Dossier Légendes d'Auvergne France
Dossier Légendes d'Auvergne France
Yves Herbo devant la Pierre de Ginish et le Serpent, Bourbonnais, Auvergne (photo Eric chapuzot, 2016)
Voici un dossier regroupant des articles présentant des légendes des régions du Bourbonnais et de l'Auvergne... ce n'est pas pour rien, je suis arrivé dans ces contrées qui, comme la plupart des régions de France, recèlent encore de nombreuses légendes et contes nous provenant des lointains âges pour beaucoup, et dont la tradition orale se perd malheureusement de plus en plus. Les origines mégalithiques, puis celtes de notre ethnie bien répandue dans toute la France font que nos légendes, du Nord de la France à la Provence, possèdent toutes un tronc commun au niveau des mythes très anciens liés notamment aux menhirs, dolmens ou autres Pierres Levées que l'on découvre encore (bien que des milliers aient disparues au fil des âges) dans pratiquement toutes des régions françaises... c'est donc tout naturellement que je commence cette série d'articles par des légendes liées à ces Anciennes Pierres Sacrées, à l'aide d'ouvrages déjà anciens eux-mêmes, découverts dans des bibliothèques locales (comme celle de Dompierre-sur-Besbre par exemple pour ce début)...
Ces histoires et références sont issues en partie des archives du Chateau de la Garde, sis à la Celle-sous-Montaigut, où elles ont été découvertes par Octave-Louis Aubert en 1944 et décrites dans son ouvrage "Légendes traditionnelles du Bourbonnais - Tome 1" paru en 1946 et réédité en 1998 par la SEPEC. Ces archives sont pour la plupart médiévales mais contiennent des écrits et copies datant des romains et des gallo-romains, celtes...
D'après cet ouvrage, trois centres mégalithiques existaient encore dans le Bourbonnais à l'époque de sa rédaction. Le premier se situe au sud-est, dans le canton de Mayet-de-Montagne, aux abords du village de la Chabanne. Il s'agit des Pierres-Courtines, mais en fait tout l'environnement et ses appellations font appel aux souvenirs des cultes druidiques, que l'on parle du Bois-Noir ou des Monts de la Madeleine, où l'on trouve encore les pierres à bassins et des dolmens. Sur Saint-Nicolas-des-Biefs, le Ré-des-Dieux et le Ré-de-Mussi ont pour voisin le menhir de la Pierre du Charbonnier. Situé sur le hameau de Gaulourdier, cette Pierre Levée se nomme ainsi à cause de ses sombres reflets. Sur la commune de Lavoine, au village de Malichard, existe le Champ-des-Rocs, qui se nomme ainsi car rien n'y pousse : il est couvert de petits menhirs et de grosses pierres, que la légende affirme avoir été jetées ici par le dieu romain géant Tanaris Lithobole (lithos : pierre, bolos : lancer), à moins que ce ne soit par le géant Gargantua. Il y a plusieurs Pierres sur Saint-Clément, avec la Pierre du Barde, la Pierre Maligne, les Pierres Folles, la Palle ou Pallus. Des alignements (un peu comme à Carnac en Bretagne, sans être aussi importants, ont longtemps été visibles à côté du village de Cressanges, mais ont totalement disparu vers la moitié du 19ème siècle, malheureusement. Une légende tenace est reliée à la Pierre qui Danse, à Saint-Léon : elle serait une fée transformée en menhir, et des histoires racontent qu'elle tourne et danse à minuit, les soirs de pleine Lune...Seulement, même si de nombreux jeunes garçons et filles se sont cachés pour la surprendre, comme elle est toujours fée, elle sait qu'on la regarde et ne bouge pas tant que c'est le cas...
Sans que l'on en sache vraiment la raison, un gros dolmen est surnommé le Dolmen de la Femme, près d'Arfeuilles. Il y a aussi les monolithes de Hyds, sur la route de Saint-Pourçain-sur-Sioule, qui ne sont plus que des vestiges usés... la légende dit que le plus gros ne serait en fait qu'un caillou que Gargantua aurait retiré de son soulier, quand il traversait le pays à grandes enjambées pour se rendre au village cité. Pour finir avec ce premier groupe, nous trouvons encore les menhirs d'Estivareilles, qui ont été christianisés, et qui se nomment maintenant la Croix Brousseau et la Croix de la Grenouillère...
Un exemple de menhir christianisé à Venas
Les autres noms des lieux où se situent le deuxième groupe de monolithes ont incontestablement une étymologie celtique également : ils se trouvent tous deux en Combraille (Combe, vallée étroite et profonde). Avec l'un qui se dresse sur les flancs de la colline de Toul-Sainte-Croix (Creuse) ou plutôt Toulx (Vallon dans sa racine celtique) et l'autre sur le sommet du Mont Burlot, avec les Pierres Jaumâtres qui regroupent la Pierre du Jugement, ou des Oracles, dénommée encore Teutatès, ou encore les Pierres Dep-Nell, ou "sans chef". Notons que la Pierre des Oracles ne tient sur son bloc de base que par miracle d'équilibre et que l'on assure qu'elle oscille et vibre lorsque le vent d'ouest (provenant de la Bretagne Armoricaine) souffle dans les forêts voisines...
Les Pierres Dep-Nell, George Sand s'est inspirée de ce lieu pour l'une de ses nouvelles trouvable dans "Légendes Rustiques"...
Légendes de la cité disparue de Taricum, ou de la Fille du Roi Arthur...
Le troisième groupe, qui n'est pas très très loin du second, se trouve sur les landes de la Tanière, entre le village de Fontanat et le hameau des Jarges, plus précisément à l'endroit où la route de Saint-Martinien à Treignat croise celle d'Archigniat : ce sont les Pierres-Giraud ou Girods. Et ces deux groupes proches l'un de l'autre font d'ailleurs l'objet d'une très ancienne légende liée à l'existence de deux très anciennes villes, qui y auraient existé il y a plus de vingt siècles. Ces monolithes sont dispercés sur de vastes étendues incultes et d'ailleurs incultivables tant il sont encombrés de cailloux et de pierres qui percent de partout les genêts, bruyères et herbes folles, et qui donnent l'impression d'une multitudes de pierres résultant d'une formidable explosion ayant disloqué les murailles d'anciennes et importantes cités. La première, dont les Romains s'emparèrent lors de la conquête des Gaules, reçut de ses envahisseurs le nom de Taricum, disent les uns, de Tullum, disent les autres. Ce qui est certain, c'est qu'on a retrouvé à cet endroit les substructions de camps établis par les occupants. De la seconde cité on ignore l'ancien nom.
Des légendes celtes (ou en ayant l'âme, héritages du mystérieux peuple des mégalithes, plus ancien de plusieurs millénaires) s'attachent à la disparition de ces deux villes. Un peu comme le furent Is ou Occismor chez les Armoricains, ces deux villes auraient été anéanties en punition de leur débauche, voire des crimes de leurs habitants. Mais au lieu d'être englouties par les flots de la mer, elles furent, comme Sodome et Gomorrhe, dévorées par le feu et englouties par la terre. D'ailleurs, tout comme Is et les autres "Atlantides" bretonnes, ces villes ne sont pas réellement mortes : elles continuent de subsister dans les profondeurs, avec leurs maisons, leurs temples ou leurs églises, leurs marchands et leurs habitants, en attendant le jour où elles reviendront à la lumière et reprendront le cours interrompu de leur existence...
D'autres récits font état de la possibilité que ces villes antiques aient en fait succombées sous les coups de barbares venus de l'est, bien avant l'ère chrétienne, lors des invasions, aux premiers siècles de l'Histoire. Une seule chose de certaine pour les spécialistes : les mégalithes de Toulx-Saintes-Croix et de Fontanat sont bien les vestiges d'anciens temples druidiques. Leur disposition évoque celle des cromlechs. Au milieu se voit la pierre des sacrifices, creusée de cavités à la forme du corps humain, de rigoles par lesquelles s'écoulait le sang et de bassins où les sacrificateurs déposaient les entrailles de la victime pour en tirer des oracles. L'enceinte de ces sanctuaires est délimitée par des Pierres Levées ou menhirs de hauteurs différentes, placés de distance en distance. Les pierres sur lesquelles s'accomplissaient les sacrifices sont plus élevées que les autres et dominent une grande étendue du pays.
Sur place, on s'imagine sans peine une foule se pressant debout, tout autour, sur le flanc des collines, assistant aux assemblées culturelles des solstices et des équinoxes, à l'égorgement de l'homme, de la femme, ou de l'animal offert en holocauste aux manes de Teutatès, Père du monde ou encore de Belem, dieu du Soleil, et lançant vers le ciel des " évohés " d'acclamations triomphales... Les branches des chênes très nombreux à l'époque étendaient leurs rameaux verts et dentelés sur l'autel ou dolmen, d'où s'élevait la voix des duidesses, virginales sujettes de Tad, pour invoquer les dieux, avant de procéder avec leurs faucilles d'or à la coupe du gui...
Les noms des Pierres sont assez parlants en eux-mêmes, et sont parvenus jusqu'à nous : la Pierre du Plaid paraît indiquer que les druides rendaient devant elle leurs sentences de justice ; l'autre se nomme la Pierre de l'Oracle et ses oscillations, comme celles des rolers de Grande et de Petite Bretagne, fixaient les destinées humaines de l'époque. Même la vallée où coule un ruisseau qui descend de Fontanat vers la Majeure, est appelée le "vallon des tombeaux" : l'emplacement probable d'une ancienne nécropole celtique...
Mais revenons à cette mystérieuse cité disparue, nommée Taricum ou Tullum par les Romains de Jules César. Avant de vous conter la légende de cette ville, étroitement liée à celle de la fille du Roi Arthur (et oui !), je vais parler des vraies recherches archéologiques, étymologiques et géographiques qui ont été faites par J. F. Baraillon, ancien député de la Creuse, membre du Corp législatif, correspondant de l'Institut de France, de la Société galvanique de Paris, associé regnicole de la Société de médecine de la même ville, associé de celle de Bordeaux, membre non résident de l Académie celtique, etc, etc... dans son ouvrage paru en 1806 " Recherches sur plusieurs monuments céltiques et romains " (éditions Dentu à Paris).
Ainsi, pour Mr. Baraillon, la ville antique de Taricum est assimilable aux ruines de la ville de Toull (Toulx Sainte-Croix dans la Creuse)... qu'il étudie dans son ouvrage, dont voici un large extrait (mais rappelons que ce qui était encore visible en 1806 ne l'est plus probablement de nos jours, malheureusement... et aussi que le texte est en vieux français : il ne s'agit pas de fautes d'orthographe donc, mais d'une autre époque...) :
" Il existe dans le second arrondissement de la Creuse, une montagne appelée "de Toull" : elle domine sur une grande étendue de plaines et de coteaux du département , et même des départements environans, tels que le Puy-de-Dôme, l'Allier, le Cher : son élévation au-dessus du niveau de la mer est d'environ 670 mètres, d'après M. Delambré. C'est sur le sommet de cette montagne, qu'une immense quantité de pierres, les unes amoncelées, les autres éparses, fixent l'oeil du voyageur et provoquent nécessairement son attention, en excitant son étonnement.
Si on parcourt l'espace qu'elles couvrent, on s'aperçoit bientôt qu'elles suivent le contour de la montagne, qu'elles forment plusieurs enceintes circulaires, et que toutes ont été lancées du dedans au dehors.
Pour peu que l'on s'y connaisse, on demeure également convaincu qu'elles ont servi à des murailles, à des bâtimens. Toutes présentent un parement très uni : la plupart sont cependant d'une telle grosseur, que nos ouvriers refuseraient de les employer. Avec du travail et de la patience, on trouve, sous ces amas, les restes des murs dont ils ont fait partie. Ils excèdent souvent d'un quart de mètre la superficie du sol, et on peut aisément voir la forme, l'étendue, la structure des édifices. Ces murs ont, en général, un mètre et jusqu'à un mètre et quart d'épaisseur. Plusieurs, pour parler avec les ouvriers, sont tirés à la sible : c'est-à-dire que les pierres de chaque rang sont échantillonnées, d'égale hauteur et bien ajustées. Il en est qui forment les deux paremens, et rendent de la sorte l'ouvrage très-solide. Il est aussi des murailles à.pierres mêlées, où l'on ne distingue point les assises, ni l'existence d'aucun mortier. Il est constant que les interstices et les vides des pierres ne sont remplis, en certains bâtimens, que de terre végétale, en quelques autres de tuf, et en beaucoup d'argile non gâchée. Les constructeurs ne s'occupaient qu'à bien asseoir, à bien engraîner les moellons, si l'on peut parler ainsi, sans soupçonner combien le mortier, surtout d'une terre glaise très graveleuse, ajoute à la solidité...
Ce fait, je l'avoue, m'a paru d'autant plus extraordinaire, qu'ils connaissaient et savaient employer le mortier de chaux ; j'ai donc dû m'en assurer ; mais toutes mes recherches n'ont servi qu'à me convaincre qu'ils ne gâchaient pas la terre à maçonnerie. Peut-être pourrait-on penser, en considérant la haute antiquité des murs, que le temps a dénaturé le mortier, a détruit le liant, le gluten qui en unissait et soutenait toutes les parties.
Les édifices varient peu entre eux : les uns sont ronds, ainsi que l'énonce Strabon (1), en parlant de ceux des Gaulois ; les autres sont carrés. Il en existe aussi d'oblongs, même d'ovales à une extrémité, tandis qu'ils sont étroits et angulaires à l'autre. Quant aux matériaux de construction, il ne faut pas s'étonner si, dans une ville et un pays où les pierres abondent, on n'a pas bâti en bois, ainsi que l'assurent Vitruve et l'auteur ci-dessus cité (2). II faut nécessairement rapporter, ce qu'ils avancent à ce sujet, aux campagnes et aux parties de la Celtique moins bien favorisées. D'ailleurs Toull avoisine la Marche, et je ne doute pas que cette partie des Gaules ne fût autrefois, comme aujourd'hui, le pays des maçons. Il en existait bien évidemment, puisque César rencontrait chez chaque peuple, des villes populeuses, et bien fortifiées : Plutarque en fixe le nombre à 800. Le plus grand nombre des maisons n'allait pas au-delà de trois ou quatre mètres en oeuvre ; quelques-unes cependant en offrent jusqu'à six. C'était un grand luxe, sans doute, que de pareils abris, si on les compare aux cachettes souterraines dont on parlera dans la suite.
Nous avons découvert l'entrée de quelques-unes de ces maisons. De grosses et longues pierres debout, sans feuillures, sans traces de gonds, ni de crapaudines, formaient les montans des portes; d'autres, que l'on voit à côté, servaient sans doute de linteaux. L'impôt des fenêtres eût été très mal assis sur une pareille ville ; car on peut raisonnablement douter s'il en existait. Nos fouilles ne nous ont procuré que deux seuls assemblages qui formaient une sorte d’œil de bœuf d'un double décimètre, dans sa plus grande ouverture. Le marteau ne parait y avoir concouru que pour très peu : un bloc ayant une échancrure naturelle dans son milieu, fendu, ajusté par ses extrémités, semble en avoir fourni l'idée et fait tous les frais. Nous n'avons aperçu aucune trace de cheminée ; là, comme en certaines chaumières de la Suisse, de la Souabe, le feu se faisait au milieu de l'habitation, et la fumée s'échappait par le toit.
Mais, en parlant de toit, nous nous sommes assurés que les bâtimens n'étaient point couverts de tuiles. On n'en a jamais trouvé, et nous n'en avons nous-mêmes découvert quelques vestiges, à la suite de recherches très minutieuses et très suivies, que dans deux endroits que nous indiquerons : tandis que dans la ville romaine de Néris, également ruinée, et qui fait partie de ces recherches, on marche de toutes parts sur des débris de cette espèce. On peut donc assurer que les édifices étaient couverts de chaume, ainsi que le prononce César à l'égard des Gaulois, et Diodore de Sicile à l'égard des Bretons. Alors, cette toiture pouvait être très élevée, comme le dit Strabon (3), respectivement à celles des Romains qui étaient presque plates, ainsi que l'atteste l'espèce de tuiles dont ils se servaient. Tout porte à croire que les cases, car c'est le nom que méritent ces tristes demeures, étaient très basses, attendu leur construction, la fréquence des orages et l'impétuosité du vent qui désolent cette montagne. Elles étaient d'ailleurs contiguës, entassées sans ordre et très serrées. Les rues, dont on peut apercevoir quelques marques, avaient au plus trois ou quatre mètres de large. Un puits carré, presque comblé, qui se voit au midi, porte avec lui l'empreinte d'une très grande ancienneté. Son contour de granit est usé : il serait difficile d'en indiquer la profondeur.
On rencontre, au centre et au nord de la ville, deux bâtimens aussi remarquables par leurs formes que par leur construction. Celui du nord présente un carré au milieu d'un autre. L'enceinte extérieure du premier est de soixante-neuf mètres et demi, l'intérieur de dix-huit trois quarts. L'interstice vide entre les
deux carrés est d'environ sept mètres. Ici on a employé le mortier de chaux, et, à défaut de sable, de la pierre grossièrement écrasée. Cette pierre tendre est commune dans les environs, et très différente de celle qui a servi aux murailles. On ne trouve dans les décombres aucun reste de tuiles, de briques ou de carreaux : tout porte à croire qu'il n'a jamais été couvert. Celui du centre en comprenait plusieurs autres, dont le plus marquant était une tour ronde. Ce bâtiment, éloigné de 160 mètres du précédent, avait des murs de deux mètres d'épaisseur, construits avec des mortiers de différentes espèces. On y a trouvé d'anciennes armes, mais détruites par la rouille ; et une longue barre de fer, terminée en gond par l'un de ses bouts, du poids d'environ deux myriagrammes et demi. Le premier de ces édifices me rappelle le vestibule ou Porche de l'Autel, près de Pontrieux (Bretagne), dont parle Caylus (4). Il n'en diffère que par sa forme carrée, tandis que le porche de l'Autel est rond. Notre tour ayant été rasée près de terre, ne laisse apercevoir aucune de ses entrées ; nous ne pouvons donc prononcer ni sur le nombre de ses portes, ni sur sa hauteur. Cependant, si l'on en juge par l'étonnante quantité de ses débris, on pourra assurer qu'elle était très élevée et construite des plus grosses pierres. Ses murailles avaient deux mètres d'épaisseur. Elle était située sur le sommet de la montagne, et paraissait correspondre avec les Pierres Jomâtres et Dep-Nell. Je ne doute pas qu'elle ne servît tout à la fois de forteresse et de temple. Les temples des Celtes étaient tous très étroits, ceux qui sont parvenus jusqu'à nous le confirment. Diodore de Sicile en distingue évidemment de deux sortes : d'où il faut conclure qu'il existait chez les Gaulois des petits temples ouverts par le haut sacella, comme ceux de Lanleff (Bretagne) et de Toull, et d'autres plus considérables, delabra, où il existait un simulacre quelconque de la divinité.
Au surplus les temples des Celtes étaient assez fréquemment de forme carrée, et placés entre le midi et le nord. Tel est celui de Chambon.
Si l'on me demandait à quelle divinité le temple de Toull était consacré, je répondrais d'abord avec César (5) , « que la nation entière des Gaulois était très religieuse. » J'oserais même ajouter qu'une pareille ville, si elle existait sous les Romains, devait avoir sa divinité tutélaire, son dieu principal, pour parler avec Minutius Félix, sa dea Tulla ou tarica ; et je citerais en témoignage tant de divinités de cette espèce, dea Bibracte, dea Segusia, dea Vocontiorum, dea Onvanha, Borvo et Mona, Andarte, Arduina, dea Segesta, dea Berecinthia, etc , etc. J'irais même jusqu'à dire, avec l'abbé Mongault (6) qu'elle a pu, ainsi que plusieurs autres, diviniser quelques-uns de ses chefs, de ses magistrats, de ses bienfaiteurs, et j'appuierais cette assertion sur des ruines, des monumens qui se voient dans un village très voisin, et sur le nom celtique de ce même village. En effet le mot bed-ïoun, bed-jun, annonce la présence de tombeaux, sans doute consacrés aux grands hommes de cette peuplade : mais comment les distinguer aujourd'hui entre plusieurs autres ? à moins de considérer comme tels les plus élevés, les plus marquans, ceux qui sont accompagnés d'un plus grand nombre d'inférieurs ; ceux surtout auxquels adhéraient les petits édifices dont on voit encore les ruines et les fondemens ; bedd, sépulcre, ïoun oujoun, du Dieu, du Seigneur. Le second bâtiment occupait le centre de la ville ; ville qui se trouve réduite aujourd'hui, à la suite de plusieurs accidens, à douze ou quinze chaumières. C'était là l'emplacement du château dont quelques bulles et d'anciens titres font mention. C'était sans doute aussi le séjour du prince dont il sera parlé.
Toull avait trois enceintes en amphithéâtre. Le rempart, qui circonscrivait la ville, avait douze cents mètres de circonférence ; il était éloigné de quarante du second, le second de quarante du troisième ; c'est-à-dire, eu égard à l'escarpement du terrain, qu'ils étaient respectivement à la portée du trait et de la fronde. On ne trouve aucune marque de bâtiment dans les interstices, si l'on en excepte celui dont il sera question plus bas. Le premier rempart, le plus interne, avait jusqu'à cinq mètres et demi d'épaisseur ; le second, que l'on peut appeler l'intermédiaire, n'en avait que trois. L'un et l'autre répondaient, par leurs constructions, aux habitations des citadins, qui étaient évidemment de deux sortes ; les unes avec mortier, et les autres sans mortier mais les pierres en étaient infiniment plus considérables. La troisième muraille, la plus extérieure, avait deux mètres de large ; elle différait peu de l'intermédiaire, et devait être peu élevée, si l'on en juge par la petite quantité de ses débris. Le temps a complètement comblé le fossé, si jamais il en a existé un aux pieds de ce dernier. C'est ici le lieu de se rappeler, en considérant ce rempart isolément, que telle était, selon César, la manière de se fortifier des Gaulois. C'est ainsi qu'ils se retranchèrent sous les murs d'Alise (Alesia). On aperçoit encore à Gergoie des murs construits en grosses pierres sèches, hauts de deux mètres, pour se couvrir et arrêter l'ennemi, au rapport de Pasumot (7).
On peut assurer que les derniers rangs de maçonnerie de chaque mur de circonférence étaient terminés par des pierres énormes par leur épaisseur, leur longueur et leur largeur : elles sont encore sur place, et paraissent y devoir rester long-tems. Nous devons ajouter que la montagne elle-même est minée et percée en plusieurs endroits. Je connais un de ses souterrains au nord, entre la seconde et la troisième enceinte, à quatre-vingt mètres environ du temple dont on a parlé, et qui paraît communiquer avec celui-ci. Des coups de masse de fer fortement appliqués sur des corps durs placés sur le sol, en font soupçonner beaucoup d'autres par le bruit et le frémissement qui en résultent (8). On a coutume de lui rapporter tous ceux que le hasard fait assez fréquemment découvrir dans les environs. L'on croit, en conséquence, que ceux de la Chom, de la Clusière, et même de la Garde y vont aboutir (9). Ces mines, ces souterrains confirment encore ce qu'a dit César du savoir des Gaulois en cette partie. Personne ne pouvait mieux en juger que ce vainqueur, auquel ils en avaient donné des preuves en différents siéges, notamment à celui de Bourges. Ces faits, une fois constatés, la tradition orale se trouve parfaitement d'accord avec eux, et le nom celtique de Toull devient très expressif. Ce mot, comme substantif, exprime un trou, un creux, une ouverture étroite, une profondeur ; comme adjectif, il signifie tout ce qui est percé.
