Articles de yvesh
160 kg d'outils datant de 235.000 ans trouvés en Malaisie
160 kg d'outils datant de 235.000 ans trouvés en Malaisie
Sur la côte Est du Sabah,dans la vallée de Mansuli, des archéologues ont découvert les traces de vie humaine les plus anciennes de Malaisie.
L’histoire fera rêver les Indiana Jones en herbe. A partir d’ une réserve forestière, les chercheurs sont tombés sur un véritable trésor archéologique: plus de 160 kilos d’outillage datant de 235.000 ans avant J.-C.
Ces traces de vie humaine prouvent que des groupements d’hommes vivaient déjà dans le Sabah à la période paléolithique ("âge de pierre"). C’est 27.000 ans plus tôt que les estimations qui prévalaient jusque-là !
Les recherches fructueuses ont été menées conjointement par l’Université Sains Malaysia et le Musée de Sabah. D’autres sites à fort potentiel font également partie du même programme d’archéologie, notamment au niveau du district Apin-Apin dans le Keningau. Cela laisse présager de nouvelles découvertes tout aussi surprenantes dans les prochains mois.
Yves Herbo 04-2012
OVNI en direct de Kaboul sur France 2
OVNI en direct de Kaboul sur France 2
A la fin du journal de 13h de France 2 du dimanche 15 avril 2012, lorsque le correspondant parle en direct de Kaboul, Afghanistan, on voit en haut à gauche un objet bien curieux, fixe, ou qui semble presque immobile (localisé à 19:51 de la vidéo).
Ensuite le plan est plus serré, mais quand il repasse en plan large (localisé à 20:31), pour l’avoir vu en direct à la télé, autour de l’objet ça bougeait, un peu comme on voit la chaleur du bitume l’été sur une route. On voit pas bien cet effet sur la rediffusion internet. Bref, drone, hélico en rapport avec les évènements qui se passent là-bas ou ovni ?
En regardant la video image par image, il semble que l'objet dérive très lentement vers la gauche. Etant donné la distance apparente de l'objet, ce dernier devait être assez gros et je ne vois qu'un ballon personnellement pouvant correspondre en taille et comportement... ou effectivement un objet inconnu, et qui le restera vu l'apparence de l'objet (dommage que si peu d'appareils d'enregistrement soient équipés de bonnettes spectrales permettant une analyse fine de la nature des objets filmés...)
Vidéo France 2 (journal complet : aller à la fin vers 19:50) : http://www.pluzz.fr/jt-13h-2012-04-15-12h59.html
http://area51blog.wordpress.com/2012/04/15/ovni-au-journal-televise-de-france-2/#comments
Yves Herbo 04-2012
Nouveau défilé de tornades aux USA ce week-end
Nouveau défilé de tornades aux USA ce week-end
122 tornades ont été répertoriées rien que ce samedi 14 avril 2012, notamment dans le Nebraska, le Kansas et l'Iowa qui évacua un village, mais c'est dimanche que la ville de Woodward, 12.000 habitants, en Oklahoma, a été la plus touchée par une nouvelle vague de tornades ravageuses, détruisant l'hopital, de nombreuses constructions, faisant voler des tracteurs et y a malheusement tué 5 personnes, dont 3 enfants. Les tornades ont traversé le Minesota, le Wisconsin et l'Arkansas, à partir de 22H annonce la Météo Nationale, puis se sont étendues après minuit au Missouri et à l'Illinois. Les grandes villes de St. Louis, Little Rock, Minneapolis et St. Paul ont été mises en alerte.
A Woodward, 89 maisons, 13 entreprises, le système d'alerte et l'électricité ont été détruits pendant la nuit... c'est un miracle qu'il n'y ait pas eu plus de victimes d'après les spécialistes.
Pour 2011, le service de la Météorologie Nationale américain a répertorié officiellement 1.691 tornades, qui ont fait 550 morts et des millions de dollars de dégâts, ce qui en fait la 5ième en nombre dans l'histoire des USA...
(CNN 16/04/2012 traduction Yves Herbo)
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 2
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 2
I) suite
La création ex nihilo par les banques
Expliquons cet effet à l'aide d'un exemple :
Imaginons que vous fassiez un dépôt de 1.000 euros en billets (monnaie centrale dite aussi “de premier niveau”) auprès de votre banque. Non seulement cette banque peut alors disposer à son gré de ces 1.000 euros, tout en sachant qu’elle vous les doit (c’est inscrit dans sa comptabilité), mais en plus, du fait de ce dépôt, elle est autorisée à ouvrir, pour un autre client, un crédit d’un montant légèrement inférieur, la différence étant ce qui correspond aux “réserves obligatoires”. Si cette réserve est fixée à 10 pour 100, soit un “ratio de réserve” ou “taux de couverture” c = 0.1, votre dépôt de 1.000 euros permet à votre banque d’ouvrir 1.000 x (1 -0,1) = 900 euros de crédit supplémentaire (ou crédit de second niveau) pour un autre client. Celui-ci, en le dépensant, tire un chèque qui va fatalement aboutir à une banque, la même ou une autre, et celle-ci pourra alors ouvrir, elle aussi, un crédit supplémentaire de 900 moins les 90 de réserve obligatoire, soit 810 euros de crédit de troisième niveau. Cette banque aura de ce fait 900 + 810 = 1.710 euros sur son compte de dépôt. Au quatrième niveau de cette chaîne de crédits, une autre banque créera de même 729 euros, une cinquième 656 euros, etc. Il s’agit d’une série mathématique dont la théorie montre que la somme de tous ces crédits ouverts à partir des 1.000 euros initiaux est 1/c, soit ici 1/0,1 = 10 fois la somme de départ. Autrement dit, si l’obligation de réserve impose un taux de couverture c, les banques peuvent multiplier les crédits qu’elles créent par le facteur multiplicateur N = 1/c.
Jusque dans les années 1970 chaque pays était libre de fixer son propre taux de couverture. Mais l’activité des banques étant devenue de plus en plus internationale, il a fallu harmoniser ces taux. Un premier accord a été signé à Bâle, en 1974, puis une valeur commune a été adoptée d’abord par une dizaine de grands pays occidentaux, et acceptée ensuite par plus de 100 pays, en 1988, il s’agit du ratio Cooke, qui fixait la réserve obligatoire à c = 8%. Ce système donnait donc alors aux banques secondaires la possibilité de multiplier par 12,5 le montant de la monnaie scripturale en circulation.
La seule limite à cette création est le risque que court la banque, si elle prête à des clients incapables de la rembourser, d’être entraînée dans leur faillite. Cette “couverture” n’avait pas d’autre raison d’être que d’éviter ce danger aux banques.
Un pouvoir arbitraire, méconnu et dangereux
Ce privilège de prêter N fois plus que ce qui leur est confié confère aux banques privées et autres institutions de crédit un pouvoir arbitraire sur l’économie : elles ont le choix des clients pour qui elles créent cette monnaie, et elles en tirent tout le bénéfice grâce aux intérêts qu'elles en exigent. Alors qu'elles n'en supportent pas tous les risques parce que les crédits qui sont ainsi ouverts constituent une monnaie privée sans garantie légale, contrairement à la monnaie centrale.
C'est un énorme pouvoir dissimulé, donc méconnu, parce que monnaie privée et monnaie centrale alimentent les mêmes comptes à vue, qui permettent de tirer les mêmes chèques. Ainsi monnaie privée et monnaie légale se confondent à l’usage, les crédits créés ex nihilo servent bel et bien de monnaie pour ceux qui reçoivent des chèques en paiement, quelle que soit la façon dont ont été provisionnés les comptes sur lesquels ces chèques sont tirés.
Tout va bien tant que les clients ont confiance dans ce système bancaire. Mais quand ils viennent tous en même temps retirer “du liquide” soit-disant équivalent à leurs avoirs, c’est l’effondrement du système et la ruine pour tous ses clients, comme cela s'est vu fin 2001 en Argentine, s’était produit en 1998 en Russie, un peu plus tôt en Thaïlande, et en Malaisie, et en Indonésie, etc. Où la prochaine fois ?
Or les institutions de crédit ont non seulement le pouvoir de créer l’argent et de le ramener à elles, ce qui leur permet d’acheter ce qu’elles veulent, mais elles ont, du même coup, un droit sur le patrimoine de leurs débiteurs quand ceux-ci sont défaillants. Pour le comprendre, utilisons encore un exemple : vous possédez un terrain et vous avez besoin de 10.000 euros pour construire votre maison dessus; vous êtes obligé pour cela d’emprunter ces 10.000 euros à votre banque. Celle-ci, pour vous ouvrir ce crédit, ne les prend pas à un autre client. Elle inscrit dans sa comptabilité que vous lui devez 10.000 euros, plus tant pour cent d’intérêts (ce qui, à terme, peut faire, disons, 18.000 euros), et elle prend une hypothèque sur vos biens. Si, à terme, vous lui payez les 18.000 euros, elle annulera votre dette, mais elle encaissera les 8.000 euros d’intérêts.
