Afrique
Soudan : une civilisation avancée antérieure aux pharaons
Par yvesh Le 12/06/2022
Soudan : une civilisation avancée antérieure aux pharaons
Doukki Gel, Reconstitution partielle. Crédit Mission archéologique suisse-franco-soudanaise de Kerma-Doukki Gel
Les fouilles à Doukki Gel n’ont pas fini de dévoiler tous ses secrets. La découverte d’une cité dont on ignore l’origine prouve l’existence d’une civilisation très avancée, antérieure aux pharaons.
De retour de mission sur place, l’archéologue et épigraphiste Dominique Valbelle fait le point sur ce que l’on sait de cette ville et de cette civilisation sans égale.
Lors des fouilles de la ville de Kerma, au début du XXe siècle, la cité voisine de 700 mètres, Doukki Gel, a été curieusement négligée. Mais à partir des années 1960, Charles Bonnet, à la tête de la mission archéologique suisso-franco-soudanaise, a porté ses efforts sur ce deuxième site aussi, et Dominique Valbelle rejoint l'équipe en 1996. Des découvertes exceptionnelles, comme les pharaons noirs en 2003, ont permis de montrer l’importance de la civilisation nubienne. Ce site de Kerma et celui de Doukki Gel ont livré depuis cette époque des indices passionnants concernant l’Egypte, la Nubie et l’Afrique centrale.
ville de Kerma, à 700 m de la ville de Doukki Gel. Crédit Mission archéologique suisse-franco-soudanaise de Kerma-Doukki Gel
L’archéologue Charles Bonnet a par consacré la plus grande partie de sa vie à diriger des missions suisses principalement au Soudan. À partir de 1968, ses recherches ont porté sur le grand site urbain de Kerma, puis de Doukki Gel, permettant des découvertes de premier ordre sur les développements urbains de Kerma durant plusieurs millénaires, l’identification du grand sanctuaire central de la Deffufa, la mise au jour spectaculaire des pharaons noirs, et enfin le dégagement de la cité de Doukki Gel, avec ses singuliers monuments, révélant dans le même temps aux Soudanais tout un pan de leur histoire préislamique. Il a fait partie de différentes missions suisses de 1965 à 2003.
" Actuellement, le résultat de notre travail constitue une sorte de palier entre l’Égypte et l’Afrique centrale. Je crois que nous avons fait ou nous faisons la preuve que cela vaut la peine de se préoccuper du passé de l’Afrique centrale, car je suis certain qu’à l’époque où en Europe l’homme vivait dans des grottes de manière extrêmement rudimentaire, en Afrique prenait place une préhistoire et une histoire de première importance. Simplement, on ne la connaît pas. Mais le risque dans le monde moderne où tout avance très vite, où le dynamisme est prêché comme une religion, est de voir disparaître les vestiges de cette civilisation africaine avant de les reconnaître. Car l’archéologie demande d’être patient et les études prendront du temps. C’est cela le problème de la prochaine génération : trouver les moyens politico-militaires pour pacifier ces régions et essayer de retrouver son patrimoine et son histoire." Charles Bonnet.
C’est là qu’ont été découvertes sept statues et certains objets que l’on peut admirer dans l’exposition du Louvre de cet été 2022. Ces sept statues majestueuses et recouvertes d’or, représentations des rois de la XXVe dynastie égyptienne (744 à 656 avant J.-C.) et de leurs successeurs napatéens proviennent d’une cachette mise au jour à Doukki Gel, au Soudan, à 1 300 kilomètres au sud du Caire. En effet, l’exposition « Pharaon des Deux Terres », qui se tient au Louvre jusqu’au 25 juillet 2022, permet aux visiteurs de découvrir dans la dernière salle les reproductions des sept statues majestueuses recouvertes d’or.
Vers le milieu du IIe millénaire avant J.-C., Thoutmosis Ier conquiert le pays de Koush – la Haute Nubie – et installe au-dessus du site de Doukki Gel un « ménénou », un centre fortifié qui servait à promouvoir l’idéologie monarchique et à collecter les tributs dans les territoires dominés. En 2012, les archéologues ont découvert qu’il avait été édifié sur une ancienne cité africaine à l’architecture extraordinaire.