Si l'on considère l'immense quantité de pierres que l'on a enlevées, peut-être depuis quatorze siècles, et que l'on enlève journellement pour bâtir ailleurs ; si l'on se représente la multitude incroyable de celles qui ont été successivement enfouies et que l'on enfouit chaque jour ; si l'on examine enfin ce nombre prodigieux de cases qui se pressent pour ainsi dire les unes sur les autres, partout où le cultivateur n'a pu surmonter la masse des décombres, on sera forcé de convenir de l'existence d'une ville infiniment populeuse, relativement à son étendue. Remarquez que celles de Gergoie, Gergovia, et d'Alise, aujourd'hui Bourg-Sainte-Reine, occupaient encore moins de terrain, si l'on s'en rapporte aux meilleures descriptions. Mais cette population ne se bornait pas à une si étroite enceinte. Tout le contour de la montagne de Toull, les vallons, les coteaux, les bois, les champs environnans ont été couverts de maisons. Elles sont absolument les mêmes que celles de l'intérieur, c'est-à-dire très étroites et affectant de préférence la forme ronde ou carrée. Nous ne hasarderons rien en assurant que le nombre des habitans hors la ville, égalait au moins, s'il ne surpassait pas, celui des citadins.
Les villages voisins, parmi lesquels plusieurs portent des noms celtiques, montrent des ruines et annoncent une nombreuse et ancienne population; on doit de préférence citer ici celui de la Mazère. Il existe sur le mont Chabrut ou Puy-Chabrut, à l'ouest de Toull, des traces de bâtimens, même un puits carré qui a dû être très profond. On voit sur le territoire de la Ronzire, au milieu de plusieurs mazures, une petite voûte, en forme de calotte, dont l'intérieur mériterait d'être fouillé ; ce pourrait être un antre de Mythras. De toutes parts, en un mot, dans un rayon assez étendu, dont Toull est le centre, ce sont des ruines et des ruines très anciennes.
(...) D'après cet exposé, je regrette de n'avoir point pénétré dans les souterrains, dans les antres les plus cachés de Toull; mais je n'y renonce pas. C'est là seulement où l'on pourra trouver des armures, des simulacres, des instrumens propres aux sacrifices et autres objets utiles à connaître, qui auront été soustraits à l'avidité du vainqueur, ainsi que cela se pratiquait partout dans l'extrême danger. La tradition orale encouragerait, à ces recherches si elle méritait quelque confiance. Quoiqu'il en soit, on peut augurer, en voyant de telles ruines, qu'aucun être animé n'a survécu au sac de cette ville : motif de plus pour croire à la possibilité de découvertes vraiment intéressantes.
L'épaisseur de la couche de terre végétale qui se remarque sur le plateau de Toull, et qui est souvent d'un demi-mètre, est encore une forte preuve d'une ancienne et nombreuse population. Il est en effet extraordinaire de trouver au sommet d'une montagne, surtout dans la Creuze, une telle couche et un sol aussi fertile, tandis que les vallons, qui cependant reçoivent toute la substance, tout l'engrais des terrains supérieurs, ne présentent rien de semblable. Il est, d'après cela, facile de concevoir les fatigues du cultivateur pour déblayer son champ, et d'où proviennent ces tas énormes de pierres que l'on rencontre à chaque pas, ou, pour mieux dire, qui se prolongent sans interruption et qui couvrent une si vaste étendue.
Le lieu consacré aux inhumations, et qui est toujours le même, complète encore mieux cette preuve. Son principal aspect est au midi, son entrée au nord. Il est situé entre le second et le troisième rempart. Malgré une diminution de près de moitié, il est encore très étendu, et infiniment trop pour une commune qui ne compte qu'environ onze cents habitans (YH : en 1806, ce village est en train de mourir de nos jours, avec 280 habitants...).
Les fouilles y font découvrir quatre couches successives de tombeaux : parmi les deux premières, les plus profondes, on trouve quelques pierres du pays creusées en auge ; il s'est rencontré dans la suivante une pierre blanche, très étrangère au département, également creusée, mais dont la partie inférieure était beaucoup plus étroite que la supérieure ; dans cette troisième couche on lit sur quelques tombeaux les lettres initiales de dis superis, sur d'autres celles de diis manibus. On voit sur un très grand nombre une croix entre deux ascia. L'une de celles qui soutenait l'arbre de la liberté, présentait ces emblêmes. Ces derniers sont sûrement du 3e ou du 4e siècles; ils prouvent tout à la fois le passage du paganisme au christianisme, ainsi que la fusion des deux religions.
Il est bon de remarquer que les tombeaux les plus profonds en terre, ceux qui sont évidemment les plus anciens, répondent tous aux solstices ou au midi ; que l'ascia, sur lequel on a tant disputé, est ici très reconnaissable : c'est la petite hache du charpentier, à manche court ; et enfin que les tombeaux de pierre blanche sont en général communs dans les plus anciennes églises et paraissent appartenir aux premiers Chrétiens. Au surplus, ce lieu bien suivi, bien examiné, pourrait fournir des découvertes et matière à beaucoup d'observations.
On rencontre dans le même enclos, ce que je n'ai encore vu nulle part, un amula romain à côté de plusieurs tombeaux. Les uns sont ronds, les autres légèrement aplatis sur deux faces. Tous sont plus ou moins avant dans la terre, ressortent d'un mètre ou environ, et présentent à leur extrémité supérieure une cavité oblongue, pour contenir l'eau lustrale ou préservative.
Il existait au milieu de cette enceinte un bâtiment qui, comme tous les temples gaulois, regardait le midi. L'entrée en était également au nord. Il paraît qu'une fontaine jaillissait à son extrémité opposée. Si les Celtes l'ont élevé, ce qui est fort douteux, il a pu sous les Romains être consacré aux dieux Mânes : quoi qu'il en soit, il a fini par être sous le vocable de St.-Martial. Il est de forme ovale ; ses murs épais d'environ quatre-vingt centimètres, ont été construits avec du mortier de terre, ce qui prouve qu'ils sont moins anciens que ceux de plusieurs des cases dont on a fait mention. Il est donc bien constaté que la population de Toull était considérable. Mais qu'elle pouvait être la cause d'une pareille réunion d'hommes ? dans un lieu naturellement ingrat et aride avant cette réunion, sous un ciel brumeux, froid, sujet à toutes les intempéries, où l'on devait nécessairement éprouver toutes sortes de privations ! je ne vois que deux intérêts capables de surmonter tant d'obstacles, de contrebalancer tant de sacrifices : la religion, la sûreté individuelle. La religion, ses monumens la proclament. La sûreté individuelle se manifeste dans le nombre des citoyens, dans la triple enceinte, dans les souterrains, dans les forteresses , et enfin dans l'élévation et l'escarpement de la montagne. Toull, ainsi qu'Alise et Gergovia, pouvait passer pour une des plus fortes villes des Gaules.
On avait multiplié les portes de ville pour faciliter la circulation des habitans. On en comptait six : savoir une au nord, de trois mètres de large, dont on voit encore les premières assises ; elle répondait à un certain nombre de marches dans l'intérieur, dont six subsistent encore. Une seconde regardait le sud-est et répondait à la croix que l'on nomme Jacques. Une troisième était placée entre celle-ci et celle du midi. Celle du midi et celle du sud-ouest se succédaient ensuite. Enfin celle de l'ouest étoit remarquable par la tour qui la défendait. Non loin de cette tour se voit encore une levée qui aboutissait à une autre qui paraissait régner tout autour de l'enceinte la plus interne. Ces levées ne s'aperçoivent qu'en ce seul endroit. Il partait de quatre de ces portes de ville, autant de chemins bien pavés d'environ trois mètres de large, qui se pratiquent encore dans toute l'étendue de la commune de Toull, c'est-à-dire, à plus d'une lieue de distance. Tous tendent évidemment à des villes très anciennes, dont les noms latins ont varié dans le cours des siècles ; savoir, à Ahun, Agedunum, Acitodimum, Acedunum, Adedunum, Agidunum ; à Argenton, Argantomagus, Argentonium ; à Château-Meillant, Mediolanum, Castrum-Melanum ; à Chambon, Cambiovicus, Cambo, Cambonium, Campus Bonus.
Le chemin d'Ahun conduisait à Limoges, celui d'Argenton à Poitiers, celui de Château-Meillant à Bourges, celui de Chambon à Néris;et de là en se bifurquant à Autun et à Gergoie, Gergovia Arvernorum.
Maintenant à quelle époque rapporter le renversement de Toull ; à qui l'attribuer ? il a eu lieu, ce renversement, avant l'usage commun des verres à vitres : on sait qu'ils ne furent connus à Rome que dans le cours du premier siècle de l'ère vulgaire, ainsi qu'il résulte de deux passages, l'un de Pline le jeune, l'autre de Pline l'ancien (10), si on en excepte un seul endroit du château, il n'a encore été découvert nulle part des débris de cette espèce. Il a eu lieu ce renversement, lorsque les tuileries, les briqueteries étaient encore très rares, l'art du tuilier étant a peine connu ; car on ne rencontre des fragmens de tuiles et des carreaux entiers que sur deux emplacemens qui offrent des bâtimens ou le mortier a été employé, conséquemment beaucoup moins anciens que ceux dont les murs sont en pierres sèches. D'ailleurs les restes des édifices, des remparts, les ruines elles-mêmes, méritent un examen plus scrupuleux pour prononcer si les Romains se sont établis dans cette ville. On y trouve plusieurs objets qui appartiennent exclusivement au culte de cette nation, et ce culte fut long-tems le dominant dans les Gaules. D'autre part Toull n'a pu être compris dans la proscription de Vercingetorix, il réunissait tout pour une longue défense : on ne brûloit que les lieux qui n'en étaient pas susceptibles, et on ne trouve ici aucune marque d'incendie, on sait qu'elles sont ineffaçables. On ne peut donc en accuser les Romains qui furent souvent généreux envers les vaincus et qui embellissaient souvent au lieu de détruire. Quoi qu'il en soit, jamais saccagement ne fut plus complet : il faut croire que la fureur des assaillans égala la résistance des assiégés. On ne peut donc l'imputer qu'à la barbarie d'une horde sauvage. Je m'aperçois qu'avant de s'occuper de sa destruction, il aurait fallu parler de son existence ; mais rien ne l'atteste, elle est absolument ignorée, absolument inconnue. On ne la trouve que dans ses ruines, on ne la découvre que sous ses propres décombres.
S'il était cependant permis de tirer quelqu'avantage de ce qui n'est peut-être qu'une erreur typographique, ou la faute d'un copiste ; je citerais Ptolomée. Dans une édition de sa Géographie, à Cologne, en 1507, copiée sur celle de Venise, on lit : " Hi omnes ab ortu solis habitant, Participant et post ligirim flu. Bituriges culi Et civitas taricum ".
En supposant que taricum se lise dans le manuscrit original, il faudra convenir que Toull existait encore du tems de ce géographe, c'est-à-dire, environ l'an 14 de l'ère vulgaire. Il est à observer, sans toutefois prononcer sur ce taricum, que la conjonction et, qui le précède, au lieu d'indiquer la capitale des Bituriges cubi, annonce précisément une ville qui en est très distincte, et civitas taricum. Si Ptolomée l'avait donné comme capitale de ce peuple, il aurait dit, comme partout ailleurs, quorum civitas taricum. On ne manquera pas de m'objecter que taricum ne répond pas au mot Toull ; je répondrai qu'il en est ainsi de tous les noms latins comparés aux celtiques. J'ajouterai que cette nomenclature, fatal présent des Romains, a tout obscurci, tout dénaturé, tout anéanti. Elle n'a pas moins nui à la géographie qu'à l'histoire. C'est à elle que nous devons ces erreurs sans nombre, cette confusion, ce cahos qui régnent dans tant d'écrits, cet oubli de tant de cités, cette ignorance de tant de pays et de tant de peuples que l'on cherche encore inutilement. Heureux ceux qui ont recouvert ou conservé leurs anciens noms !
Au reste, si taricum ne répond pas au celtique Toull, il convient mieux du moins au mot tour, dont le vulgaire se sert pour désigner le même endroit ; et si taricum n'est pas une faute, je ne douterais pas que le nom de tour en dérivât. Il est à observer que ce dernier est très expressif dans l'idiome populaire, puisque dans le fait les citadins habitaient dans des tours, tout ainsi que les Thyréniens dont parle Pelloutier...
(...) De son côté, Toull, ce qui est très-digne de remarque, trace lui-même sa ligne de démarcation du côté des Cambiovicenses (un peuple Gaulois), par les villages des Bordes, de Bordesoul, etc. etc. qui n'ont également aucun besoin d'interprétation. Tous ces noms sont celtiques, ou dérivent bien évidemment de cet idiome. Ainsi, tout m'autorise à croire que c'était ici un chef-lieu de cité: peut-être qu'en y réfléchissant bien, on y trouverait un de ces peuples noyés dans l'ancienne géographie, et que nous avons perdus dans la moderne. Je citerais les Insubres, les Ambivarïti, les Aulerci, les Branovices, les Datii, et tant d'autres qui nous sont inconnus, grace à la nomenclature romaine. Les Insubres gaulois, par exemple, pourraient y reconnaître leur Medialanum : car je ne doute aucunement que Château-Meillant qui, dans la carte de Peutinger est sur la route d'Argenton à Néris, ne fît partie et ne fût situé au centre de la cité toulloise. Autrement il serait impossible de concevoir l'origine de son nom ; or, il est bien certain qu'aucun nom propre n'est le produit du hasard.
Je conviens qu'il est difficile d'établir que Toull ait été une capitale, un chef-lieu de cité ; mais je suis loin de penser que les preuves en soient impossibles. J'en distingue de trois sortes : les apparentes, les conjecturales, celles qui résultent des faits ; je passerai rapidement sur chacune.
Parmi les apparentes, je compte celles qui proviennent du fait des auteurs ou des manuscrits : elles seraient très nombreuses si l'on pouvait s'y arrêter. Si l'on s'en rapportait, par exemple, à la carte que Samuel Clarke a mis en tête de ses Commentaires de César, qu'il a intitulés : Gallia uetus, et qui n'est autre que celle de Jean Jansson, on pourrait avancer, avec quelque vraisemblance, que Toull était ce gergovia boïorum, ce gergobina que l'on cherche si inutilement depuis tant de siècles. En effet, il se trouve sur cette carte, à l'extrême frontière des Leinovices, des Bituriges, et en deçà de l'Allier. Mais ce placement fronde ouvertement l'opinion de d'Anville et des hommes les plus instruits. Tous se réunissent pour fixer les Boïens entre l'Allier et la Loire. L'on attaque en outre l'exactitude des manuscrits et celle de César lui-même sur la géographie. Je pourrais multiplier ces exemples, mais ce serait sans utilité ; il est facile de concevoir le peu d'importance que j'y attache. L'impuissance où l'on est d'étendre le territoire des peuples Lemovices jusqu'à Toull, me fait déjà naître l'idée que Toull pourrait bien avoir été le chef-lieu d'une cité particulière. L'existence d'un prince dans cette ville, ajoute ensuite infiniment à mes conjectures et les rend probables. Il est vrai que cette existence n'est d'abord constatée que par la légende ; mais cette légende est elle-même fort ancienne. C'est elle d'ailleurs qui, la première, fait entendre le mot de Tullum. « Martialis igitur Lemovicum fines ingressus, Tullum venit, ubi hospitis Jilia à daemone liberata et loci principe vitae restituto, multos adjidem convertit, inde Agedununt se contulit. »
Ainsi, lorsque Martial apostolisait, c'est-à-dire vers le milieu du troisième siècle, sous l'empire de Dece et de Gratien, au rapport de Grégoire de Tours, il y avait un prince à Toull. On sait que chaque peuple des Gaules avait le sien ; César en cite plusieurs par leurs noms, et l'on voit Vercingetorix les réunir chaque matin en un conseil de guerre, principes earum civitatum, pour la défense d'Alise. La présence d'un prince prouve nécessairement celle d'un peuple ; car on ne peut supposer un chef sans commandement, et un commandement sans un certain nombre d'individus qui doivent obéir. Au surplus, d'après Diodore de Sicile, livre 5, traduction de l'abbé Terrasson, les Gaules étaient habitées de son tems, c'est-à-dire sous Auguste, par une infinité de nations plus ou moins populeuses, dont les plus fortes étaient de deux cent mille hommes, et les plus faibles d'environ cinquante mille.
Ce titre de prince, si cher et si familier aux Gaulois, devint très commun sous les derniers rois de France de la première et seconde race ; alors les ducs et les comtes des provinces s'emparèrent de la souveraineté, et se qualifièrent de princes, selon Loyseau. Les titres et documens des 10e et 11e siècles, prouvent encore la présence d'un prince à Toull : on en voit même quelques traces dans le 12e. Un sceau, que nous avons trouvé sous les ruines de l'ancien château, porte une fleur de lys sur l'écusson. On lit, tout autour, S : P : LOTET ; succèdent deux étoiles et une croix. Il pouvait appartenir au dernier prince,ou être celui du gouverneur du fort, lorsqu'il fut pris par les Anglais, sous Charles VI.
Enfin, le troisième genre de preuves, le plus incontestable, est celui qui résulte des faits : or, il est bien constant qu'il a existé une population nombreuse à Toull, qu'il fallait de très puissans motifs pour l'attirer et la fixer, que la forme d'un grand nombre d'habitations, la nature et la construction des murs de la seconde et de la troisième enceinte, l'assiette de la ville, ses souterrains, ses chemins ; que tout, en un mot, jusqu'à son nom propre, annonce une ville celtique de la plus haute antiquité.
Un des propriétaires de Toull a fait enclaver dans le mur de sa maison, au-dessus de sa porte d'entrée, un bas-relief, trouvé sous les décombres, qui représente une tête humaine, mais à peine reconnaissable tant elle a été mutilée. Je ne sais à quelle époque on doit rapporter les six verres à boire, découvert dans une sorte de four, et qui ne différaient de ceux que le vulgaire nomme verres de Fougère, qu'en ce qu'ils étaient de couleur bleue très-foncée. Nous avons rencontré au pied de la montagne, sous les débris d'une espèce de fourneau, de gros morceaux de matières vitrifiées, très rouges, de véritables scories, qui paraissent résulter du charbon de terre et offrir un mélange de fer et d'argile. Le séjour des Romains dans les Gaules y est marqué, par quelques restes de tuiles à rebords qui se trouvent dans une terre près la porte du nord et sur l'emplacement du château ; par des carreaux d'un tiers de mètre de largeur, sur trois décimètres d'épaisseur, dont un des appartemens de ce même château était pavé; par trois médailles de bronze, dont une de la colonie de Nîmes que j'ai vue, et deux autres de la grandeur d'écus de six livres qui m'ont échappés ; par les amulae qui se voient sur le lieu des inhumations ; par la moitié d'un aquiminarium que l'on vient de trouver sous un tas énorme de pierres, qui a tout au tour des sculptures, mais singulièrement altérées par le temps ; et enfin par des restes d'édifices construits à la romaine.
Les Pierres Jomatres (wikipedia)
J'ignore si l'on doit attribuer aux Celtes, aux Romains ou à tous les deux, un monument qui me reste à décrire. Au nord de Toull, et à demi-heure de chemin des pierres Jomatres, sur le terrain de Gouby et les bords escarpés de la petite Creuze, se voyent les fondemens de deux tourelles éloignées de trente -deux mètres l'une de l'autre. Il existe autour de chacune un fossé taillé dans un roc vif et très-dur, et au-dessous de l'une d'elles une grotte d'environ un mètre d'ouverture, sur trois de longueur, deux de largeur, un de hauteur. Elle affecte une forme triangulaire et va en se rétrécissant du milieu à ses deux extrémités. L'ensemble de ce monument est vulgairement connu sous le nom de Maison-des-Fées. Il est évident que l'architecture des édifices est Celtique, que la grotte appartient aussi à cette nation, ainsi que je l'ai déjà établi. Il est encore certain qu'il existait dans les Gaules des femmes druides; mais que certains relèguent dans l'île de Sayn, par corruption des Saints ; tandis que d'autres leur attribuent, chez certains peuples, les horribles fonctions des augures. Quoi qu'il en soit, il n'est pas moins prouvé que les Romains avaient aussi leurs prophètesses ; il ne serait donc pas étonnant que celles-ci eussent remplacé les femmes druides, puisque leur religion, quoique moins pure dans sa croyance, remplaçait partout celle des Celtes. Au surplus Gou-By est encore un composé de deux mots celtiques, qui signifient habitation de Jupiter: il se pourrait que ce fût au moins celle de ses prêtresses. Ce nom signifie aussi bouche de Jupiter, et il serait pareillement très possible qu'il existât en cette partie un oracle de ce dieu. D'ailleurs, ce n'est pas le seul endroit voisin de Toull où il habita des fées, je m'en suis expliqué ailleurs (11). Il paraît qu'on en trouvait en plusieurs endroits des Gaules et même dans la Germanie, au rapport de Tacite (12), où on les considérait comme des divinités, et de Dion Cassius, puisqu'elles empêchèrent Arioviste de livrer bataille à César avant la nouvelle lune ; Observons ici que Velleda, une des plus fameuses, habitait, comme les nôtres, une haute tour pour en imposer davantage (Tacite)...
- Strabon, edit. de Paris, 1620, pag. 3o1 et 549.
- Vitruve, lib. II , cap. I, pag. 19. Strabon, loc. cit.
- Strabon, ibid. page 3o1.
- Caylus, recueil d'antiquités, tom. vi, pag. 390.
- Cesar, de Bel. Gallic. lib. vi.
- Mongault, mémoires de l'Acad. des inscriptions tom. 1, pag. 553.
- Pasumot, dissertation topographique sur le siege de Gergovia, pag. 187 et 2o5
- Une longue habitude , dans cette manière de sonder, procure un tact assez sûr.
- Chom, par corruption de la chaume. Le premier signifie en celtique habitation, demeure. — Clusière provient du vieux mot Clusa, garde de celui de Garda ou de Gard.
- En 1759 et 1772, on découvrit des verres à vitres à Herculanum, ville qui fut engloutie (par les laves) en l'an 79 du premier siècle. Dès l'an 14, sous Tibère, on fit du verre à Rome. Pline, hist. nat.lib. xxxvi , cap.xxvi. Pline le jeune, lib. vi epist. xvi
- Memoire contenant la description d'un sarcophage trouvé à bord Saint-Georges, pays de Combraille.
- Tacite, hist. , lib. iv, n.° 61 et 65.
Pour en finir avec l'archéologie (provisoirement car, finalement, l'endroit n'a jamais été vraiment fouillé avec des moyens très importants qui pourraient être dignes d'une vraie cité antique, et, on sait jamais !), on peut aujourd'hui dire que les faits n'ont pas réellement prouvés entièrement les écrits et suppositions du député-chercheur J. F. Baraillon. Certes, et c'est peut-être le principal, une agglomération gallo-romaine nommée Tullum, est, elle, attestée par divers objets trouvés sur le site, succédant à des occupations plus anciennes. Et aussi sa citation dans plusieurs documents antiques découverts au fil du temps. Mais la présence d'enceintes de pierres est toutefois contestée par des géologues (dont Mérimée et de Cessac dès le 19e siècle) qui estiment que le chaos pierreux de la montagne de Toulx est d'origine naturelle, y compris certains monolithes comme les Pierres Jomâtres... On note toutefois qu'il est très difficile, après un temps de plusieurs millénaires, de dire si des pierres - de toute façon naturelles - aient pu être assemblées par des peuplades antiques, voir primitives ou non, et usées ensuite par le climat et l'érosion... d'autant que l'on sait que ces peuplades ont pu ailleurs se servir de la nature et l'aménager...
Question légendes, l'une des plus importantes est aussi que, au IIIe siècle, Saint Martial se dirigeant vers Limoges, se serait arrêté à Toulx (l'endroit étant certainement plus important que ce que les ruines laissent apparaître). Il y aurait ressuscité le fils d’un notable et, ainsi, il aurait pu convertir au christianisme tous les habitants du lieu.
L'église sans clocher de Toulx Sainte Croix, avec deux lions gallo-romains de par et d'autre de la porte (Wikipedia)
Deux lions en granit sont flanqués à l’entrée de l’église romane à clocher séparé de Toulx et un troisième près du clocher. Généralement, on attribue leur sculpture à l’époque gallo-romaine, ils auraient servi de gardiens à des sépultures, à moins qu’ils n'aient servi de décoration à une fontaine, comme il semblerait que ce fut le cas pour un autre retrouvé au début du xxe siècle, non loin de Toulx-Sainte-Croix.