Et si vous ne pouvez pas régler les 18.000 euros, elle est en droit de se payer sur la vente, à laquelle elle vous forcera, de votre terrain ou de votre maison. De sorte que la permission donnée aux banques de créer de la fausse monnaie, pardon, de la monnaie privée, les rend gagnantes dans tous les cas, sauf si elles ont prêté à des clients insolvables.
On comprend tous les efforts, enquêtes, publicités, démarches, souvent en connivence avec des agences immobilières et autres commerçants (qui sont preneurs dans les ventes à crédit organisées, c’est le cas par exemple des concessionnaires d’automobiles) pour organiser la chasse aux clients à qui prêter pour en tirer le maximum, voire pour les… plumer. La lutte contre le surendettement vise à discipliner les clients piégés, mais pas à interdire ces pratiques. On comprend aussi pourquoi les sièges des banques sont des bâtiments somptueux… Comparez le bureau dans lequel votre banquier vous reçoit pour conclure un crédit, avec le “local” dans lequel vous reçoit l’instituteur de vos enfants pour parler de leur avenir !!
Comment, sinon par ces créations de monnaie ex nihilo, des entreprises comme France Télécom, Vivendi et combien d’autres encore, auraient-elles pu acheter tant “d’actifs” au point que leurs entreprises se sont retrouvées endettées de plusieurs dizaines de milliards d’euros…? Qui peut, non pas gagner des millions, mais s’endetter de tant de milliards ?
Ces quelques exemples laissent entrevoir le rôle joué par le crédit sur l’ensemble de l’économie. Et cet aperçu donne le vertige. On découvre que les organismes bancaires, qui ne produisent rien de tangible, ont en fait, grâce à cette monnaie privée qu’elles créent de toute pièce (si on peut dire…), le contrôle des destinées des nations et de l’économie mondiale : elles peuvent contrôler les ressources monétaires mondiales, amener les gouvernements à quémander, elles peuvent même les manipuler, et donc faire et défaire des nations entières.
Imaginez, c'est de la fiction pure, qu’une de ces banques repère un homme politique suffisamment vénal pour qu’il accepte de lui emprunter de l’argent afin de se constituer une formidable machine à détruire, qu’elle l’incite ensuite à piller tout un pays pour lui rembourser sa dette avant de s’effondrer… il sera temps alors qu’elle prête à ce pays l’argent pour se reconstruire et fasse en sorte que les contribuables lui paient les intérêts… Ceci nous conduit à penser aux engagements financiers de l'État.
Le Trésor public
L'institution chargée d'appliquer la loi de finances, qui fixe, pour chaque année civile, les recettes et les dépenses de l'État est le Trésor public. Cette mission lui pose deux problèmes d'équilibre. D'une part au quotidien, parce que le montant des recettes que perçoit l'État un jour donné n'est évidemment pas égal à celui des dépenses qu'il effectue le même jour. D'autre part le budget annuel de l'État est rarement équilibré, il est pratiquement toujours en déficit, de sorte que le Trésor doit, pour assurer la totalité des dépenses, jouer aussi un rôle de trésorier, et pas seulement de gestionnaire, pour trouver un financement supplémentaire aux rentrées fiscales, supplément qui constitue la dette publique.
Comment fait le Trésor public pour réaliser ces deux équilibres ? Il dispose d'abord de la monnaie divisionnaire, puisque l'État a le contrôle de sa fabrication comme nous l'avons rappelé.
Mais cela fait très peu puisque le montant de toutes les pièces n'est guère qu'un pour cent de la masse monétaire en circulation. L'essentiel de la monnaie dont dispose le Trésor est essentiellement sous forme scripturale, mais, contrairement aux autres banques, sans avoir le droit d'en créer. Cette monnaie est constituée par les dépôts sur le compte du Trésor public et sur les comptes-chèques postaux (les CCP). Les premiers sont effectués par les correspondants du Trésor. Avant le 1er janvier 2002 n'importe quel particulier pouvait être correspondant du Trésor, c'est-à-dire y avoir un compte, mais depuis cette date, c'est interdit et les correspondants du Trésor ne sont plus, exclusivement, que des organismes publics ou semi-publics et des collectivités locales. Par contre, tout particulier, toute association et toute entreprise, publique ou non, peut avoir un CCP. Ces comptes courants sont gérés, comme des comptes bancaires, par la Poste (8), mais ils figurent au passif du bilan du Trésor.
Expliquons ceci : quand vous disposez d'un revenu, par exemple d'un salaire ou d'une retraite, vous avez le choix de le déposer soit sur un compte bancaire soit sur un CCP. Si vous choisissez un compte bancaire, la banque à laquelle vous vous adressez inscrit cette somme à son passif, ce qui veut dire qu'elle s'engage à vous la rembourser (et vous lui faites confiance), et elle inscrit en même temps cette somme à son actif, ce qui veut dire qu'elle en devient propriétaire, ce qui lui permet d'en disposer, par exemple pour le prêter ou pour ouvrir des crédits, qui rapporteront des intérêts à ses actionnaires. Si vous choisissez un compte aux chèques postaux, la Poste inscrit cette somme au passif du Trésor, ce qui veut dire que l'État s'engage à vous la rembourser (ce qui est une garantie a priori plus sérieuse que celle d'une banque privée), le Trésor peut alors en disposer, mais contrairement aux banques commerciales, pas pour ouvrir de nouveaux crédits et seulement pour lisser, au jour le jour, les recettes et les dépenses de l'État.
Et au passage que tout citoyen, et à plus forte raison tout fonctionnaire, n'ait pas scrupule à choisir un CCP pour aider plutôt les services publics, qui nous concernent tous, que les intérêts privés des banques, surtout depuis qu'aucune de celles-ci n'est nationalisée, c'est-à-dire que l'État ne les cautionne pas. Il est probable que cette attitude résulte, là encore, de l'ignorance du public vis-à-vis de tous ces mécanismes, ignorance doublée d'un état d'esprit entretenu par des idées toutes faites : par exemple la Poste est souvent désignée avec mépris comme “la banque des pauvres”, ce qui n'a pas de sens. (YH : Notez ici que même la Poste a perdu son statut d'intermédiaire avec l'Etat et a été privatisée depuis par les derniers gouvernements libéraux français !)
Quand l'État est contraint d'emprunter… au privé
Puisque les dépôts sur les comptes du Trésor public ne constituent pas des ressources pour l'État, on se demande quelles ressources supplémentaires par rapport aux recettes fiscales le trésorier de l'État peut trouver quand le budget est en déficit. On découvre alors que la banque de l'État souffre d'un autre handicap par rapport aux banques commerciales. Parmi les attributions de la Banque centrale, nous y reviendrons, elle est le “prêteur en dernier recours” pour toutes les banques commerciales qui peuvent ainsi faire appel à elle quand elles ont besoin de financement.
On pense naturellement que le banquier de la France peut, comme les autres, faire appel, si besoin, à la Banque de France. C'était possible, et celle-ci accordait alors un crédit à l'État, directement sur le compte du Trésor public, ce qui correspondait à une création directe de monnaie centrale.
Mais la loi du 4 août 1993 a mis fin à cette possibilité en redéfinissant le statut de la Banque de France (qui comme beaucoup d’autres banques avait été nationalisée en 1945). Pour préparer l'Union économique et monétaire en Europe, cette loi imposait l'indépendance des Banques centrales vis-à-vis des gouvernements. Dans son article 3 elle interdit à la Banque de France «d'autoriser des découverts ou d'accorder tout autre type de crédit au Trésor public ou à tout autre organisme ou entreprise publics». La banque de l'État se voyait ainsi interdire les moyens dont disposent les banques de tous les particuliers et de toutes les entreprises ! Notons au passage qu'un tel transfert d'une partie des pouvoirs du gouvernement venait d'être jugé inconstitutionnel par le Conseil constitutionnel… Qu'à cela ne tienne, on a trouvé un arrangement !
Alors, quelles ressources reste-t-il à l'État, qui doit pouvoir faire des investissements publics, pouvant éventuellement profiter à plusieurs générations, alors que ses recettes courantes ne peuvent pas les assurer ?
Bien entendu, le gouvernement peut décider de “vendre les bijoux de famille”, tant qu'il en reste, c'est-à-dire vendre son patrimoine immobilier (9), privatiser les entreprises publiques, vendre les actions que détient encore l'État par exemple dans Air France, EDF, la SNCF, etc.
