouté.»

Le mauvais temps ainsi que l'état déplorable du bâtiment semblent donc avoir été, selon toute vraisemblance, à l'origine du naufrage du Southern Districts. Néanmoins, certains ufologues affirment que le navire a été, com­me bien d'autres, prélevé par les O.V.N.I. et ramené dans une de leurs bases secrètes, à titre d'échantillon.

 

Une masse compacte et étrange au-dessus de l'océan

L'aventure survenue deux ans plus tard au Yamacraw paraît confirmer l'étonnante hypo­thèse des soucoupistes.

Le Yamacraw, ancien dragueur de mines pendant la Seconde Guerre mondiale et recon­verti en bateau de sauvetage, se trouve, le 8 août 1956, dans la mer des Sargasses au nord-est des Bahamas, à plus de 800 kilomètres de Jacksonville.

A 1 heure 30 du matin, l'opérateur radar signale une terre à 45 kilomètres.

- Impossible, répond l'enseigne de vaisseau, Francis J. Flynn. La seule terre qui se trouve sur notre route est la République dominicaine et elle est à plus de 1200 kilomètres !

- C'est peut-être une île volcanique ?

- Peu probable, rétorque Flynn.

Vers 3 heures 30, le Yamacraw atteint enfin la «terre» détectée par le radar. C'est une masse gazeuse étrange, compacte et énorme dont la base se situe à 90 centimètres au-dessus de l'eau.

Le commandant Strauc ordonne alors de braquer le projecteur sur la «chose» qui se révèle d'une couleur gris-brun. Mais la visibilité n'ex­cède pas un mètre.

Malgré cela, le navire pénètre à l'intérieur de la masse ; ce n'est pas du brouillard, ni un nuage, car l'on ne ressent aucune impression d'humidité.

Après quelques instants passés à l'intérieur de cette « chose », les marins se mettent à tousser, les chaudières s'étouffent et perdent de la pression, la vitesse du navire diminue.

Au moment où le commandant va donner l'ordre de faire demi-tour, après bien des diffi­cultés, le Yamacraw émerge de l'énorme masse.

Qu'était-ce donc? Un phénomène naturel peu connu ou bien comme l'affirme l'ufologue Kenneth Wright, «le poste d'observation d'une base secrète de soucoupes géantes située près de là»?

 

«Un énorme chou-fleur à la surface de l'eau»

Cette «chose» a-t-elle par ailleurs un rapport avec une masse sombre qui apparut dans le ciel des Bahamas à la fin de l'année 1957 ?

Cette année-là, durant la semaine précédant Noël, un bateau de pêche de onze mètres, équipé d'un moteur diesel, se rend aux Bahamas. Brusquement, les lumières s'éteignent à bord du navire, la radio devient muette, le compas se dérègle. Pendant plusieurs heures, le navire est immobilisé. «Nous avions nettement le senti­ment que le bateau était paralysé par une force mystérieuse et inconnue», dira plus tard le capitaine.

A un moment, les marins, médusés, aperçoi­vent une gigantesque masse, aux contours irré­guliers, évoluer lentement au milieu des nuages. Puis trois «lumières», surgies de l'horizon, pénètrent à une vitesse foudroyante dans la masse qui s'évanouit instantanément. C'est alors que tout redevient normal: le bateau peut repartir, les lumières et la radio se remet­tent à fonctionner et le compas retrouve sa stabi­lité habituelle.

 

Ces masses étranges, au-dessus de l'océan, ont également été aperçues par des aviateurs.

Le 11 avril 1963, Robert Durand vole au-des­sus de la fosse de Porto Rico, l'un des fossés les plus abrupts de l'océan, quand, soudain, il voit l'eau se soulever et former une éminence arrondie évoquant un «énorme chou-fleur à la surface de l'eau», comme lors d'une explo­sion nucléaire.

S'agit-il, là encore, d'un phénomène lié à l'exis­tence d'une base secrète d'O.V.N.I.?

Kenneth Wright, pour sa part, en est persuadé.

 

bermudes-1.jpg

 

Le navire «Sulphur Queen» happé par les O.V.N.I.?

C'est également en 1963 que l'on déplore de nouvelles disparitions dans le triangle maudit.

Dans les premiers jours de février 1963, le Marine Sulphur Queen, long de 160 mètres, qui se dirigeait vers Norfolk en Virginie, disparaît, sans émettre le moindre message de détresse, avec son équipage composé de 39 hommes. Le drame a lieu dans le détroit de Floride, très près de l'endroit où, neuf ans auparavant, le Southern Districts avait sombré.

« Les recherches, constate la Commission d'en­quête dans son rapport, débutèrent... à 0800, heure normale de l'Est... Du 8 au 13 février 1963, des avions de la Garde côtière, de la Marine et de l'armée de l'Air effectuèrent 83 sorties, volèrent pendant un total de 499,6 heures et couvrirent 348400 milles carrés, sans résultat... Grâce au système de localisation des navires marchands de l'Atlantique, service de la Garde côtière... on put identifier 42 vaisseaux susceptibles d'avoir vu le Marine Sulphur Queen les 4 et 5 février. Le personnel de la Garde côtière vérifia auprès de chacun d'eux. Les résultats furent négatifs. Cer­tains appels téléphoniques purent faire croire que le navire se trouvait à Cuba ou à Porto Rico. D'autres services fédéraux vérifièrent ces alléga­tions, encore sans résultat.

»La compagnie d'exploitation du navire n'in­forma pas à temps la Garde côtière de l'ab­sence de communications avec lui... Elle pré­suma que le fait de n'avoir reçu ni le message de 48 heures ni celui de 24 heures avant l'ar­rivée du navire s'expliquait par la mauvaise température... A cause de tout le temps perdu, les recherches commencèrent plus tard qu'il n'aurait fallu...

»Le 20 février, un navire de la Marine améri­caine, destiné à la récupération des torpilles d'exercice et qui naviguait à 12 miles au sud-ouest de Key West Floride, aperçut et recueillit une sirène et un gilet de sauvetage marqués au nom du navire. La seconde phase des recherches commença alors (...)

» La   Marine   effectua   une   recherche   sous-marine... en se basant sur une probabilité de 80 pour cent de retrouver la carcasse du navire. Pendant cette période, on trouva d'autres débris et on les identifia comme provenant du Marine Sulphur Queen. Le 14 mars 1963... on abandonna les recherches.»

Le rapport retient quatre hypothèses pouvant expliquer ce naufrage:

«A. Une explosion peut s'être produite dans les réservoirs de la cargaison;

»B. La poutre-navire peut avoir cédé; le vais­seau se serait alors rompu en deux;

»C. Le vaisseau peut avoir chaviré sous l'effet d'un roulis synchrone;

»D. Une explosion de vapeur peut s'être pro­duite à la suite d'une inondation des espaces vides.