C’est en effet l’emplacement de cette ville étrange à l’allure africaine que les Égyptiens choisissent, pour y construire un ménénou, ces centres fortifiés spécifiques des territoires conquis, destinés à y promouvoir l’idéologie monarchique et à servir de base à la collecte des tributs. Après avoir détruit les impressionnantes défenses qui protégeaient cette ville cérémonielle aux immenses palais et aux temples circulaires qui relèvent d’une architecture totalement différente de celle de la capitale, les Égyptiens bâtissent trois temples, dédiés notamment à plusieurs formes d’Amon, et divers dispositifs domestiques protégés par de nouvelles enceintes partiellement inspirées de celles de leurs prédécesseurs. On note que, dès cette époque, plusieurs sanctuaires indigènes restent inclus dans les nouvelles enceintes. En dépit d’une révolte contemporaine de la fin du règne de Thoutmosis Ier ou du début de celui de Thoutmosis II, qui détruit le ménénou de Thoutmosis Ier, ce dernier est reconstruit et transformé par tous les pharaons de la XVIIIe dynastie jusqu’à l’époque amarnienne. L’investissement des Ramessides est plus modeste.
Vue aérienne du site de Doukki Gel en 2020 - Crédit Mission archéologique suisse-franco-soudanaise de Kerma-Doukki Gel
Le site portait un nom issu d’une épithète divine : Panébès, « le jujubier », arbre sacré particulièrement fréquent dans la région. L’étude des temples qui s’y succèdent fournit d’importants renseignements sur l’architecture religieuse égyptienne des Thoutmosides, et sur leur décor, malgré l’état fragmentaire des blocs provenant de leurs piliers, de leurs portes et des murs du sanctuaire de Thoutmosis IV. Les talatats du temple central d’Aton sont également révélatrices de décors différents de ceux que l’on connaît dans les autres temples d’Akhénaton. Enfin, des monuments privés contribuent à apporter des informations précieuses sur l’histoire de la Nubie et le développement vers le Soudan central des intérêts égyptiens. " Doukki Gel signifie la "colline rouge". Ce nom a été donné à cause des amoncellements de moules à pain, qui, en général, sur les sites archéologiques de la vallée du Nil, désignent les endroits où se trouvent des temples, et cela correspond au grand nombre d'offrandes faites aux dieux de ces temples ". Dominique Valbelle
L'archéologue et épigraphiste Dominique Valbelle nous explique l'importance de ces découvertes. " Il faut bien prendre en compte le fait qu’en Afrique, en dehors de l’Égypte, on a un vide de nos connaissances entre la préhistoire [qui se termine vers -3 500 avant J.-C.] et le XIVe siècle de notre ère."
Cette méconnaissance des civilisations africaines touche peut-être à sa fin, car en 2018, une équipe d’archéologues suisse-franco-soudanaise a fait une découverte incroyable sur le site de Doukki Gel dans la vallée du Nil au nord du Soudan.
Des dizaines de bâtiments, tous circulaires ou ovales pouvant abriter jusqu’à 1 400 colonnes.
Dominique Valbelle : " Donc des constructions monumentales, extraordinaires et qui rendent compte d’États extrêmement complexes avec des structures assez sophistiquées et une architecture totalement inconnue, qu’on considère comme étant de type africain parce que tout est circulaire ou ovale."
Ce qui frappe les archéologues, c’est que nous sommes à 700 m d’une autre ville : Kerma. Une ville contemporaine de Doukki Gel mais qui reprend l’architecture traditionnelle du style égyptien. Alors, comment expliquer les bâtiments ronds de Doukki Gel ?
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Artefacts et légendes du Sierra Leone
Par yvesh Le 11/10/2021
Artefacts et légendes du Sierra Leone, Afrique de l'Ouest
Sierra Leone-Bureh Beach
Le Sierra Leone est un petit pays d'Afrique de l'Ouest coincé entre l'océan Atlantique, la Guinée et le Libéria.