Et, bien sûr, faire appel au privé.
Le Trésor émet à cette fin des bons du Trésor, négociables à moyen terme, 2 à 7 ans, et des obligations à plus long terme. Ainsi les personnes qui en ont les moyens peuvent avancer, sans risque, de l'argent à l'État, et celui-ci est tenu, non seulement de les rembourser à échéance mais aussi de trouver un supplément de ressources pour leur payer les intérêts, qui sont également garantis.
L'État met ainsi un placement sûr à la disposition, peut-être pas des plus riches car ceux-ci préfèrent des rendements meilleurs et plus rapides, mais de tous ceux qui disposent de plus de moyens qu'ils n'en ont l'usage immédiat.
Et puisque les banques, elles, ont gardé le droit de créer de la monnaie, elles peuvent, comme les autres établissements de crédits privés, comme les fonds de pension américains ou autres, …prêter à l'État pour en tirer des intérêts garantis !
En résumé, comme il ne fait pas partie des “établissements de crédit ayant reçu l'agrément des autorités monétaires pour la création de monnaie scripturale” et qu'il a abandonné l'essentiel de son droit régalien de battre monnaie, l’État est obligé, quand les rentrées fiscales sont insuffisantes pour investir dans le domaine public et pour financer le service public, d’emprunter à ces organismes privés. Et les contribuables doivent par conséquent les rembourser, en leur versant en plus des intérêts.
Dans un manuel de la collection “les Fondamentaux” de Hachette-enseignement supérieur, collection qui constitue la “Bibliothèque de base de l'étudiant en droit, politique, économie et gestion”, écrit par un Professeur à l'Université de Strasbourg, on lit que lorsqu'une collectivité de paiement, la France par exemple, a des besoins de financement qui dépassent ses capacités de paiement, «c'est le rôle» du système financier de combler ce déséquilibre par la création monétaire, qui constitue le mécanisme par lequel le système bancaire répond aux besoins quand la collecte de fonds ne suffit pas. Point. C'est enseigné comme si c'était une loi de la nature, une obligation aussi incontournable que l'attraction universelle. On semble ignorer, ou considérer que c'est sans importance puisqu'aucune allusion n'y est faite, le fait que cette façon dont est créée la monnaie condamne l'ensemble des contribuables à verser une rente aux institutions financières...
De sorte que personne ne se demande si ce n'est pas, au contraire, la banque de l'État qui devrait avoir seule le droit de création monétaire, quitte, bien entendu, à limiter ce droit par des règles de façon à ce que la monnaie soit créée dans la limite des possibilités productives du pays, mais dans l'intérêt général, sans paiement d'intérêts du public vers le privé.
Une rente servie au privé par le contribuable
Ce n'est pas le fait que de la monnaie soit créée ex nihilo qui est anormal. Il est tout à fait nécessaire qu'une monnaie soit créée en préalable à une production, il est naturel que des fonds soient avancés et utilisés pour permettre de réunir les moyens de produire. Ce qui est intolérable c'est de donner à quelques particuliers le pouvoir de décider de ces investissements pour en dégager un profit pour eux et payé par les contribuables.
Car ces paiements d'intérêts, qu'on appelle élégamment le service de la dette, sont loin d'être de l'ordre de grandeur de “frais généraux”. Il est au contraire ahurissant de constater leur importance, ce qu'on peut faire facilement en lisant, tout simplement, la feuille envoyée chaque année par le Ministère des finances avec le formulaire de déclaration des revenus. Ce service correspond en effet à l’une des plus importantes lignes budgétaires :
En 2001, après la plus grosse dépense, celle consacrée à préparer l'avenir, c'est-à-dire l'éducation et la recherche (21 %), venaient cinq lignes budgétaires de même importance (entre 12 et 13 %) et le service de la dette, soit 240 milliards de francs, était l'une d'elles ! Le contribuable versait alors pratiquement autant pour payer ces intérêts, nés du choix du mode de création de notre monnaie, que pour l'ensemble de la justice, de la sécurité, de l'environnement, de la culture et de l'agriculture (soit 244 milliards de francs) !
Pour 2003, dans la répartition programmée des dépenses de l’État, la plus importante part est encore, heureusement, celle qui prépare l'avenir, soit 21 % pour l'ensemble de l’éducation, la recherche et le développement. La deuxième ligne, soit 15 %, est prévue au profit des collectivités locales (le gouvernement ayant entrepris de décharger l'État sur elles, il faut bien qu'une part du budget leur revienne). Et le service de la dette vient en troisième ligne, juste derrière, avec 12 % du budget, soit à égalité avec la dépense pour la défense nationale (10). Ainsi l'État a plus dépensé en 2003 pour “le service de la dette publique” que pour assurer l'emploi et la solidarité, soit 10 % du budget (11). Les contribuables ont payé 2 % de plus pour verser cette rente au privé que pour tenter de réduire “la fracture sociale”... (YH = on parle là de 2003... mais écoutez ces politiciens qui ne parlent que de rigueur et d'augmentations de taxes, TVA, remboursement de dettes partout dans le monde en 2012... comme si cela n'avais pas déjà été fait depuis des lustres, en vain...)
En comparant aux rentrées budgétaires, on constate que les deux tiers des impôts sur le revenu des contribuables servent à payer ces intérêts à des particuliers privés.
(9) Il envisagerait même de vendre des bâtiments publics, tels que les préfectures, les mairies ou les écoles… sans doute pour les louer ensuite à leurs propriétaires ? (YH = notez qu'en Grèce, en 2012, il est devenu possible de louer les services et matériels de la police nationale..., que la majorité des ports et des services ferroviaires grecs sont passés à des intérêts totalement privés et... chinois...)
*
Tous les pays sont aujourd'hui endettés, mais le pompon revient aux États-Unis dont la dette nationale atteignait déjà 6.116 milliards de dollars en août 2000. Or ce déficit public vient d'être considérablement accru par les baisses d'impôts, par d'autres mesures fiscales et par l'augmentation des dépenses militaires de l'administration de G.W. Bush. En octobre 2003 il atteignait 400 milliards par an, que les prévisions du Congrès, ajustées le 17 novembre, faisaient passer à 480 milliards pour 2004 (12), n'entrevoyant un équilibre possible, on ne sait d'ailleurs pas comment, qu'à partir de 2012 (YH on sait aujourd'hui que c'est encore pire et qu'on ne parle plus d'équilibre mais de "limitations"). Pour financer cette dette de l'État fédéral, les États-Unis cherchent évidemment à vendre, en dollars, des emprunts d'État. Ils en doivent déjà pour la bagatelle de 3.500 milliards. Or depuis quelques années, les bons du Trésor américain étaient surtout achetés, non pas par quelques riches Américains (qui préfèrent aujourd'hui investir en Europe où les taux d'intérêt sont plus élevés…) mais beaucoup (40 %) par les Banques centrales du Japon et de la Chine.
Bien qu'on en parle beaucoup plus, la dette des pays les moins avancés est moindre que celle du pays réputé le plus riche du monde, mais elle dépasse 2.500 milliards de dollars au total. Celle de la France est passée de 1.782 milliards de Francs (271.66 milliards d'euros) en 1990 à 948 milliards d’euros en 2003 (6.218 milliards de Francs)...
(10) dont le fameux désamiantage du Clemenceau qui vient d'errer à travers la Méditerranée sans trouver un port...
(11) Aux dernières nouvelles (2 mars 2004), la Dette publique de la France serait de près de 1.000 milliards d'euros, et son “service” serait de plus de 40 milliards d'euros, soit le deuxième budget civil après celui de l'éducation nationale.
(12) mais en février de cette même année il atteint déjà 540 milliards de dollars.
Partie II)
Évolutions
De la fascination exercée par l'or, aux mesures empiriques prises dans l'urgence pour que le public ne perde pas confiance dans le système bancaire, jusqu'à l'installation récente de la dictature des marchés sur toute l'économie, l'histoire de la monnaie, sous chacune de ses trois formes, apparaît comme la lutte permanente entre l'avidité de ceux qui veulent en faire l'instrument de leur puissance et le souci de ceux qui sont chargés de limiter les dégâts.
Le système de l'étalon-or
Pendant des siècles, la monnaie de la France était définie par un certain poids d'or, c'est-à-dire qu'elle faisait partie du système dit de l'étalon-or. Cette référence ne garantissait pourtant pas la stabilité, le poids d'or de l'unité monétaire ayant diminué progressivement au cours du temps. Ainsi, le franc de Jean le Bon pesait 3,87 grammes d'or fin, tandis qu'en 1785, celui de Louis XVI n'en pesait plus que 0,29 grammes (13). La Convention, qui donna à la livre le nom de franc (14) et définit la taille et le poids des pièces (15), fixa par la loi du 7 germinal (28 mars 1803), la valeur du franc germinal à 0,290 grammes d'or fin. Mais les dévaluations ont continué (16 depuis).