Des sarcophages contenant des restes humains ont été plusieurs fois retrouvés. Les cinq premiers le furent vers 1915-1920, par M. Antonin Aupetit. Quatre seraient de l'époque mérovingienne, un cinquième reconstitué en briques gallo-romaines, serait plus ancien. Ils sont conservés dans la base du clocher.
Le clocher séparé de l'église de Toulx Sainte Croix (à cause d'un effondrement ou d'une destruction dont la date n'est pas connue). (Wikipedia)
Une chapelle, construite sur un ancien temple romain et probablement contemporaine des prédications de Saint-Martial, aujourd’hui détruite, était dédiée au saint. Les fidèles y venaient en pèlerinage le jour de la fête du saint, le 30 juin. Ses ruines sont classées monument historique. Une fontaine dédiée à saint Martial, malheureusement détruite vers 1981, était réputée pour guérir les problèmes liés aux yeux.
La fontaine de Saint-Blaise (au sortir du village du Pradeau, route de Toulx à Lavaufranche) facilitait la guérison des maladies du bétail.
l'un des sarcophages découverts, celui d'un premier chrétien d'après sa couleur blanche (wikipedia)
La légende de la cité de Taricum ou de la Fille du Roi Arthur :
Comme on l'a vu plus haut, la disparition de la cité de Taricum (que certains ont rattaché à la cité de Tullum, qui a laissé plus de traces dans l'Histoire écrite) s'est produite à une date complètement inconnue, y compris pour la seconde cité, encore plus mystérieuse car non nommée du tout. Mais la légende et les textes retrouvés dans ce château mentionné tout en haut de cet article, affirment donc que la fin de Taricum coïncide avec celle de la reine du pays, répondant au nom de Tulla... trop de hasards donc puisque l'on revient encore (avec ce nom de Tulla) au village de Toulx, dont les humbles maisons s'élèvent encore aujourd'hui sur les ruines de l'antique cité que les Kymris auraient fondée...
" Tulla, du côté de sa mère, était la petite-fille de Tad, père des Druides, et, dans sa lignée paternelle, la propre fille d'Arthur, roi des Bretons. Et c'est là l'un des chapitres des romans de la Table Ronde que paraissent avoir ignoré Chrestien de Troyes et Wace...
A cette lointaine époque, Claudus, roi du Berry, opprimait les Celtes de la Combraille. Ils finirent par appeler à leur secours celui que tous les Celtes considéraient comme leur souverain. Arthur le vaillant n'hésita pas à quitter son château de Kerdhuel et, après avoir dit adieu à Guenièvre, sa noble épouse, avoir laissé à la tête du reste de sa puissante armée son lieutenant fidèle Ban de Benêt et confié à Merlin le gouvernement de son royaume, il traversa l'ouest de la Gaule, suivi d'une puissante cohorte, et arriva devant Taricum, que tenait Claudus. Il obligea le roi du Berry et ses hommes à se retirer, après qu'ils eurent laissé sur le terrain un grand nombre de morts.
Arthur se promenait dans la forêt, au lendemain de son éclatante victoire. Il se trouva soudain en face d'une femme d'une grande beauté. La souplesse harmonieuse de son corps apparaissait sous sa blanche tunique de lin. Le charme de son visage égalait celui qui se dégageait de l'ensemble de sa personne. Ses longs et blonds cheveux flottaient sur ses épaules comme un mantelet de soie et d'or ; ses yeux bleus avaient la profondeur des mers qu'Arthur avait traversées pour venir de Cornwall. La fraîcheur de sa bouche évoquait celle des rosés.
Enchantement ou coup de foudre, le fait est que Arthur lui déclara son amour. Il sut trouver des mots qui touchèrent le cœur de la vierge et se montrer tour à tour empressé, galant et chevaleresque. Elle aussi ne tarda pas à l'aimer, à oublier dans ses bras ses vœux de chasteté et ses serments à ses dieux. Tous deux connurent rapidement les ivresses de l'amour dans la confiance, le bonheur et la joie.
Tout à sa passion nouvelle, Arthur ne songea bientôt plus du tout à ses devoirs de roi. L'image même de Guenièvre s'estompa dans son esprit et son cœur. Il ne pensa plus à sa cour, à ses chevaliers preux et dévoués jusqu'à la mort, aux fastes de ses châteaux d'Armorique et de Galles, à ses chanteurs, à ses harpistes. La petite-fille de Tad, père des druides, était devenue le but unique et suprême de sa vie. Il réalisait avec elle un invraisemblable rêve et en subissait les merveilleux enchantements. Dès lors, il s'endormit dans les délices, sans se préoccuper autrement de ses soldats et des divers événements qui pouvaient survenir.
A Kerdhuel on s'inquiétait de son silence, d'autant que la guerre avait repris. Claudus s'était allié à Childéric, roi des Francs, et avait attaqué Ban de Benêt, l'avait vaincu, grâce à la trahison d'un de ses chevaliers — car de tout temps il y eut des félons — et l'a même tué. Ayant eu connaissance de l'absence d'Arthur, ses plus mortels ennemis, les Saxons, avaient débarqué sur les rivages de Bretagne, avaient pillé et ravagé l'Armorique. (YH : Childéric 1er et les Saxons nous amènent ici à une époque : le Ve siècle et les années 460...)
Les chevaliers s'assemblèrent à Kerdhuel sous la présidence de Guenièvre. Ils ignoraient quel sortilège obligeait Arthur à demeurer loin de son peuple, mais décidèrent de l'y soustraire, quel qu'il fut. Merlin, désigné pour aller trouver le roi, partit avec une escorte et se rendit à Taricum. Il réalisa, dès son arrivée, la puissance des liens qui retenaient Arthur. Il lui parla respectueusement mais avec fermeté, le mit au courant des dangers que courait son royaume, lui parla de ses ennemis et le supplia de revenir au milieu de ses sujets.
— La liberté et le bonheur de votre peuple, lui dit-il, sont entre vos mains.
Arthur répondit que cette liberté et ce bonheur étaient la plus grande et la plus sacrée de ses obligations. Il fit venir sa conquête, la demie-déesse, et lui annonça que ses devoirs de roi l'obligeaient impérieusement à s'éloigner d'elle, à la quitter. Elle comprit que son beau roman allait prendre fin. Elle pleura en lui apprenant qu'elle était enceinte de lui.
Arthur tenta de la consoler par de douces expressions et lui dit :
— Je n'entends pas abandonner le fruit de notre amour. De mes terres lointaines, je veillerai sur lui : si tu me donnes un fils, il sera roi comme je le suis moi-même ; si tu me donnes une fille, elle sera l'épouse du plus vaillant des chevaliers, quand il aura, en champ-clos, l'épée à la main, prouvé qu'il est le plus digne d'elle.
Après avoir longuement et passionnément embrassé celle à qui il devait tant de félicité et d'amour, Arthur suivit Merlin...
Dix-huit ou vingt années s'écoulèrent. Les plus nobles et les plus valeureux fils des Celtes se trouvaient ce jour-là réunis dans le sanctuaire de Taricum. Ils virent venir à eux la fille d'Arthur, petite-fille de Tad, père des druides déifié.
Sa beauté égalait, si elle ne la surpassait pas, celle de sa mère. Chacun des chevaliers sentit aussitôt s'allumer dans son âme une flamme d'amour et de passion. Tous se précipitèrent à ses genoux, déposèrent leurs armes à ses pieds et lui demandèrent de choisir son époux parmi eux.
La jeune fille déclara :
— Je me nomme Tulla, ma mère est d'essence divine et mon père le plus grand roi de la Celtie. Conformément à son désir, je serai la femme de celui qui, en champ clos, aura vaincu tous ses compagnons.
Un combat loyal mais acharné s'engagea. Lorsque deux chevaliers avaient mis à mort leurs adversaires, les vainqueurs se retournaient l'un contre l'autre et s'attaquaient à nouveau. Une grande partie de l'élite de la belle et noble jeunesse celte était déjà couchée sur le sol ensanglanté. Tulla assistait comme indifférente à ces duels successifs. Elle souriait même, et l'on sentait, dans le plissement quelque peu ironique de ses lèvres, l'expression d'un sentiment d'orgueil, à la pensée que ces jeunes gens se battaient et s'entretuaient pour elle.
Bientôt, il n'y eut plus en lice que quelques chevaliers. Ils continuaient de combattre dans l'espoir d'obtenir une victoire pour laquelle les meilleurs d'entre eux avaient déjà succombé.
Le ciel ne tarda pas à être outré de l'insensibilité dédaigneuse de Tulla devant les souffrances dont elle était la cause et l'enjeu. Des nuages épais et noirs accururent de l'horizon. Des éclairs en jaillirent et les grondements du tonnerre se firent entendre. Le sol se souleva et trembla. Un gouffre immense s'ouvrit dans son sein et, sur les bords, un homme se dressa de toute sa hauteur : Merlin, disent les uns, saint Martial, apôtre des Gaules, disent les autres. Il traça dans l'espace le signe de la rédemption, puis maudit la ville et Tulla, qui s'abimèrent sous ses yeux dans les profondeurs de la terre.
Quand le gouffre se fut refermé, il ne resta plus sur l'emplacement de Taricum qu'un informe amoncellement de pierres éparses, et autour, des grands mégalithes : Hésus, Tentâtes, Dep-Nell, demeurés là pour attester le souvenir des anciens dieux et des antiques croyances.
Les traditions assurent cependant que Taricum n'est pas morte à tout jamais : qu'elle et Tulla continuent à vivre dans leur ensevelissement. Elles renaîtront dans toute la splendeur de leur jeunesse et de leur beauté, lorsque les temps seront révolus...
Cette miraculeuse résurrection sera l'œuvre d'un homme, d'un héros aussi grand, aussi illustre que Parcifal ou Lohengrin. Il devra être Vierge de corps, insensible à la crainte comme à la fortune, avoir l'âme croyante d'un saint.
Avant d'entreprendre la délivrance de la fille d'Arthur et de la cité où elle dort depuis des siècles, il se sera mis en état de grâce, par le jeûne, la prière et en veillant longuement au pied de Dep-Nell qui le sacrera son chef. L'une des nuits suivantes, il ira interroger Tentâtes, la pierre de l'Oracle. S'il se trouve dans les conditions requises, celle-ci oscillera au souffle du vent d'occident, venu des pays où repose Arthur, et lui confiera les consignes secrètes qui lui permettront de poursuivre son entreprise redoutable. Elle lui en fixera aussi le jour et l'heure : soit la nuit de Noël, soit le jour des Rameaux.
Au jour indiqué, prenant en main un rameau de buis bénit, il se rendra auprès d'Hésus, le frappera de sa branche de buis et prononcera les mots que lui aura dits Teutatès. La pierre, gardienne et porte du sanctuaire, tournera sur elle-même, pour découvrir les marches d'un escalier conduisant à l'entrée d'un souterrain. Il pourra renoncer encore à son audacieux projet avant de franchir le seuil de cette entrée, mais dès qu'il aura mis le pied sur le premier degré, il sera trop tard pour retourner en arrière. La pierre aura repris sa place, obstruant toute issue.
Les pires et les plus grandes épreuves commenceront alors pour lui. Il pénétrera dans une première salle où hurleront des animaux fantastiques : loups, tigres, lions, serpents venimeux, dragons au corps squammé de dures écailles acérées, à la gueule lançant des flammes et des vapeurs méphitiques. S'il manifeste la moindre crainte, la plus petite appréhension, ou s'il se retourne, il sera irrémédiablement perdu. Par contre, s'il avance, parmi toutes ces bêtes, résolument, son rameau bénit à la main, il les vaincra.
Dans la seconde pièce où il entrera, les plus fastueux trésors s'étaleront devant lui : l'or, les diamants, les perles fines ruisselleront le long des murs et sous ses pas. Il lui sera loisible de prendre tout ce qui le tentera, mais à mesure qu'il s'en saisira, toute cette fortune se transformera en poussière. Il devra, pour accomplir sa mission, écarter de son rameau bénit ces prodigues richesses et poursuivre sa route, sans jeter sur elles le moindre regard chargé d'envie.
Sa chair sera tenaillée par les désirs et la volupté dans la troisième chambre où il passera. Les plus belles de toutes les femmes se dresseront devant lui, souriantes et prometteuses de jouissances. Elles chercheront à attirer ses regards, à se saisir de lui, à baiser ses lèvres. Elles s'offriront nues pour apaiser la passion qu'elles auront fait naître. Mais son corps devra rester vierge de souillures et son âme exempte de toute pensée concupiscente.
S'il continue son chemin, il pénétrera sous le porche d'émeraude donnant accès à la crypte du sommeil, où, somptueusement vêtue de sa robe liliale constellée de pierreries étincelantes, le front ceint d'une couronne d'or, Tulla repose sur la table d'un dolmen, en l'attendant.
Il s'approchera d'elle, s'agenouillera, touchera sa tête de son rameau bénit, saisira sa main et la baisera. Elle s'éveillera, lui sourira et, tout aussitôt, la voûte de sa prison s'écartera. Le soleil l'inondera de ses feux et, sortant des ténèbres où elles étaient plongées, Taricum et Tulla réapparaîtront à la lumière du jour.
A la place des pierres éparses sur les landes de Toulx-Sainte-Croix, on verra surgir, plus belle que les plus belles du monde, une cité qui reprendra son rang de capitale de la Celtie. Tulla en sera la Reine et son sauveur, le Roi. Mais les temps seront-ils jamais révolus ?... "
Une bien belle légende celtique, qui n'est pas sans rappeler l'histoire de la Belle au Bois Dormant et d'autres légendes de princesses ou princes endormis et attendant le réveil...
Et nous n'en avons pas fini avec les anciennes légendes du Bourbonnais et d'Auvergne, qui remontent aux Celtes et aux Romains...
Toulx Sainte Croix (wikipedia)
Archéologie récente : " Trois sondages ont été réalisés du 22 au 26 novembre 2010 autour de l'église de Toulx-Sainte-Croix en Creuse. Ca se trouve où ? A l'est de Guéret, entre Gouzon et Boussac. Les premières observations tendent à confirmer l'existence d'une église antérieure, dotée d'absidioles. Aucune sépulture n'a été mise au jour, ni aucun vestige gallo-romain (on connait l'existence d'un vaste bâtiment de cette période au niveau du cimetière actuel). En revanche, des petits tessons de céramique sur le terrain naturel témoignent d'une occupation gauloise à proximité, ce qui risque de relancer l'hypothèse de l'existence d'un oppidum... "
" Ceci a permis de trouver des sites préhistoriques, protohistoriques, gallo-romains (les plus nombreux), et médiévaux.
Après avoir présenté des tableaux précis sur ces sujets, M. Gouyet a projeté des photos de trouvailles les plus intéressantes : pièces de monnaie, vases de différentes époques, sarcophages, coffres, autel, écussons, silex, conduits de captage de source, assiettes, croix, fossiles, etc. La deuxième partie, plus récente, a permis de travailler sur le site gallo-romain de Roches (2004-2005), puis sur Genouillac (2006), Clugnat (2007), Toulx-Sainte-Croix (2008 et 2010) et Jouillat (2011-2012).
Des photos archéologiques de Toulx ont ensuite été projetées montrant une urne en verre, une meule gallo-romaine, un col de cruche, des sarcophages, etc.
Il reste encore beaucoup de lieux sur la commune de Toulx où pourraient se trouver des sites remarquables : Lavaud, Chatelanet, Chauveau ? Et peut-être d'autres, les cartes de Cassini donnant déjà plusieurs sites gallo-romains. "
" Saint Martial a baptisé beaucoup de nouveaux chrétiens à Toulx, et ceux-ci battirent une église en son honneur. Elle a été modifiée au cours des siècles et abandonnée. Elle se trouve au bas du cimetière, au bord de la voie romaine.
Les premières fouilles réalisées entre 1985 et 1987 sous la surveillance de messieurs Dussot et Roger ont permis de trouver les fondations d'un édifice ancien (VII e et VIII e siècle) sur lequel a été construite la chapelle (XIII e siècle) ruinée durant la guerre de cent ans, restaurée fin XV e et début XVI e siècle, puis abandonnée pour l'église actuelle.
Depuis le début de l'année, l'association, après avoir retrouvé et sélectionné en 2011 de vieilles pierres tombales que l'on peut admirer le long du mur du cimetière, a fait le nettoyage autour des murs extérieurs.
Durant trois jours, l'opération menée par la DRAC a permis d'enlever minutieusement la terre qui s'était effondrée.
Jacques Roger, avec l'aide de quelques étudiants creusois, a retrouvé les murs, a fait la relecture archéologique et la cerise sur le gâteau a été de retrouver un mur au nord datant de l'époque mérovingienne.
Seuls deux autres endroits ont ce type de mur : Moutier-Rozeille et La Souterraine. - Avant la saison estivale, l'APTE posera des panneaux indicatifs pour préciser que se trouve à Toulx-Sainte-Croix le premier lieu de christianisation du Limousin fait par Saint Martial, premier évêque du Limoges."
Yves Herbo, Sciences et Faits et Histoires, 21-02-2016
Légendes Celtiques et Romaines 2
Menhir christianisé de Givarlais, Allier
Poursuite de cette série d'articles commencée avec celui-ci : https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/legendes-mythes/legendes-de-la-cite-disparue-de-taricum.html
Au cours des jours et des semaines à venir, vous lirez beaucoup d'articles présentant des légendes des régions du Bourbonnais et de l'Auvergne... ce n'est pas pour rien, je suis arrivé dans ces contrées qui, comme la plupart des régions de France, recèlent encore de nombreuses légendes et contes nous provenant des lointains âges pour beaucoup, et dont la tradition orale se perd malheureusement de plus en plus. Les origines celtiques de notre ethnie bien répandue dans toute la France font que nos légendes, du Nord de la France à la Provence, possèdent toutes un tronc commun au niveau des mythes très anciens liés notamment aux menhirs, dolmens ou autres Pierres Levées que l'on découvre encore (bien que des milliers aient disparues au fil des âges) dans pratiquement toutes les régions françaises... c'est donc tout naturellement que je commence cette série d'articles par des légendes liées à ces Anciennes Pierres Sacrées, à l'aide d'ouvrages déjà anciens eux-mêmes, découverts dans des bibliothèques locales (comme celle de Dompierre-sur-Besbre par exemple pour aujourd'hui)...
Ces histoires et références sont issues des archives du Château de la Garde, sis à la Celle-sous-Montaigut, où elles ont été découvertes par Octave-Louis Aubert en 1944 et décrites dans son ouvrage "Légendes traditionnelles du Bourbonnais - Tome 1" paru en 1946 et réédité en 1998 par la SEPEC.
J'en ai déjà parlé dans le premier article cité en référence plus haut : une légende celte nous parle de deux cités très proches l'une de l'autre, datant d'une période déjà ancienne pour les gaulois du premier siècle après JC, et qui auraient toutes deux disparues pour des raisons assez mystérieuses... l'une était assez importante et renommée pour que son nom parvienne jusqu'à nos jours, ainsi qu'une partie de son histoire (Taricum), alors que l'autre n'a laissé d'autre souvenir que sa possible existence vers un lieu chargé de légendes... c'est sur ce lieu que repose l'histoire que je vais vous raconter maintenant en premier.
C'est donc sur ce fameux plateau de Fontanat qu'aurait existé cette mystérieuse cité disparue subitement, avant même l'arrivée des romains. Mais il y existe encore de nos jours un amas de Pierres enrobées de légendes : les Pierres Giraud, ou Girods, ou encore connues sous l'appellation de Pierres des Jarges, qui se trouve donc du côté du Hameau de Fontanat (ou Fontana). Et c'est très proche de ces Pierres, dans un caveau antique, qu'il a été trouvé des objets façonnés appartennant à un art primitif, accompagnés de pièces de monnaie datant probablement de l'époque romaine. D'où est venue la légende ? Nul ne le sait, mais la rumeur s'est alors répandue que ces pièces de monnaie antiques seraient tombées du trésor que Satan emportait avec lui quand il s'évertua à le cacher en ces lieux...
Une vieille carte postale trouvable sur le site mentionné ci-dessus
Et ce lieu, vous vous en doutez, ce sont les Pierres de Jarges... et principalement la plus grosse, qui pivoterait sur elle-même pour découvrir des barriques d'or, le dimanche des Rameaux, entre l'instant où le prêtre frappe du pied de la croix à la porte de l'église et celui où s'ouvrent les lourdes portes. C'est donc l'affaire de quelques secondes. Celles-ci doivent suffire à l'audacieux qui se tiendra prêt à se saisir de ces richesses maudites... mais il lui faudra faire très vite s'il ne veut pas tout perdre, et la vie et son âme, car la lourde pierre l'écrasera en reprenant sa place...
Personne n'a jamais osé braver cette tentation diabolique, jusqu'à ce qu'une femme du pays, une malheureuse demeurée veuve récemment avec un tout jeune enfant, cède à la tentation et au hasard trop synchronique. Les soins qu'elle prodigait à son petit l'avaient mis en retard pour la messe, ce jour-là, et elle prit un raccourci la faisant passer près des Pierres, avec son enfant dans les bras. Comme elle arrivait auprès de la grosse pierre des Jarges, elle vit celle-ci tourner sur elle-même, se soulever, laissant à découvert des monceaux d'or... Elle ne réflechit pas, posa son enfant à ses côtés, enfouit ses mains dans un tas d'écus, comme elle l'aurait fait dans un sac de blé, et les retira pleines de bonnes espèces sonnantes et trébuchantes qu'elle engouffra prestement dans les poches de son tablier. Mais, malgré sa rapidité, le temps lui manqua pour soulever son enfant avant que la pierre ne reprit sa place et son petit disparu, enseveli sous le roc...
La pauvre mère fut évidemment la proie d'un profond désespoir. Bien sûr, elle était riche maintenant, mais à quoi cette richesse allait-elle lui servir, maintenant qu'elle était, à priori, séparée définitivement du petit être qui, depuis la mort de son mari, était toute sa vie ? En larmes, elle se traîna sur ses genoux et supplia la Pierre de se soulever à nouveau, juste le temps nécessaire pour remettre en place l'argent qu'elle avait pris et pour délivrer son enfant. Mais ses prières et ses pleurs demeurèrent vaines. alors, folle de douleur, elle regagna sa maison et s'y enferma comme une bête sauvage et malfaisante au fond de sa tanière. Et elle passa son temps à se maudire et à se reprocher amèrement de n'être pas restée pauvre et d'avoir cédé à la tentation.
Son voisinage s'étonna dans un premier temps de ne plus la voir sur le seuil de sa porte, tenant son enfant dans les bras. Puis une rumeur - d'où pouvait-elle bien venir ? - apparue, disant qu'elle avait en sa possession de belles bourses d'or... jusqu'à ce que la vindicte des gens vienne à l'accuser d'avoir vendu son enfant contre une belle somme d'argent...
Elle devint moralement de plus en plus malheureuse et se rendit chaque matin à la chapelle de Fontanat pour y dire sa prière, demander pitié à Dieu et réclamer le pardon et le retour de son enfant. La légende dit qu'elle fut entendue et que le Ciel ne voulut point qu'elle paya toute sa vie son erreur...
Alors qu'elle était agenouillée devant la statue de Saint Pierre, celle-ci s'anima subitement et lui parla en ces termes ! :
" Tu as commis une grosse faute en te laissant tenter par ce trésor qui s'offrait à ta vue, mais tu étais pauvre et tu pensais pouvoir élever mieux ton enfant avec cet argent. Dieu est prêt à te pardonner, car tu as toujours, depuis, battu ta coulpe avec confiance. Tout l'or qui est en ta possession ne t'est pas nécessaire. Prélèves-en la plus large partie et fais l'aumône autour de toi, répands-le entre ceux de tes semblables qui le méritent, pour qu'ils connaissent tout à la fois un peu d'aisance et de bonheur. Reviens ensuite au prochain jour des Rameaux devant la Pierre de Jarges : attends et espère. "
Pleine de confiance et de respect en la parole de Saint Pierre, elle accomplit à la lettre tout ce que celui-ci lui avait recommandé. Elle distribua son or à bon escient, fit tout le bien qu'elle pouvait et vint tous les matins prier avec dévotion l'apôtre, pour qu'il intercède en sa faveur auprès de Dieu.