Les Nomoli (ou Nomori) ont été trouvées sur les terres et champs des tribus Temné, les Mendé et les Sherbro, et elles présentent des similitudes avec le Pomdo des Kissi de Guinée. Elles sont faites en stéatite – une pierre presque aussi souple à travailler que le bois.
En cherchant des diamants en Sierra Leone, Afrique occidentale, des indigènes firent des découvertes inattendues : ils tombèrent régulièrement sur des sculptures en pierre hautes de 40 à 70 cm. La provenance de ces Nomoli est indéterminée.
Certains d’entre eux ont été découverts à des profondeurs de 50 mètres. Cela signifie qu’elles pourraient avoir 17 000 ans. Une datation qui ne correspond pas aux découvertes faites à ce jour par l’archéologie. Le professeur Pitoni a toujours récupéré un matériau organique sur le lieu même de la découverte et la datation de ces artefacts en pierre s'échelonne de 2500 à 17 000 ans pour le plus vieux.
" Vous avez là un homme très très grand assis sur un éléphant, puisqu'il y a également des légendes de géants dans toute l'Afrique. Vous connaissez la taille d'un éléphant ! Le travail de la pierre est remarquable, l'objet est très dur et très lourd ". YH : Notons tout de même que la plupart des anciennes civilisations ont représenté leurs rois comme étant beaucoup plus grands que leurs sujets, histoire de pouvoir et de domination, d'action psychologique sur le peuple... les momies de plusieurs pharaons ont été découvertes par exemple, et ils n'étaient pas plus grands que leurs sujets mais ils étaient bien représentés sur les murs comme l'étant...
Certains artefacts représentent aussi des humains ou semi-humains à tête de reptile et tenant une sorte de pot où ils pourraient mettre quelque chose. Au sommet de plusieurs Nomolis se trouve également un trou pour y entrer quelque chose. Ils étaient très probablement utilisés pour les cérémonies.
L'une d'entre elles, parmis les plus âgées, détenait en elle, dans une cavité, une petite sphère métallique. Vous avez ici une sorte d'animal... qui ressemble à un dinosaure. Quand le professeur Pitoni a trouvé cette statue, elle émettait un drôle de bruit. Il l'a donc ouverte et on a trouvé à l'intérieur une petite bille noire. Vous pouvez la voir au pied de la statue [en haut à droite] ; elle était en métal ferreux.
L'expert en musée et artefacts Klaus Dona (Photos issues de son documentaire) :
"Au moment des recherches sur cet artefact et sur cette bille de métal plus particulièrement, le professeur m'a appelé le lendemain matin pour me dire qu'on avait dû me faire une mauvaise plaisanterie.
Pourquoi ? ai-je demandé. Parce que les recherches ont révélé que le matériau était de l'acier chromé et que l'acier chromé a été découvert en Autriche au début du XXème siècle. Cela signifie qu'il était impossible d'en trouver à l'intérieur d'une statue vieille d'environ 17 000 ans !
Mais lorsque j'ai, immédiatement après, contacté le professeur Pitoni, il a ri et m'a dit : "Je suis géologue. Si une statue fait un bruit bizarre, je ne l'ouvre pas tout de suite, mais je la passe d'abord aux rayons X."
Vous pouvez voir ici, sur l'image de droite [ci-dessous] une des radiographies et vous pouvez constater qu'à l'intérieur de la statue se trouve déjà la bille, la bille en acier chromé était déjà là."