» Mais, au terme de ces longues investigations, la commission reconnaît que «la perte du navire serait intervenue très rapidement sans laisser le temps d'envoyer de message...»

Le Marine Sulphur Queen a-t-il lui aussi été happé par des O.V.N.I.?

 

Encore une disparition inexplicable

La même année, le 18 août, les annales de l'aviation font état du premier cas de dis­parition d'avion à réaction dans le triangle des Bermudes.

Ce jour-là, deux quadrimoteurs KC 135 Stato-tankers décollent de la base de Homestead, en Floride, au sud de Miami, pour accomplir une mission de ravitaillement en carburant, en vol.

Après avoir donné leur position à 300 miles au sud-est des Bermudes, les deux avions ne répon­dent plus aux appels de la tour de contrôle. Les recherches s'organisent rapidement et l'on retrouve, peu après, des débris d'avions à environ 260 miles au sud-ouest des Bermudes. Les enquê­teurs concluent logiquement à une collision entre les deux appareils, comme l'explique, le 30 août, le Miami Herald :

«Des débris éparpillés, recueillis jeudi sur l'Atlantique par des chercheurs, donnent lieu de croire à une collision entre les deux KC 135 disparus. On n'a pas retrouvé de survivants, ce qui fait craindre de plus en plus pour le sort des équipages.

» Trois radeaux de sauvetage vides et un casque d'aviateur portant le nom d'un des 11 hommes d'équipage flottaient sur l'océan.

»Le cargo Azalea City a ramassé ces objets, à peu près à mi-chemin entre Nassau et les Bermudes.

» Entre le casque et les radeaux, on a découvert aussi une combinaison jaune en caoutchouc et des morceaux de panneaux d'avion. L'armée de l'Air déclare que 50 avions et 36 navires inten­sifieront les recherches pendant toute la nuit pour retrouver les survivants.

»Le casque portait le nom de «Gardner». Or, le capitaine Gerald Gardner est au nombre des disparus.

» Les autorités de l'armée de l'Air, au Penta­gone, pensent que les deux avions ont dû entrer en collision pendant qu'ils faisaient route vers Homestead, alors qu'ils participaient à une mis­sion de ravitaillement normale mais secrète au-dessus de l'océan.»

Quelques jours plus tard, l'enquête rebondit : on a découvert d'autres épaves à 160 miles de distance. Or, les deux avions volaient à proximité l'un de l'autre et il est impossible que les courants aient pu ainsi séparer les débris.

Mais ces débris appartiennent-ils bien aux deux appareils ? Selon les autorités, il n'en est rien :

«Les recherches entreprises pour tenter de retrouver les survivants possibles de deux avions ravitailleurs disparus se sont concentrées samedi sur une superficie de dix miles carrés, à environ 260 miles au sud-ouest des Bermudes.

«Vendredi, on avait repéré un autre endroit où gisaient des débris. C'était à 160 miles de là. Cependant, les chercheurs ont précisé samedi qu'il n'y avait rien là de l'un ou de l'autre avion: « Seulement des algues, des morceaux de bois à la dérive et une vieille bouée», a déclaré le major Fred Brent, du service aérien de sauvetage de la base d'Orlando.»

 

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«Les avions qui tombent dans le sud des Bahamas ne laissent jamais de traces»

Deux ans plus tard, le 5 juin 1965, un autre avion s'évanouit à son tour dans le triangle des Bermudes.

Ce jour-là, un C 119 en mission de routine décolle de la même base de Homestead, en Floride, pour se rendre à la Grande île Turque (Grand Turk Island). En cours de vol, il donne sa position à la tour de contrôle, et indique qu'il compte atterrir à l'heure prévue. Depuis plus rien !

Le MiamiHerald publie, à ce sujet le 8 juin 1965, un article révélateur :

«L'appareil de l'aviation militaire et ses dix hommes d'équipage dont on est sans nouvelles se trouvaient à seulement 45 minutes des Baha­mas quand ils ont disparu mystérieusement...

«L'appareil n'était qu'à environ 100 miles de l'aéroport de la Grande île Turque, des Bahamas, au moment du dernier contact qu'on a eu avec lui. Le gros bi-moteur volait alors à proximité de l'île Crooked. Il était 11 heures du soir.

» Un porte-parole de la Garde côtière de Miami prétend qu'il n'avait donné «aucun signe de difficulté». «On n'a eu aucune nouvelle de lui depuis lors», a-t-il ajouté.

«Peut-être a-t-il éprouvé quelque problème de manœuvre et s'est-il détourné de sa course ; peut-être aussi a-t-il passé sa cible...»

«Lundi, des recherches ont été effectuées sur une immense superficie, les 100 000 miles carrés qui forment ce que les vieux pilotes appellent le Triangle des Bermudes...

» C'est dans cette immense étendue d'eau que des centaines d'avions, de navires et de sous-marins sont allés par le fond pendant la Seconde Guerre mondiale... Depuis lors, un certain nombre d'avions ont mystérieusement disparu là-bas.

«Comme c'est étrange ! disait un aviateur chevronné de Homestead, qui avait aussi bien l'expérience du temps de guerre que celle du temps de paix, les avions qui tombent dans le sud des Bahamas ne laissent jamais de traces. »

C'est le cas pour le C119 ; pas une seule épave, pas un seul signe de vie, et aucune lumière la nuit, bien que sept avions aient sillonné la région dimanche soir.»

 

Une force inconnue enlève un bateau

L'année suivante, l'aventure vécue par Don Henry apporte, elle aussi, de l'eau au moulin des ufologues et des soucoupistes.

Le 3 avril 1966, le capitaine Don Henry, pro­priétaire d'une compagnie de sauvetage en mer à Miami, la Sea Phantom exploration company, quitte Porto Rico en remorquant un vieux bateau qu'on lui a confié et qu'il doit ramener à Fort Lauderdale.

Au moment où son remorqueur, le Goods News, pénètre dans la Langue de l'Océan, après avoir dépassé les îles Exumas, au sud-est de Nassau, capitale des Bahamas, des cris reten­tissent soudain sur le pont. Le capitaine se précipite :

- Qu'est-ce qui se passe, nom de Dieu? hurle-t-il.

Il remarque tout de suite que la rosé des vents de son compas tourne à une vitesse incroyable. Tous les autres appareils du navire semblent être pris de la même frénésie.

C'est alors que les marins assistent à un spectacle absolument inouï : le vieux bateau remorqué par le Good News semble s'éloigner, soumis à une force surnaturelle : Cette force, «le tirait, le volait, le dérobait», dira plus tard Don Henry.

Les efforts conjugués des marins du Good News ne parviendront pas à arracher sa proie à la force inconnue...