La fête des rameaux arriva et elle alla se placer à la base de la pierre tournante. Elle entendit la cloche de l'église sonner le commencement de la messe. Son coeur s'arrêta de battre, ses yeux se figèrent sur l'énorme monolithe et elle attendit et espéra.
Tout à coup, la lourde masse pivota et la pauvre mère devint la plus heureuse des femmes en apercevant, au fond de l'excavation que ses mains avaient creusée dans le tas d'or l'année précédente, son enfant, bien vivant, qui souriait en lui tendant ses petits bras. Elle le saisit, le pressa de toutes ses forces contre son sein pendant que la Pierre de Jarges reprenait son immuable immobilité...
Comme beaucoup de légendes et contes, celui-ci a une conclusion morale dont vous avez certainement déduit la teneur, à savoir que la fortune ne saurait assurer le bonheur, que celui-ci se trouve plutôt dans l'accomplissement du bien...
L'un des auteurs de ces carnets trouvés dans les archives du Château de la Garde, mentionne que sur la route menant d'Hérisson à Châtel-Montagne (Allier), un amoncellement de gros blocs de granit est appelé le Rocher du Rocmié. Une légende à peu près semblable à celle des Pierres de Jarges, se raconte dans le pays à son sujet...
La Légende de la Pierre Malentrée
Néris, vestige de la Basilique romaine
Pareillement que pour les Pierres Jaumâtres et les Pierres de Jarges, un sanctuaire druidique a probablement également existé aux abords de Néris, au sein des profondes forêts qui couvraient autrefois le pays. Les pierres de cette enceinte sacrée ont disparu depuis longtemps déjà. Peut-être servirent-elles aux Romains pour la construction des premières villas qu'ils édifièrent à Néris quand, après avoir reconnu la vertu bienfaisante des sources présentes, ils y établirent des thermes. Des thermes et piscines que l'ont retrouva et déterra au début du 19e siècle, et qui ont même été remis en fonction par la suite ! L'une de ces antiques Pierres est cependant demeurée debout et sa présence au village de Durdat-Larequille, dans l'Allier, suffit pour attester — car c'est une pierre à sacrifices — que des cérémonies en l'honneur de Tentâtes et de Bélem se tenaient jadis en ce lieu.
vieille photo du 19e siècle, découverte des piscines romaines de Néris
La forme d'un corps est parfaitement dessinée sur cette pierre appelée dans le pays, non sans raisons, la Malentrée. On y voit distinctement les emplacements d'une tête, des épaules, des reins, et, en pendant, celui des jambes. La légende oublia les Druides et attribua cette Pierre au Diable en personne...
C'était en des temps très anciens, presque à la naissance du monde. Satan régnait alors en maître sur l'ensemble du territoire bourbonnais. De tous côtés, il y avait des collines au sommet desquelles il aimait s'asseoir pour contempler son royaume. Ses fidèles démons se prosternaient devant lui, le vénéraient comme leur maître, leur dieu. Personne ne mettait son autorité en doute. Ses incubes et ses succubes (des démons qui hantaient les nuits romaines) se livraient, sous ses ordres, aux travaux les plus divers ; mais l'essentiel de leur besogne était de lui amener le plus grand nombre possible d'âmes en état de péché, qu'avec satisfaction il livrait aux flammes de son Enfer. Celui-ci avait même une entrée toute proche de l'ancienne pierre à sacrifices : "la mauvaise ou la mal entrée".
La tranquillité de Satan fut entière pendant de nombreux siècles, son emprise sur les humains et les démons était sans bornes et rien ne semblait pouvoir la troubler. Il la croyait même devoir être éternelle quand, un jour, l'un de ses démons le prévint qu'un ermite, nouvellement arrivé dans la région, battait sa puissance en brèche et se donnait pour mission d'arracher les habitants du lieu à son pouvoir.
Assez inquiet de cette révélation, il procéda lui-même à une vérification et constata avec consternation que s'était dressé devant lui un adversaire redoutable, avec lequel il devrait désormais compter. Il s'appelait Marien (autre nom de Martial). C'était un très pieux personnage qui vivait dans une hutte de terre et de branchages, jeûnait et priait à longueur de journée, à moins qu'il ne sortît de chez lui afin d'évangéliser les hommes et les femmes qu'il rencontrait et qui consentaient à l'écouter. Ce qu'ils étaient de plus en plus nombreux à faire...
— Basta, se dit Satan, j'arriverai bien à me défaire de lui et à en débarrasser mon domaine.
Il alla trouver Marien, lui offrit de vivre en bon voisinage et l'invita, en bon voisin, à lui rendre visite rapidement. Le saint se rendit donc à cette invitation courtoise. Satan le reçut avec mille condescendances, le fit monter sur la plus haute colline de son royaume, voulut qu'il admirât les beautés naturelles du paysage, puis, insidieusement, comme il l'avait fait autrefois à Jésus, essaya de le tenter en lui disant :
— Si tu le veux, tout le pays que voient tes yeux sera tien.
— A quelles conditions ? demanda le pieux évangéliste.
— C'est simple : tu me regarderas comme ton suzerain.
— Tu veux rire ! s'exclama Marien. Je ne suis pas venu ici pour me prosterner devant toi, mais pour te chasser du pays, pour arracher de tes griffes sournoises des populations qui sont foncièrement bonnes et que tu tentes de rendre mauvaises en les incitant à commettre des fautes, des crimes, afin que leurs âmes soient bien à toi...
Marien attrapa le diable par sa longue queue, avec cette invincible force que donne la foi, capable, dit l'Ecriture, de soulever des montagnes. Il le fit tournoyer plusieurs fois au-dessus de sa tête et le lança dans l'espace. Satan franchit le vallon voisin pour aller tomber sur la pierre de la Malentrée, où il arriva meurtri et en poussant des cris déchirants. La hauteur de sa chute, de par les lois de la pesanteur, avait augmenté le poids de son corps. Celui-ci s'enfonça dans le rocher et le marqua à tout jamais d'une empreinte impossible à faire disparaître...
Les faits historiques les plus précis sont souvent interprétés différemment. Il n'en est pas autrement pour les légendes. Voici donc une autre version, que l'on rapporte un peu partout, aux environs de Néris.
Marien et Satan avaient longuement discuté : L'ermite entendait obliger le démon à s'en aller du pays et à n'y plus reparaître.
Les deux antagonistes n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur les conditions du marché. A bout d'arguments, Satan eut l'idée d'une proposition intermédiaire :
— Tu voudrais, dit-il au saint, que je m'en aille d'ici, que j'abandonne purement et simplement mes droits acquis. Cela m'est impossible et tu ne saurais m'y contraindre. Voici ce que je te propose : celui de nous deux qui sautera le moins loin, laissera la place à l'autre, s'en ira et ne reviendra plus.
— C'est entendu !, répondit Marien. Relevant sa robe de moine, et en en fixant le bas à la hauteur de sa taille dans sa cordelière, le saint prit son élan et, d'un bond prodigieux, alla atterrir à plus de cent mètres, au delà du rocher de la Malentrée.
Satan applaudit mais rit intérieurement, certain qu'il était, soutenu par ses grandes ailes palmées, de dépasser largement la longueur du saut de son partenaire. Sans donner l'impression d'un gros effort, il s'élança à son tour, d'un coup de jarret vigoureux. En le voyant partir, Marien ne fut pas sans crainte d'être vaincu. Il en appela donc à Dieu et traça dans l'espace le signe de la croix. Aussitôt, Satan perdit de sa vitesse, les membranes de ses ailes se déchirèrent comme il arrivait au-dessus de la Malentrée. Il tomba lourdement sur la pierre, y laissant l'empreinte de son corps, et ce fut au tour de Marien de rire, pendant que, plein de confusion et en se frottant les côtes, le diable vaincu s'engouffrait dans le souterrain tout proche et regagnait son infernal séjour pour y soigner ses courbatures...
Eglise Saint-Martial de Larequille (Photos : Cécile Champagnat)
Notons qu'une autre légende se rapporte au Rocher du Diable : Un berger faisait paître ses moutons le jour de Pâques au lieu d'assister à l'office. Un mendiant qui passait par là, près de la Malentrée, le lui en fit le reproche... le berger le menaça alors de son bâton et lui jeta une pierre ramassée à terre. Immédiatement, la pierre revint sur lui et il fut changé, ainsi que son troupeau et son chien, en un amas de rochers, situé près de la Malentrée...
Le lieu-dit de Durdat Vieux Bourg possède sa fontaine miraculeuse également... les pèlerins et habitants de la région attribuaient à la fontaine Saint Martial des valeurs curatives contre diverses affections de la peau. On trouve cette fontaine, sous la forme d'un vieux puits, sur un chemin de randonnée qui ,sur la droite est seulement à quelques mètres de la sortie principale de l'église du bourg. On peut admirer la photo de la statue de Saint Martial derrière la grille de protection de la niche.
Yves Herbo, Sciences et Faits et Histoires, https://herboyves.blogspot.fr/, 27-02-2016
Légendes Celtiques et Romaines 3
Eglise St Laurent de Chatel-de-Neuvre, perchée en haut d'une colline
Poursuite de cette série d'articles commencée avec celui-ci : https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/legendes-mythes/legendes-de-la-cite-disparue-de-taricum.html
et celui-ci : https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/legendes-mythes/legendes-celtiques-et-romaines-2.html
Au cours des jours et des semaines à venir, vous lirez beaucoup d'articles présentant des légendes des régions du Bourbonnais et de l'Auvergne... ce n'est pas pour rien, je suis arrivé dans ces contrées qui, comme la plupart des régions de France, recèlent encore de nombreuses légendes et contes nous provenant des lointains âges pour beaucoup, et dont la tradition orale se perd malheureusement de plus en plus. Les origines celtiques de notre ethnie bien répandue dans toute la France font que nos légendes, du Nord de la France à la Provence, possèdent toutes un tronc commun au niveau des mythes très anciens liés notamment aux menhirs, dolmens ou autres Pierres Levées que l'on découvre encore (bien que des milliers aient disparues au fil des âges) dans pratiquement toutes les régions françaises... c'est donc tout naturellement que je commence cette série d'articles par des légendes liées à ces Anciennes Pierres Sacrées, à l'aide d'ouvrages déjà anciens eux-mêmes, découverts dans des bibliothèques locales (comme celle de Dompierre-sur-Besbre par exemple pour aujourd'hui)...
Ces histoires et références sont issues des archives du Château de la Garde, sis à la Celle-sous-Montaigut, où elles ont été découvertes par Octave-Louis Aubert en 1944 et décrites dans son ouvrage "Légendes traditionnelles du Bourbonnais - Tome 1" paru en 1946 et réédité en 1998 par la SEPEC.
Voici maintenant une légende dont l'origine remonterait à l'époque de Jules César et de Cléopâtre. Une très belle légende qui conte l'amour impossible d'un officier Romain envers une belle prêtresse gauloise, et qui, d'après l'oeuvre de J. J. Moret, le curé-doyen de Saint-Menoux (Allier) "Notes pour servir à l'Histoire des Paroisses Bourbonnaises" paru en 1902, (ouvrage que j'ai récupéré sur ordinateur), pourrait posséder une certaine vérité historique...
En effet, l'histoire se passe en grande partie à Donobrium, également nommée Castrum Donobrense, une antique citée Gallo-Romaine dont les ruines seraient sous les fondations de la petite ville de Chatel-de-Neuvre. J. J. Moret cite ainsi :
« Il me souvient, écrit Férault d'Ainay, géopraphe du XVIe au XVIIe siècle, d'avoir, veu dans de vieux terriers qu'il y avait au commencement une ville à Châtel De-neuve dont il ne paroist à présent aucune marque, si non un vieil temple. » Des fouilles autour de l'église ont donné de nouveaux débris de l'époque gauloise et gallo-romaine : vases en verre et en terre rouge, tuiles à rebord intactes. Une sépulture avec bracelet de bronze et vase en terre noire caractérisant la période gauloise, a été trouvée non loin de Chàtel-de-Neuvre.
On note aussi ceci dans "Gallia Préhistoire - vol. 11, N°2, pages 421 à 454" article de Henri Delporte (1968) :
Chatel-de-Neuvre : Au lieu-dit "La Pelle", un gisement complexe a livré à MM Abauzit et Genty, outre de nombreux tessons gallo-romains, quelques silex dont un poignard en silex rubané, et plusieurs tessons d'aspect néolithique (téton perforé incomplet) et proto-historique (avec dessin joint) ; la céramique proto-historique doit être en liaison avec le matériel des Champs d'Urnes récolté sur le site voisin de la Jolivette, commune de Chemilly. Voir aussi les découvertes à Chemilly sur la civilisation des Champs d'Urnes et de celle du Chasséen...
Amphore rouge avec Eros peint
Le coeur d'Hedda
Malgré le surnombre de ses hommes, après un siège et une bataille, Vercingétorix, trahi par le peuple éduen ayant à sa tête deux jeunes ambitieux, Véridomar et Eporidorix, dépose ses armes aux pieds de César. Ce dernier nomma aussitôt gouverneur général de la région Lyonnaise Première, dans laquelle étaient inclus les territoires qui deviendront bourbonnais, l'un de ses lieutenants, Julius Cassius. Ce dernier fit alors édifier une grande et somptueuse villa à Donobrium (Chatel de Neuvre) qui, placée sur la voie romaine de Lugdunum (Lyon) à Lutèce (Paris), devint une importante cité, possédant des temples, des théâtres et des villas nombreuses.
Mais, subissant les mauvaises influences de la civilisation romaine amenées par les troupes victorieuses, Donobrium devint rapidement un lieu où s'instaurèrent en souveraines toutes les débauches et les plaisirs malsains. Mais si le plus grand nombre des habitants céda aux tentations du vice et participait ainsi aux célèbres orgies romaines, beaucoup conservaient en leur cœur un fond de haine à l'égard de ceux qui étaient venus les réduire à l'esclavage, disperser leurs familles, abattre les autels de leurs dieux, couper les forêts sacrées et opposer à la l'ancestrale religion panthéiste des druides, le culte polythéiste des divinités inconnues, romaines, grecques et même égyptiennes...
Julius Cassius sentit rapidement grandir contre lui une sourde hostilité. Il se rendait compte qu'on le détestait, qu'il était pour la population mise sous sa juridiction un despote et que, lorsque celle-ci s'écartait sur son passage, c'était bien plus par crainte et mépris que par respect.
Au milieu de la cour nombreuse d'officiers, nobles et commerçants qui l'environnait, il se trouvait seul dans la vie. Il souffrait et son existence même, en dehors des jours de bataille qu'il avait connus et de plus en plus lointains, lui paraissait s'être déroulée jusqu'alors sans but réel. D'ailleurs, son cœur était vide. Sans famille, il n'avait jamais connu l'affection d'un autre cœur ou sa complicité, il ignorait les joies pures et sereines, ne savait rien de la douceur d'aimer. Aussi quand, errant le soir dans les campagnes, il rencontrait des couples d'amants, il était prêt à tout abandonner : gloire, puissance, richesses, pour pouvoir goûter aussi à ce bonheur, ce simple bonheur qu'il voyait chez les autres. Malgré tout, quand il évoquait les grands moments de son passé, il reconnaissait que la vie l'avait jusqu'à présent plutôt favorisé. Il se revoyait enfant, imaginant déjà dans sa tête des projets ambitieux, puis, dans la campagne abandonnée par les Etrusques, à la tête d'une horde, exigeant des passants qu'il arrêtait la rançon de leur vie. Par la manipulation, le pillage, le meurtre, il réussi à atteindre les plus hauts postes de l'Empire. Fait général par César, s'il eut été sûr de la complicité d'un nombre suffisant de partisans, il aurait tué l'Empereur pour usurper sa place. Il avait sacrifié tout autre sentiment à son ambition. Elle seule avait dicté ses actes, tout comme ceux qui avaient trahi Vercingétorix. Maintenant que la fortune et ses actes l'avaient portés au sommet, il constatait le néant de sa réalité, et voyait son châtiment dans l'abandon moral, l'isolement où il se trouvait.
Un soir de printemps, il suivait tout pensif la voie dallée conduisant au temple octogonal de Vénus. Tout était calme autour de lui. Une légère brise flottait, apportant des jardins voisins de subtiles et enivrantes senteurs. Dans le ciel, le frêle croissant de la lune semblait, parmi les myriades d'étoiles, une serpe d'or égarée au milieu des épis. Soudain, dans le silence de la nuit, un chant de femme s'éleva, soutenu par les accords vibrants des harpes frémissantes. Julius Cassius tendit l'oreille, transporté. La voix était tour à tour chaude et captivante, douce et veloutée, pour devenir ensuite éclatante, terrible même, quand la chanteuse, après avoir rappelé dans son ode les jours heureux où les siens étaient libres et en harmonie avec la nature, laissait échapper des cris de haine et suppliait Bélem, son dieu, de donner à ses enfants la force nécessaire pour venger la patrie, pour repousser l'oppresseur.
La voix se tut, Julius Cassius demeura silencieux et songeur, subissant le charme étrange et la puissante beauté de cet appel à la divinité vengeresse.
Dès qu'il put se ressaisir, une question se posa aussitôt devant sa conscience : devait-il laisser cette femme et les siens braver, insulter publiquement et impunément l'Empire ? Son devoir n'était-il pas de faire cerner par ses soldats la maison où se réunissaient ces révoltés, de les faire amener devant lui et, sans autre jugement que le sien ; de donner l'ordre de les supplicier ?
A l'évidence, son devoir était là, mais il n'osait se décider à l'accomplir. Une puissance irrésistible et inconnue l'empêchait d'agir et il se sentait sans volonté aucune. Pour la première fois de sa vie, lui qui n'hésitait jamais, il était en proie à l'indécision. Il regagna sa villa et, le lendemain, poussé par un besoin aussi impérieux qu'inexplicable, il revint, aux mêmes heures, roder aux alentours du temple de Vénus. Il ne pouvait se le cacher, l'espoir d'entendre encore cette voix qui le troublait si étrangement avait guidé ses pas. Son attente ne fut pas vaine. Bientôt, fasciné, il perçut avec les mêmes délices, le chant désespéré où la malheureuse exaltait sa souffrance parmi d'ardentes prières adressées à son dieu. Trois soirs de suite, guidé par sa voix, il chercha à rejoindre la chanteuse, à la voir. Il ne parvint qu'à découvrir l'entrée, à peine dissimulée, d'un assez vaste édifice, que ses centurions lui affirmèrent être le lieu de réunion des adorateurs de Bélem.
Le jour suivant, il fit poster des gardes dans les environs, après leur avoir fait donner l'ordre d'amener, de gré ou de force, la chanteuse inconnue devant lui.
La clepsydre marquait la sixième heure du jour. Un bruit de pas et de cris, venu de l'atrium, la pièce centrale de sa villa, éveilla Julius Cassius qui reposait. Il se rendit dans l'exédre, immense salle habituelle de ses audiences. Au moment où il y accédait, des soldats y pénétraient, poussant une femme devant eux. Celle-ci avait dû tenter d'échapper à leur étreinte, car ses vêtements étaient déchirés, ses cheveux épars et ses yeux encore noyés par les larmes ; ses bras et ses poignets portaient des traces de meurtrissures. Les soldats se retirèrent au geste de Julius Cassius.
Demeurée seule en présence du Gouverneur, le premier mouvement de la femme fut de se jeter à ses genoux et de demander grâce. Il s'avança vers elle, la releva et la regarda. C'était une prêtresse de Tad, une vierge gauloise à la beauté sauvage, au corps superbe et éblouissant de jeunesse. L'ovale de son visage était d'une régularité parfaite ; ses yeux, profonds et bleus comme l'infini du ciel, s'éclairaient de reflets éclatants, sa longue chevelure couvrait de ses fils d'or la blancheur marmoréenne (1) de ses épaules émergeant par les déchirures de sa tunique liliale. Pâle et tremblante, elle se tenait maintenant debout devant Julius Cassius, ses bras le long du corps.
— Femme, tu m'as outragé par tes chants, lui dit-il. Tu t'es révoltée contre l'Empire et César. L'outrage et la révolte sont, par nos lois, punis de mort. Tu sais qui je suis. Nul ne me résiste. Ma puissance n'est pas discutée car sans limites... et je t'offre de partager cette puissance...
La jeune fille demeura surprise de ces paroles, dont elle ne saisit pas tout d'abord le sens. Elle regarda avec un grand étonnement son interlocuteur, qui reprit :
— En t'écoutant ces derniers soirs, et tout à l'heure en te voyant, j'ai senti naître en moi des sentiments que j'ignorais jusqu'alors. J'ai compris qu'il y avait place en mon cœur pour l'amour et que, sans lui, ma vie serait encore plus vide et plus inutile qu'elle ne l'a jamais été.
— Je me nomme Hedda, répondit la prêtresse. Je suis fille d'Arverne et servante de mon dieu. Vous êtes l'oppresseur de mon peuple. A ce titre, je vous hais. Vous-même me mépriseriez si je répondais à votre amour. Je ne puis être à celui qui a tué, martyrisé les miens. Me donner à vous serait les trahir. Je préfère mille fois la mort.
— Peux-tu songer à la mort alors que tu es au printemps de la vie, alors que ton cœur, semblable au calice des fleurs, s'ouvre à peine au sourire des aurores ? Tu me méprises, tu me hais, parce que tu ne me connais pas. Apprends à me connaître et tu m'aimeras. Alors, par moi, tu seras heureuse. Ce palais sera le tien. Tu seras la souveraine du pays des Arvernes. Mes gardes, mes esclaves t'obéiront comme à moi-même.
— Je refuse vos richesses qui ne sauraient me tenter. Mon âme est pure comme l'eau des claires fontaines qui sortent du rocher. Vous ne la troublerez jamais.
— Et si je te disais que le chagrin me tuera, si tu ne veux pas être mienne ?
— Je ne vous croirais pas. Le chêne peut s'abattre sous le coup de la foudre, la barque peut sombrer, broyée par la tempête ; mais, devant la douleur, l'homme courbe la tête et, semblable à la fougère des chemins, laisse passer l'orage et se redresse.
Julius Cassius tenta une dernière fois de vaincre l'opiniâtreté d'Hedda. Il sut trouver les accents les plus tendres et les plus convaincants pour lui faire entrevoir le riant avenir qui s'offrait à elle. Il lui montra que son sacrifice ne serait pas vain ; puisqu'elle aimait les siens, sa douce influence sur lui-même leur ferait accorder plus de liberté, plus de bonheur.
Mais elle, digne et tenace, fidèle à sa religion, à son passé, ne répondait à toutes ses protestations d'amour que par le refus et le serment de le haïr toujours, non pas en tant qu'homme, mais en tant que Romain.
Furieux de cette résistance méprisante, Julius Cassius se montra sous son vrai jour. Oubliant vite ses premières déclarations, de tendre et pressant qu'il avait pu être, il devint menaçant et brutal. Sa patience avait atteint ses limites. Il perdit toute mesure, argua de sa volonté, de sa force, de sa puissance et hurla.
— Tu m'appartiendras dès l'instant que je le veux, dit-il. Je serai ton maître, même si je dois employer la violence !
— Essayez donc !, s'écria Hedda.
Mis au défi, Julius Cassius, après un dernier mouvement d'hésitation, s'élança vers la prêtresse et la saisit dans ses bras.
Elle jeta un grand cri et, mourante, s'affaisa pendant qu'une tache de sang rougissait la blancheur jusqu'alors immaculée de ses vêtements.
Hedda, sans qu'il s'en fût aperçu, s'était emparée d'un stylet et venait de se percer le cœur. La spontanéité de ce drame affola le gouverneur. Il resta debout, vaincu, devant le cadavre de la jeune fille.
Subitement, il s'agenouilla aux côtés de la morte, lui saisit la tête entre ses mains, l'appuya contre sa poitrine et murmura :
— Pardon, pardon, Hedda pardon ! pourquoi n'as-tu pas compris que mon cœur est vierge comme le tien et que je t'aimerais ?
Et, sur le front de la prêtresse, il déposa un long et douloureux baiser, tandis que des larmes sincères tombaient de ses yeux.
Il pleura longtemps, pris d'un abattement profond et se demanda si cette fin tragique n'était pas un ultime avertissement des dieux, pour lui montrer qu'il ne pourrait jamais y avoir ici-bas de bonheur pour lui, après tous les forfaits et les crimes qu'ils étaient en droit de lui reprocher.