On voit tout dans cette radiographie. Le professeur Pitoni a également vu que cette statue de pierre avait déjà été ouverte auparavant et parfaitement refermée. Il a fait appel à un spécialiste qui l'a ouverte exactement comme sur cette photo, le petit bouchon de pierre qui obturait le trou à l'intérieur, et on peut constater que la bille de métal était déjà là. |
« Nomoli-Sierra Leone Museum (2) » par John Atherton — Soapstone "Nomoli" figure from Sierra Leone (West Africa). Sous licence CC BY-SA 2.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nomoli-Sierra_Leone_Museum_(2).jpg#/media/File:Nomoli-Sierra_Leone_Museum_(2).jpg
« Nomoli-Mende-Sierra Leone » par Ji-Elle — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nomoli-Mende-Sierra_Leone.jpg#/media/File:Nomoli-Mende-Sierra_Leone.jpg
« Nomoli-British Museum (8) » par John Atherton — Soapstone "Nomoli" figure from Sierra Leone (West Africa). Sous licence CC BY-SA 2.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nomoli-British_Museum_(8).jpg#/media/File:Nomoli-British_Museum_(8).jpg
« Nomoli-Tervuren (1) » par John Atherton — Soapstone "Nomoli" figure from Sierra Leone (West Africa). Sous licence CC BY-SA 2.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nomoli-Tervuren_(1).jpg#/media/File:Nomoli-Tervuren_(1).jpg
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Maroc: fabrication de vêtements entre 120000 et 90000 ans
Par yvesh Le 18/09/2021
Maroc: fabrication de vêtements entre 120000 et 90000 ans
Figure 4: Étapes de fabrication de l'outil en os spatulé
Une nouvelle étude parue dans Cell.com/Iscience conclue que les premiers hommes modernes vivant sur la côte Atlantique du Maroc utilisaient des outils en os pour fabriquer des vêtements, entre 120 000 et 90 000 ans avant le présent.
" Les os qui ont été intentionnellement façonnés et utilisés comme outils ont été considérés comme une caractéristique du comportement humain moderne (d'Errico et al., 2012a) car ils nécessitent d'importants investissements en temps et en main-d'œuvre et des séquences de production élaborées (Henshilwood et al., 2001). " YH : Ce qui a été démenti assez rapidement avec les découvertes d'os utilisés également par Néandertalien comme outils (Soressi et al., 2013; Martisius et al., 2020). Soressi et al. décrivent les outils en os formels de lissoir fabriqués par les Néandertaliens en Europe et interprétent ces lissoirs comme étant utilisés comme outils de travail du cuir (Soressi et al., 2013), même si pour l'instant ces découvertes en France sont plus récentes, on sait que si Néandertaliens n'était pas présent en Afrique subsaharienne, il l'était bel et bien au niveau du Sahara et du Levant. Néanmoins, l'attribution à Homo Sapiens (Homme Moderne) repose également sur le type d'outils (lissoirs en forme de spatules), puisque également trouvé en Afrique du sud, Tanzanie et Zambie.
" Nous décrivons ici un assemblage d'outils en os probablement utilisé pour la production de cuir et de fourrure de la grotte des Contrebandiers, daté d'il y a environ 120 à 90 000 ans (ka). Les vêtements et la fourrure étaient probablement nécessaires à l'expansion de l' Homo sapiens dans les habitats froids au cours du Pléistocène. Cependant, il est extrêmement peu probable que la fourrure et d'autres vêtements organiques soient conservés dans les archives fossiles. Des études génétiques sur les poux des vêtements suggèrent une origine des vêtements dès 170 000 avec H. sapiens en Afrique (Toups et al., 2011). Dans cet article, nous présentons des preuves d'enlèvement de fourrure trouvés sur des ossements de carnivores datant d'il y a 120 000 ans à la grotte des Contrebandiers au Maroc. La combinaison d'os de carnivores avec des marques de dépouillement et d'outils en os probablement utilisés pour le traitement de la fourrure fournit des preuves indirectes très suggestives pour les premiers vêtements dans les archives archéologiques.