 

Les disparitions se succèdent et... se ressemblent

Dans les années suivantes, les disparitions se poursuivent à un rythme soutenu.

Le mois de janvier 1967 paraît, à cet égard, très fertile. Le 11 janvier, un avion-cargo Chase Yc 122, transportant quatre personnes de Palm Beach à la Grande Bahamas, s'évanouit au nord-ouest de Bimini, aux Bahamas.

Le  même jour,  notent les ufologues,  Philip Quigley disparaît à bord de son petit avion entre Cozumel et le Honduras ; mais nous leur ferons remarquer que la zone survolée, les côtes sud du golfe du Mexique, est fort éloignée du triangle des Bermudes. Le 14, un mono-moteur Beech-craft Bonanza décolle de Key Largo, au sud de la Floride. On ne le reverra jamais. Le 20, un bimoteur Piper Apache, parti de l'aéroport inter­national de San Juan de Porto Rico, met le cap sur l'île Saint-Thomas, dans les îles Vierges, à l'est de Porto Rico. L'avion n'atteindra jamais sa destination.

Le 25 décembre de cette funeste année, à environ un mile de la côte de Miami, un bateau Witchcraft stoppe au voisinage de la bouée n° 7 afin que ses passagers contemplent les lumières de la ville. Il ne donnera plus jamais signe de vie.

 

Même les sous-marins n'échappent pas à la malédiction du triangle

L'année 1968 est marquée par la disparition — très rare dans les annales maritimes mo­dernes — d'un sous-marin nucléaire américain, le Scorpion.

Le 28 mai, le Scorpion, ayant 99 hommes à son bord, ne se présente pas à son port d'attache, Norfolk, en Virginie. Il a adressé son dernier mes­sage le 21 mai alors qu'il se trouvait à 250 miles à l'ouest des Açores, donc sur la frange nord du triangle des Bermudes.

Le 5 juin, il est considéré officiellement comme perdu. Quelques mois plus tard, un bâtiment de la Marine américaine, le Mizar, repère son épave à 460 miles des Açores (donc plus près encore du triangle), à une profondeur de plus de 300 mètres. Même s'il ne s'agit pas d'une disparition traditionnelle, conforme à la légende des Bermudes et exactement dans leur triangle, il n'en demeure pas moins que la cause de la perte du Scorpion demeure inexplicable.

Les conclusions de l'enquête officielle, révélées partiellement par l'Arizona Republic le 1er février 1969, résument les différentes thèses en présence :

«... La Marine annonce qu'une cour d'enquête de sept membres s'est déclarée incapable d'expli­quer la perte du Scorpion, qui a sombré en mai dernier...

» Jusqu'à présent, la seule preuve de la tragédie consiste en des photographies sous-marines prises par le navire de recherche Mizar.

Dans la partie non secrète des conclusions dévoilées hier, la Marine élimine deux causes possibles : 1°que le submersible ait donné contre une montagne ou un rocher sous-marin: 2° qu'il soit arrivé quelque chose au système de réaction-propulsion nucléaire.

»La Marine affirme qu'il n'y a pas d'élévations sous-marines dans la région et conclut, après l'audition d'un expert, que l'hypothèse d'un accident nucléaire peut être «écartée».

» La cour est également d'avis que la « perte du Scorpion n'est pas imputable au fait que l'exécu­tion de son programme de sécurité sous-marine n'était pas achevée».

» Aucune preuve de sabotage ou de quelque autre crime n'a été présentée à la cour.

» Aucune preuve non plus n'a trait à une colli­sion possible avec un autre sous-marin ou avec un navire, car «aucun navire américain n'a fait rapport d'une telle collision, et il en va de même pour les navires des autres pays».

Partout dans le rapport, la Marine souligne que le Scorpion avait un équipage expérimenté et sûr de lui, et qu'un tel équipage aurait rapidement réagi dans une situation d'urgence.

«S'il y avait eu une voie d'eau, un équipage aussi expérimenté et aguerri que celui du Scor­pion aurait normalement remédié vivement au problème», dit le rapport.

«Les photographies n'indiquent pas que la perte du submersible résulte de l'explosion d'une de ses propres torpilles», lit-on encore, «mais la cour étudie cette possibilité.»

 

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Passage dans une autre dimension ?

Toujours en 1968, le Times de Londres organise une course en solitaire, sans escale, autour du monde.

Dix hommes partent d'Angleterre dans l'espoir de gagner les 13 500 livres de récompense et la gloire.

Le 31 octobre 1968, Donald Crowhurst, un des dix concurrents, part à bord de son trimaran de 41 pieds, le Teignmouth Electron. Le 23 juin 1969, il envoie un message à sa femme pour lui dire qu'il est encalminé à environ 700 miles au sud-ouest des Açores, à l'entrée nord-est du triangle.

Quinze jours plus tard, à la même position, le navire-poste royal Picardy croise le Teignmouth Electron mais Donald Crowhurst n'est plus à bord.

Pendant les douze jours qui suivent l'étrange découverte, on ne trouve pas moins de quatre autres yachts déserts dans ces mêmes parages de l'Atlantique.

 

Un an plus tard, un homme seul dans son avion, fait une fantastique expérience.

Au cours de l'automne 1969, Ted Jones, à bord de son avion-école T 6 amélioré, puissant mono-moteur biplace à aile basse de la Seconde Guerre mondiale, décolle de Bimini, dans les Bahamas, en direction de Miami : 45 miles à survoler.

Jones met le cap plein ouest. A proximité de la côte de Floride, il rencontre un banc de nuages très étendu. Lorsqu'il en émerge, le pilote cons­tate qu'il n'est pas au-dessus de la Floride comme il le croyait, mais qu'il est revenu à Bimini. Or, il n'a pas modifié son cap.

Jones et son T 6 seraient-ils passés dans une «autre dimension» comme l'affirment certains ufologues ?

 

Une litanie angoissante

Si l'année 1970 ne semble avoir été marquée que par une seule disparition dans les parages, celle du Milton latrides ayant appareillé de La Nouvelle-Orléans à destination de Capetown avec un chargement d'huile végétale et de soude caustique en avril), en revanche l'année suivante présente un palmarès impressionnant.

Le 26 juillet 1971, un avion faisant route de Curaçao vers La Barbade s'évanouit littéralement, dans le triangle des Bermudes.

Le 10 septembre, un chasseur à réaction F 4 Phantom II décolle de la base aérienne de Homestead. On n'aura plus jamais de ses nouvelles.

Le 11 octobre, le Caribe, navire de 338 pieds, disparaît dans la mer des Antilles. On ne retrou­vera ni épave ni survivants.