Au milieu du XIXe siècle, le régime de l'étalon-or était perçu comme le moyen «d'unifier la performance et la politique économique des nations» (17). Il a effectivement régné pendant une cinquantaine d'années, l'or étant alors la référence unique des monnaies de 59 pays, ce qui facilitait les échanges entre elles. Ces monnaies restèrent convertibles jusqu'à la Première Guerre mondiale. Aux États-Unis la crise de 1929 entraîna de si nombreuses faillites bancaires (18 que, dès son arrivée au pouvoir en 1933, Roosevelt fut obligé d'abord de fermer toutes les banques pour arrêter la ruée du public venant réclamer aux guichets son dû en or, puis d'abandonner la convertibilité du dollar, conservant néanmoins sa référence à l'or (35 dollars l'once, soit 31 grammes) pour les échanges contre les autres monnaies.
Les accords de Bretton Woods, signés en 1944 entre 44 nations, instauraient un système international qui fixait les taux de change. L'or continuait à jouer un rôle monétaire à l'échelle internationale, par l'intermédiaire du dollar, qui garda de ce fait un rôle prépondérant sur les autres monnaies. Mais le déficit de la balance des paiements des États-Unis, lié à leur guerre contre le Viet-Nam, altéra la confiance des autres pays et la convertibilité externe du dollar n'y résista pas, Nixon la supprima officiellement le 15 août 1971. Depuis, les créanciers des États-Unis ne peuvent plus, comme l'avait fait De Gaulle, réclamer le paiement en or des sommes qui leur sont dues. La démonétisation de l'or au niveau international est effective depuis 1976 (accords de Kingston), lorsque toute référence à l'or a été supprimée dans les statuts du Fonds monétaire international (FMI). L'or n'est plus, nulle part au monde, une monnaie légale, mais les banques centrales en conservent tout de même dans leurs coffres, parce que ce métal est toujours considéré comme une valeur sûre…
(13 En 1541, l'écu d'or (2 livres) de François Ier n'en pesait plus que 1,46 grammes.
En 1602, l'écu d'or de Henri IV (3 livres 5 sous) pesait 0,99 grammes.
En 1640, le louis de Louis XIII (10 livres) pesait 0,62 grammes.
En 1700, celui de Louis XIV, 0,44 grammes.
En 1726, celui de Louis XV (24 livres), 0,31 grammes.
(14) loi du 18 germinal (7 avril 1795)
(15) loi du 28 thermidor (15 août)
(16) Celle du 25/ 6/1928 réduit le franc à 0,059 g d'or fin, soit 20,3% du franc germinal
1/10/1936 0,044 g 15,2 %
21/ 7/1937 0,039 g 13,5 %
12/11/1938 0,025 g 8,6 %
8/11/1942 0,021 g 7,2 %
26/12/1945 0,0075 g 2,6 %
20/ 9/1949 0,0025 g 0,86 %
24/ 7/1958 0,0021 g 0,72 %
27/12/1958 0,0018 g 0,06 %
1/ 1/1960 0,000018 g 0,001 %
11/ 8/1969 0,000016 g 0,00005 %
(17) John Kenneth Galbraith Money, whence it came, where it went.
(18) (659 faillites en 1929, 1.352 en 1930 et jusqu'à 2.294 en 1931)
Le choix de l'or comme étalon n'était pas la panacée pour de nombreuses raisons. La référence à un métal, quelles que soient ses qualités physiques, est totalement arbitraire et le fait que ce choix n'assure pas la stabilité de la monnaie n'est pas son plus grand défaut. Il confère en effet un pouvoir injustifié aux producteurs de ce métal, du simple fait que la masse monétaire disponible dépend d'eux. C'est ainsi que l'économie européenne, au seizième siècle, a été dominée par les importateurs d'argent extrait des mines de l'Amérique du sud nouvellement conquise, alors que ce métal était, en fait, loin d'être une matière première vitale pour l'économie de l'Europe. De même on sait l'âpreté de la ruée vers l'or du Klondike et le pouvoir exercé par les propriétaires des mines d'or d'Afrique du sud. Non seulement le rôle économique du métal choisi ne correspond pas à la réalité, mais il n'y a pas non plus de raison objective qui fasse que la variation de la masse de métal extraite des mines soit celle qui convient aux besoins monétaires de l'économie.
En fait, c'est l'abandon de toute référence de la monnaie à la réalité qui est lourd de conséquences. Si elle n'est plus gagée sur une quantité physique mesurable, et si l'État ne s'en porte pas garant, il est si facile d'en augmenter arbitrairement la masse qu'on ne peut pas savoir ce qu'on reçoit quand on accepte cette monnaie en paiement.
Les aléas de la monnaie légale
À propos de l'origine des billets de banque, nous avons vu que leur usage s'est d'abord librement répandu, puis qu'un groupe de banquiers acquit le privilège de pouvoir, seuls, les émettre, sous prétexte de limiter ainsi leur prolifération anarchique.
Plusieurs crises de confiance ayant eu lieu, qui se transformèrent parfois en paniques, il a fallu trouver des “instruments” pour éviter une catastrophe qui ferait perdre au public sa foi dans le système bancaire. Lesquels ? « Le précurseur de tous les instruments de réforme fut la Banque d'Angleterre. Aucune institution économique n'a jamais joui aussi longtemps d'un tel prestige… et c'est une réputation bien méritée, car l'art de gérer la monnaie, aussi bien que la presque totalité du mystère dont il est empreint, est né là.» écrit J.K.Galbraith (19) en expliquant comment la Banque d'Angleterre, de 1720 à 1780, s'affirma dans le rôle de gardienne de l'offre de monnaie et de gérante des problèmes financiers du gouvernement. Elle commença par éliminer les billets de ses concurrents londoniens. Ses propres billets étaient alors facilement convertibles en monnaie métallique, de sorte que… personne n'en demandait la conversion ! Les billets de ses petits concurrents étant loin d'inspirer la même confiance, la Banque d'Angleterre devint pratiquement la seule source de monnaie papier, les autres n'étant que des banques de dépôts, qui ne consentaient en prêt que ces dépôts. Puis quand un peu plus tard la Grande-Bretagne eut deux guerres à mener, contre ses colonies américaines et contre Napoléon, et qu'il fallut pour cela de l'argent, la Banque d'Angleterre suspendit la convertibilité de ses billets en monnaie métallique : ses billets avaient alors cours forcé.
En 1844, après plusieurs péripéties, le Premier ministre, Sir Robert Peel (1788-1850,) fixa, par le Bank Charter Act le montant global des émissions de billets autorisées (14 millions de Livres à l'époque), ce montant étant garanti par des bons d'État. Au-delà, les billets ne seraient garantis qu'à proportion du métal en caisse. La Banque d'Angleterre n'était plus en mesure de remplir une des fonctions qui aurait évité une catastrophe : fournir les fonds nécessaires si tous les titulaires de comptes venaient réclamer leur dû aux guichets des banques. L'application de la loi fut néanmoins suspendue à chaque fois qu'elle aurait trop gêné la Banque centrale…
De même, en France, le gouvernement dut intervenir chaque fois qu'une crise de confiance menaçait. Jusqu'en 1848, les billets n'avaient pas cours légal, c'est-à-dire que personne n'était obligé de les accepter en paiement, mais ils étaient convertibles. Au moment de la révolution de 1848, le cours légal et le cours forcé furent déclarés, puis alternativement supprimés et rétablis, et définitivement rétablis depuis 1939.
C'est donc l'exemple de la Banque d'Angleterre qui a été suivi par les autres pays pour définir les rôles des Banques centrales, comme la Banque de France ou le groupe des Banques constituant la Réserve fédérale (en abrégé la “Fed”), instituée aux États-Unis par le Federal Reserve Act du 13 décembre 1913.
La Banque de France n'a jamais été tenue de conserver un rapport entre le montant de son encaisse métallique et le montant de ses billets en circulation. Elle escomptait des effets de commerce et consentait des avances sur titres. La quantité de billets émis dépendait, en principe, des besoins du commerce, mais cette émission fut limitée en 1870 à un maximum fixé par la loi. Mais quand ce plafond menaçait d'être crevé… une nouvelle loi le rehaussait !