Il prit peur, se sentit maudit et craignit, on les tenant dans ses mains, de souiller cette tête si belle, ce front si pur, qu'il reposa doucement sur les dalles de l'exèdre, où les mosaïques formaient comme une couronne merveilleuse. Ne voulant plus remettre les pieds dans sa villa endeuillée, Julius Cassin s'enfuit à travers la campagne, dans la forêt voisine. Ses centurions demeurèrent de longs jours sans savoir ce qu'il était devenu.
Lorsqu'il reparut, il semblait un vieillard.
Le cadavre de Hedda fut mystérieusement porté dans la demeure des siens, la nuit suivante. On embauma son cœur et on le déposa sur un lit de roses, dans une urne cinéraire, qu'en grande pompe on plaça sous le tumulus voisin des cairns où reposaient les chefs gaulois après leur mort.
Selon la coutume romaine, Julius Cassius vint souvent répandre en secret de l'huile, du miel et des parfums sur la tombe de la vierge. Ce fut là qu'un matin on le trouva, ne donnant plus signe de vie.
Le temps a suivi son cours, détruisant les empires, enfouissant les villes et les palais sous la poussière de l'oubli. Donobrium a disparu complètement. Aucun vestige (certains encore visibles au 16e siècle selon Férault d'Ainay) ne demeure de l'opulente cité dans le village de Chatel de Neuvre.
Il y a un siècle environ, un archéologue, qui recherchait en ces lieux des poteries gallo-romaines, trouva à quelques pieds sous terre un vase d'une réelle élégance. Des peintures primitives (Etrusques, Grecques ?) représentaient sur les parois extérieures le dieu Eros. Ces peintures avaient conservé une exquise fraîcheur et semblaient, mystérieux symbole, prouver une fois de plus que si le monde vieillit et se transforme, l'amour demeure immuable dans sa jeunesse et son charme.
Le vase fut ouvert. Il contenait des touffes de roses, fanées il est vrai, mais ayant gardé leur parfum subtil et délicieux. Parmi elles, dur comme une pierre, un cœur, en dépit des siècles écoulés, semblait encore prêt à palpiter, à s'animer d'un souffle vivifiant.
C'était le cœur de Hedda, vierge gauloise et prêtresse de Tad...
Un petit vase représentant le dieu Eros ailé endormi sur une amphore...
BIBLIOGRAPHIE :
- Docteur PICQVAND : Légendes du Bourbonnais.
- Achille AIlier : Esquisses bourbonnaises.
- J.-J. MORET : Notes pour servir à l'histoire des Paroisses du Bourbonnais.
- Octave Louis-Aubert : Légendes Traditionnelles du Bourbonnais.
- "Gallia Préhistoire - vol. 11, N°2, pages 421 à 454" de Henri Delporte : http://www.persee.fr/doc/galip_0016-4127_1968_num_11_2_1329
- Eglise romane de Chatel-de-Neuvre : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/chatel_de_neuvre__03_allier_/index.html
(1) se réfère à la blancheur du marbre.
(2) se réfère à la blancheur ou pureté du lis.
Eglise de Chatel-de-Neuvre : A mi-hauteur de la façade ouest, de chaque côté, on remarque deux stèles funéraires gallo-romaines très usées, qui confirment, comme certains éléments sculptés remployés dans le parement du côté sud-ouest du transept, la présence d'un ancien établissement antique sur ce site, dont l'emplacement exact n'a jamais été découvert.
Yves Herbo, Sciences et Faits et Histoires, https://herboyves.blogspot.fr/, 05-03-2016
France : Le Montoncel, La Montagne Sacrée du Bourbonnais
MAJ 11-2019
Monument Ginich - Montoncel
Cet article est à l'évidence dans la continuité des articles consacrés aux menhirs, dolmens et lieux sacrés, légendes celtiques, gauloises et romaines des régions du Bourbonnais et de l'Auvergne :
https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/legendes-mythes/legendes-celtiques-et-romaines-2.html
https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/legendes-mythes/legendes-celtiques-et-romaines-3.html
Nous avons déjà abordé dans ce site le thème des Montagnes Sacrées, ces lieux élevés, un peu partout dans le monde, consacrés à priori par des civilisations et ethnies différentes mais possédant possiblement des liens, ou origines, à des "dieux du ciel" tellement semblables dans leur transmission du savoir ou dans leurs objectifs qu'on est en droit de se poser des questions, surtout quand on réalise scientifiquement par exemple que le "ciel" ou "espace" a tout ce qu'il faut pour expliquer la continuité, la non-temporalité de l'intervention de ces "Dieux" bénéfiques ou non, que l'être humain espère voir revenir ou intervenir en se rapprochant d'eux, aux sommets de certaines montagnes particulières... On peut noter que tous ces lieux, par exemple le Mont Shasta en Californie, le Mont Sedona en Arizona, les montagnes du Quemado dans l'Etat de San Luis Potosi au Mexique, Uritorco en Argentine, les Mont Sacrés des Incas au Pérou, Bolivie, Equateur ou Brésil, les montagnes Sacrées en Chine, Sri Lanka, Inde, Tibet-Népal, Sibérie-Mongolie et même en Australie, le Sinaï et l'Ararat bien sûr, et celles d'Europe, ont tous pratiquement des points en commun : ils ont toutes été des lieux de pèlerinages, de pratiques chamaniques ou même de "sorcellerie", ils ont tous une géologie particulière (grottes, souterrains, failles, lacs, sources, minéraux et roches remarquables, mines), et la plupart font même l'objet d'observations répétées à travers le temps de phénomènes lumineux, magnétiques, telluriques, climatiques. En fait, partout où l'Homme a pu s'établir (ou revenir) sur de longues périodes (et depuis les chasseurs-cueilleurs préhistoriques), on retrouve cette même notion liée aux vieux mythes des anciens dieux venus du ciel ou y habitant (et souvent en guerre ou contradiction avec des "dieux" ou "démons" venant des profondeurs de la terre)
Vous trouverez tout en bas plusieurs exemples des articles déjà publiés sur ce site sur le même sujet, mais nous allons aujourd'hui rester en France, car je vais vous parler de la très probable Montagne Sacrée du Centre français, dans le Bourbonnais, c'est à dire le Montoncel (le "Monte au Ciel), qui est le plus haut sommet de la région, puisqu'il culmine à 1 299 mètres de hauteur.
le Montoncel (le "Monte au Ciel") possède plusieurs particularités géologiques et géographiques remarquables : pour commencer, cette montagne est une pyramide (assez aplanie) à trois pans. Au sommet se trouve un plateau formant un cercle presque géométriquement régulier, avec un rayon de 80 mètres et, juste au centre se trouve une pierre, la Pierre des Seigneurs. Nul ne sait qui a transporté et déposé cette lourde pierre ici, mais le fait est qu'elle est à l'endroit pile délimitant les trois départements de l'Allier, de la Loire et du Puy-de-Dôme...
Selon les légendes locales, trois Seigneurs provenant des trois départements en question se donnaient jadis rendez-vous chaque année à cet endroit. Et ils y faisaient en commun un joyeux festin, autour de cette pierre, jusque très tard, et y admiraient le beau ciel étoilé et pur.
La Pierre des Seigneurs - borne géodésique - et une croix chrétienne au sommet - Photo Anthospace — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8778430
Tout aussi remarquable, trois rivières prennent leurs sources sur les pentes de la montagne, et chacune sa pente puisque la Besbre se dirige vers l'Est, le Sichon part au Nord et la Credogne va à l'Ouest.
Peut-être avez-vous visité Fontainebleau, dans le sud de l'île de France : on y trouve de remarquables rochers possédant souvent des formes étranges ou des formes d'animaux. Les géologues pensent que ces rochers ont été façonnés il y a très longtemps, lorsque l'endroit était un bassin marin, d'autres cherchent des traces archéologiques des chasseurs-cueilleurs ou des celtes, et en trouvent... et bien, si vous vous aventurez dans les fourrés entourant ce plateau et le début des pentes de la montagne, vous y découvrirez de semblables rochers étranges, des réunions et alignements de rocs surprenants, posant questions. Et ici, vous n'êtes pas dans une ancienne région sous la mer, vous êtes sur une montagne... :
Un plan d'accès fourni par le site http://www.montoncel.com/
Il faut savoir que c'est aussi sur les pentes du Puy du Montoncel que poussent cette variété de sapins sombres enrobés de légendes et surnommés les Bois Noirs. et si vous prenez le petit chemin départemental 86 qui part de Saint-Priest-la-Prugne vers Arconsat, vous trouverez, près du lieu-dit Les Cros et d'une auberge, un champ dans lequel repose un gros menhir dressé sur un étrange dolmen en forme d'étoile. C'est probablement une ancienne pierre à sacrifices car des rigoles y ont été gravées il y a très longtemps, pour évacuer un liquide, probablement du sang. De là, vous suivez la direction indiquée par la rigole orientée vers le Nord et, après une marche de plusieurs minutes à travers les bois et les pierres, vous arrivez à un petit plateau et tombez sur un véritable monument qui provient de la nuit des temps...
Un énorme monument composé de quatre niveaux d'énormes pierres de granit gris, disposées les unes sur les autres, le tout sur une longueur de 15 mètres et 4 mètres de hauteur ! Et surtout, on ne trouve aucune pierre semblable dans les environs, et elles sont toutes sculptées...
Vous demeurez interdit devant le grand mystère de ce monument unique en France (ou le seul ayant survécu intact) et, si vous êtes un connaisseur, un initié à certaines connaissances provenant d'un lointain passé, ce que vous avez devant les yeux reflète une image directement issue de certains mythes, mais aussi de mystères liés à l'Homme lui-même. Comme cette tête d'homme avec un crâne allongé vers l'arrière, faisant un peu penser à certaines statues de l'île de Pâques... ou à ces mystérieux crânes allongés volontairement ou non, trouvés un peu partout dans le monde. Vous avez aussi un poisson d'une longueur d'un mètre cinquante dont la tête regarde le Sud-Est, une grenouille énorme, une tortue pesant des dizaines de tonnes, une tête de baleine, une tête de reptile. Il y a même une surprenante tête de lion et une multitude de figures ou signes gravés ou sculptés. (citations de celui qui a redécouvert ce monument, Pierre Frobert, qui l'a étudié en profondeur).
une cale en granit rose
Si vous escaladez ce monument extraordinaire, vous découvrirez que certaines pierres sont calées avec des cales provenant d'un granit différent (rose) et vous verrez aussi des sortes de cuvettes parfaitement circulaires ou oblongues, taillées directement dans le granit.
d'autres cupules au sommet du monument
On peut dire aussi que la redécouverte même du monument par Pierre Frobert, à la fin des années 1970, relève de l'étrange, car c'est à la suite d'un rêve que Pierre Frobert, atteint d'un cancer du sang, une leucémie en phase terminale, que le découvreur ira dans la montagne, à cet endroit précis de son rêve. Et que, après être resté une nuit dans le bassin le plus grand, sur la Pierre principale, il eut une rémission complète de sa maladie, à la stupeur de ses médecins. Le rêve parlait aussi à l'origine de la présence de la tombe d'un géant dans l'axe du monument, mais elle ne fut jamais découverte.
Mais notons aussi que Pierre Frobert, suite à ces événements, s'est fortement rapproché de certains mouvements ésotéristes , s'est découvert un talent de voyant-prophète et s'est aussi laissé séduire par un gourou-avatar hindouiste d'une secte dont il a fini par faire la promotion... On peut aussi dire que Frobert, avant de décéder dans le début des années 1990, a écrit plusieurs prophéties, dont certaines se seraient réalisées et d'autres concerneraient encore notre futur... je laisse juges ceux qui veulent chercher et approfondir sur ce sujet particulier de décider de la valeur générale des affirmations de cet auteur né à Vichy, dans la région qui nous intéresse donc. En ce qui concerne ce monument en tout cas, il n'y a pas lieu de douter de sa réalité et, de plus, plusieurs organisations de radiesthésistes ont confirmé ses vertus bienfaisantes dues à une très puissante force magnétique, notamment la très sérieuse Association des Radiesthésistes de France qui y aurait affirmé une puissance équivalente à la Cathédrale de Chartres...
Voici deux images de la Grenouille. Il y a des cupules au sommet de plusieurs animaux, les spécialistes pensent que des rites "donnant la force ou les attributs" de chaque animal étaient pratiqués à l'aide de sacrifices et de ces bassins servant à confectionner des mixtures ou recueillir le sang. Des mixtures, baumes de soins, élixirs liés aux chamanes-guérisseurs, aux druides... et plus tard aux sorcières, car il y a aussi des légendes mentionnant des fées et des sorcières dans la montagne bourbonnaise...
Par contre, il étudia le monument Ginich (du patois auvergnat et qui veut dire : Monument des Genêts) en profondeur et lui, ainsi que plusieurs spécialistes, arrivèrent à la même conclusion étonnante : ce monument représentait l'étoile polaire et les constellations qui l'entourent...
Car, par rapport au centre du monument, la tête de lion est orientée vers la constellation du Lion, la tête de la baleine vers la constellation de la Baleine, et ainsi de suite ! (voir schéma de Pierre Frobert). Chaque constellation entourant l'étoile polaire visible de la Terre, est sculptée dans la pierre et placée de telle manière qu'elle indique sa direction...
D'après Pierre Frobert, ce bestiaire-carte céleste est unique en France et ne trouverait son équivalent qu'au sommet du Pérou, là où Daniel Rozo aurait découvert, pareillement, d'énormes rochers sculptés, avec aussi une grenouille, une tortue, un lion, un reptile, des faces humaines pour les Gémeaux, le Cocher, etc... J'ai parlé du plateau de Mazma dans un autre article, et il est exact que, même si on ne parle pas des mêmes dimensions de sculptures, on ne peut s'empêcher d'y trouver une bonne ressemblance, analogie... Et l'on ne peut tout aussi également, s'empêcher de comparer avec les falaises gravées des Incas, les monolithes sacrés des Harakmbut ou même aussi les falaises gravées découvertes dans les îles Orcades au nord de l'Ecosse...
Le temps, les intempéries et la mousse ont considérablement abîmés les sculptures et gravures. De plus, depuis leur redécouverte, le lieu n'est pas protégé et de nombreux touristes et randonneurs grimpent sur le monument chaque été, aggravant les choses. Ici, on peut encore voir les formes données aux rochers, les bouches gravées et des yeux creusés. L'homme au crâne allongé se distingue en haut à gauche.
Ici le poisson est très identifiable encore (site montoncel.com), et la baleine au-dessus
Là nous avons le lion bien reconnaissable devant, et le chien à côté
Quoiqu'il en soit, tous ces lieux au concept si proche et en même temps si éloignés géographiquement (et parfois temporellement), posent questions. Il ne fait aucun doute pour les spécialistes des celtes, que cet endroit a été un lieu de culte, disposé au pied du sommet le plus élevé de la région, peut-être même datable du néolithique et fréquenté pendant plusieurs siècles. Certains soutiennent que ce monument a été disposé sur des veines d'un courant tellurique nommé "nouivre" par les druides celtes. Ces courants telluriques pouvant être très virulents, néfastes pour l'Homme, ou au contraire très bénéfiques suivant les endroits. Ces veines et endroits particuliers se trouvent renforcés par la présence de ces Pierres Levées, ces alignements ou ces ceintures de rochers établis par les druides, des cavités dans la montagne ont également été pratiquées pour augmenter une certaine puissance magnétique de certains lieux... tout ceci serait lié à une très ancienne civilisation (Atlante selon certains) qui avait une profonde connaissance de ces courants telluriques, des lois de la Nature en général, des forces cosmiques et de l'astronomie, des chiffres et symboles... et que tout ceci aurait été transmis aux druides et aux chamanes du monde entier.
On distingue bien ici la tortue (site montoncel.com)
Historiquement, nous savons que l'ordre des druides a été respecté et même craint, puisqu'on les retrouve au sein de l'ordre des Bénédictins jusqu'au Roi Louis XI. Puis Rome et ses dictateurs papaux ordonne la destruction de tous les lieux "païens"... mais les druides réussissent à faire comprendre l'importance de ces lieux pour l'être humain (des régénérateurs, des guérisseurs, des énergisants, etc...) aux moines, et ces lieux sont "récupérés" par la nouvelle religion. Les menhirs sont "christianisés", les dolmens sont remaniés en églises romanes et l'on trouve encore de nos jours, sur les principaux noeuds de croisement des courants telluriques, des cathédrales... dont l'architecture repose sur la connaissance parfaite de la science des courants telluriques et des ondes de forme, qui créé un champ énergétique qui élève les vibrations de chacun sans qu'il s'en rende compte...
Un menhir christianisé à Venas - Appelé : la " Croix de Pierre "
Voici une petite vidéo tournée par une chaine youtube locale, qui vous raconte un peu l'histoire du monument Ginich et surtout vous le montre en détail.
Quels ont été les hommes qui ont ici créé un monument étalant leurs connaissances astronomiques et pratiqués des rituels disparus avec eux ? Ce pourrait-il que ce soit les mêmes qui ont laissé des traces étranges et une écriture inconnue -peut-être l'une des plus anciennes inventées par l'être humain - à Glozel, qui n'est pas très éloigné géographiquement ? Pierre Frobert , au sujet de ce monument, a parlé de ces hommes mystérieux aux cranes allongés - artificiellement ou non - qui ont fait partie probablement d'une race, ou d'une caste d'élite en des temps très reculés et obscurs, bien avant les druides ou les chamanes (et ils en étaient probablement eux-mêmes, parmi les premiers) qui en seraient les héritiers. On sait que des peuples entiers ont tenté d'imiter par la suite cette élite au crane allongé, en déformant volontairement le crane des nouveaux-nés, malgré les risques importants... qu'est-ce qui pouvait bien justifier de risquer la vie de ses enfants ainsi ? Quel exemple fallait-il ainsi suivre, provenant du font des âges ? Cette pierre de l'homme au crâne allongé du monument Ginich, représentant en plus une constellation du ciel de la Terre est peut-être un indice précieux concernant cette élite mystérieuse qui a laissé des fossiles, des ossements et une pratique qui a duré des milliers d'années, et sur tous les continents, même aux amériques soit-disant "isolées"...
Je vous parlais de sorcières liées au Montoncel un peu plus haut, voici les légendes qui sont apparues un peu plus tard, au Moyen-âge et au temps de l'Inquisition bien sûr...
Il fut un temps où les sorciers et sorcières se réunirent sous l'énorme rocher qui existait alors au sommet du Montoncel, se liguant contre les habitants de la région à cause probablement de certaines persécutions liées à la religion chrétienne... Usant de leurs sorts et de leur puissance réunie, ils empêchèrent les nuages de passer les montagnes et la pluie d'arroser la vallée. Une terrible sécheresse ruina et affama tout le printemps et l'été les habitants de Lavoine et de Pion.
Ne pouvant laisser les choses en état, les habitants des villages se réunirent et décidèrent d'agir rapidement contre les sorciers... de bon matin, ils grimpèrent au sommet du Puy de Montoncel et, armés de piques, de fourches et massues, ils s'attaquèrent à la grosse pierre du sommet. Ils réussirent à la faire basculer sur le côté et elle partit rouler en contrebas, découvrant l'antre des sorciers et sorcières qui, surpris, s'enfuirent dans toutes les directions pour sévir ailleurs...
Sources, références : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2009/07/10/14350852.html
http://www.montoncel.com/ginich.htm
web tv Livradois Forez - Youtube
Jean Débordes "Les Mystères de l'Allier" - Editions Gérard Tisserand, 2001
En mai 2016, le jour de l'Ascension, accompagné par mon ami Eric Chapuzot, venu de la région limousine, je montais vers la pierre de Ginich. Un petit voyage sympathique qui me réservait alors une bonne surprise, et je confirme en tout cas n'avoir depuis plus de douleurs au niveau de la jambe droite, comme c'était le cas avant mai 2016 (11-2019). Voici l'article qui est paru suite à cette visite :
Et notons que dans le Bourbonnais et l'Allier se trouvent aussi de rares sous-terrains annulaires en France, dont Pierre Frobert parle aussi d'ailleurs, et sur lesquels j'ai un peu enquêté ici :
11-2019 : Voici le tout nouveau reportage sur la pierre Ginich par WEBTV Livradois Forez :
La pierre Ginich est devenue légendaire depuis son invention par Pierre Frobert, peintre vichyssois. Suite à un rêve prémonitoire qui lui annonçait de chercher des pierres au Montoncel, après leur découverte, il guérit alors de son cancer. Il réalise un énorme travail de recensement des pierres branlantes et autres pierres à cupule, développe des dons de guérison, s'adonnera à une recherche des phénomènes mystérieux et au mysticisme, notamment auprès d'un Maître aux Indes. Il deviendra par la suite guérisseur au Mayet de Montagne. Retour sur ces Pierres qui présentent un bestiaire étonnant relié aux constellations et qui sont encore aujourd'hui un lieu très prisé des chercheurs de mystère. Ce reportage, dans lequel nous voyons aussi l'intervention d'un radiesthésiste, nous parle en grande partie du chercheur Pierre Frobert, non seulement sur la Pierre Ginich, mais sur son parcours et ses écrits, il a entre autre écrit sur les origines, la Lémurie et l'Atlantide... La radiesthésie semble avoir démontré une nouvelle fois l'existence de ce qui est cité plus haut " Ce monument a été disposé sur des veines d'un courant tellurique nommé "nouivre" par les druides celtes. Ces courants telluriques pouvant être très virulents, néfastes pour l'Homme, ou au contraire très bénéfiques suivant les endroits." :
En France, dans d'autres régions, nous pouvons citer bien sûr le Bugarach (qui est tout de même apparu historiquement assez récemment, grâce au "New Age", mais aussi grâce au mystère de l'Abbé Saunière et de Rennes le Château proche - mais il faut tout de même bien noter que le Pech du Bugarach est une anomalie géologique en lui-même : des couches de calcaires du Jurassique (de - 135 millions d'années) se retrouvent au sommet, au-dessus de couches de marnes et de grès du crétacé (-70 millions d'années) plus jeunes !), le Col de Vence, mais aussi le Mont Saint-Odile par exemple... et il y en a d'autres probablement.
Pour être complet sur le sujet, on peut aussi affirmer sans erreur possible que le phénomène OVNI semble aussi très relié à certaines montagnes ou anomalies, particularités géologiques ou tectoniques, on en parle ici :
Voici plusieurs exemples des articles déjà publiés sur ce site sur le même sujet des Montagnes Sacrées :
- https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/paranormal/uritorco-la-montagne-mystique.html
- https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/des-genes-rares-dans-une-momie-inca.html
- https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/paranormal/mysteres-sur-le-mont-shasta.html
- https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/le-mont-nemrod.html
- https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/etude-sur-le-roc-du-lion-de-sigiriya-au-sri-lanka-partie-4.html (4 parties)
- https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/australie-l-empreinte-des-ancetres.html
Yves Herbo, Sciences et Faits et Histoires, https://herboyves.blogspot.fr/, 14-03-2016, 23-11-2019
Pierre Ginich du Montencel, reportage et guérison
C'est donc le jeudi 5 mai 2016, le jour de l'Ascension, que mon ami Eric Chapuzot décide de passer à mon domicile pour m'emmener grimper sur la montagne Montencel et tenter de trouver la fameuse Pierre Ginich dont je parle dans cet article :
Grimper sur une montagne nommée Montencel (Montauciel !) le jour de l'Ascension pour aller admirer de près un monument millénaire auquel les légendes attribuent, en plus d'une disposition astronomique, des vertus magnétiques et des ondes de guérison fait partie de ces coïncidences qui ponctuent ma vie, d'autant plus que ce n'est pas moi qui ai choisi cette date, mais bien mon ami Eric, ancien informaticien, matheux très "terre à terre" et peu enclin en général à s'étendre sur des faits ou des circonstances étranges ! Il parle surtout du beau temps annoncé pour le choix de cette journée entre toutes.
L'endroit est à environ une centaine de kilomètres tout de même de mon domicile situé entre Moulins et Vichy, dans l'Allier et nous avons repéré la route à suivre à l'avance. En cours de route, nous avons choisi de nous rafraîchir dans la jolie petite ville du Mayet-de-Montagne.