Neuf jours plus tard, le 21 octobre, un avion-cargo quadrimoteur Super Constellation chargé de quartiers de bœuf congelés, ayant trois hommes à bord, vole au-dessus du Discoverer, navire de recherches océanographiques. L'équipage du bateau voit soudain le Constellation s'abattre en vrille dans la mer.

Pendant la période de Noël, un cabin-cruiser de 53 pieds, l'lxtapa, rentre de Cozumel au Mexique à Marathon, dans les Keys, au sud de la Floride. Il n'y parviendra jamais.

 

Encore une masse étrange au-dessus de l'océan

L'année suivante, de nouveaux incidents, sem­blables à ceux de 1953 et 1966, déconcertent les enquêteurs officiels.

En effet, à la suite d'apparitions inhabituelles dans le ciel, les appareils électriques présentent des défaillances surprenantes.

Un soir de septembre 1972, entre Featherbed Banks et Matheson Hammock, dans Biscayne Bay, en Floride, le barreur du Nightmare, bateau à moteur diesel, remarque que le compas est affecté d'une déviation de 90° par rapport à l'alignement des phares de sa destination, Coconut Grove.

Les lumières de bord baissent d'intensité, puis s'éteignent : il est impossible au bateau de gagner sa destination.

Les passagers aperçoivent tout à coup une grande forme sombre entre le bâtiment et Matheson Hammock, à un mile ou deux à l'ouest. Ils distinguent une «lueur mouvante qui pénètre dans la zone d'ombre, y reste un moment sus­pendue et disparaît».

Après quoi la rosé des vents du compas revient à la normale, la génératrice recharge les batteries et le navire reprend sa route.

Le même scénario se reproduit, six semaines plus tard, cette fois à bord d'un avion.

Le 15 novembre, un bimoteur Beechcraft décolle de Georgetown, île Gréât Exuma, aux Bahamas, avec neuf personnes à bord.

Dix minutes environ après le décollage, alors que l'appareil survole la Langue de l'Océan, au nord-ouest des îles Exumas, tous les instruments alimentés par l'électricité — compas, radio, lumières et même les contrôles hydrauliques — cessent brusquement de fonctionner et toutes les batteries se vident totalement.

Le pilote met alors le cap sur l'île Andros où il atterrit. Le lendemain, l'appareil décolle à nou­veau et parvient à Fort Lauderdale sans incident.

Dans OVNI/UFO
Epave du sapona mini

Le Triangle des Bermudes Part 2 : de 1900 à 1950

Par Le 04/09/2015

Le Triangle des Bermudes Part 2 : de 1900 à 1950 - 2012 - up 09-2015

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Epave du Sapona, échoué dans les années 30, suite à une tempête sur l'îlot Cat Key, au large de Bimini, Bahamas. Encore visible de nos jours.

Suite de la Partie 1

On aurait pu penser qu’avec les progrès techniques, l’endroit allait rejoindre la moyenne mondiale en terme de naufrages ou disparitions, mais il n’en a rien été, au contraire : aussi bien les navires à vapeur que les avions et les sous-marins, malgré leurs moteurs plus puissants et leurs équipements de plus en plus sophistiqués continuent a essuyer de lourdes pertes comme en témoignent les nombreux drames qui se multiplient.

 

L'un des premiers navires qui fit parler de lui au début du 20ième siècle fut le Freya, qui fit notamment l'objet d'un article dans la célèbre revue Nature publié le 25 avril 1907. Ce navire n'est pas en principe rattaché au Triangle des Bermudes puisqu'il a été en fait retrouvé, plus de vingt jours après sa disparition, de l'autre côté, dans le Pacifique, assez loin de la région en question... néanmoins il demeure plusieurs zones d'ombre sur sa trajectoire pour rejoindre le Pacifique, et un évènement survenu à cette même période pourrait laisser penser que le bateau ait été victime d'un séisme suivi d'un petit tsunami l'ayant entraîné au large...

 

Ce que l'on sait : le 3 octobre 1902, un trois-mâts allemand, le Freya, appareille à Manzanilla, petit port situé sur la côte méridionale de Cuba pour se diriger à Punta Arenas au Chili. Dans la mesure où le Canal de Panama n'est pas encore fini à l'époque, il est donc sensé faire le tour de l'Amérique du Sud pour remonter dans le Pacifique sur le Chili. Le problème est qu'il n'est jamais arrivé à destination et sera retrouvé 20 jours après la signalisation de sa disparition (dates inconnues), mais probablement dans le Pacifique si on suit l'article de Nature de 1907 :

" ...Un autre grand tremblement de terre s'est ajouté à ceux qui trahissent depuis peu un accroissement de l'acti­vité sismique et volcanique le long des côtes américaines du Pacifique. Les tremblements du fond marin sont fréquents dans cette région. Les navires en ressentent les contrecoups, même quand ces secousses passent inaperçues sur la côte. Une fois au moins un navire semble avoir fait naufrage à cause d'un phénomène de ce genre. Le cas est remarquable. Le 23 octobre 1902, un petit trois-mâts allemand, le Freya, fut retrouvé, vingt jours après son appareillage, partiellement démâté. Entre-temps, on n'avait eu de nouvelles ni du capitaine, ni de l'équipage. Rien ne pouvait expliquer l'état du navire, mais un petit calendrier, dans la cabine du capitaine, indiquait que la catastrophe avait dû se produire le 4 octobre, peu après que le navire eut gagné le large, comme l'ancre trouvée encore ballante à la proue sem­blerait le démontrer. Les bulletins météorolo­giques montrent que du 3 au 5 octobre, les vents étaient légers. Par ailleurs, de forts tremblements de terre secouèrent la région les 4 et 5 octobre. L'un d'eux causa probablement des avaries au Freya, que l'équipage a dû alors abandonner. " (Nature 25-04-1907).

Vous remarquerez de grosses incohérences sur ce cas : comment, s'il est bien parti de Cuba le 03-10-1902, le Freya aurait-il pu se retrouver dans le Pacifique, victime de séismes survenus les 4 et 5 dans le Pacifique, et retrouvé 20 jours après seulement dans le Pacifique ? Je rappelle : pas de Canal de Panama à l'époque... donc soit le Freya n'est pas parti de Cuba, soit il n'a pas été retrouvé dans le Pacifique mais bien dans l'Atlantique (pas de preuves concrètes là-dessus non plus !)...