Tout changea en France avec la déclaration de la Première Guerre Mondiale. Dès le 5 août 1914 les "porteurs" de billets se précipitèrent aux guichets de leurs banques pour se faire remettre leur dû. Or il y avait évidemment trop de billets pour que l'engagement de rembourser, qui y était pourtant inscrit, puisse être honoré ! Alors le gouvernement décida que la Banque de France était dispensée de tenir sa promesse : il décréta le moratoire et le cours forcé des billets, qui, puisqu'ils n'avaient pas de valeur intrinsèque, ne représentaient désormais plus rien.
Une convertibilité très partielle fut rétablie de 1928 à 1936, mais depuis cette date les billets de la Banque de France ont eu cours légal et cours forcé, jusqu'à ce qu'ils laissent la place aux billets de la Banque centrale européenne.
(19) dans Money, whence it came, where it went on trouvera toute l'épopée de la création des banques centrales et de la définition de leurs attributions.
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 1
L'argent : Dossier vulgarisation sur l'économie
Ce dossier regroupe tous les articles concernant l'explication sur notre système économique actuel, dans l'ordre des parutions, pour faciliter leur lecture et compréhension, ainsi qu'une proposition de réorganisation financière. Rappelons que la monnaie d'échange (argent) a été inventée il y a presque 3 000 ans et que toutes les corrections et apports suivants, au fil des siècles, ont été dans le même sens : empirer son utilisation au profit de quelques-uns. Plusieurs publications d'ethnologues et historiens affirment même que cette invention, suivi très rapidement de l'invention du commerce réel, a amené très rapidement la création de classes diverses, la plupart dominées par une seule, la famine, l'esclavagisme, les premières guerres entre humains et les grands empires... il serait temps pour l'humanité d'évoluer sur ce sujet, cela devient urgent...
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 1
Je reviens sur une très bonne étude faite par le groupe indépendant ATTAC qui non seulement revient sur l'historique fondamental qui nous a mené à la situation économique actuelle de la planète entière, mais avait largement expliqué et anticipé les risques qui sont survenus depuis cet ouvrage qui date de 2004... Le groupe continue ses observations et interventions, et je suis personnellement assez en accord avec leurs conclusions, ainsi que l'historique :
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie
Avant-propos
Les thèmes principaux d’ATTAC, que ce soit la taxe sur les transactions entre monnaies, les paradis fiscaux et la criminalité financière, l’abolition de la Dette du Tiers monde et le rôle des institutions financières internationales (FMI, OMC, Banque mondiale), la retraite et les fonds de pension, la privatisation des services publics et le brevetage du vivant, tous tournent autour de l’argent. Et pourtant ce thème central n’y est pas directement abordé.
Pourquoi le citoyen qui refuse de subir la dictature des marchés ne remettrait-il pas en question l’outil de cette dictature ? Laisser ce domaine aux experts, c’est en faire un domaine réservé échappant à tout contrôle citoyen.
Même si la complexité des questions monétaires est rébarbative et décourageante, nous avons tenu à les aborder pour tenter de jeter un pont sur le fossé qui sépare ceux qui savent, et peuvent en tirer parti, de ceux qui ne savent pas, et en subissent les conséquences.
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Nous partions avec une idée très familière de l’argent : c’est ce qui permet de faire des échanges avec notre entourage, c’est donc un lien social. Et nous étions prêts à croire que la monnaie n’est que cet intermédiaire entre les gens, autrement dit qu’elle est politiquement neutre.
Nous savions bien que sa forme avait évolué au cours de l’histoire, mais nous étions persuadés que cette évolution avait suivi naturellement celle des techniques, qu’elle n’avait donc pas d’autre conséquence sur les rapports entre les gens que faciliter leurs échanges… Certains d’entre nous étaient même persuadés, sans s’être vraiment posé la question, que la monnaie d’un pays était naturellement créée par décision de son gouvernement !!!
Nous avons compris d’abord que “l’argent”, dont nous parlons toujours, n’a plus cours. Nous avons découvert, mais avec stupéfaction, que la création de la monnaie légale relève, pour l’essentiel, de l’intérêt privé. Puis avons appris, entre autres choses,qu’elle n’est plus garantie par aucune richesse réelle, ce qui a ouvert le marché, fort lucratif, du risque. Et que les monnaies parallèles, comme celles des SEL, n’étaient pas plus illégales que des tickets-restaurant, les bons d’achat et autres cartes de fidélité que des chaînes commerciales offrent à leurs clients à titre publicitaire.
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Amenés à revenir sur bien des idées reçues, nous nous sommes posé beaucoup de questions. La discussion nous a conduit à quelques conclusions et propositions :
D’abord, que dans une démocratie, c’est au débat politique que devraient revenir les décisions essentielles relatives à la monnaie du pays, à savoir : sa création, sa masse totale et les rôles qui lui sont attribués.
Ensuite, que la masse monétaire d’un pays devrait représenter la richesse qu’il produit pour la mettre en vente.
Et enfin, qu’on cesse de confondre l’être et l’avoir en mélangeant, dans une même comptabilité, les matériaux avec les ressources humaines. Celles-ci, par nature, ne sont pas mesurables.
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Ce qui nous amène à défendre une transformation de la monnaie, que nous esquissons pour terminer. Avec cette nouvelle transformation, l’économie serait la gestion des biens matériels.
Et le revenu que reçoit un individu ne serait plus le prix auquel il parvient à se vendre lui-même, il serait fondé sur ses besoins personnels et destiné à lui donner les moyens de s’épanouir selon ses goûts, ses aspirations et ses aptitudes.
Mais pour y parvenir, il faut d’abord qu’une majorité de citoyens prennent conscience de ces enjeux liés à la monnaie.
Merci à Jean-Pierre, Gerty, Gilbert, Guy, Jean et Annie pour les longues soirées passées ensemble, depuis juin 2000, à tenter de débroussailler ce domaine.
Sommaire
Contrairement à tout manuel classique d'économie qui aborde le chapitre sur la monnaie en affirmant que celle-ci a trois fonctions (unité de compte ou étalon de valeur, intermédiaire des échanges et instrument de réserve de valeur), nous avons préféré, pour comprendre le sens et surtout la portée de ces affirmations, commencer par faire connaissance, dans une première partie, avec les trois formes que peut prendre la monnaie : monnaie-marchandise, billet de banque et monnaie scripturale.
Dans un premier chapitre, nous examinons donc, pour chacune de ces trois formes, quelle est sa nature, quel est son mode de création et quelle garantie elle présente ; et, dans un second chapitre, nous rappelons comment a évolué au cours de l'histoire l'utilisation de ces trois formes de monnaie jusqu'aux transformations les plus récentes de libéralisation et de dérégulation.
Le troisième chapitre incite à réfléchir à la base sur laquelle tout échange économique est fondé et à la notion de valeur, avant d'énoncer les trois fonctions classiques attribuées à la monnaie pour les comparer à la réalité actuelle.
Dans le quatrième chapitre sont brièvement rappelées les grandes théories monétaires, celles des écoles de pensée classique et néoclassique, de Keynes et de Marx.
Cet ensemble permet de réfléchir aux relations entre monnaie et société qui sont abordées dans la deuxième partie.
Dans le cinquième chapitre sont évoquées les conséquences, tant au plan national qu'au plan international, du fait que la monnaie est une dette qui engage une collectivité nationale :
- exploitation du risque lié à cette forme de monnaie, effet boule-de-neige du prêt à intérêt et dette du Tiers monde. L'intérêt bancaire lié à la création monétaire est-il légitime ? Qui gagne et qui perd à la lutte contre l'inflation monétaire qui a été donnée comme seul objectif de la Banque centrale
européenne ?
Le sixième chapitre passe en revue les monnaies parallèles, qu'elles aient la forme, largement la plus répandue, de bons d'achat ou de cartes émises par de grandes chaînes commerciales pour fidéliser leur clientèle, ou bien celle de monnaies locales destinées à pallier des inconvénients de la monnaie officielle pour la population.
En conclusion, la troisième partie tente de répondre à la question : quelle autre transformation de la monnaie officielle pourrait supprimer les effets néfastes sur la société des transformations qui ont abouti à la monnaie actuelle ? Quelles pourraient en être les modalités et quelles ouvertures offrirait-elle ?
Première partie
« Les alchimistes du Moyen-âge s’efforçaient de fabriquer de l’or avec quelque vil métal, nos alchimistes modernes, qu’on aptise banquiers, ont découvert le moyen de faire de l’argent avecun peu d’encre.» Jacques Duboin (Les yeux ouverts).