Un endroit qui recèle quelques légendes intéressantes au sujet de quelques Pierres Levées, mais aussi une ancienne église ornée de beaux vitraux et d'une petite chapelle, mais aussi d'un grand lac où nous ferons un arrêt pour nous restaurer dans l'auberge (très sympa et bonne cuisine) attenante...
Nous arrivons finalement à Arconsat, trouvons l'auberge des Crocs mais nous ne trouvons pas le champs mentionné avec son menhir sur son dolmen, les lieux ont du changer fortement depuis ces mentions datant des années 1970... Nous tentons de nous renseigner auprès de personnes âgées ou de la localité, mais personne n'a entendu parler de la Pierre Ginish ou de menhirs/dolmens dans les environs ! Finalement, nous rencontrons enfin une personne qui sait où cela se trouve et elle nous indique le chemin. Nous avions dépassé l'endroit, peu visible de la route bien qu'il y ait un petit panneau indiquant "Pierre Ginish" (1,7 km) devant un sentier goudronné avec une forte pente. Quelques voitures sont stationnées en bas, nous faisons de même et partons à pied. Nous avons bien fait car le chemin, même si goudronné, est en grande partie défoncé et comporte de gros trous propres à casser le train ou la suspension d'une simple voiture. Il semble que seuls des gros 4X4 et quelques motos tous terrains aient accès à ce chemin désormais... mais il faut aussi signaler que les nombreux 4X4 rencontrés lors de notre visite ne sont pas faits pour respecter la nature, car ils détruisent non seulement ce chemin, mais aussi la nature environnante en passant n'importe où, détournant au passage les petits ruisseaux qui descendent les pentes de la montagne, créant des ornières boueuses et empêchant la nature de s'exprimer dans le calme : Eric me signale quelques plants de fraises des bois en mauvais état, un peu noircis par l'huile des 4X4... Quel dommage de laisser ce magnifique endroit à la proie d'un tel nombre de 4X4 et de gens assez peu soucieux des dégâts qu'ils font à la Nature...
En cours de route, dans un virage, nous nous arrêtons pour examiner cette ancienne stèle, borne ou ce qu'il reste d'une barrière ou d'une maison disparue...
Nous rencontrons aussi quelques vrais amoureux de la Nature, à pied comme nous et, comme nous, munis de bâtons ramassés sur les bords du chemin, pour aider à cette montée pas toujours facile, bien que parfois adoucie par quelques paliers un peu plus "à plat". Les 4X4 ont du perturber un petit ruisseau ou une mare, car le chemin est par endroit traversé par un petit écoulement d'eau. L'eau ruisselle d'un peu partout sur les flancs de la montagne, et rejoint un plus gros torrent qui a creusé son lit, en contrebas. Après la forte montée, nous arrivons après un virage sur la gauche à un endroit plus plat, moins fatigant, et bientôt à la fin du chemin goudronné. Le goudron est remplacé par de la terre battue et, surtout par une démarcation de terrain défoncé (par des 4X4 ?) et de profonds trous inondés par de l'eau, qui nous obligent à passer à travers bois, plus au sec. Il faut encore continuer 200 mètres et un autre panneau nous indique qu'il faut descendre un chemin fort en pente et encombré de pierres (le lit d'un ancien torrent à sec ?) pour trouver l'endroit où se trouve le monument Ginich, que nous découvrons enfin sur un petit plateau, comme indiqué, sur notre droite. Juste devant, au bord de ce chemin accidenté en pente, les gens ont amoncelé (récemment) des pierres, formant une sorte de mur, protégeant peut-être un peu le monument des ruissellements des eaux hivernales...
Arconsat
Lors de cette descente vers le monument, Eric me fait remarquer le silence des lieux, plus propice à la sérénité et paix de ces lieux baignant dans l'Histoire et les Mythes. Les 4X4 se sont tous arrêtés à la fin du chemin de goudron et on n'entend plus le bruit des moteurs, vite tamisé par les bois. Les pierres s'élèvent devant nous, il y a quelques gens assis qui parlent doucement, comme pour ne pas déranger les esprits druidiques sous les chênes et les genêts, les possibles lutins des roches ou les sorcières des légendes...
Le petit mur monté assez récemment par les visiteurs, il n'est pas rare qu'un touriste y ajoute sa pierre, souvenir de son passage...
La pierre Ginich, sous la mousse, les yeux, nez et bouche des animaux taillés dans la roche sont encore visibles sous certaines lumières et suivant l'orientation des rayons du soleil...
Les pierres sont visiblement très vieilles et recouvertes par endroits de mousse et dépôts gris ou verts, plusieurs ont chuté dans la pente au fil des âges et il est évident que le monument n'est plus aussi intact qu'à ses origines. Le nombre des visiteurs doit être plus important en plein été et certaines pierres sont probablement détériorées par les êtres humains. J'ai un peu de mal a retrouver le bestiaire décrit par le découvreur et même les photos et vidéos prises il y a quelques années par d'autres visiteurs. Néanmoins, on reconnaît bien encore le poisson, la tortue, le lion, le chien et le serpent (ce dernier étant abîmé par rapport aux photos connues). Les bouches, yeux et formes sont encore un peu visibles sous la mousse, mais impossible de trouver les quelques symboles et écrits décrits dans les livres. (et par Pierre Frobert)
Nous reconnaissons ici en haut le serpent et sous lui à droite probablement la tête humaine au crane allongé
C'est ici qu'il me faut mentionner mon petit problème physique qui gâchait ma vie pratiquement tous les jours depuis quelques années : de violentes douleurs d'une durée courte (10 secondes en moyenne), juste au-dessus du pied droit, au niveau de l'articulation et situées au début du tibia. J'ai attribué ces douleurs aux conséquences d'un accident domestique survenu dans les années 1990 (écrasement par un gros poids du dessus du pied droit laissant un fort hématome permanent et beaucoup de vaisseaux sanguins "éclatés", ma famille en a été témoin et j'ai aussi souvent parlé de ces douleurs dans mon entourage) et a de probables problèmes de circulation sanguine à cet endroit. Il est vrai que j'ai été aussi longtemps sujet à de fortes crampes (parfois en conduisant ou même simplement la nuit à cause d'une mauvaise position du pied) et que cette douleur pouvait parfois y ressembler, tout en n'étant pas musculaire mais plus interne ou veineux. Quoiqu'il en soit, ce problème semblait bien installé et très courant, souvent plusieurs fois par jour et sans raison particulière. Le docteur que je consultais en région parisienne m'a fait passé des radios et des dopplers pour voir un problème de circulation ou un écrasement osseux, mais la seule chose qui a été apparemment décelé, et l'absence d'une veine de la jambe droite, qui devrait se trouver facilement vers son extérieur, mais qui doit être plus profonde qu'à la normale ou réduite, car non détectée au doppler, sans pour autant empêcher une circulation sanguine à priori normale... Le docteur a déconseillé toute opération de varices ou autres, mais m'a conseillé d'en parler à un flébitologue mais, ayant quitté la région parisienne entre-temps, je n'en ai vu aucun.
Ici, la mousse et l'imagination aidant, on a l'impression d'être observé par un petit lutin se fondant, comme un caméléon, dans la pierre...
Ce jour du 05 mai donc, j'ai également ressenti cette forte douleur à plusieurs reprises, y compris en cours de route, à l'aller comme au retour d'ailleurs (et Eric s'en souvient certainement car nous avons dû faire quelques pauses) et encore plusieurs jours... mais, exactement 7 jours après notre visite, c'est-à-dire le 12 mai, c'était fini ! Totalement. C'est le soir de cette Saint Achille (une histoire de pied aussi avec Achille et son talon !) que je me suis aperçu que je n'avais pas ressenti de douleurs du tout au pied depuis le matin. J'ai bien sûr attendu afin d'en être sûr mais aujourd'hui 26 mai 2016, je confirme que cette douleur lancinante qui me faisait grimacer quelques secondes par jour a définitivement disparue. Un autre fait est revenu à ma mémoire sur cette journée du 5 mai 2016 avec Eric, sur le Montencel : lorsque nous faisons le tour de ce grand amoncellement de lourdes pierres granitiques sur 4 étages, je me suis trouvé déséquilibré à un moment donné, je suis tombé en avant et me suis écorché les mains sur l'une des roches en m'y retenant. Petit saignement sans conséquences bien sûr, mais... le passé de pierres guérisseuses, de probables rituels et sacrifices exercés tant par des ancêtres celtes que par d'éventuels sorciers mentionnés par les légendes me font évidemment penser au synchronisme étonnant reliant cette guérison et ces lieux, précisément. Les larges trous creusés au sommet de ces pierres, dans le granit, ont très probablement recueilli le sang des sacrifices (humains et/ou animaux) à une période donnée, et probablement aussi des mixtures et elixirs, concoctions d'antiques shamans allant de tribus en tribus offrir leurs dons de guérisseurs et médicaments en échange de nourritures et produits locaux...
Ais-je bénéficié de ces ondes miraculeuses et ancestrales liées à ces lieux, détectées par les meilleurs radiesthésistes ? Je ne peux m'empêcher de penser à Pierre Frobert, qui a affirmé jusqu'à la fin de sa vie avoir été guéri de sa leucémie ici, par le monument Ginich... Plus terre à terre, il est probable que Eric (et un docteur) préférera y voir les effets à retardement d'une longue marche difficile et guérisseuse... il est tellement plus rassurant de repousser les suites de coïncidences étranges (synchronicités) pour une simple logique explicative...
Mais dans la mesure où toute ma vie est émaillée de ce genre de synchronisme, de ce genre de coïncidences étranges et répétitives, je me dois bien de faire un petit clin d’œil à mon ange gardien, surtout au cas où...
Yves Herbo, Sciences et Faits et Histoires, https://herboyves.blogspot.com/ , 26-05-2016
Légendes d'Auvergne, sur les traces de Marie-Magdeleine
La grotte de Sainte-Baume transformée en église
Encore une petite incusion dans le monde des légendes d'Auvergne, Bourbonnais et Limousin, faisant suite à la série d'articles déjà mentionnée dans le dernier dont vous trouvez le lien ici : https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/france-la-montagne-sacree-du-bourbonnais.html
Sur les traces de Marie-Magdeleine
L'Histoire écrite est très confuse au sujet de Marie de Magdala : il s'agirait d'une femme très riche, une Galiléenne malade que Jésus guérit et qui devient l'une des mécènes financières du groupe de Jésus, mais il s'agirait aussi de Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare, avide des paroles de Jésus, qui oint ses pieds de parfum et les essuie avec sa chevelure. Et enfin, c'est aussi une prostituée, "la pécheresse anonyme", qui lave elle aussi les pieds de Jésus... selon Jean, c'est à elle (Marie de Magdala) qu'apparaît en premier Jésus ressuscité le matin de Pâques. C'est également elle qui reçoit la mission d'annoncer la résurrection du Christ aux autres disciples, ce qui fait d'elle "l'Apôtre des Apôtres" (la 13eme apôtre selon certains). La phrase prêtée à Jésus au moment de sa rencontre avec Marie-Madeleine, "Ne me touche pas", ou "Ne me retiens pas", peut laisser supposer une relation privilégiée avec Jésus. On pourrait aussi supposer, avec le modernisme et les sciences, que Jésus était "ressuscité" sous la forme d'un hologramme, d'un fantôme ou d'une projection, d'où sa demande de ne pas être approché ou touché (car il n'est pas réellement là physiquement !)... Mais la dizaine de versets qui concerne Marie-Madeleine ne permet guère d'aller plus loin de toute façon la concernant... A partir du IIe siècle, apparaissent des évangiles dits apocryphes, "cachés", non reconnus par l'Eglise, comme celui de Marie-Madeleine, qui placent les femmes au premier plan. Dans l'évangile de Thomas, Marie-Madeleine fait ainsi partie des apôtres et embrasse Jésus sur la bouche. "La pécheresse repentie" devient très tôt une égérie des Eglises gnostiques, formant un couple sacré avec Jésus... A la fin du VIe siècle, le Pape Grégoire le Grand déclare que Marie de Magdala et ces deux autres femmes ou apparences n'en forment qu'une : la fidèle disciple, l'amie et la prostituée sont ainsi réunies afin de promouvoir une figure charismatique de repentance, brandie en exemple à la gent féminine !
Après "l'Histoire" très trafiquée par l'Eglise, mais la seule parvenue jusqu'à nous, voici la Tradition et la Légende...
Lazare, riche propriétaire terrien habitait avec ses sœurs Marthe et Marie-Madeleine en Palestine. Cette dernière, gravement malade, était atteinte de la lèpre. Ayant appris que Jésus était aux alentours, elle se précipita à un repas auquel participait le Christ. Elle répandit un parfum précieux sur les pieds du Christ qu'elle essuya avec ses cheveux et lui avoua ses péchés. Jésus lui pardonna et chassa d'elle sept démons. Fidèle au Christ, elle le suivra...
Après la crucifixion de Jésus, Marie-Madeleine acheta des aromates, afin d'aller embaumer Jésus. C'est elle qui verra la première le Christ ressuscité qui lui dit : "Ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu". C'est elle qui annonce la résurrection aux disciples, qui vont se répandre dans le monde.
La légende raconte ensuite comment Marie-Jacobé (soeur de la Sainte-Vierge), Marie-Salomé (la mère des apôtres Jacques et Jean), leur servante Sara, Lazare, Marthe, Marie-Madeleine et Maximin, tous chassés de Palestine sur une barque sans voile ni rame, abordèrent les plages provençales. Le débarquement des Saints en Provence se situe selon les hagiographes vers l'an 48 après J.C.
Ils débarquèrent à un endroit qui deviendra les Saintes-Maries-De-La-Mer, et édifièrent un autel en terre pétrie pour y célébrer leurs mystères. Madeleine, sa sœur Marthe et son frère Lazare le Ressuscité atteignirent ensuite Marseille. Marthe s'en alla seule pour remonter le Rhône, tandis que son frère et sa sœur se cachaient dans la crypte de Saint-Victor où se retrouvèrent clandestinement les premiers chrétiens pendant un moment. Bientôt, Madeleine préféra la solitude de la contemplation amoureuse à la vie active de prédicateur que choisit Lazare. Elle gravit les pentes de ce grandiose massif de la Sainte-Baume qu'elle allait illustrer à jamais. Tout en haut du massif sacré de l'ancien peuple gaulois des Ligures s'ouvre une grotte particulière.
Le site de la Grotte de Sainte-Baume
Elle est orientée au nord-ouest, ce qui signifie que le soleil n'y pénètre qu'avec répugnance. Elle est fort humide et, toute l'année, l'eau y dégoutte interminablement, sauf au-dessus d'un petit tertre qui reste sec. On la nommait l'Antre Pleureur et plus tard, on devait affirmer que les gouttes d'eau qui tombaient du rocher étaient des hommages aux larmes de Marie-Madeleine. C'est en effet dans cet abri précaire que la sainte se réfugia. Son accès étant réputé impossible aux humains, on dit que des anges portèrent Madeleine jusqu'à ce lieu si bien coupé du monde...
Quelque temps après son arrivée en ces lieux, Saint Victor, devenu ermite, s'établit dans un vallon voisin. Les deux saints ne tardèrent pas à se rencontrer et décidèrent d'unir leurs prières. Une profonde et sincère amitié s'établit entre eux, dans laquelle leurs cœurs s'unirent et se fondirent mutuellement. Cette dilection demeura longtemps pure de part et d'autre. Un jour, Victor se rendit compte qu'un désir concupiscent se mêlait à sa tendresse affectueuse. Il redouta de ne pouvoir résister à son appel et, pour ne pas y succomber, quitta son vallon de l'Allier et gagna les bords du Cher. Il y établit un oratoire autour duquel se groupèrent quelques maisons qui devinrent le village de Saint-Victor, dans le canton est de Montluçon.
Les vertus du pieux thaumaturge brillaient d'un tel éclat que de toute la région environnante on le venait visiter. Ces visites troublaient ses méditations et ce trouble s'ajoutait à celui de son âme, toujours en proie au souvenir très doux mais lancinant de la belle pécheresse devenue une sainte.
Monts de la Madeleine - Couvent de la Grotte de la Sainte-Baume
Afin de se soustraire à ses visiteurs de plus en plus nombreux et aussi à la pensée du péché qui l'assaillait sans cesse, il chercha un endroit désert où il serait à même de connaître une absolue solitude. Il le trouva au fond du vallon d'un petit affluent du Cher, où il édifia une cabane de branchages et de pierres.
Malgré ses prières, ses jeûnes, ses macérations, le beau visage de Marie-Magdeleine ne cessait de hanter son esprit. Il lui semblait qu'un charbon ardent, inextinguible, consumait son cœur. Il le comparait aux tisons sur lesquels il cuisait les légumes et les racines de ses repas. Bientôt, il vit dans ces mêmes tisons l'image du feu intérieur qui le dévorait et la pensée lui vint d'essayer de détruire celui-ci par un geste symbolique.
Il prit à son foyer un brandon en ignition et l'enterra profondément dans le sol, à peu de distance du seuil de sa maison. Il sentit alors que la paix descendait dans son âme, que la tentation s'en éloignait. Au feu qui le brûlait succédait en lui une fraîcheur de source. Et comme pour confirmer la douce sensation qu'il éprouvait, il vit une fontaine limpide jaillir à l'endroit où, la veille, il avait enfoncé son tison. Il bénit le Seigneur de l'avoir délivré et c'est dans le calme retrouvé qu'il s'endormit éternellement en lui, quelque temps après,
En souvenir de l'acte qui l'avait fait naître, la source fut appelée la fontaine de Tizon et donna son nom à un hameau établi sur ses bords. Elle devint un lieu de pèlerinage, car elle soulageait toutes les souffrances. Elle donnait aussi les joies intimes du cœur. Les amoureux s'y retrouvaient à l'heure où le soleil descend à l'horizon, dans la mélancolie des beaux soirs. Après avoir bu de son eau, il n'était pas rare qu'ils échangeassent des baisers dépourvus de toute innocence. Saint Victor éprouvait un gros chagrin de ces licences. Il demanda au Bon Dieu d'intervenir et, pour qu'elles cessent, de faire un exemple au besoin.
Un soir, deux amants débordant de passion se rendirent à la source. Ils s'étendirent sur l'herbe l'un à côté de l'autre et s'enivrèrent de caresses. Les étoiles voilèrent leurs regards. Tout à coup, la foudre éclata pour manifester la colère divine. Les deux coupables d'amour furent transformés en rochers.
On les voit toujours près du hameau de Tizon (Commune de Bellenave), au sommet de la paroi de la vallée où saint Victor avait son ermitage. Ils donnent l'impression de se pencher l'un vers l'autre, comme s'ils essayaient, dans un effort suprême, de vaincre l'inexorable destin qui les empêche d'unir leurs lèvres une dernière fois. On dit que, lorsque la lune éclaire la campagne, tous deux reprennent vie, quittent leur place et vont se promener dans le vallon. Ils ne peuvent se rejoindre, pas même se donner la main, forcés qu'ils sont de marcher chacun sur une rive différente du ruisseau. Personne cependant ne les a vus ou rencontrés. Des jeunes gens, cachés dans les environs immédiats, ont souvent passé la nuit pour les surprendre, mais, sachant qu'on les surveille, les amants de Tizon demeurent immuablement attachés à leur base rocheuse...
Madeleine vivait dans sa grotte depuis sept ans déjà, vivant de racines, lorsque Dieu, l'appelant par son nom, exprima le désir de lui voir formuler un vœu : regardant ses pauvres mains sales, elle demanda à Dieu un peu d'eau propre.
La Grotte de la Sainte Baume aujourd'hui
Une source jaillit aussitôt du sol de la grotte. Madeleine s'y frotta les mains et les voyant redevenir roses et douces comme au temps de sa splendeur s'écria trop vite : "Oh les belles mains !" A ce cri, Dieu reconnut qu'elle n'était pas encore délivrée du mal qui l'avait souillée ; il renouvela sa pénitence pour vingt trois ans. La malheureuse éclata en sanglots : ainsi naquirent les rivières : le Latay, le Caramy, le Cauron et le Péruy, mais surtout l'Huveaune qui en allant par Aubagne retrouver la mer à la Madrague de Marseille, refit en sens inverse le chemin parcouru par la Sainte. Trente ans, enfin, furent accomplis ; les anges avertirent Madeleine que son heure était proche. Ils l'enlevèrent dans les airs et la déposèrent sur la voie Aurélienne, près de l'ermitage de Saint-Maximin. L'ermite lui donna la communion, reçut son dernier soupir, embauma son corps.
Basilique Saint-Maximin
Ses reliques furent ensuite perdues... En 1279, lors des fouilles menées par Charles de Salerne à Saint Maximin, on découvrit, avec trois autres, le sarcophage de Marie-Madeleine dans la crypte où il se trouve toujours et qui est ouverte au public. Ce sarcophage, est d'un marbre très fin extrait des carrières de Marmara. Il a malheureusement beaucoup souffert ; il a été martelé par les pèlerins, qui voulaient en ramener des petits morceaux comme reliques...
Sur la façade du sarcophage sont sculptées cinq scènes de la Passion du Christ, séparées par des petites colonnes. Mais le plus intéressant, qui a été décrit dans de nombreux textes anciens, c'était la partie supérieure. C'est elle qui a le plus souffert des amateurs de reliques car elle représentait des scènes de la vie de Marie-Madeleine.
Le pape Boniface VIII et Charles II décidèrent la construction d'une basilique digne d'être un reliquaire pour la Sainte. La construction commença en 1295 ainsi que celle du couvent qui jouxte la basilique ; la garde de ces reliques fut alors confiée aux frères Prêcheurs, les Dominicains. Les ossements des saintes furent pieusement lavés dans du vin blanc et placés dans une châsse à double compartiment que l'on hissa jusqu'à la chapelle haute, dite de Saint-Michel.
Basilique Saint-Maximin - Les Sarcophages des Maries
Sources : J.-J. Moret : Notes pour servir à l'histoire des paroisses du Bourbonnais.
En ce qui concerne les Monts de la Madeleine et tous ces mystères, voici une animation (en Flash) à cliquer montrant de belles photos les indiquant, et une carte précisant les lieux à visiter si vous êtes dans la région... :
http://www.montsmadeleine.fr/mystere.php
http://www.montsmadeleine.fr/mystere/carte-mysteres.pdf
Yves Herbo, Sciences et Faits et Histoires, https://herboyves.blogspot.com/, 11-05-2016
Auvergne, France, les mystérieux souterrains annulaires
Nous voici de retour dans la Montagne Bourbonnaise, il s'agit donc d'une suite aux précédents articles parlant de ces divers lieux étranges, sacrés, chargés d'Histoire et de Légendes, de mystères non élucidés pour beaucoup. Vous trouverez les liens vers ces articles en bas de celui-ci.
Encore un mystère non élucidé que ces étranges souterrains annulaires dont les premiers exemplaires semblent avoir été découverts au milieu du 19ème siècle, alors que d'autres l'ont encore été au cours du 20ème, et qu'il en resterait probablement encore à découvrir. On a longtemps pensé qu'ils étaient uniques et concentrés dans le Centre de la France, mais d'autres découvertes similaires, en Autriche et en République Tchèque, ont encore accentué le mystère les entourant. Et ce mystère est multiple si on épluche les diverses publications à leur sujet : on ne connaît pas leur but, la raison de leur existence, ni réellement par qui et quand ils ont été creusés. Car les quelques datations effectuées, (encore une fois avec un mauvais calibrage du carbone 14, réévalué récemment), sur de très rares tessons de poteries ou artefacts métalliques trouvés seulement dans quelques souterrains, s'étalent de la période gallo-romaine (ou même plusieurs siècles avant JC à un endroit !, j'en reparlerais) jusqu'à la Renaissance (1694) ! De toute façon, l'on sait depuis longtemps qu'un grand nombre de souterrains ont été utilisés et réutilisés au cours du temps (des souterrains du moyen-âge ont ainsi été encore utilisés pendant la guerre 1914-1918 !) : une datation raisonnable ne saurait donc être très fiable tant que la science n'a pas découvert le moyen de dater les gravures et usinages de la pierre... la présence de poteries ou artefacts ne témoignant bien souvent qu'une appropriation postérieure de lieux plus anciens, ce que les archéologues raisonnables et ouverts reconnaissent volontiers :
En fait, la majorité des souterrains, mêmes bouchés depuis longtemps, ne contiennent absolument rien : ils semblent même avoir été scrupuleusement nettoyés de toutes traces de leurs bâtisseurs et même d'autres visiteurs ultérieurs. Si nous ne parlons que de la Montagne Bourbonnaise, le nombre de souterrains jusqu'à présent découverts seraient de 34 parfaitement identifiés (dont 14 sur la seule commune d'Arfeuilles - un souterrain tous les 300 mètres !, 5 sur Le Breuil, 3 sur la Chapelle, 2 sur Laprugne, le Mayet de Montagne et Nizerolles, 1 sur La Chabanne, Isserpent, Molles et Saint-Nicolas des Biefs) et de 15 de plus (49 donc en tout) dont l'existence est mentionnée par un ou plusieurs témoignages, mais qui n'ont jamais été explorés ou leur situation exacte perdue au cours du temps...