 

Vague géante

Un phénomène marque les esprits le 29 août 1916, dans la bordure sud du Triangle, entre Cuba et Porto Rico. Deux navires de combat américain, le cuirassé Memphis et la canonnière Castine mouillent dans le port d'Hispaniola (ancien nom de l'île de Saint-Domingue-partagée entre Haiti et la République Dominicaine). Ce jour-là était ordinaire, avec un beau temps, un beau ciel bleu sans nuages, pas de vent et une mer d'huile. Mais en début d'après-midi, le Capitaine Kenneth Bennet de la Castine et le Capitaine Edward K. Beach, commandant du Memphis s'aperçoivent que leurs bateaux gitent et tanguent anormalement et que cela augmente de minute en minute. Par prudence, ils donnent l'ordre de mettre les chaudières sous pression et de prendre le large, mais les mouvements désordonnés des navires retardent les manoeuvres : les hommes d'équipage, ballotés d'une paroi à l'autre, ont du mal a effectuer convenablement leur tâche.

D'après les observations météorologiques de la journée, la mer est toujours calme... mais tout à coup, sans que rien ne laisse présager un phénomène si violent, des vagues gigantesques, comme "des murailles liquides", s'approchent à toute vitesse de la rade et déferlent sur les navires.

La Castine réussit à lever l'ancre à temps et à gagner la haute mer, mais la canonnière y rencontre autant de problèmes qu'à proximité du rivage. Là, les vagues ne déferlent plus mais, hautes et raides, elles sub­mergent tout : des marins passent par-dessus bord et la Castine subit des dommages matériels énormes.

Pendant ce temps, un drame se joue à bord du Memphis. Le cuirassé, ses chaudières détériorées en panne, ne peut quitter la rade. Les mécaniciens sont ébouillantés par les jets de vapeurs qui s'échappent des tuyaux brisés dans la salle des machines, ou précipités dans les chaudières et brûlés vifs. Des objets tombent de partout et il est impossible d'organiser une mise à la mer de chaloupes. Soudain, l'ancre est arrachée et le bateau est précipité sur les récifs pendant qu'à terre, des secours s'organisent pour tenter de sauver l'équipage. Un peu avant 17 heures, le gros cuirassé s'échoue sur le fond de corail, à trente mètres des rochers, les sauveteurs se précipitent et réussissent à évacuer l'équipage, morts, blessés et survivants juste à temps avant qu'une dernière vague monstrueuse fracasse le Memphis sur les rochers. Ce dernier n'est plus qu'une épave à la dérive.

Les océanologues s'interrogent encore sur l'ori­gine et la nature de ces vagues géantes qui cau­sèrent la perte d'un des plus grands navires de guerre de l'époque, orgueil de la flotte améri­caine. Probablement des grandes lames de fond consécutives à un séisme sous-marin, non détecté à l'époque. Mais, après ce dramatique nau­frage, le vaisseau devient le théâtre d'événements étranges.

Lorsque la mer se calme, quelques mem­bres de l'équipage se rendent à bord pour récupérer des vivres et du matériel, du moins ce qu'il en reste.

Dans un entrepont inférieur, s'élèvent soudain des gémissements difficiles à localiser et qui semblent provenir de multiples côtés à la fois. Les matelots se regardent, apeurés, mais concluent vite, avec soulagement, que ce ne sont que les craquements du navire ballotté par les flots.

Ils continuent leurs investigations et pénètrent alors dans un autre compartiment où une ombre insolite les attend. Ils avancent, la lampe braquée en avant, et se trouvent face à un spectre au visage morne et gris qui les regarde un instant avant de faire demi-tour.

Terrorisés, les hommes du Memphis s'enfuient à toutes jambes. Lorsqu'ils racontent leur étrange aventure, leurs camarades, incrédules, se mo­quent d'eux. Pourtant, deux autres spectres seront «rencontrés» par d'autres matelots. L'un de ceux-ci précisera même que « les fantômes res­semblaient à Teschak et Dugan, morts pendant la catastrophe».

 

Worley, le capitaine fou du «Cyclops»

Peu de temps avant la fin de la Première Guerre mondiale, la marine américaine perd un autre grand navire, le ravitailleur Cyclops.

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En janvier 1918, le Cyclops quitte Norfolk avec une cargaison de charbon, du courrier et du ravi­taillement pour la flotte de guerre américaine mouillée au large de la côte orientale de l'Amé­rique du Sud. Le navire est commandé par le capitaine de frégate George W. Worley.

D'après différents témoignages de marins, le capitaine Worley ne paraît pas jouir d'un excellent équilibre : il arpente le pont de son navire «le cigare au coin de la bouche, couvert de ses seuls sous-vêtements, et coiffé de son chapeau melon ».

Pendant la traversée, raconte Conrad Nervig, un enseigne de vaisseau qui a quitté le Cyclops peu de temps avant le naufrage, « il arriva des quantités de choses insolites sur la route de l'Amérique du Sud: d'abord, en quittant les chantiers navals de Norfolk, le Cyclops faillit entrer en collision avec le Survey qui partait à la chasse aux sous-marins en Méditerranée; la sou­pape de sécurité d'une chaudière sauta...; puis le navire dépassa le port de Rio (...) Puis il y eut le pauvre matelot noyé après avoir été assommé par une des hélices (...) »

Le 28 janvier, le Cyclops atteint Rio où Worley, selon les ordres reçus, fait monter à bord cinq condamnés à mort qu'il doit rapatrier. Puis il fait décharger le ravitaillement apporté à la flotte américaine.

Une semaine plus tard, le 3 février, le capitaine Worley fait charger une nouvelle cargaison (onze mille tonnes de manganèse) et remonte jusqu'à Bahia qu'il atteint le 21 février.

Le lendemain, le Cyclops prend le chemin du retour, à destination de Norfolk.

 

Mystérieuse escale à l'île de la Barbade

Malgré l'ordre de rallier Norfolk directement, le Cyclops, pour des raisons inconnues, fait escale à la Barbade, l'île la plus orientale des Antilles. Le 3 mars, il parvient à Bridgetown, située à l'ex­trémité occidentale de l'île, mais le petit port ne peut recevoir un navire de ce tonnage et Worley fait jeter l'ancre à un mille au large.

Le consul des Etats-Unis à la Barbade, Brockholst Livingston, se rend à bord du ravitailleur où le capitaine lui demande de l'argent, du charbon et du ravitaillement pour pouvoir gagner ... les Bermudes.

Le lendemain, le Cyclops met cap au sud et pénètre dans le triangle des Bermudes. Le 5 mars, le paquebot britannique Vestris, de la Lampert and Holt Unes, entre en contact radio avec le Cyclops qui semble poursuivre sa route dans d'excellentes conditions.

C'est la dernière fois que l'on entend parler du Cyclops qui disparaîtra avec 309 personnes à son bord.