I)
Ni blé, ni oseille, l’air d’une promesse
Il n’existe pas de définition de la monnaie sur laquelle les économistes se soient mis d’accord. Alors les manuels d'économie commencent en général par affirmer que la monnaie remplit trois fonctions, comme s'il s'agissait d'une définition. Nous préférons commencer par rappeler l'origine et le mode de création des trois formes de la monnaie dont la première, la monnaie-marchandise, a été prépondérante pendant des millénaires, et la troisième, la monnaie scripturale, est, et de très loin, la plus importante depuis moins d'un siècle.
Les trois formes de la monnaie qui circule.
Les pièces, qui constituent la première forme de notre monnaie, sont le souvenir de la monnaie-marchandise primitive. Celle-ci, apparue quelque 5.000 ans avant notre ère, était un bien de consommation, comme des grains ou du bétail(1), destiné à être utilisé ou bien échangé plus tard contre un autre bien de consommation.
Le choix de cette marchandise intermédiaire a évolué ensuite vers le métal (cuivre, argent et or) préféré aux autres pour ses qualités : inaltérable, inoxydable et maniable. Les premières pièces métalliques seraient les statères d'électrum (alliage naturel d'or et d'argent) apparus en Lydie vers 680 avant J-C : un inconnu avait eu l'idée de fondre les lingots en petites plaques de même poids et de même titre, pour éviter d'avoir à les peser à chaque transfert puisqu'il suffisait désormais de les compter.
Mais dans les espèces qu'on dit “sonnantes et trébuchantes” de notre monnaie divisionnaire actuelle, il n'y a plus de métal précieux.
(1) troupeau se dit pecus en latin d'où vient le mot pécunier.
*
Même si on peut faire remonter son origine à la civilisation sumérienne, le billet de banque, la seconde forme de notre monnaie, vient de l’insécurité des routes au Moyen âge, qui faisait craindre aux marchands d’être dévalisés et ruinés s’ils transportaient leurs pièces d’or. Au XVIIe siècle, les voyageurs anglais prirent l’habitude de les confier aux orfèvres de la Cité de Londres, contre un reçu les assurant de pouvoir les récupérer quand bon leur semblerait, moyennant paiement d’un droit de garde justifié. Puis ces reçus, les goldsmith notes, ou bank-notes, furent utilisés comme mode de paiement et la population prit l'habitude de les accepter comme de la monnaie parce qu'ils étaient plus maniables que les pièces et que celui qui les recevait avait la garantie de pouvoir à tout moment les rééchanger contre l’or déposé.
Les orfèvres ne tardèrent pas à s’apercevoir qu’on ne leur réclamait jamais tout l’or qu’ils avaient en dépôt, mais seulement une très faible partie. Ils en conclurent qu’ils pouvaient sans trop de danger, prendre le risque de signer beaucoup plus de reçus qu’ils n’avaient d’or dans leurs coffres et ils utilisèrent de tels reçus “à découvert” pour leurs propres emplettes… Les anciens banquiers d'Italie et d'Amsterdam, qui délivraient, eux aussi, des récépissés de dépôts quand on leur déposait des espèces, procédèrent comme les orfèvres de la City de Londres. D'où la génération spontanée de billets de banque, copies multiples du reçu d'un seul dépôt. L'intérêt de l'opération est considérable pour celui qui la met en circulation : en effet, quand la monnaie, cessant d'être marchandise, devient simple morceau de papier, faire de la monnaie permet d'obtenir la contre-valeur des billets en les écoulant sur le marché. C'est ce qu'ont compris tous les faux-monnayeurs depuis longtemps !
Mais si n'importe qui pouvait ouvrir une banque, le risque était grand, surtout en période de troubles, que le public vienne réclamer son or en échange de tous ces billets trop nombreux et s'aperçoive ainsi que leur convertibilité prétendue était un leurre… Pour écarter ce risque, un groupe de banquiers entreprit d'obtenir l'exclusivité du droit de se livrer à cette opération. Mais pour l'interdire aux autres, il fallait l'intervention de l'Etat. Saisissant l’occasion d’un besoin d’argent de leur souverain, un groupe de banquiers anglais, en échange d'une avance, obtint de Guillaume III qu'il leur cède le droit régalien de battre monnaie (les autres droits régaliens étant le droit de lever une armée, de rendre la justice, de faire la guerre ou de signer un traité de paix). C'était un privilège ahurissant puisqu'il s'agit de la création de la monnaie nationale ! Mais c'est ainsi qu'est née la Banque d’Angleterre en 1694 (2). Et un scénario semblable, qui avait déjà été pratiqué en Suède, se produisit dans la plupart des autres pays à la même époque. La Banque de France, par exemple, est née à la faveur de deux coups d’État :
En 1799, la Révolution étant proche de sa fin, deux banquiers parisiens, l'un répondant au nom remarquable de Jean-Barthélémy Le Coulteux de Canteleu et l'autre à celui de Jean-Baptiste Perrégaux, envoyèrent à Bonaparte, alors en Égypte, un messager chargé de lui proposer de l'argent pour, selon l'historien Dauphin-Meunier(3), fomenter un coup d'État. Quelques jours plus tard le Directoire était renversé «pour sauver la République» et deux semaines après, nos deux banquiers mirent 12 millions de Francs à la disposition du nouveau gouvernement. Bonaparte
saura les remercier : non seulement il les nommera sénateurs, mais peu après son coup d'état du 18 Brumaire, 13 février 1800, il accepta les statuts qu'ils lui présentèrent d'une nouvelle banque, privée bien qu'appelée Banque de France, au capital de 30 millions, dont ils devinrent administrateurs avec Bonaparte et ses frères, et avec deux autres "conjurés" Cambacérès et Lebrun. L'objet de cette banque était d'escompter des effets de commerce, mais elle avait des concurrents, dont le principal était la Caisse d'escompte et de commerce, que Bonaparte essaya d'abord de discréditer. N'y parvenant pas, il alla jusqu'à envoyer la troupe pour en saisir la comptabilité et en chasser le personnel. Et comme cette banque refusait encore de céder, le Consul Bonaparte, par la loi du 14 avril 1803(4) donna à sa banque une constitution organique et lui
concéda le monopole d'émettre des billets pendant quinze ans à Paris et dans les grandes villes où elle aurait des succursales. Puis, comme, à ses yeux, ses banquiers cherchaient à prendre trop d'indépendance, Napoléon en remania la constitution en lui donna des “statuts fondamentaux”, qui restèrent en vigueur jusqu"en 1936, selon lesquels elle avait à sa tête un gouvernement de type monarchie constitutionnelle : les actionnaires élisaient toujours les régents et les censeurs, mais la direction était sous la tutelle d'un gouverneur et deux sous-gouverneurs nommés par l'empereur. En outre, son privilège était prolongé de 25 ans et son capital porté à 90 millions. Ce privilège lui fut ensuite renouvelé, et après la révolution de 1848, devint exclusif sur l'ensemble du territoire.
C’est ensuite pour avoir fourni à Napoléon III les 12 millions dont il avait besoin pour faire ratifier son coup d’État du 2 décembre 1851 que cette banque, toujours appelée “de France”, obtint son indépendance.
*
La troisième forme, la monnaie scripturale, est née avec les premières banques : au temps des Grecs et des Romains, des virements entre comptes courants de marchands étaient déjà effectués par des banquiers.
Au XIVe siècle est inventée la lettre de change, ou traite, pour les règlements à distance : le banquier, moyennant rémunération, s'interpose entre les marchands pour centraliser les lettres de change, les évaluer et effectuer les opérations de compensation et de change entre monnaies différentes.
Au XVIIIe siècle est apparu l'escompte : la banque, en achetant une traite à son client, fait du crédit.
Ce n'est qu'au XXème siècle que la monnaie scripturale s'est diffusée dans le grand public, qui n'en est pourtant pas souvent conscient, ce que commente ainsi John Kenneth Galbraith : « Le processus par lequel les banques créent de l’argent est si simple que l’esprit en demeure confondu.(5) »
Cette monnaie n'est en effet qu'un jeu d’écriture dans la comptabilité des établissements qui la créent, et elle se transfère d’un compte à l’autre par l’intermédiaire d’un ordre, qui peut être écrit (un chèque) ou informatisé (une carte bancaire). Plus précisément le processus de création de la monnaie scripturale est l’augmentation simultanée de l’actif et du passif d'un compte tenu par un établissement financier.
(2) deux ans après sa fondation, elle avait émis 1.750.000 de livres en billets alors qu'elle n'avait en réserve que 36.000 livres d'or.
(3) Lire “Les banquiers de Bonaparte” par J-M Vaslin dans Le Monde Économie du 5 novembre 2002.
(4) Loi du 24 germinal an XI.
(5) John Keneth Galbraith "Money, whence it came, where it went", en traduction française "L'argent".