Les outils osseux varient selon les régions et sont généralement décrits comme formels ou informels. Cette étude suit la définition concise de d'Errico et al. des outils osseux formels comme « des artefacts fonctionnels façonnés avec des techniques spécifiquement conçues pour l'os, telles que le grattage, le meulage, le rainurage et le polissage » (d'Errico et al., 2012a), et nous ajoutons donc que les outils formels en os peuvent être identifiés comme tels car ce sont également des morceaux d'os, de bois, d'ivoire ou de dent façonnés qui portent des marques de fabrication. Suivant la définition de Tartar des outils en os intermédiaires comme « non formellement travaillés et uniquement reconnaissables par les marques de percussion à leurs extrémités » (Tartare, 2012), nous ajoutons que les outils en os informels sont des morceaux d'os qui ont été utilisés sans façonnage préalable et ne portent donc pas de marques de fabrication. "
" Des outils en os informels et formels apparaissent dans plusieurs sites archéologiques du Pléistocène en Afrique et en Europe, avec les premières preuves d'os utilisés comme outils pour creuser des termitières (Backwell et d'Errico, 2001) datant d'environ 2,0 millions d'années (Ma) (d'Errico et Backwell, 2003). Sur le site de Swartkrans, en Afrique du Sud, quatre carottes de corne et un os présentent des marques de meulage qui suggèrent que ces outils de creusement ont été intentionnellement façonnés et sont donc des outils osseux formels dont l'âge s'étend de ∼ 1,8 à 1,0 Ma (d'Errico et Backwell, 2003)." (...) YH : Ces anciennes dates sont évidemment à rapporter à divers hominidés, tout en sachant que des études prouvent que les singes (chimpanzés et autres) utilisent aussi parfois des pierres ou branches-brindilles comme outils...
(...) " Enfin, en Afrique du Nord, un outil formel « couteau en os » de la grotte de Dar es-Soltan I a été identifié dans des gisements atériens datés d'il y a ∼ 90 ka (Bouzouggar et al., 2018) et des outils en os « spatule » provenant de gisements atériens ont été identifiés à El Mnasra (El Hajraoui, 1993, El Hajraoui, 1994; El Hajraoui et Debénath, 2012).
Lorsque l'on compare les premiers assemblages d'outils osseux formels et informels d'Afrique et d'Eurasie à ceux de la MSA africaine plus récente ∼ 100 ka, il est clair que ces derniers sont : (1) géographiquement plus répandus, (2) en comprennent un plus grand nombre, et ( 3) révèlent une plus grande diversité de types. Cependant, ce n'est qu'à l'âge de pierre tardif africain (il y a ∼ 44 ka) (d'Errico et al., 2012b) et du Paléolithique supérieur eurasien (il y a ∼ 48 ka) (Hublin et al., 2020; Langley et al., 2020) qu'il y a une explosion de formes d'outils osseux diverses et plus élaborées.
Figure 1 La grotte des Contrebandiers, El Mnasra et Dar es-Soltan I sont des grottes côtières avec des outils en os dans des gisements archéologiques stratifiés dans la région de Témara au Maroc. Carte d'altitude du Maroc, où km fait référence à des kilomètres et ka à des milliers d'années. Carte du (A) Maroc avec (B) localisation de la grotte des Contrebandiers et des sites archéologiques mentionnés dans le texte.
La grotte des Contrebandiers (33°55′18,2″N, 6°57′42,4″W) est située sur la côte atlantique du Maroc ( Figure 1 ), à environ 250 mètres (m) de la côte actuelle. Taillée dans des calcarénites du Pléistocène, elle a une profondeur de 30 m avec une entrée de 28 m de large. Fouillé à l'origine dans les années 1950 et 1970 par l'abbé Roche, une nouvelle fouille conjointe maroco-américaine a commencé en 2007 dirigée par Harold Dibble et Mohamed Abdeljalil El Hajraoui (Dibble et al., 2012). Les fouilles récentes ont utilisé des méthodes modernes pour assurer un degré élevé de contrôle contextuel, qui comprenait la détection ponctuelle de tous les objets de plus de 25 mm avec une station totale et le criblage d'objets plus petits à partir de seaux de 7 L avec 1 cm et 2 mm maillage (Dibble et al., 2012)."