 

La marine est fort inquiète

Le retard du plus grand ravitailleur de l'U.S. Navy n'est signalé officiellement que six semai­nes plus tard par le ministère de la Marine qui déclare:

« On ne trouve aucune raison satisfaisante pour expliquer le retard du Cyclops, puisque le navire n'a pas communiqué par radio et n'a laissé aucune trace depuis qu'il a quitté le port des Indes occidentales. Le temps, dans la région, n'a pas été mauvais et n'aurait guère pu créer de difficultés au Cyclops. Un sous-marin ou quelque autre assaillant pourrait l'avoir coulé, mais aucun rapport n'indique une présence ennemie dans la région...

» On a appris qu'un des deux moteurs du Cyclops avait eu une avarie et que le vaisseau naviguait à vitesse réduite à l'aide du second, adapté à cette fin. Mais même si ses moteurs avaient été complètement hors d'usage, on pouvait tout de même utiliser la radio.

» Les recherches se poursuivent mais la Marine 

se déclare fort inquiète pour la sécurité de ce navire.»

Selon les ordres du ministère, des instructions sont données à tous les bâtiments de ratisser le secteur fatidique, comme l'atteste cet article du Virginian Pilot en date du 16 avril 1918:

«Washington, 15 avril... Les autorités se refusent à croire que le grand ravitailleur de 19.000 tonnes et les 309 personnes à son bord pourraient avoir disparu sans laisser un seul vestige. Elles ont par conséquent donné l'ordre à tous les navires partis à sa recherche de passer au peigne fin la route du Cyclops et de visiter chacune des nombreuses îles qui parsèment cette région de l'océan.

» Les autorités de la Marine avouent franche­ment qu'aucune des hypothèses avancées jus­qu'ici pour expliquer la disparition du Cyclops... ne résiste à l'analyse. Une explosion qui se serait produite à l'intérieur du navire aurait pu détruire en un instant ses sources de pouvoir moteur et de T.S.F., mais il y aurait eu des épaves flottant encore pour marquer le lieu du naufrage.

» Un ouragan soudain, chose peu rare dans ces parages, aurait désemparé et englouti le navire, mais là encore, fait-on remarquer, la catastrophe aurait laissé quelques vestiges.»

 

Le capitaine Worley a-t-il trahi les U.S.A.?

Après bien des efforts, les recherches sont abandonnées dans le courant du mois de mai.

Le service de renseignement de la Marine retient plusieurs hypothèses. En premier lieu, l'équipage mutiné se serait rendu maître du navire qu'il aurait emmené loin des routes com­merciales. Oh envisage ensuite la possibilité de trahisons, d'une part du capitaine Worley, d'ori­gine allemande, qui aurait livré son bâtiment à l'ennemi, d'autre part d'un passager, le consul général des U.S.A. à Rio de Janeiro, connu pour ses sympathies envers l'Allemagne. Le Cyclops aurait peut-être été torpillé et sa cargaison, très inflammable, aurait explosé. Enfin, dernière hypothèse, le Cyclops aurait sombré à la suite de tensions provoquées par le tangage.

L'étonnant télégramme, adressé par le consul américain à la Barbade, Livingston, au départe­ment d'Etat américain, n'apporte pas d'éclair­cissement au mystère de la disparition du ravitail­leur.

En voici le texte :

«Secrétaire d'Etat

Washington 17 avril, 14 heures.

«Référence message confidentiel du départe­ment daté du 15, commandant Cyclops déclarait avoir besoin 600 tonnes charbon pour atteindre Bermudes. Moteurs très mauvais état. Fonds insuffisants et demanda paiement par moi, pro­cédure inhabituelle. Ai appris qu'il a chargé ici une tonne de viande fraîche, une tonne de farine, plusieurs tonnes de légumes, le tout payé 775 dol­lars. Ai appris de différentes sources ce qui suit. Il avait assez de charbon, de qualité paraît-il infé­rieure; il en a pris probablement plus de 1500 ton­nes. Le commandant est appelé par beaucoup le «damné Hollandais», apparemment mal vu par les autres officiers. Rumeurs de troubles pendant le voyage jusqu'ici ; des hommes arrêtés, un autre exécuté; également complot de prisonniers. Consul général des Etats-Unis Gottschalk parmi les passagers. 231 hommes d'équipage plus offi­ciers et passagers. Ci-joint noms des membres de l'équipage, liste passagers et officiers incomplète. 

Nombreux noms germaniques. Nombreux mes­sages télégraphiques ou sans fil adressés au commandant ou au navire, arrivés ici au port. Tous les télégrammes pour la Barbade transmis au bureau principal Saint Thomas. Suggère les examiner de près. Sans avoir aucune preuve for­melle, crains pire que naufrage, bien que peut-être influencé par antipathie instinctive pour le commandant.

Livingston, consul.»

La réception de ce message ne fait que rendre l'affaire plus obscure pour le ministère de la Marine. Cette disparition du Cyclops ne sera jamais éclaircie et reste l'une des énigmes les plus déconcertantes des annales maritimes.

 

Le cimetière des marins

Trois ans environ après, le triangle des Bermudes défraie à nouveau la chronique avec l'affaire du Carroll A. Deering.

Le 31 janvier 1921, par un matin froid et gris, cette goélette à cinq mâts est retrouvée échouée sur les Diamond Shoals, à 90 miles du cap Fear, au large de la Caroline du Nord, face aux Bermudes. A part deux chats épargnés par l'océan en furie qui avait balayé le pont, le navire était complète­ment désert.

La presse ne tarde pas à s'emparer de l'affaire. Le 5 février, un correspondant dépêché sur les lieux par son journal, le Virginian Pilot, livre aux lecteurs les premiers éléments de son enquête.

« On a appris de façon sûre que la goélette aban­donnée toutes voiles dehors... est le Carroll A. Deering... On a pu monter à bord... et, après une inspection rapide, on s'est rendu compte que le navire était irrécupérable. L'action incessante des vagues avait déchiré ses coutures et la désinté­gration par l'eau avait affaibli sa cale au point qu'on ne saurait songer à la réparer...

» A son départ pour l'Amérique du Sud, en sep­tembre dernier, il était sous les ordres du capitaine Merritt, l'un de ses propriétaires, l'autre étant G.G. Deering, qui avait baptisé le navire du nom de son fils. Après quelques jours, Merritt tomba malade et dut revenir...

» Le capitaine Wormwell, un vieux loup de mer de 66 ans, qui avait pris sa retraite trois ans auparavant, le remplaça. Il fit l'aller avec succès et, au retour, il se rendit jusqu'aux Diamond Shoals, autant que l'on puisse voir, où il fit naufrage. Comment le navire a-t-il pu être abandonné, toutes voiles hissées et sans être apparemment endommagé, c'est encore un mystère. On n'a pas de nouvelles du capitaine Wormwell ni d'aucun autre membre de l'équipage.

