Cette publication scientifique, parue dans la revue Progress in Biophysics and Molecular Biology, a par exemple pour auteur Chandra Wickramasinghe, professeur honoraire à l'université de Buckingham (Royaume-Uni), un éminent adepte de la théorie de la panspermie, n'hésite pas un poser la question de savoir si l'explosion cambrienne n'aurait pas été en fait créée par l'apport de germes extraterrestres. En effet, les auteurs y suggèrent que des virus, des rétrovirus, ont joué un rôle important dans cette explosion cambrienne. Le hasard est trop gros : l'émergence des rétrovirus complexes a eu lieu juste avant l'explosion cambrienne. La panspermie pourrait expliquer tout cela : des comètes auraient apporté des rétrovirus ayant favorisé l'explosion cambrienne. Ces virus se seraient intégrés au génome d'espèces terrestres déjà existantes (les fameux trilobites par exemple), introduisant du nouveau matériel génétique et conduisant à la diversification des espèces vivantes.
Des jets de molécules organiques et de l'oxygène moléculaire ont été trouvés émergeant de la comète Tchouri 67P / C-G (Courtoisie de l'Agence Spatiale Européenne). Le rapport P / C du gaz analysé par l'orbiteur de Rosetta a révélé des valeurs de 1% compatibles avec la dégradation de bactéries (de bactéries connues, terrestres, mais il s'agit ici d'un objet extra-terrestre... si ces possibles bactéries étaient connues, le pourcentage serait bien sûr plus important...) (Capaccionne et al., 2015, Bieler et al., 2015, Altwegg et al., 2016).
Mais le chapitre concernant la pieuvre est encore plus étonnant (et le plus controversé bien sûr) : les auteurs suggèrent que ces animaux ne peuvent avoir évolué que grâce à un coup de pouce extraterrestre... Les céphalopodes sont apparus à la fin du Cambrien (il y a donc 500 millions d'années et lors de cette explosion de diversification) et descendent d'un nautiloïde primitif (du type calmar primitif). Les pieuvres (ou poulpes) possèdent un système nerveux très complexe, des yeux sophistiqués et une capacité à se camoufler (projection d'un nuage d'encre)... assez incompatibles avec la théorie classique de l'évolution de Darwin, d'autant plus que les gènes nécessaires à ces transformations n'étaient pas présents chez l'ancêtre commun, d'après les auteurs, qui affirment : « Il est donc plausible de suggérer qu'ils semblent être empruntés à un "futur" lointain en termes d'évolution terrestre, ou plus vraisemblablement au cosmos en général ». Les auteurs affirment que « l'évolution du calmar au poulpe est compatible avec une série de gènes insérés par des virus extraterrestres » et illustrent leur propos par un dessin très schématique qui a suscité de nombreuses réactions (voir ci-dessous) dans la communauté, scientifique ou non :
Calamar ancestral + virus (E.T.) = pieuvre (?) © Steele et al. 2018, Progress in Biophysics and Molecular Biology
Une autre possibilité est abordé dans cet article en ce qui concerne la pieuvre : si elle n'a pas évolué (très très rapidement) à partir du calmar (qui existe encore de nos jours presque inchangé), il serait possible que des œufs de pieuvres (ou calmars évolués) extra-terrestres, conservés dans le froid d'une comète, auraient été apportés sur Terre : « La possibilité que des œufs de calmar et/ou de pieuvre cryoconservés soient arrivés dans des bolides glacés il y a plusieurs centaines de millions d'années, ne devrait pas être négligée ».