C'est si facile qu’on pourrait croire que l’émission de cette forme de monnaie est réservée aux pouvoirs publics, qui l’emploieraient pour adapter la masse monétaire nationale aux besoins de l’ensemble de la population… Eh bien, et aussi ahurissant que cela paraisse, non seulement cette facilité ne leur est pas réservée, mais elle n'est même pas du ressort des gouvernements !
Elle est le privilège de certaines banques et d’autres organismes de crédit définis en ces termes :
«Tout établissement de crédit ayant reçu des autorités monétaires un “agrément” pour la mise à la disposition de la clientèle ou la gestion de moyens de paiement et qui effectue des opérations financières avec les agents non financiers (c’est-à-dire les entreprises, les particuliers ou les
administrations) peut créer de la monnaie scripturale.»
En France, ce privilège de “gestion des dépôts à vue transférables” était, en 1999, à 70,9 % réservé aux banques commerciales, à 9,4 % aux chèques postaux, à 6,2 % aux Caisses d’épargne (depuis 1978), à 11,6 % au Trésor public et à 1,9 % aux autres (dont la Banque de France). Mais au 31 décembre 2001, ce privilège a été supprimé pour le Trésor public !
Notre monnaie sous sa forme scripturale est donc créée par des établissements financiers qui sont en majorité des groupes d'intérêts privés.
La double inscription, ou “provision” d’un compte en banque peut être provoquée :
soit par la remise d’espèces (billets et pièces), soit par virement d’un autre compte, soit enfin grâce à un crédit accordé par la banque.
Dans ce dernier cas, le crédit donne lieu à une double inscription, exactement comme s’il y avait eu dépôt réel, ce qu’on exprime parfois en ces termes : «les crédits font les dépôts.»
Ce troisième procédé de provisionnement, généré par un dépôt virtuel tel qu’une traite, c’est-à-dire une promesse, génère donc ex nihilo de la monnaie scripturale : il est assorti des mêmes instruments de paiement (chéquiers ou cartes bancaires (6),) que dans les deux procédés liés à un dépôt non fictif, il provoque donc l’augmentation de la masse monétaire en circulation quand les flux de ces crédits nouveaux sont supérieurs aux flux des remboursements de crédits antérieurs.
Les crédits ouverts ainsi par une banque commerciale représentent plusieurs fois les sommes qui lui ont été déposées… et ceci grâce au miracle d'un procédé que nous rappellerons après avoir réfléchi à la garantie liée à chacune des trois formes de la monnaie.
La garantie ? — De moins en moins assurée
Lorsqu'elles étaient d'or ou d'argent, les pièces de monnaie avaient une valeur intrinsèque, celle du métal qu'elles contenaient. Cette valeur était garantie : fabriquées sous le contrôle d'un souverain, son effigie y figurait, ce qui attestait qu'il se portait garant de son poids et de son “bon aloi”. Le problème de cette forme de monnaie fut longtemps la diversité des pièces, après qu’au démembrement de l’empire de Charlemagne, tout seigneur voulut sa monnaie, valable dans son fief. Pendant des siècles, les rois échouèrent à reprendre ce droit pour établir l’unité des monnaies dans tout le royaume, malgré le nom de Franc que Jean II, dit le Bon, donna en 1360 à cette monnaie qui servit à payer la rançon qui le libéra des Anglais, qui l'avaient fait prisonnier. Il fallut attendre la Convention (avril 1795) pour que l’unité monétaire soit établie, en même temps que celle des poids et mesures.
Mais aujourd'hui nos pièces métalliques, sans métal précieux, n'ont plus aucune valeur intrinsèque et les billets de banque ne sont plus convertibles contre l'or dont ils sont censés attester le dépôt.
Et pourtant, et aussi incroyable que cela paraisse quand on découvre ce fait, ce sont ces deux seules formes de la monnaie qui constituent la monnaie légale ! On les désigne aussi par monnaie fiduciaire, du latin fiducia, la confiance. Pourquoi ? Parce que seule la monnaie sous la forme des pièces et des billets a “pouvoir libératoire illimité”, ce qui signifie que sa validité en tant que moyen de paiement est garantie, et elle l'est parce qu'elle est créée sous contrôle de la Banque centrale : celle-ci met en circulation les pièces métalliques qui sont fabriquées sur son ordre par l'Administration de la Monnaie et des Médailles et elle a gardé le monopole, acquis comme on l'a rappelé, de la fabrication des billets. Ce contrôle apparaît donc comme une sorte de survivance du droit régalien de battre monnaie et c'est ce reste d'un droit souverain qui confère à la Banque centrale le nom d'Institut d'émission.
C'est probablement de ce terme que s'est largement répandue l'idée (ou le sentiment) que toute la monnaie est créée sur ordre d'une institution d'État. Mais c'est une illusion. En réalité la monnaie légale, ou “fiduciaire”, n'est que de l'argent de poche ! Elle ne constitue qu'une part insignifiante, moins de 15%, de la masse monétaire en circulation. Car le montant des pièces est si peu élevé qu'elles ne servent que pour de menus achats. Et pour les paiements honnêtes et de montants un peu plus élevés, même pour les achats quotidiens, on préfère de plus en plus les chèques et les cartes bancaires aux billets … qui servent donc surtout pour le blanchiment de l'argent sale parce que leur anonymat permet de les transporter discrètement. Sans cet usage pervers, le montant total des billets serait donc encore bien moindre.
(6) qui sont souvent appelées “cartes de crédit” alors qu'elles sont des cartes de paiement par prélèvement d'un compte.
*
L'essentiel de la masse monétaire est donc de la monnaie scripturale (NDLR : des lignes comptables et informatiques). Or celle-ci n'a, par nature, aucune valeur intrinsèque et, en plus, contrairement à la monnaie fiduciaire, elle ne bénéficie en général d'aucune garantie légale. La confiance que chacun lui attache n'est que celle du client envers la banque commerciale qui tient son compte. Comme cette monnaie n’est qu’un jeu d’écritures dans les registres ou dans la mémoire de l’ordinateur de la banque, elle disparaît en effet si la banque fait faillite. Quand, client d’une banque, vous déposez des espèces ou remettez un chèque à son guichet, la somme correspondante est inscrite à l’actif de la banque : elle en est donc désormais propriétaire. La même somme est également inscrite à son passif, puisqu’il est entendu qu’elle vous la doit. Elle est désormais votre débiteur, vous êtes son créditeur. Et si elle est un jour déclarée en faillite, c'est-à-dire si elle est mise dans l'impossibilité d'acquitter ce qu'elle doit, vous n’êtes que l’un de ses nombreux créditeurs, dont certains sont souvent déclarés “prioritaires”…
Le risque que présente la monnaie sous la forme scripturale vient de son mode de création. Du seul fait qu'il est possible d'inscrire n'importe quelle somme sur un compte, il n'existe aucune limite naturelle à la masse monétaire sous cette forme. Nous verrons plus loin que cette facilité ayant évidemment mené à des abus, des règles et des contrôles ont été successivement introduits, modifiés, supprimés, etc. Auparavant, essayons de comprendre par quels mécanismes les banques commerciales, contrairement à une idée fausse mais souvent bien ancrée dans les esprits, sont loin de se contenter pour vivre de prêter à certains de leurs clients ce que d'autres leur ont déposé. Elles ont en effet acquis le pouvoir, d'autant plus grand que les dépôts qui leur sont confiés sont plus élevés, de créer de l'argent à partir de rien, “ex nihilo”. Et non seulement elles ont ce pouvoir de prêter ce qui ne leur appartient pas, mais en plus, elles ont celui de le prêter plusieurs fois, parce qu'elles profitent de ce qu'on appelle pudiquement “l'effet multiplicateur du crédit”.
Nous allons entrer un peu dans les détails pour expliquer ce mécanisme, tant il nous paraît déterminant pour toute l'économie (Part 2). Au préalable, montrons par trois citations que nous ne sommes pas seuls de cet avis.
D’abord celle de Thomas Jefferson, troisième Président des Etats-Unis : « Je crois que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés qu'une armée debout. Celui qui contrôle l'argent de la nation contrôle la nation. » Ensuite cette réflexion du célèbre industriel américain Henry Ford :« Si les gens de cette nation comprenaient notre système bancaire et monétaire, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin ». Enfin Maurice Allais, “prix Nobel” d’économie, décrivait le processus en ces termes : « Dans son essence, la création de monnaie ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique […] à la création de monnaie par des faux-monnayeurs […]. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents» (7) !
(7) Dans “La crise mondiale aujourd’hui” éd. Cl Jouglar.