» Certains ont cru à une mutinerie, mais cette conjecture ne tient pour ainsi dire pas. Les hauts-fonds de cet endroit sont connus depuis long­temps comme «le cimetière des marins». Quel­ques-uns pensent qu'un terrible vent s'est levé quand le Deering passait au large et que l'équi­page, connaissant par tradition sa dangereuse situation, aurait été pris de panique et aurait tenté de gagner le rivage dans les canots. De deux choses l'une, en ce cas : la tempête qui, on le sait, avait cours, aurait fait chavirer les canots ou bien un autre navire aurait pris les naufragés à bord.»

 

Un mystérieux message dans une bouteille

Durant tout le mois de février 1921, les autorités maritimes américaines mènent une enquête serrée pour découvrir les raisons de ce drame. Des recherches sont entreprises au large de la Caroline du Nord pour retrouver les marins disparus. Mais là, nulle trace: le triangle maudit semble avoir englouti tout l'équipage.

Les choses en restent là, quand brusquement l'affaire rebondit en juin 1921, quelques mois après la tragique découverte du Carroll A. Deering.

Dans un article retentissant publié en première page du New York Times, le 21 juin 1921, le grand quotidien américain évoque le drame du Deering et se demande s'il ne doit pas être relié à certaines autres disparitions. Sans formuler une accusation précise et directe contre l'Union soviétique, le New York Times laisse cependant entendre que les pirates sont peut-être des «sympathisants soviétiques».

Voici le texte de cet important article:

«L'équipage du navire américain a disparu et des preuves apparemment concluantes démon­trent que ces hommes ont été faits prisonniers par un autre vaisseau, puis amenés on ne sait où, si toutefois on ne les a pas assassinés.

»Un deuxième navire américain est depuis longtemps en retard et l'on est sans nouvelles de deux autres bateaux américains dans des circons­tances qui donnent à penser que leur disparition est liée de quelque façon à la capture de l'équi­page du premier navire mentionné ci-haut.

»Le gouvernement des Etats-Unis a entrepris d'éclaircir ces mystères qui, de l'avis des auto­rités, indiquent une recrudescence de la pira­terie d'antan au large de la côte de l'Atlantique ou bien donnent lieu de croire que ces navires auraient été capturés pour le bénéfice de la Russie soviétique.

»Les autorités accordent qu'il n'est pas facile, de nos jours, de croire à des actes de piraterie perpétrés dans les eaux territoriales des Etats-Unis ou à proximité, mais les indices sont tels qu'on ne peut faire autrement que de soupçonner pareille chose.

»Le département d'Etat... le département du Trésor, par le truchement de la Garde côtière... la Marine... le département du Commerce... (et) le département de la Justice... travaillent sur ces affaires en se basant sur l'hypothèse d'une rela­tion entre ces mystérieux incidents.

»ll y a plusieurs mois, la goélette à cinq mâts Carroll A. Deering de Portland, Maine, a été trou­vée abandonnée aux Diamond Shoals, Caroline du Nord, toutes voiles hissées et déserte... Tout indiquait qu'on l'avait abandonnée en hâte et sans motif imaginable, car le navire était en bon état et avait des réserves de nourriture. Un repas allait même être servi. Cependant, ses canots avaient disparu.»

Et voici que, un peu plus tard, une bouteille roula jusqu'à la rive. Elle contenait un message... qui se lisait comme suit:

«Un navire-citerne ou un sous-marin fonction­nant au mazout nous a abordés et a mis notre équipage aux fers. Avertissez le siège social de la compagnie tout de suite».

«Le Deering avait un équipage de douze hommes, y compris le capitaine. On n'en a pas retrouvé trace... On a comparé l'écriture du mes­sage avec celle de l'officier de bord et les experts en calligraphie s'accordent à dire que la note est bien de lui.

»Le steamer d'acier Hewitt, de Portland, Maine,... manque également à l'appel. Il était peut-être au large des Diamond Shoals vers le temps où le Deering s'est échoué, et les auto­rités sont d'avis qu'il navigue encore et qu'il est intact.

»Un  porte-parole du département du Commerce a déclaré aujourd'hui que deux autres steamers américains ont disparu dans des cir­constances qui, selon les autorités... indiquent qu'ils n'ont pas sombré. Les milieux officiels, on l'admet ouvertement, soupçonnent que ces na­vires ont été victimes soit de pirates, soit de sym­pathisants soviétiques. On n'a pu s'assurer des noms de ces navires et les autorités sont restées très vagues sur les détails de ces disparitions.»

 

Pirates soviétiques ou mauvais temps?

Deux jours après la publication de cet article, les services de la police new-yorkaise semblent confirmer la thèse d'une action soviétique et révè­lent qu'effectivement des ouvriers russes des Etats-Unis et du Canada ont, un an auparavant, résolu que certains de leurs membres s'embau­cheraient à bord de steamers, se mutineraient, puis dirigeraient ces bâtiments vers des ports soviétiques.

Mais cette hypothèse, qui concorde avec certai­nes pratiques soviétiques, à l'époque et plus tard, ne tarde pas à faire long feu. Il semble bien que seul le mauvais temps ait provoqué cet effroyable drame ; c'est du moins ce qu'affirment les respon­sables du bureau météorologique américain.

«Les autorités du bureau météorologique ont exprimé ce soir l'hypothèse qu'une partie des quelque douze navires réputés disparus mysté­rieusement dans l'Atlantique Nord auraient trou­vé leur perte au cours des tempêtes particulièrement violentes qui se sont abattues sur la région dans les premières semaines de février 1921.

» Des relevés montrent qu'une tempête, durant laquelle les vents ont atteint une vitesse de 90 miles à l'heure, a balayé des routes de l'Atlantique Nord vers le 6 février sur une distance 1000 miles. Cette tempête a duré trois jours. De nou­veau, le 15, une tempête s'est élevée au milieu de l'océan et a fait rage pendant 72 heures.

» La disparition de l'équipage entier de la goé­lette Carroll A. Deering..., s'explique peut-être par le fait que, ayant tenté de s'échapper dans les canots, il aurait ainsi couru à sa perte...

»Un certain nombre de navires... ont subi les tempêtes de février et ont pu gagner les ports, mais non sans avaries.»

 

«Danger comme un poignard»

Quatre ans après l'affaire du Deering, une nouvelle tragédie «bermudienne» frappe cette fois un navire japonais, le Raifuku Maru.

Selon Charles Hocking, auteur du Dictionary of disasters at Sea (1) (Le Dictionnaire des drames de la mer), le «vaisseau japonais Raifuku Maru quitta Boston le 18 avril 1925, à destination de Ham­bourg, avec une cargaison de blé. Peu après, il dut faire face à une très grosse mer et, le lendemain matin, il était en détresse. Il lança un S.O.S. qui fut capté par le Homeric, paquebot de 34 356 tonnes, sous les ordres du capitaine Roberts, à 70 miles de là. Ensuite, il y eut un autre message, qui disait que tous les canots de sauvetage étaient en mor­ceaux. Enfin, un dernier message disait: «Som­mes maintenant en grand danger. Venez vite.»