" Les fouilles précédentes de Roche ont enlevé la quasi-totalité des dépôts ibéromaurusiens plus récents de l'âge de pierre (LSA) et du néolithique (Dibble et al., 2012). Une petite quantité de matériel ibéromaurusien est restée à l'avant de la grotte (Informations supplémentaires), et ailleurs au Maroc, des matériaux similaires ont été datés de 23 459 à 12 568 ans calibrés avant le présent (Personnel et al., 2019). Les outils osseux décrits ici proviennent des gisements sous-jacents dits maghrébins du Moustérien et de l'Atérien ( Figure S1 ), qui sont désormais attribués au MSA panafricain (Dibble et al., 2013). Les âges des couches MSA ont été estimés à l'aide de trois techniques (résonance de spin électronique, thermoluminescence et datation par luminescence stimulée optiquement) (Informations supplémentaires), qui ont toutes donné des résultats concordants ( tableau S1 ) et indiquent que les couches porteuses d'outils osseux MSA ont commencé Il y a ∼ 120 ka et s'est terminé il y a ∼ 90 ka (Dibble et al., 2012)."
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Evolution rapide chez une espèce humaine éteinte
Par yvesh Le 17/11/2020
Evolution rapide chez une espèce humaine éteinte
Un fossile récemment découvert documente des changements évolutifs rapides chez une espèce humaine éteinte, le Paranthropus robustus.
Le crâne fossile suggère que les conditions environnementales ont entraîné des changements rapides.
On pensait que les mâles de l'espèce humaine éteinte Paranthropus robustus étaient nettement plus gros que les femelles - tout comme les différences de taille observées chez les primates modernes tels que les gorilles, les orang-outans et les babouins. Mais une nouvelle découverte de fossiles en Afrique du Sud suggère plutôt que P. robustus a évolué rapidement pendant une période turbulente de changement climatique local il y a environ 2 millions d'années, entraînant des changements anatomiques qui étaient auparavant attribués au sexe.
Une équipe de recherche internationale comprenant des anthropologues de l'Université de Washington à Saint-Louis a rapporté sa découverte dans le système de grottes Drimolen riche en fossiles au nord-ouest de Johannesburg dans la revue Nature Ecology & Evolution le 9 novembre 2020.
Le site de Drimolen (Photo courtesy David Strait)
« C'est le type de phénomène qui peut être difficile à documenter dans les archives fossiles, en particulier en ce qui concerne l'évolution humaine précoce », a déclaré David Strait, professeur d'anthropologie biologique en arts et sciences à l'Université de Washington.
Le fossile remarquablement bien conservé décrit dans l'article a été découvert par une étudiante, Samantha Good, qui a participé à la Drimolen Cave Field School codirigée par Strait.
Les chercheurs savaient déjà que l'apparition de P. robustus en Afrique du Sud coïncidait à peu près avec la disparition de l'australopithèque, un homininé primitif un peu plus primitif (dont l'appartenance au genre Homo est toujours discutée d'ailleurs), et l'émergence dans la région des premiers représentants d'Homo, le genre auquel appartiennent les gens modernes. Cette transition a eu lieu très rapidement, peut-être en quelques dizaines de milliers d'années seulement.
" L'hypothèse de travail a été que le changement climatique a créé un stress dans les populations d'australopithèques conduisant finalement à leur disparition, mais que les conditions environnementales étaient plus favorables pour Homo et Paranthropus, qui pourraient s'être dispersés dans la région depuis ailleurs ", a déclaré Strait. " Nous voyons maintenant que les conditions environnementales étaient probablement aussi stressantes pour Paranthropus, et qu'ils devaient s'adapter pour survivre. "
Le nouveau spécimen découvert à Drimolen, identifié comme DNH 155, est clairement un mâle mais diffère de manière importante des autres P. robustus précédemment découverts sur le site voisin de Swartkrans - où la plupart des fossiles de cette espèce ont été trouvés.