C'est d'ailleurs le cas d'un des premiers découverts, en 1854, et qui avait fait l'objet d'une publication vingt ans plus tard et d'une exploration : on a perdu depuis sa situation exacte dans le hameau de Terre-Noire de la commune de Laprugne (Allier) ! Voici cette étude (qui pensait par erreur à un souterrain-refuge) et schéma, dans "Le Forez illustré" du 1er et du 8 août 1875 par le docteur Frédéric Noëlas. Pour rappel, ce souterrain avait été découvert en 1855 par hasard, lors du creusement des fondations d'une grange, puis rebouché.
Extraits : " La région montagneuse qui forme entre la chaîne de la Madeleine et celle du Montoncel le canton le plus méridional du département de l'Allier offre à l'archéologie des sujets d'étude qui touchent au plus haut point de la science: roches à bassins et à empreintes, châtelards, voies primitives, souterrains refuges, villes et industries gauloises, murs gaulois, pour ne parler que de ce qui nous est le plus à cœur….
En dehors du bassin et des travaux de concession des mines de cuivre de la Prugne, sur les premières croupes des hauteurs qui s'élèvent brusquement jusqu'à près de treize cents mètres au sommet de la Madeleine, un hameau, celui de Terre-Noire, étage ses maisons à quelque distance du profond ravin où coule le ruisseau de la Coste.
Il y a vingt ans des propriétaires, voulant y bâtir une grange, creusèrent des fondations et furent on ne peut plus surpris de sentir le sol peu solide dans un endroit rocheux; ils creusèrent par curiosité et découvrirent un souterrain, où ils pénétrèrent assez imprudemment et sans ordres, surtout sans intention de s'en rendre compte par l'étude; ils n'y trouvèrent, dit-on que des morceaux d'une poterie grossière. La découverte fit grand bruit, nombre de visiteurs accoururent, mais tous inexpérimentés; puis on referma la cavité tant et si bien qu'il a fallu deux demi-journées pour la retrouver.
Cependant, on avait un point de départ; il avait fallu, lors de la construction de la grange, reculer les fondations, on chercha donc dernièrement et, au fond d'une tranchée d'environ un mètre cinquante centimètres de profondeur, on rencontra une entrée du souterrain, la même que celle découverte il y a vingt années. L'ami qui nous préparait si galamment la besogne pénétra dans la cavité par une ouverture assez étroite, reconnut les lieux puis referma soigneusement avec de grosse pierres l'entrée du roc, crainte d'accident.
Enfin, le 11 juillet dernier, nous nous rendîmes vers le souterrain avec une certaine solennité: un orage majestueux nous surprit en route... deux petits murs formaient l'entrée de la grotte; leur distance réciproque était d'environ un mètre, ils reposaient sur la roche vive et une pente assez douce conduisait à une ouverture si étroite que les épaules d'un homme avaient peine à y passer; mais au bout de quelques pas faits et en se laissant glisser les pieds en avant, le souterrain se révèle à la hauteur d'un homme de petite taille.
Voici l'aspect de la galerie: elle est creusée dans une roche de porphyre quartziféré très fendillée et cassante, commune dans le pays et coupée de filons d'un granit grenu décomposé nommé gore, au-dessous d'une terre labourée qui porte le nom de la mure (masure); sa direction générale est du S-E au N-E; sa voûte de forme pointue très irrégulièrement ogivale n'est nulle part soutenue par une maçonnerie quelconque; elle ne paraissait pas solide, la pierre s'égrenait laissant passer de grosses gouttes d'eau de pluie et à chaque roulement de tonnerre que l'oreille ne percevait pas au reste dans les profondeurs, de petites rocailles se détachaient comme au moindre frottement; la largeur du boyau souterrain est d'environ 0.70 à 0.80 m ; nous étions trois explorateurs et le travailleur avait peine à se servir de sa pioche.
Une première galerie, pendant cinq ou six mètres, serpente fortement et brusquement, puis elle envoie à gauche et à droite deux branches de manière à circonscrire une masse de roche en forme de colossal pilier arrondi; on observe que la branche de gauche continue presque droit la première galerie avec la même hauteur de voûte et la même largeur; la branche de droite se dévie fortement de ce côté et son plafond est plus bas d'au moins 30 à 35 cm ; des flaques d'eau jaunâtre s'étaient amassées sur le sol, mais aucune fosse, aucun puits ne s'ouvraient dans les galeries au point de rencontre des deux branches; dans la paroi de gauche est creusée une case ou niche dans une partie granuleuse de la roche à hauteur de l'épaule, cette case large de 15 cm a le sommet pointu; on voit très distinctement les nombreux coups d'un outil pointu comme un pic qui a creusé la pierre tendre (ailleurs la pierre fendillée ne montre pas ces traces).
On distingue un ascia gallo-romain gravé à gauche du socle de cette statue-pierre tombale. L'ascia qui servit peut-être à creuser les souterrains, avait aussi une valeur symbolique, puisqu'elle était souvent gravée sur les pierres tombales gallo-romaines, étant censée protéger et assurer l'inviolabilité dudit tombeau.
Nul vestige de rouille ou d'oxyde de cuivre pour indiquer la matière de l'outil, mais vu la difficulté de manœuvrer, même un marteau de mineur, à cause de la voûte, on voit que l'outil était emmanché si court qu'il devait être vraisemblablement tenu à la main comme un couteau… nulle marque de fuliginosité ou de suie de lampe dans cette case ni aux voûtes; ces deux galeries réunies sans chambre élargie, sans issues autres, après un mètre de parcours, rencontrent un muretin de grosses pierres haut de 50 cm disposé transversalement, il est maçonné avec de l'argile jaune comme ceux de l'entrée, et forme un petit ponceau sous lequel fuit un filet d'eau par une pente assez rapide; au-delà et au bout de 6 mètres , presque en ligne droite, un fort éboulement barre le passage et sur le sol extérieur on remarque, à cet endroit, une dépression sensible.
L'eau s'écoulant ainsi n'avait pu s'accumuler en trop grande quantité, mais elle gênait nos recherches, la pioche ne ramenant que des pierrailles sans forme, point de poterie ni d'outils; de la paille pourrie et noire et dans la galerie de gauche de la paille brûlée et charbonnée provenant sans doute des brandes de paille dont on s'était servi au risque de s'enfumer lors de l'exploration d'il y a 20 ans; un bout de plateau ou d'épaisses planches de chêne mises là sans doute pour appuyer sur les pierres et ne pas se mouiller les pieds, tout annonce une visite timide et hâtive. Le bois du plateau est pourri, mou et malgré qu'il soit infiltré d'eau, il a perdu énormément de son poids. L'air avait pénétré dans le souterrain et si la première fois il était méphitique et éteignait les lumières, lors de notre examen il s'était renouvelé. Mais comme contraste avec ce bois, nous avons recueilli dans le terrain et sous les éboulis de la galerie de droite un long bâton brut et noueux dont une branche cassée au bout forme un crochet, vrai bâton de sauvage, d’homme primitif (nous savons qu’on a trouvé semblable objet dans des souterrains analogues). Il était difficile de savoir au moment de la trouvaille de quel bois était ce bâton, on eût dit un morceau d’érable à l’écorce rude (bois très rare dans la montagne) et tout à fait comparable à des bois qui ont séjourné des siècles dans les tourbières ; celui-là, au lieu d’avoir perdu de son poids, en avait acquis considérablement, il pesait de cinq à sept cent grammes, infiltré d’eau mais aussi de matières siliceuses…..
On est convenu de nommer ce genre de grottes creusées de main d’homme "souterrains de refuges", mais la science n’a pas dit son dernier mot sur leur mystérieuse destination. Dès lors qu’ils ne sont pas construits de maçonnerie, il y a grande présomption d’antiquité, aucun château féodal n’y ayant laissé vestige et souvenir, mais on ne peut raisonner sur leur destination que par analogie et apporter dans leur recherche un grand esprit critique ; dans les uns, on trouve des restes évidents de l’homme préhistorique, hachettes de pierre, auges à broyer le grain ou le millet, comme dans la Creuse, le souterrain-refuge de Sanglard… Dans les autres on a trouvé de la poterie romaine ; les uns sont pourvus de puits ou fosses de défense, de conduits d’air ou soupiraux, présentent des cachettes, des grès à aiguiser, des réservoirs d’eau et des cavités circulaires, véritables silos que l’on cachait à l’ennemi; d’autres enfin offrent, taillés dans le bloc, des ouvertures avec des feuillures pour les portes, des bancs, des retraites et des salles spacieuses, de sorte qu’on a pu dire que c’était des habitations permanentes aussi bien que des refuges temporaires, même des caveaux ou des greniers d’approvisionnement.
Ils ont pu être occupés et réoccupés à différentes époques de troubles et d’invasion et sont creusés suivant différents types. (YH : à l'époque il y a peu de souterrains annulaires découverts et étudiés, mais l'auteur fait tout de même, remarquablement, le lien avec ceux-ci et un autre déjà découvert à Arfeuilles).
Ils sont rarement isolés, souvent groupés dans le même endroit à proximité de fontaine ou de ruisseaux ; ceux de la contrée, assez nombreux, semblent appartenir tous aux mêmes types : une galerie étroite embrassant un énorme pilier, nous en connaissons un à Arfeuilles dont la forme est tréflée, c’est-à-dire qu’il a trois piliers entourés de galerie qui se rendent dans un boyau unique. Tous ont été creusés de la même manière, avec les mêmes outils, dans la même roche. Nous faisons remarquer que la roche n’a pas partout un degré de solidité pareille, mais le temps, les mouvements de terrain ont dénaturé cette solidité.
Si le souterrain de Terre-Noire laisse maintenant filtrer les eaux pluviales, c’est qu’il était sans doute couvert de feuilles sèches et de fumier, comme le rapportent des auteurs anciens parlant (YH : peut-être : il n'y a pas de mention du lieu dans les écrits de Tacite au sujet des souterrains des "Germains", de plus, la région est considérée comme étant la région des Arvernes...) de ces souterrains. Il faut se faire une idée de la vie au grand air de nos ancêtres chasseurs et pêcheurs ; ils n’étaient jamais chez eux, il suffisait que la nuit et au gros de l’hiver les femmes et les enfants fussent en sûreté, la commodité, l’élégance du logis, sa salubrité même étaient choses secondaires. Mais nous faisons nous même toutes réserves à ce sujet, nous bornant à affirmer l’antiquité de ces retraites si bien oubliées des hommes.
L'ascia est un outil gallo-romain en forme de hache, une herminette, un outil à tailler le bois ou à polir la pierre, l'instrument à tout faire du maçon.
Cet outil gravé sur la pierre tombale était réputé lui conférer une protection en lui assurant l'inviolabilité.
Le peuple voit des communications fantastiques du souterrain Terre-noire avec les galeries du Châtelard, poste gaulois situé à deux kilomètres de distance... (sans preuve...) "
Ce souterrain fut par la suite rebouché et disparut des mémoires. Si la grange existe toujours, le souterrain n'évoquait plus aucun souvenir aux habitants du village, ni à l'ancien propriétaire de la grange, M. Eugène Oblette.
Des souterrains tous très semblables. Tous les souterrains de la Montagne bourbonnaise sont de longueur modeste (entre 20 et 40 m). Ils sont tous situés à une faible profondeur (entre 1m50 et 5m) et creusés dans du schiste ou du "gore" (arène granitique en décomposition), des matériaux qui excluent le creusement de vastes salles ou de larges couloirs. La plupart suivent le schéma de la lettre grecque Φ "phi" avec un vestibule d'entrée, se prolongeant plus ou moins dans l'axe par une galerie, coupant en deux endroits une structure en anneau. On notera que cette 21ème lettre grecque a été utilisée aussi auparavant par les minoens de Crète, Santorin et Milos, mais aussi par les Etrusques, puis tardivement par les Coptes.
Dans le système de numération grecque, phi vaut 500 ; par exemple ‹ φʹ › représente le nombre 500. Comme la plupart des autres lettres grecques, le phi est parfois utilisé en dehors de son contexte alphabétique grec dans les sciences. Par exemple, en mathématiques, elle note traditionnellement le nombre d'or (1+√5)/2 (soit environ 1,618). On l'appelle aussi "La Proportion Divine" car si on on mesure notre taille et qu'on divise ce nombre par la mesure du nombril aux pieds, on obtient Phi. On obtient le même résultat si on mesure la taille du haut de l'épaule au plus haut des doigts et qu'on divise ce nombre par la taille du coude au plus haut des doigts...
On accède à ces souterrains par un dénivelé et une entrée non cachée parfois même par un escalier monumental (comme chez Néglot), ce qui exclut toute hypothèse de cache ou de refuge. La plupart semblent avoir été creusés au Haut Moyen Age, à l'aide d'une ascia sorte de hache à tout faire que les gallo-romains utilisaient pour tailler le bois ou creuser dans la pierre tendre. Beaucoup étaient murés à l'entrée (chez Guérande) ou dans la galerie, ce qui tendrait à renforcer l'hypothèse d'un lieu sanctuarisé. L'extrémité de la galerie ou de la "chapelle" possède souvent des alcôves ou des niches. On trouve souvent, au bout de ces galeries, des conduits verticaux de faible diamètre (parfois inachevés) et communiquant avec l'extérieur (aération ? Culte des morts ?).
Une hypothèse fait état que ces souterrains pourraient être des sortes de tombeaux où les habitants du Haut Moyen-Age (Gallo-Romains) déposaient les restes calcinés de leurs défunts dans des urnes funéraires. La crémation était en effet interdite par la religion chrétienne qui s'était implantée d'abord dans les villes et qui préconisait l'inhumation tout en condamnant l'incinération, héritage du paganisme. Mais cette hypothèse, si tentante soit-elle, n'est pas confirmée par des éléments matériels ( ossements calcinés, statuettes, sculptures ou peintures sur les parois). Mais l'Eglise pourrait avoir découvert cette pratique par la suite, et aurait tout nettoyé, ce qui est aussi une possibilité bien sûr...
Ce pourrait être aussi d'antiques sanctuaires en rapport avec le culte des morts, ce qui pourrait expliquer la présence de ces "conduits d'aération" plus ou moins achevés. Dans ce cas, ceux-ci seraient une sorte de passage reliant le monde des morts (souterrain) à celui des vivants (sur la terre). Face à la progression inéluctable de la religion chrétienne durant le haut moyen âge, ce type de sanctuaire aurait disparu. Il aurait survécu sous une autre forme plus "chrétienne" celle-là (l'Eglise a récupéré beaucoup de cultes païens ou antiques à son compte), la lanterne des morts.
La lanterne des morts est un édifice maçonné, de forme variable, souvent élancé généralement creux et surmonté d'un pavillon ajouré, dans lequel au crépuscule, on hissait, souvent avec un système de poulies, une lampe allumée, supposée servir de guide aux défunts.
Mais là où cela se gâte, c'est que certains vestiges tout de même découverts depuis (alors que d'autres découvertes "préhistoriques" sont mentionnées au 19ème siècle), pourraient ramener cette pratique à bien plus anciens que les Gallo-Romains, puisque dans les souterrains de Puyravel, dans des fouilles au Hameau de Chez-Guerrier (Mayet-Montagne), sur le site de Moulin-Piat (à 2km au sud de Glozel, M. René Gattefossé le fouille en 1939. Il y découvre des haches de pierre, deux flêches, des anneaux de schiste brun, certaines de ces pièces sont gravées), dans les souterrains annulaires de Cluzel et de Palissard (des tablettes ou des galets inscrits de signes "glozéliens" ont été découverts en 1928), des artefacts et gravures du néolithique, préhistoriques donc, ont été trouvés. Certains de ces objets (galets gravés) ont été assimilés aux mêmes trouvés à Glozel. Des analyses faites en 1995 pour tenter de dater plus précisément une partie de ces objets "Glozéliens", dans plusieurs laboratoires, ont donné des résultats disparates et peu concluants : le quartz contenu dans la plupart des objets fausse les données de la thermoluminescence (radioactivité) et, malgré des résultats peu fiables et contradictoires entre les laboratoires (des données donnant -17000 ans en moyenne (comment ? c'est dans le rapport officiel pourtant !) mais s'étalant surtout entre - 600 avant JC et le 17ème siècle, voir même le 20ème siècle pour certains objets douteux), une étrange conclusion ramenait le tout au Moyen-âge, peut-être "Haut" (Gallo-Romain) pour certains objets, mais plutôt 13ème siècle pour l'essentiel... tout simplement parce, depuis le début du 20ème siècle, trop de fouilles avaient "pollué" les lieux et que seuls des traces d'une verrerie datant du moyen-âge avait pu être identifiées avec certitude... : " En effet, sans doute à cause de la très forte radioactivité naturelle de la région, les datations sont extrêmement disparates, et on a du mal à comprendre et à fortiori à expliquer la présence sur le même lieu, d'objets âgés de 17 000 ans, de 5 000 ans, de 2 500 ans, de 1 500 ans, et même du moyen âge ! Reste également l'énigme de l'écriture que l'on retrouve sur des os gravés de 17 000 ans, toujours non déchiffrée (elle l'a été par plusieurs auteurs différents à priori et daterait des Phéniciens selon beaucoup d'entre eux)... (mais cette écriture est ce qui gêne le plus la trame "historique"... même si d'autres écritures similaires semble avoir été découvertes ailleurs dans le monde (Pakistan)). Le compte rendu de 1995 est incomplet et ambigu : les seuls vestiges archéologiques du site sont les restants d'un artisanat de verrerie qui date du Moyen Âge. Aucun objet de type « glozélien » n'y a été découvert lors de ces fouilles de 1995 (!) "
On se rappellera bien sûr que les datations d'avant le 21ème siècle (recalibration du carbone 14 en 2004) ne peuvent plus être considérées comme fiables de toute façon... Il faudrait tout redater, et comme on le fait maintenant, avec l'aide d'au moins trois méthodes différentes...
Mais même s'il y a un possible lien entre Glozel et les souterrains annulaires (puisque, finalement, il n'y a pas qu'à Glozel que des objets "glozéliens" ont été découverts !), revenons sur ces derniers, voilà plusieurs plans et schémas de ces cavités, établis par plusieurs chercheurs dont les noms sont sités plus haut ou par la suite... :
Anneau Birat (commune de Châtel Montagne) découvert en 1952, suite à l'effondrement de la voûte lors du passage d'une vache. Allée rectiligne de 13 m , demi-cercle de 18 m , 1m65 de haut, restes d'un muret de pierres sèches vers le fond
Chez Frobert (commune de Châtel Montagne) découvert sous un bâtiment. La partie rectiligne mesure environ 8m, l'anneau 13m50, les 2 extrémités, remblais et effondrement) n'ont pas été explorées.. Ont été trouvés quelques tessons de poterie et un liard de 1694 (!)
L'entrée de l'anneau de Chez Frobert
Anneau de Guérande (commune d'Arfeuilles) découvert en 1958, lors d'un labour. La véritable entrée était toujours murée. Les tessons retrouvés datent du Vème au IXème siècle (Gallo-Romain-Mérovée-Charlemagne). Allée rectiligne de 15 m débouchant sur une salle (la chapelle ?) avec 2 pierres d'autel de chaque côté).
L'entrée murée de l'anneau de Guérande
Anneau de Puyravel (Mayet de Montagne) découvert lors de labours en 1928. galerie de 16 m de circonférence. Restes de poteries, galet gravé et outil en pierre de l'époque préhistorique (néolithique + "Glozélien")
Chez Néglot (commune du Breuil) exploré dès 1875 par Noëlas, comblé en grande partie. Anneau de 12 m. menant à une "chapelle" avec conduit extérieur, escalier d'accès monumental, mais accès fermé par d'énormes blocs de granit. Ces blocs de granit, extraits d'une carrière distante de 8 km, verrouillaient l'entrée (similitude avec les différents murets des autres souterrains qui interdisaient l'accès)
Chez Néglot escalier d'accès monumental
A gauche, Couloir annulaire d'un souterrain annulaire creusé sous une église dans les Deux-Sèvres (France) (YH : ou c'est l'église qui a été construite sur le souterrain !). A droite, Arfeuilles, photo de souterrain annulaire
Arfeuilles, photo de l'entrée bouchée du souterrain annulaire du Bois-Barret
Pour compléter un peu plus cette compilation de données sur les anneaux souterrains, voici un extrait d'un livre ("lieux mystérieux") d'un chercheur local (qui était considéré comme beaucoup il est vrai comme un "mystique", mi-voyant mi-esotériste (il a fait des prophéties de son vivant, dont certaines se sont réalisées)), un auvergnat donc, nommé Pierre Frobert (déjà cité dans les articles consacrés au monument très ancien (celte ou encore plus ancien) "Pierre Ginish" du Puy de Montencel, point culminant de la Montagne Bourbonnaise), et qui a donné sa propre hypothèse, évidemment l'une des plus étranges de toutes les hypothèses, mais qu'il argumente d'une façon assez intéressante quand on se penche et étudie toutes les données concernant nos ancêtres qui ont passé beaucoup de temps et d'efforts sur le transport (sur des kilomètres et avec peu de moyens) et l'élévation de pierres levées (menhirs, dolmens, cairns) et monuments parfois gigantesques, y compris parfois tout en haut de certaines montagnes... : " Les étranges souterrains d'Arfeuilles "
" Le territoire de la commune d'Arfeuilles recèle plus du tiers des souterrains de la Montagne Bourbonnaise; Notons plusieurs faits importants : il n 'y a pas d'aération ou si peu que personne ne pouvait les utiliser comme refuge; ils sont inutilisables; on ne peut rien entasser sans boucher le passage. Ce ne sont pas des lieux de culte : Il y a un souterrain tous les 300 mètres à Arfeuilles. (YH : notons au passage que le nom d'Arfeuilles prendrait ses racines (celtes et latines) dans "Fouilles profondes"), Les noms d’Arfeuilles et Arpheuilles pourraient provenir aussi du verbe latin « fodiculare », signifiant fouiller, creuser. Cette étymologie situerait donc effectivement la création de ces souterrains à une époque lointaine de toute façon (cf. Maurice Piboule,Mémoire des communes de l’Allier : La Combraille, 1988). "M. DAUZAT, dans son dictionnaire des noms de lieux, pense (avec d'autres auteurs de dictionnaires similaires) que ce “feuilles“ serait un hybride Gallo-Latin de “fodiculare“, fouiller. Quant à la signification du préfixe “Ar“, elle laisse perplexe la plupart des linguistes. Une interprétation récente a été donnée en 1988 par M. FROMAGE, professeur de lettres anciennes et président de la Société Française de Mythologie, lors du congrès mondial sur les souterrains, qui s'était tenu à Arfeuilles cette année là. Pour lui, le “Ar “ proviendrait d'une déformation de prononciation du “Al “ de “alto“ qui signifie aussi bien profond qu’élevé. Cette interprétation est imaginée par M. DAUZAT et d'autres auteurs à propos de noms de lieux autres qu'Arfeuilles. Si cette interprétation est valable en ce qui nous concerne, “Arfeuilles“ signifierait “fouilles profondes“ ou encore “ le pays des fouilles profondes“. Or M. DAUZAT signale la présence de souterrains à proximité de la plupart des Arfeuilles ou Hautefeuilles. On a une explication qui tient debout, quant on sait qu'ici les souterrains annulaires atteignent une densité que, jusqu'à présent, on n'a jamais rencontrée ailleurs".