«Le Homeric capta ce message juste avant d'apercevoir l'épave. Le paquebot fonçait vers l'endroit indiqué à travers une mer houleuse, à une vitesse de 20 nœuds. L'endroit est à 41° 43' de latitude nord et 61° 39' de longitude ouest, soit à 400 miles à l'est de Boston et 700 miles directe­ment au nord des Bermudes [sur la frange nord du triangle]. Il trouva le cargo incliné à 30 degrés et passablement désemparé. Il approcha aussi près que possible de celui-ci dans l'espoir de recueillir les survivants, mais les 48 membres de l'équipage s'étaient tous noyés, car la mer était démontée.»

Les enquêteurs chargés de l'affaire n'ont pas manqué d'être extrêmement intrigués par le texte du premier message adressé par le navire japo­nais: «Danger comme un poignard (...) Nous ne pouvons échapper

Bien des années après la catastrophe, les auteurs qui se sont penchés sur le naufrage du Raifuku Maru ont envisagé deux hypothèses: les uns affirment que le vaisseau a été enlevé par des O.V.N.I., tandis que d'autres pensent simplement qu'un cyclone l'aurait envoyé par le fond.

La première hypothèse paraît, il faut le recon­naître, quelque peu invraisemblable.

Les engins extra-terrestres sont généralement décrits, on l'a vu, sous forme de soucoupes, de dômes, de cigares mais jamais de poignard ! Ce­pendant, les partisans de cette théorie soutien­nent que les messages du Raifuku Maru laissent entendre que l'équipage a été frappé de stupeur: « Danger comme un poignard... Nous ne pouvons échapper... Venez vite!» Cela ne rappelle-t-il pas, disent les défenseurs de cette hypothèse, l'im­pression de paralysie, d'hébétude, de terreur res­sentie par les nombreux témoins qui ont vu des O.V.N.I.?

 

L'appel au secours d'un homme effrayé

La deuxième hypothèse, bien que plus vrai­semblable, se heurte, elle aussi, à quelques difficultés.

Si les météorologistes ne s'accordent pas sur la capacité de destruction d'un cyclone, tous admet­tent cependant qu'une tornade en mer peut oc­casionner bien des dégâts et entraîner parfois de véritables catastrophes. Mais qu'est devenue l'épave du cargo japonais? A-t-elle été complète­ment pulvérisée?

Et comment expliquer le message du Raifuku Marul ? Certains suggèrent que l'équipage japo­nais, n'ayant jamais essuyé de tornade, a été frappé par sa ressemblance avec un coup de poignard. C'est peu plausible car tout marin est capable de décrire en termes simples et précis un cyclone, une tornade, une tempête, un raz de marée, ou n'importe quel phénomène physique naturel. (YH : les japonais connaissent très bien le même phénomène appelé typhon chez eux...)

On peut donc supposer que le radio s'est trouvé face à quelque chose d'anormal, qu'aucun terme technique ne pouvait décrire. Mais qu'a-t-il ren­contré? Qu'a-t-il vu? Qu'a-t-il ressenti? Son mes­sage est l'appel au secours d'un homme effrayé, mais par quoi? L'énigme reste entière...

YH : Pour régler les problèmes d'assurances, les enquêteurs ont conclu, sans autre preuve que leurs déductions, que le message était à l'origine " Now very danger. Come Quick ! (Danger imminent. Venez vite !) " mais que des interférences éléctriques auraient fait croire à " « Danger poignard. Venez vite ! »...

 

(1) Ce dictionnaire a été établi à partir des archives de la Lloyd's, la célèbre compagnie d'assurances londonienne qui en dirigea la publication.

 

La liste des cargos, des bateaux de pêche ou de plaisance, des steamers disparus dans le triangle des Bermudes ne fait que s'allonger avec le temps qui passe.

Souvent ces bateaux s'évanouissent en mer, sans le moindre indice, la moindre épave, comme  l'Esperanza de Larrinaga, un bâtiment britanni­que; le Monte San Michèle, un navire italien; le Cabello, un bateau brésilien; l'Ottawa, un tanker anglais; le Streisund, le Florino et le Svartskog, tous trois battant pavillon norvégien.

 

Citons encore le Copotaxi, parti de Charleston pour La Havane le 29 novembre 1925 avec une cargaison de charbon. Il ne parviendra jamais à destination et toutes les recherches entreprises pour le retrouver demeureront vaines.

L'année suivante, le 13 mars 1926, le cargo Suduffco quitte Port Newark, dans le New-Jersey, à destination de Los Angeles. Il passera donc dans le triangle des Bermudes. A son bord, un équi­page de 29 hommes et une cargaison diversifiée de 4000 tonnes dont un gros chargement de tuyaux d'acier. Le cargo sera attendu en vain à Los Angeles et personne n'entendra plus jamais parler de lui. Le 08 avril 1926, un dirigeant de la société Transmarine corporation, propriétaire du bâtiment, affirme que le Suduffco a été «comme avalé par un gigantesque monstre marin». Et il ajoute : «Tout ce qu'on sait, c'est qu'il a disparu au sud du New Jersey, dans le triangle des Ber­mudes».

 

Drame à Islamorada

La terrible malédiction qui semble régner dans ce triangle ne s'exerce pas seulement sur les ba­teaux : les îles qui s'y trouvent ne sont pas épargnées.

Le 5 septembre 1935, la petite île de Islamorada, qui fait partie de l'archipel des Keys prolongeant au sud la Floride, est le théâtre d'un drame affreux.

Pour les habitants de l'île, rassemblés dans les cafés autour de la gare, c'est un jour de fête.

Karl Sudor, un des rares pêcheurs à être en mer ce jour-là, remarque vers midi que le vent se lève. Il regagne la terre à grand-peine, car les rafales augmentent de minute en minute, annonçant un terrible ouragan.

Aussitôt, à Miami, les services des chemins de fer organisent l'évacuation des insulaires mena­cés. Un train de secours, appelé « le chemin de fer de la mer», est envoyé à travers les vingt-neuf îles reliées entre elles par des ponts ou des viaducs en pierre.

A Islamorada, la tempête est à son paroxysme et les mille habitants de l'île, massés sur les quais de la gare, se cramponnent aux rails ou s'accrochent aux poteaux télégraphiques, pour ne pas être emportés. Des dizaines de mal­heureux sont décapités à l'arrivée du train; affolés, les survivants se ruent dans les wa­gons; à ce moment une vague monstrueuse, venue de la mer déchaînée, balaie tout sur son passage.

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