Sources : http://www.france.attac.org/
Pour faire une pause après cette première partie importante mais déjà compliquée pour les moins habitués à l'économie (mêlée à l'Histoire), voici une vidéo du Mini-Show qui tente d'expliquer le processus de création monétaire, en 2010... Saurons-nous sortir de la spirale infernale ?... :
Scénario A : La banque centrale refinance massivement les banques commerciales...
Nous l’avons vu, le problème actuel est un problème de liquidités (il manque aux banques commerciales de l’argent « banque centrale »). Certains peuvent se dire : facile ! Puisque ce n’est plus de l’or, les banques centrales n’ont qu’à mettre en marche la planche à billets, refinancer les banques commerciales et tout rentrera dans l’ordre (si les clients de ces banques viennent chercher des billets en masse, elles pourront fournir, pas de panique !).
Par ailleurs, d’un point de vue politique, il est intéressant de constater qu’une telle décision ne pourrait être prise que par une personne non élue (M. Trichet, gouverneur de la BCE en Europe ou M. Ben Bernanke, président de la FED aux Etats Unis ! (NDLR : à l'époque)). On notera qu’ils ont fait des gestes, notamment en baissant les taux d’intérêt ! Tout ceci est bien beau, mais aurait comme inconvénient de faire perdre confiance en la monnaie elle même ! (alors qu’aujourd’hui, c’est dans les banques que la confiance est perdue). En effet, comment pourrait-on croire que l’argent est « réserve de valeur » (une des propriétés que doit posséder l’argent) si on en émet autant qu’on veut, sans lien avec la richesse économique du pays ? En fait, ce scénario A est très inflationniste, et s’il était pratiqué à grande échelle, il y aurait des risques à ce que nous nous trouvions dans la même situation qu’au Zimbabwé (inflation de 100 000 % par an). La monnaie ne voudrait alors plus rien dire, et serait sans doute substituée par d’autres formes d’échange !
Scénario B : Les Etats rachètent les banques...
Si les banques ne sont pas refinancées par la banque centrale, une des solutions pourrait être celle utilisée jusqu’alors : les Etats eux mêmes rachètent les banques (en les nationalisant) et garantissent leurs solvabilités : Ainsi, les banques peuvent donner des billets aux déposants qui viennent chercher leurs dépôts puisque leur nouveau propriétaire (l’Etat) leur a donné des liquidités. D’un point de vue politique, cela pose un problème « éthique » : ce sont les contribuables qui vont éponger les faillites des banques ! Mais surtout ce scénario B n’est pas crédible car les Etats sont déjà eux-même hyper endettés. Ainsi, par exemple, la dette française atteint 1250 milliards d’euro au premier trimestre 2008, soit 63 % de son PIB ! Aux Etats Unis, la situation n’est pas meilleure : la dette fédérale atteint 10 000 milliards de dollars !
Autant dire, on demande à un borgne atteint de cataracte de conduire l’aveugle ! Avec le risque que les Etats eux même ne puissent un jour rembourser leurs dettes et être eux même insolvables, avec toutes les conséquences que cela implique : les fonctionnaires, les retraités, non payés, les bons du trésor non honorés etc !
Scénario C : Rien n’est fait : situation de crédit crunch
Un autre scénario pourrait être celui où les pouvoirs publics ne font rien. On se retrouve dans ce cas dans la même situation que celle de 1929, connue sous le nom de crédit crunch et décrite par Irving Fischer : en laissant faire, les faillites bancaires se multiplient, et nombre de déposants sont floués ! La conséquence, c’est qu’une bonne partie parmi eux se trouvent insolvables, sans argent, et il y a un effet domino. En fait, dans cette situation tout le monde recherche des liquidités et pour cela est prêt à vendre ses biens : il y a donc, sur l’ensemble des marchés de très nombreux offreurs et très peu d’acheteurs : les prix dans tous les domaines s’effondrent (on est dans le cas contraire que dans le scénario A), personne ne veut acheter, les entreprises n’arrivent pas à vendre leur production... --
Avril 2012 : on remarquera immédiatement qu'aucune réelle solution n'a été trouvée depuis ces scénarios de 2008, sinon plutôt un choix toujours ahurissant et contraire aux intérêts des citoyens, c'est à dire le scénario B sans même garantir réellement la possibilité d'un quelconque remboursement futur : protéger le privé et faire endosser les dettes passées, présentes et futures aux citoyens, avec toute l'aide possible des appareils d'Etats détournés de leurs objectifs initiaux, et en ne renationalisant que le plus évident... mais en évitant surtout de reprendre un quelconque contrôle ou une part du système scriptural...
Yves Herbo 29-09-2014 - idem à ce jour : (2019) tout est confirmé... crise 2020 : les banques centrales injectent des centaines de milliards virtuels (non fabriqués) pour soutenir la bourse... à suivre...
Une supernova aurais permutée l’intérieur et la surface d’une étoile
Une supernova aurais permutée l’intérieur et la surface d’une étoile
Schéma de la composition chimique de l'étoile massive
Selon la théorie de la nucléosynthèse stellaire, une étoile massive, juste avant son explosion, est formée de couches d’éléments d’autant plus lourds que l’on se rapproche de son centre. L’analyse des restes de la supernova à l’origine de Cassiopée A montre… l’inverse. Étonnamment, la SN II a renversé le gradient chimique.
C’est à une conclusion surprenante que sont parvenus les astrophysiciens analysant dans le domaine des rayons X les restes de l’explosion d’une supernova SN II de la Voie lactée. Découverts d’abord sous forme d’une source radio dans la constellation de Cassiopée, les restes de cette supernova sont étudiés depuis quelques années à l’aide des télescopes Hubble et Chandra.
L’explosion de la supernova à l’origine de Cassiopée A est récente et a été visible sur Terre en 1667 dans la Voie lactée. Pourtant, elle n’a pas été mentionnée par les astronomes de l’époque, probablement parce qu’elle était cachée par d’épais nuages de poussières et de gaz.
En haut, un schéma de la composition chimique de l’étoile massive avec l’explosion ayant formé Cassiopée A. Sa structure en oignon montre que les atomes les plus lourds, le fer (Fe) et le silicium (Si), sont au centre de l’étoile, alors que l’hydrogène (H) et l’hélium (He) se trouvent à la surface. Sur la droite, les restes de la supernova à l’origine de Cassiopée A montrent une structure exactement inverse. On le voit grâce aux fausses couleurs associées aux noyaux présents dans les restes de la supernova et qui correspondent aux couleurs du schéma de gauche. © Nasa/CXC/M.Weiss ; X-ray : Nasa/CXC/GSFC/U. Hwang & J. Laming
L’astrophysique nucléaire qui s’est rapidement développée après la seconde guerre mondiale nous a permis de comprendre que l’étoile qui précédait cette supernova devait être au moins huit fois plus massive que le Soleil. C’est pourquoi des réactions thermonucléaires y ont produit tous les éléments plus lourds que l’hélium jusqu’au fer.
Toujours avec le même code de fausses couleurs que celles du schéma précédent, cette vidéo montre la composition chimique des couches des restes de la supernova à l’origine de Cassiopée A, vue en rayons X par Chandra. © Nasa/CXC/A. Hobart/YouTube :
La structure en oignon de Cassiopée A
L’étoile devait ainsi être constituée de couches concentriques formées d’éléments synthétisés successivement dans sa courte vie par fusion thermonucléaire des éléments les plus légers. Dernier né, le fer se trouvait donc au cœur de l’astre, entouré de couches d’oxygène et de carbone, puis de néon, de silicium et de magnésium, l’hélium puis l’hydrogène enveloppant le tout (voir le schéma ci-dessous).
Comme l’expliquent les chercheurs dans un article publié sur Arxiv, l’explosion de cette étoile a bouleversé radicalement cet ordre. On aurait pu croire que ce gradient chimique soit conservé dans les éjectas laissés par l’explosion. Les restes des couches d’hydrogène et d’hélium seraient alors aujourd’hui les plus éloignées de l’astre central, une étoile à neutrons. Mais c’est l’inverse que l’on observe ! Les couches de matière à plusieurs dizaines de millions de kelvins fonçant à travers l’espace à plus de 4.000 km/s révèlent que les noyaux de fer se trouvent dans la coquille de gaz la plus externe, entourant celles riches en noyaux de silicium, soufre et magnésium.
Clairement, des instabilités hydrodynamiques dans l’explosion ont en quelque sorte retourné l’étoile sur elle-même, renversant son gradient chimique. De même qu’il nous reste encore des choses à apprendre sur les supernovae SN Ia, puisque l’on pense maintenant qu’il est probable qu’elles sont le plus souvent des collisions de naines blanches, l’univers a certainement encore en réserve pour nous des surprises avec les SN II...
Source : futurascience
04-2012