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La légendaire cité d'Anfa
Par yvesh Le 05/05/2020
Maroc : La légendaire cité d'Anfa - MAJ
Carte de la ville d'Anfa en ruines par Marmol, 16ème siècle
Au 21ème siècle, Anfa est un quartier luxueux de la Cité Blanche, Casablanca au Maroc, Afrique. Mais ses origines historiques remontent à plusieurs millénaires, sans toutefois qu'on ait à ce jour réellement tenté d'étudier ses profondes fondations. Le quartier abrite encore quelques maisons datant du 18ème siècle, mais il est construit sur les ruines de l'antique cité d'Anfa qui forment une colline surélevée par rapport à la ville créée par l'arrivée des Français en 1907, Casablanca.
En fait, les origines d'Anfa remontent à l'aube des Temps, même si le géographe Léon l'Africain écrit en 1528 qu'Anfa a été créée par les Romains, personne n'a été voir si les Romains n'avaient pas eux-mêmes consolidés une antique cité. Il écrit aussi que la ville pratiquait la course, c'est-à-dire le piratage. Pour Marmol,au 16ème siècle aussi, son origine serait Phénicienne. Pour Ezzayani, né en 1734, la ville aurait été fondé par les Berbères. Les Zénètes s'établirent à Tamesna et Tadla, les Sanhadja en Doukkala. Les émirs des Zénata bâtirent la ville d'Anfa dans les Tamesna et la ville de Day dans le Tadla. Des écrits du 11ème siècle mentionnent son existence et des historiens pensent que la ville a peut-être été érigée par les Zénètes à cette époque. En fait, l'Homme pourrait y être installé depuis bien plus longtemps et la Cité légendaire n'a peut-être été qu'un camp d'agriculteurs-pêcheurs à ses débuts, car les découvertes archéologiques relativement récentes prouvent la présence d'Homo Erectus sur place il y a 1 million d'années...
Anfa ruines, 1572 - extrait de Civitates Orbis Terrarum (Braun and Hogenberg,1572) (© Bibliothèque nationale, Paris)
Le site est tout à fait exceptionnel géologiquement et selon une étude de Fatima-Zohra Sbihi-Alaoui et Jean-Paul Raynal intitulée «Casablanca : Un patrimoine archéologique exceptionnel», la série sédimentaire de Casablanca serait un gigantesque escalier qui s'élève du rivage actuel jusqu'au plateau de l'Aéroport Mohammed V. Chacune de ses marches est un ancien rivage recouvert de dunes. Ces marches ont été taillées par l'océan, lors des périodes interglaciaires majeures, alors que les glaces des pôles avaient partiellement fondu sous l'effet du réchauffement. Les cordons dunaires, pour leur part, se sont édifiés pendant la transition vers les périodes glaciaires, lorsque le volume des océans commençait à diminuer en raison du stockage de l'eau aux pôles terrestres, conséquence du refroidissement global. L'âge des marches va croissant en direction de l'intérieur des terres. C'est un soulèvement de plus de six millions d'années qui est à l'origine de cette disposition originale et exceptionnellement préservée et mise au jour par les travaux d'urbanisme.
De nombreuses découvertes archéologiques ont déjà eu lieu, puisque dès 1926 des archéologues s'interessent aux nombreux fossiles de mamifères (dont plusieurs rhinocéros blancs) dégagés par les carrières servant à la reconstruction de la ville (l'ancienne ville a été rasée en 1468 par les Portugais vengeurs, totalement abandonnée pendant 300 ans, encore plus endommagée par un séisme en 1755, pour ne commencer réellement à réexister qu'au milieu du 19ème siècle). " La dernière en date est une incisive humaine dans la grotte des rhinocéros de la carrière Oulad Hamouda, datant de plus de 450 000 années. « Il s'agit d'un site exceptionnel au niveau mondial puisque nous avons trouvé dans cette grotte plus de 15 crânes de rhinocéros blancs », explique Abderrahim Mohib, conservateur principal des monuments et sites au ministère de la Culture et co-directeur du programme maroco-français «préhistoire du grand Casablanca». « Ce qui est d'autant plus intéressant, c'est qu'avec cette dernière découverte, nous sommes certains de trouver d'autres restes humains », continue la même source."
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