L'article remet aussi en question une partie de l'ancienne théorie de l'évolution de Darwin pour aller plus dans le sens de la "nouvelle-évolution" et les théories plus récentes et plus conformes aux nouvelles données et découvertes : " Même si nous admettons que le paradigme néo-darwinien dominant de la sélection naturelle peut expliquer des aspects de l'histoire évolutive de la vie une fois la vie commencée, l'abiogénèse indépendante sur l'échelle cosmologique des océans, des lacs ou des sources hydrothermales reste une hypothèse sans support empirique. Et est en outre inutile et redondant. Avec des données astronomiques qui indiquent maintenant l'existence de centaines de milliards de planètes habitables dans notre seule galaxie (Abe et al., 2013, Kopparapu, 2013), une telle hypothèse cherchant une origine de vie indépendante sur une seule planète ne semble plus guère nécessaire. Le récent rapport indiquant des preuves de la vie microbienne dans les roches canadiennes qui se sont formées il y a 4,1- 4,23 milliards d'années (Dodd et al., 2017), rend plus difficile, à notre avis, d'envisager l'abiogénèse n'importe où sur la Terre. L'affirmation selon laquelle ces roches pourraient avoir été associées à des sources hydrothermales soulève encore la question de savoir comment la vie aurait pu naître in situ au début de l'ère hadienne (les débuts de la Terre), qui a été truffée de collisions fréquentes et violentes par des astéroïdes et des comètes. Nous pensons plutôt qu'il est plus raisonnable de suggérer que les preuves particulières de la vie microbienne dans les roches canadiennes ont été fournies par des bolides cométaires, mais qu'elles ont été instantanément détruites ou carbonisées à l'impact. Les conditions qui auraient probablement prévalu près de la surface de la Terre criblée d'impacts, il y a 4,1-4,23 milliards d'années, étaient trop chaudes même pour que de simples molécules organiques puissent survivre, et encore moins évoluer en complexité vivante. Cela laisse la panspermie comme l'option la plus plausible pour l'origine de la vie terrestre; Les premiers microbes ont probablement été transmis à la planète par des comètes et des météorites. Cette étude, avec celle de Bell et ses associés (2015) datant des zircons dans les collines de Jack de l'Australie occidentale à un moment similaire, constituent les découvertes les plus récentes qui mènent naturellement aux idées basées sur les données dont nous discutons longuement dans cette revue. Depuis le début du XXe siècle, la résistance à la panspermie s'est ancrée de plus en plus profondément dans notre culture scientifique. Les tentatives de Hoyle et Wickramasinghe (Hoyle et Wickramasinghe, 1979, 1981, 1986, 1993, Wickramasinghe, 2015a, b) de réexaminer et de rétablir la panspermie à la lumière de nouvelles preuves de l'astronomie et de la biologie ont souvent rencontré l'hostilité (Hoyle et Wickramasinghe, 1986, Wickramasinghe, 2015a). Un destin similaire a souvent été tenté pour réinstaurer certains aspects cruciaux du lamarckisme - la notion pré-darwinienne selon laquelle les gènes de notre génome peuvent être enrichis de façon «directionnelle» par l'héritage de caractéristiques adaptatives, écologiques et acquises (Steele 1979, Steele et al., 1998, Jablonka et Lamb, 1995, 2005, Lindley, 2010). Ce dernier mécanisme d'héritage peut être décrit plus précisément comme la pénétration de rétroaction soma-à-germinale d'une barrière de Weisman semi-perméable (pas absolue), un concept façonné au 19ème siècle à peu près au moment de la mort de Darwin. Il existe maintenant des preuves considérables (Steele et al., 1998, Lindley, 2010, Steele et Lloyd, 2015, Steele, 2016a) cohérentes avec l'hypothèse originale de «sélection somatique» (proposée par l'un de nous (EJS) à la fin des années 1970). qui est supposée opérer par l'intermédiaire de vecteurs de gènes rétroviraux endogènes et de la transcriptase inverse (Steele, 1979). En effet, Corrado Spadafora, Yongsheng Liu, Denis Noble, John Mattick et d'autres, ont développé des discussions contemporaines, des observations et des analyses critiques sur des processus tels que les modifications directes de l'ADN (indirectes, par exemple, épigénétiques, transmissions) dans la biologie de l'évolution et les champs adjacents nécessitent maintenant une révision complète de la théorie néo-darwinienne standard de l'évolution ou «nouvelle synthèse» qui a émergé à partir des années 1930 et 1940..."
Karin Moelling, de l'Institut Max Planck, a commenté l'article dans la même revue : « Cet article est utile, il interpelle et il vaut la peine de réfléchir, mais la déclaration principale sur les virus, les microbes et même les animaux venant de l'espace ne peut être prise au sérieux ». Mais ce scientifique n'apporte pas non plus d'arguments très tangibles pour prouver le contraire... ou fait semblant d'ignorer la réalité des bactéries et organismes vivants pouvant survivre longtemps dans l'espace, comme déjà prouvé...
Sources : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0079610718300798?via%3Dihub
https://doi.org/10.1016/j.pbiomolbio.2018.03.004
https://reader.elsevier.com/reader/sd/CE60DCBA18F7E0161E41C9B32C67BE41D3ACAEE829E48AA6E1E6CBD81A19D51111D0D9537976354767250B20D20C3847
https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/animaux-pieuvres-sont-elles-extraterrestres-71269/#xtor=EPR-17-%5BQUOTIDIENNE%5D-20180518-%5BACTU-Les-pieuvres-sont-elles-des-extraterrestres--%5D
Yves Herbo et Traductions, Sciences-Faits-Histoires, http://herboyves.blogspot.com/, 18-5-2018