OANI et contact au Japon en 1803
Une histoire particulièrement étrange et assez bien documentée est apparue pendant la période Edo japonaise (1603-1867). Cette période a été d'ailleurs la dernière pour les japonais en ce qui concerne un isolement exceptionnellement bénéfique pour sa prospèrité, sa paix et sa culture, qui se sont développés plus facilement. Cette assez longue période sans guerre, sans migrations ni commerce avec l'extérieur pratiquement a donc permis un développement complet de la culture japonaise sur toutes les îles que comporte ce grand archipel, y compris ses légendes et folklores, la mythologie étant cultivée et améliorée.
Mais une histoire retient particulièrement l'attention, car il ne s'agit pas d'un vieil héritage japonais ancestral, mais bien d'une nouvelle légende apparue à l'époque :
La datation n'est pas très précise, mais on sait que, un jour de l'année 1803, quelques pêcheurs du petit port de Harasha-ka-Hama, au nord du Japon, venait d'arrêter leur dur labeur de la journée pour se reposer, lorsqu'ils repèrent un objet étrange venant du rivage. De loin, les hommes voient ce qui ressemble à un bateau étrange, apparemment à la dérive sans but dans l'océan Pacifique. Alors qu'il dérivait plus proche du rivage, les pêcheurs ont décidé de plonger et d'aller le voir de plus près. Très intrigués mais avec prudence, les hommes nagent lentement vers le "bateau" pendant que la marée les aide en le rapprochant encore. Dès qu'ils sont assez proches, ils savent que ce n'était pas ordinaire, ce n'était rien de ce qu'ils avaient jamais vu de leur vie.
Ils se décidèrent assez rapidement pour une inspection du navire étrange et entreprirent de le remorquer jusqu'au rivage, toujours aidés par la marée. Ils parvinrent à faire glisser les trois à cinq mètres de large du vaisseau étrange à un endroit sûr de la plage. Le village entier se réunit autour, curieux de voir ce qu'il y avait à l'intérieur de ce navire inconnu. Une inspection minutieuse des matériaux de construction fut d'abord effectuée. Ce qui nous est parvenu, c'est une description de la partie supérieure de ce navire, qui ressemblait à du bois de bambou. Cependant très lisse et solide, avec une couche de peinture rouge qui couvrait toute la partie supérieure. Toujours au-dessus se trouvaient des fenêtres de cristal qui leur ont permis de scruter l'intérieur du bateau. Pour la partie inférieure du vaisseau, la légende rapporte qu'elle était faite de plaques d'airain... un design extrêmement étrange pour cette époque. Le plus étrange étant encore ce qui se trouvait à l'intérieur du navire.
En effet, l'intérieur était décoré avec un texte écrit dans un langage inconnu et étrange. C'était beaucoup plus des symboles géométriques et les simples pêcheurs japonais ne pouvaient comprendre ce que cela voulait bien dire, et qui l'avait écrit. Jusqu'à ce qu'ils découvrent, au milieu de ces étranges hiéroglyphes, une femme assise. Selon la légende, cette femme était assez jeune d'apparence, pas plus de 18 ou 20 ans. Ils l'ont décrite comme ayant les cheveux rouges feu et des sourcils très lisses, une couleur de peau très pâle. Ses vêtements étaient faits de tissus inconnus.
La femme tenait serré contre sa poitrine une sorte de boîte allongée, et les hommes bondirent en arrière quand elle se leva. Ils reculèrent tous et encerclèrent le mystérieux navire pendant que l'étrange voyageuse sortait de la "cuve" (description de la légende) et mettait les pieds sur la plage.
Les hommes chantèrent autour de la visiteuse, remarquant immédiatement que non seulement elle ne leur ressemblait pas du tout, mais qu'elle parlait également une langue inconnue. Elle est décrite comme très sympathique et courtoise. Ils ont tous essayé de communiquer avec elle, y compris des voyageurs d'autres villages, mais en vain. Les pêcheurs ont tenté de découvrir pourquoi la femme tenait en permanence une boîte allongée sur la poitrine si étroitement, comme si le contenu de la boîte pouvait lui sauver la vie. Elle n'a jamais autorisé quiconque à toucher la boîte, et a été décrite comme très soupçonneuse envers quiconque tentait de l'interroger à ce sujet.
Les hommes ont pensé que cela pouvait être la tête de son amant qui se trouvait dans la boîte, ce qui expliquerait son étrange comportement. Mais ce n'était qu'une théorie et les hommes ont tenté à nouveau de communiquer avec elle, et elle a aussi essayé d'échanger des informations.
Toujours en vain d'ailleurs, la femme décide d'abandonner les tentatives de communications, remonte sur le Utsuro-bune (nom donné à l'appareil par les locaux) avant de battre en retraite dans les eaux froides qui la ramèneront vers son monde...
Difficile de trouver une explication logique souvent quand il s'agit de légendes et de mythologie, mais ce récit ressemble beaucoup plus à un simple témoignage qu'à un montage pseudo-religieux ou une mauvaise interprétation d'un événement ordinaire (source de la plupart des mythologies pour la science officielle). Cela n'empêcha pas le professeur japonais Kazuo Tanaka de l'Université de Gifu, à Tokyo, de conclure en 1997 que l'histoire était un mythe. Il a conclu qu'il s'agissait d'une combinaison de folklore et d'imagination, une sorte de légende urbaine...
Par Yves Herbo (c) pour SFH 2012