Des dépots d'urnes ? Cette hypothèse avait été avancée par le docteur Chabrol. C'est bien improbable (YH : aucune preuve n'est jamais venue l'étayer en tout cas).
D'après les recherches que j'ai effectuées en Bretagne et dans d'autres lieux, j'ai remarqué que tous ces souterrains présentent un plan particulier, à savoir un couloir généralement petit débouchant sur une salle ou plusieurs salles de formes circulaires. En Bretagne on a élevé des Cairns, sorte de pyramides à étages, tout simplement parce qu'il n'y avait pas de montagnes or dans notre région (Auvergne), tous les sommets alentours présentent des amas de rochers placés volontairement ou des murs ceinturent un sommet. La concentration de ces souterrains n'est pas un hasard si l'on étudie la nature du sous-sol et les courants telluriques.
LA SCIENCE DES ATLANTES
Il existe sous la terre des courants de forces tout comme l'être humain possède un système nerveux électrique. Il est admis aussi que la foudre sort de la terre avant son échange avec les forces célestes. Or la foudre est toujours au croisement de lignes de force tellurique. Il y a donc des points d'émissions puissants et c'est sur ces points d"émissions que nos ancêtres ont creusé les montagnes, ou ont fabriqué des capteurs artificiels tumulus avec salle intérieure. Pour diriger cette force ils ont à certains endroits placés sous terre des capteurs directionnels de différents modèles.
Ce sont nos fameux souterrains aux formes étranges creusés en forme de voûte. Selon l'intensité de la force l"entrée qui est en réalité une sortie, était plus ou moins haute et était dirigée soit sur une file de menhirs - les condensateurs - ou plusieurs files de menhirs avec dolmens (prise de courant) soit sur des lignes naturelles (les autres nerfs de la terre) l'épine de certaines montagnes, le cours de certaines rivières, etc...
Nous avons une preuve éclatante de la domestication de cette énergie gravée sur les pierres du tumulus de Gravinis en Bretaqne. Cette énergie pouvait être décuplée par du quartz.
Sur la terre il existe de semblables systèmes de domestication des forces telluriques. Pour quoi faire me direz-vous : C'est ici que la réalité dépasse la fiction : Les Atlantes avaient des colonies sur toute la terre.
Les Atlantes connaissaient en des temps préhistoriques la radio, la télévision, l'énergie atomique, le laser et leurs vaisseaux aériens suivaient ces lignes de force telluriques, ces lignes servaient aussi à la fertilisation des terres, à envoyer des messages à distance et bien d'autres choses encore. A une période de leur histoire qui se situe vers 12500 avant le Christ, les Atlantes firent un mauvais usage de leurs découvertes et causèrent leur propre perte car ils ont mis au point des instruments qui mettaient en mouvement les feux du centre de la terre ainsi transformés en force destructrices. Les Atlantes s'étaient rendus maîtres d'une source d'énergie fabuleuse, les rayons du soleil amplifiés par des cristaux, l'inversement de ces forces a provoqué la destruction de leur continent.
Bien des gens ont du mal à croire à l'existence d'une civilisation avancée comme L'Atlantide et qu'elle ait pu disparaître sans laisser de traces, et pourtant ces traces existent.
Réfléchissez à ceci, il y a moins d'un siècle seuls les auteurs de science-fiction pouvaient songer à des choses comme la télévision, les sous-marins atomiques, la bombe à hydrogène. En moins de 50 ans, des nations ont disparu dans le chaos de deux guerres mondiales et d'autres ont été fondées. Regardez à quel point notre civilisation actuelle est tributaire des communications, des transports, de l'énergie électrique et il est facile d'imaginer qu'une guerre atomique, si elle ne détruit pas complètement l'humanité, puisse renvoyer l'homme à l'âge de pierre.
Que resterait il de notre superbe civilisation dans 5000 ans ? "
Tous ces dessins sont extraits du livre de Pierre Frobert "Lieux mystérieux"
Autres souterrains annulaires dont on connaît l'existence :
Deux auteurs Francis Pérot (en 1884) et Adrien Blanchet (en 1927) signalent tous deux la présence d'un second souterrain annulaire à Laprugne, au "Chatelard". D'après Pérot: " La confection de la route de Laprugne à la Loge des Gardes a mis à découvert un souterrain dont on voit nettement la section et la forme au Chatelard. Les deux ouvertures qui se voyaient dans la tranchée de la route ont été maçonnées avant qu'il n'ait été exploré. Sa hauteur est de 1m30 et sa largeur 0m80 ". Et d'après l'inventaire de Blanchet: " Le Chatelard: souterrain dont les 2 parties découvertes ont été murées. Hauteur: 1m20; largeur: 0m70; voûte cintrée en anse de panier ".
Au hameau de Lareure, Jean Robert Perard, un agriculteur natif d'Arfeuilles a visité deux souterrains, un ouvert par le godet d'une pelleteuse qui réalisait le terrassement de son hangar et un autre découvert par des débardeurs dans le bois du Rez des Écoliers. Mais les deux sont bouchés depuis. Question de sécurité. L'agriculteur, qui a les yeux qui brillent lorsqu'il raconte sa visite du souterrain des Écoliers, se souvient de sa première visite et de l'état de quiétude qu'il a ressenti sous la terre. Il se souvient aussi de sa dernière visite avec des cameramen américains « qui ont failli y passer car il n'y avait plus d'oxygène dans le boyau. Trop de monde sans doute »...
Un reportage de Patrick Aujard, WebTv Livradois-Forez. - https://www.youtube.com/watch?v=-iQIO3PO-Es
Peu connu de la plupart des habitants de notre région, les souterrains annulaires sont extrêmement nombreux sur notre territoire : montagne thiernoise, bois noirs, monts du bourbonnais…
Aujourd’hui encore l’énigme de leur utilisation reste entière malgré les efforts de recherche des sociétés archéologiques locales et de la Société Française d’Étude des Souterrains.
Hugues Dourvert découvreur et spécialiste de ces structures souterraines nous entraine dans ses visites et nous donne quelques explications sur ces lieux mystérieux...
Sources : http://r.saintaubin.free.fr/souterrains.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Phi
https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/glozel-authentifie-cela-change-tout-1.html
http://www.ldi5.com/archeo/gloz.php
http://sfes.fr.free.fr/FR/Publication.htm
http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/les-souterrains-annulaires-de-la-33238
http://prilep.perso.sfr.fr/galerie2/souterraincultuel/galerie.htm
http://www.arfeuilles.fr/hist-text-2.pdf
Yves Herbo, https://www.sciences-faits-histoires.com, https://herboyves.blogspot.com/, 03-07-2016
GLOZEL : entre Atlantes et Gaulois ?
glozel-authentifie-cela-change-tout - Ecritures énigmatiques 3
MAJ 14-09-2018, up 06-2019
bolas-Glozel
Suite des Ecritures énigmatiques : Page 1, Page 2.
Glozel authentifié, car les dernières analyses prouvent qu'une partie des pièces sont authentiques (toutes n'ont jamais été analysées), même si une petite partie s'avère moderne, et qu'il a aussi été découvert une verrerie du moyen-âge, autre intérêt archéologique évident...
Une des pièces maîtresse trouvées à Glozel est une petite sculpture en ronde bosse, dite du "Chasseur ", ou du "Chaman" (ci-dessous). Tenant un épieu dans sa main droite, il est campé de ses deux pieds sur le ventre d'un animal expirant. La macrophotographie révèle autour du cou deux colliers, dont l'un est composé d’éléments sphériques, les fameux "hochets" ou "bolas" qui avaient tant intrigué le monde archéologique. L'homme est assurément ici dans une nudité rituelle, et le collier flottant, à symbole mammaire, une évocation au culte primordial, originel, de la Grande Déesse Mère.
Depuis plus de 90 ans, les objets trouvés dans une tranchée bouleversent le monde de la préhistoire.
Le lieu-dit de Glozel est à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Vichy, au bord de la D495 Cusset/Ferrières-sur-Sichon. Situé dans les montagnes du Bourbonnais chargées de légendes et haut lieu de l'histoire, Glozel est peut-être la clef qui ouvrira la porte du mystère des origines du monde ou du moins des origines de notre civilisation et du courant migratoire des hommes.
Le samedi 1er mars 1924, Emile Fradin, 17 ans, laboure en compagnie de son grand-père, Claude Fradin, un champ dit ‘Duranthon’ (dérivé de durant, signifiant endurant, endurci. Ajoutons que ‘duranger’ vient d'élan, de renne, animal qui existait sur le territoire français à une époque lointaine). Il s'agit d'une parcelle plus ou moins incultivée.
Tout à coup, une des deux vaches tirant la charrue trébuche et s'enfonce en partie dans la terre. En la dégageant, le grand-père et le petit-fils découvrent une cavité, dans laquelle ils distinguent un squelette et des poteries. Ces dernières sont extraites, puis cassées : ils espèrent découvrir un trésor ; ils n'y trouvent que de la terre. Claude Fradin se souvient que le précédent propriétaire du terrain avait trouvé, en creusant à proximité pour enterrer une bête, un vase décoré. Un vase inscrit fut découvert par le métayer qui les avait précédé quand il voulut enfouir une de ses bêtes morte. A la fin des années 1880, des poteries furent détruites pendant le défrichage d'une parcelle de la ferme.
Le lendemain, dimanche 2 mars 1924, Emile Fradin, le petit-fils, revient examiner les lieux et dégage la cavité qui se révèle être une fosse — d'environ trois mètres sur un — dont les parois sont de briques emboîtées les unes dans les autres, et le sol constitué de seize dalles d'argile. Quelques vases, des débris divers et une plaque d'argile portant des signes curieux forment le ‘mobilier’ de ce qui lui paraît être, à cause du squelette, une tombe.
Plan de la fosse au niveau du dallage
- grosses pierres reposant sur les cailloux - "témoins"
- grandes briques du dallage
- murs latéraux
- terre à brique non agglomérée
- grande brique de dallage avec empreinte de main
(d'après un document établi par le Dr Antonin MORLET)
Les jours suivants, d'autres découvertes s'ajoutent aux premières : trois tablettes avec des empreintes de mains, une aiguille en os et des galets comportant les mêmes étranges signes que sur la plaque d'argile. La nouvelle de la mise à jour de la sépulture franchit le hameau, parvient jusqu'au village voisin d’où le curé, le médecin et l'instituteur viennent constater sur place la découverte.
Du champ de labour au ‘Champ des Morts’
Une institutrice, Adrienne Picandet, vient aider aux fouilles. Plus tard, lorsque les polémiques se succéderont, elle témoignera que les toutes premières tablettes d'argile portaient bien des inscriptions ; quarante autres personnes signeront aussi une attestation.
Dès le 20 mars, Adrienne Picandet envoie un rapport à l'inspecteur de l'Académie de Moulins. En date du 15 août 1926, le Mercure de France publie une lettre de mademoiselle Picandet : « En outre de la superbe fosse que monsieur Emile Fradin avait fort bien conservée et dont les murs, recouverts d'un suintement de verre, resplendissaient au soleil, la collection comprenait déjà : deux empreintes de mains, la première brique à signes, deux tranchets, une petite hache, le tranchant d'une hache brisée, de nombreux débris de poteries et plusieurs morceaux de supports de creusets ».
Le docteur Antonin Morlet (1882 - 1965) apprend l'existence de Glozel. Il est passionné d'archéologie, auteur de plusieurs ouvrages et possesseur d'une importante collection d'objets gallo-romains recueillis dans la région. Pour couper court aux manœuvres de détournement et d'accaparement, le docteur Morlet loue aux Fradin le champ ‘Duranthon’ qu'on commence déjà à appeler le ‘Champ des morts’. Certains archéologues, éblouis par la richesse du site, veulent en être les découvreurs, à la place d'un jeune paysan qu'ils jugent inculte, et, dépités de ne pas s'en voir attribuer la découverte, en deviendront de farouches adversaires, allant jusqu'au mensonge et la diffamation.
Le docteur Morlet procédera à de nombreuses fouilles et restera un ardent défenseur du site et de la famille Fradin. Les plus grands experts - et rivaux - de l'époque, MM. Capitan, l'abbé Breuil, Peyrony, Camille Jullian, Salomon Reinach, Depéret viennent visiter le site.
Une authenticité reconnue
Idoles phalliques bi-sexuées-Glozel
Depéret, doyen de la Faculté des sciences de Lyon, agrégé de géologie et vice-président de la Société géologique de France écrira : « Il ne saurait rester dans l'esprit d'un géologue aucun doute sur la situation parfaitement en place de ce précieux objet et nous pouvons vous donner à cet égard notre attestation la plus formelle (...) Le gisement de Glozel est un cimetière datant de l'extrême début du Néolithique. (...) La présence indiscutable, quoique sans doute très rare, d'un renne figuré à Glozel, s'ajoute à d'autres réminiscences magdaléniennes de l'outillage pour m'amener maintenant à admettre que le gisement de Glozel se rapproche du paléolithique final, avec lequel il s'apparente à la fois par la forme, par l'outillage et aussi par l'écriture ».
« Plus bas, écrit M. Depéret, dans l’argile jaune, tendre, qui contient à la profondeur moyenne de 0 m. 60 à 0 m. 70 la couche archéologique, j’ai recueilli, dans l’argile vierge de tout remaniement, entre autres objets, un beau fragment de tablette à inscriptions alphabétiformes enserré dans une trame de racines et de radicelles d’arbustes aujourd’hui disparus. Cette observation, continue-t-il, est, à mon avis, décisive et implique à elle seule d’une manière irréfutable l’authenticité de la tablette et, par suite, de l’écriture glozélienne. Pour penser autrement, il faudrait supposer qu’un faussaire aurait préparé le terrain en y introduisant des objets il y a au moins vingt ans, temps nécessaire à la croissance et au développement des racines qui entouraient la tablette. L’énoncé seul de cette hypothèse permet d’en saisir l’absurdité. […] ». Source : Jean Piveteau, « A propos de Glozel » Revue de Paris, 1er mai 1928, pages 152-174.www.museedeglozel.com/Corpus/Piveteau.pdf
Joseph Loth (1847 - 1934), professeur au Collège de France depuis 1910, archéologue et spécialiste de l'histoire et de la langue celtique, recommande à Emile Fradin d'installer un petit musée, preuve qu'il croit à l'authenticité et à l'importance de ce qui a été découvert sur le site.
Nous n'entrerons pas dans la description de ce que fut la situation d'Emile Fradin en butte aux mesquineries, aux malversations, aux mensonges et tracasseries diverses occasionnées par les vanités, les égoïsmes et le refus de certaines instances ‘scientifiques’ de réviser non seulement leurs assertions (Emile Fradin fut accusé d'être un faussaire) mais de tenir compte des observations faites par leurs pairs, ou par eux-mêmes - car certains se contrediront -.
Procès en tous genres, même en diffamation, furent finalement gagnés par Emile Fradin, mais perturbèrent singulièrement sa vie, et nuisirent autant à la reconnaissance de son mérite de ‘découvreur’ qu'au fait que soient, à partir des mobiliers découverts à Glozel, envisagées différemment les sources de la connaissance européennes et occidentales.
L'exigence de la Vérité
couteau-Glozel
Nous ne souhaitons pas, ici, entrer dans des polémiques toujours stériles. Cependant, nous ne pouvons ignorer les propos et l'attitude de ceux qui confondirent leurs intérêts avec ceux de la société qu'ils représentaient, et qui oublièrent ce à quoi leurs fonctions les obligeaient.
Tous les livres que nous avons consultés exposent la même ignominie de la part de scientifiques -vrais ou faux-. Preuve est faite, s'il en était nécessaire, de la faillibilité des hommes, fussent-ils couverts de diplômes, chargés de titres et de notoriété. Le vrai, le véritable scientifique n'oublie jamais la remise en question, démarche indispensable à l'approche de la vérité. L'examen de conscience n'est pas le monopole du domaine religieux. Peu d'hommes reconnaissent leurs erreurs, et publiquement. C'est pourtant là faire preuve de l'honnêteté à laquelle tous prétendent, et dont ils se réclament, face à leurs adversaires.
La science nous confirme constamment, par son évolution, la réalité d'une interdépendance des disciplines, en corollaire avec la réalité de l'univers, visible et invisible. Des hypothèses, certaines d'ailleurs du domaine du rêve -mais outre que le rêve n'est pas interdit, il peut se révéler prémonitoire- ont été proposées par des archéologues, des scientifiques, des dilettantes, hypothèses qui, même si elles n'ont pas été confirmées, même si elles ne correspondent pas aux thèses officielles, n'en sont pas moins dignes d'écoute.
L'oubli officiel est désormais tombé sur le site de Glozel, sur son inventeur -qui est aujourd'hui décédé- et sur les conclusions que l'on se doit d'en tirer. Ne subsistent que l'intérêt et la passion de quelques mordus d'archéologie qui exigent la vérité.
Un silence inexplicable
Représentation animale sur ivoire: Renne blessé, flèche dans la gorge et le cœur
Pourquoi les instances responsables tiennent-elles à ne pas porter à la connaissance du public une découverte capitale ? La prudence se comprend, pourvu qu'elle ne s'accompagne pas d'immobilisme, et d'une certaine malhonnêteté intellectuelle.
Il est exact que les moyens d'investigations ont beaucoup évolué et qu'aujourd'hui nous pouvons dater avec une relative précision, ce qui n'était pas le cas dans les années 30. Des vieillissements peuvent être retardés ou accélérés selon le milieu dans lequel se trouvent les éléments à étudier. Les accidents géologiques aussi bien que climatiques interviennent dans des proportions pas toujours homologuées. La science doit être leçon d'humilité. Aucun homme, fut-il infiniment savant, ne peut prétendre tout savoir.
Il serait temps de reconsidérer le ‘cas Glozel’. Les fouilles qui y ont été effectuées depuis l'incident du 1er mars 1924, qu'elles aient été officielles ou non, révèlent des données qui bouleversent justement des certitudes trop souvent exprimées sans aucun esprit d'objectivité. Voici, brièvement résumé, ce qui a provoqué l'anathème jeté sur Glozel et son inventeur, puis déclenché la loi du silence :
— le renne n'était pas censé vivre sur le territoire français au Néolithique ; avec le recul des glaces, il était déjà remonté vers le Nord.
— L'écriture sous une forme alphabétique n'existait pas encore, au Paléolithique
— Les signes établis avec une volonté de coordination alphabétique provenaient du Moyen -Orient, et dataient du Néolithique.
Or, à Glozel, furent trouvés dans la même tranche de terrain des vestiges qui, selon certaines sommités fortes des acquis de la Science de l'époque, ne pouvaient cohabiter. Sur un galet étaient gravés un renne et une suite de signes s'apparentant à un alphabet. Des os, de l'ivoire, de la terre plus ou moins ouvrée présentaient un même art figuratif, et une écriture.
tube en os, percé et gravé-Glozel
Comme s’il manquait encore quelque chose à notre perplexité, le Matin s’est chargé d’y ajouter : il a dépêché à Glozel deux de ses collaborateurs, MM. Pierre Guitet-Vauquelin et Clérisse. Ceux-ci ont réfléchi : « Si le ‘Champ des morts’ est réellement farci de débris préhistoriques, n'est-il pas vraisemblable qu'en fouillant ailleurs, dans les mêmes parages mais en un endroit que personne, jusqu'ici, n'a exploré, on trouve des vestiges analogues? ». Cet endroit vierge, ils l'ont soigneusement choisi, après quelques tâtonnements, au Sud et en contrebas du gisement classé, à quelques pieds au-dessus de la rivière. A défaut d'érudition préhistorique, ils avaient l'expérience des tranchées, qui leur avait appris à remuer la terre. Ils s'y sont employés courageusement, à la pioche, à la houe et au couteau. Au bout d'une heure, ils dégageaient de la couche archéologique un gros morceau de poterie de grès, puis de nombreux et menus fragments de brique et des morceaux de terre vitrifiée, puis, à 1 m. 35 du front de taille, par 60 centimètres de profondeur, au milieu d'une véritable chevelure de racines drues, un galet noirâtre, elliptique, portant trois signes glozéliens classiques : une barre inclinée, un V très ouvert et une échelle à trois échelons. Ce fut la récolte de la matinée.
Dans l'après-midi, pour écarter toute suspicion de fraude, -car ils étaient allés déjeuner dans l'intervalle-, ils ouvraient une nouvelle tranchée. Ils y déterraient bientôt un harpon cassé, de 6 centimètres de long. Une troisième tranchée leur livrait ensuite d'autres fragments de grès, une pointe en roche volcanique ayant dû servir d'outil à graver et un morceau d'os fossilisé, de 3 centimètres et demi, taillé en pointe. Sans préjuger de la valeur de ces différentes pièces, MM. Pierre Guitet-Vauquelin et Clérisse auraient ainsi fait la preuve, si vraiment leur expérience a été entourée de toutes les précautions de contrôle désirables pour qu'ils n'aient pas été eux-mêmes victimes de « truqueurs », que le sous-sol de Glozel recèle des « témoins » qui n'ont pu être ni fabriqués ni enfouis pour les besoins de la cause.
Le lendemain, les deux fouilleurs se rendaient à un kilomètre et demi de Glozel, à la « goutte » Barnier -en langage local, on dénomme « gouttes » les vallonnements dont la région est semée- et pénétraient dans une grotte souterraine depuis longtemps obstruée à son orifice ; or, ils constataient qu’elle n’avait pas été envahie par la coulée de l’argile, ce qui infirmerait un des arguments invoqués contre l’ancienneté des deux tombes du « Champ des Morts ».
Des découvertes d'objets similaires furent effectuées aux alentours (à Moulin Piat, à 2,5 km au Sud; chez Guerrier, à 3 km sur la rive droite du Vareille; à Puyravel à 10 km en amont, sur la rive opposée).
A l'examen, certaines poteries révélaient une utilisation cultuelle, indice de l'évolution de ceux qui les avaient façonnées. La représentation animale gravée sur différents supports l'avait-elle été dans un but évocateur, votif, chamanique, ou n'était-ce que de l'art pour l'art ?
Personne, jusqu'à ce jour, n'est à même de dater cet ensemble avec cohérence. Le carbone 14 aussi bien que la thermoluminescence ne s'accordent sur les dates. En 1972, des techniciens du Commissariat à l'Énergie atomique ont analysé des tablettes et des objets en os : les tablettes dateraient de 700 avant J.-C. à 100 après J.-C. mais certains objets en os remonteraient à 17.000 av. J.-C. ! 17 millénaires d'écart, du paléolithique supérieur à la Guerre des Gaules dans le même ‘lot’ archéologique.
Seule certitude : il ne s'agit pas d'une supercherie, et Emile Fradin, inventeur du site, n'est pas le faussaire que certains, en mal d'explications, ont dénoncé.
Des mains de géants
Une quinzaine d'empreintes de mains ont été découvertes à Glozel, toutes de la main droite. Deux ont été découvertes à l'intérieur des tombes (Fosse ovale et Tombe II), elles font en moyenne 35 cm de haut !
Ce qui n'a pas été souvent évoqué, c'est la dimension des mains, moulées dans la terre cuite. En appuyant fortement sa main dans de l'argile malléable, on agrandit l'empreinte de cette même main, mais le séchage entraîne une rétraction, si bien que l'empreinte garde une dimension proche de celle de l'original. Or, à Glozel, les mains sont grandes, très grandes, tout en restant proportionnées. Elles dépassent la norme d'une main d'homme du XXe siècle.
Idem pour l'épaisseur des os de la boîte crânienne retrouvée : épaisseur du double de celle d'un homme d'aujourd'hui. Quant à la boîte crânienne, elle est d'un volume supérieur à la moyenne de nos propres crânes. Peut-on parler de géants ou simplement d’une tribu d’hommes de grande taille, venus d’ailleurs, et qui se seraient retrouvés là, isolés, après un mystérieux exode ?
Les gravures, dans ce qu’elles représentent autant que dans leur technique de façonnage, correspondent, même si la facture en est inégale, à ce que l’on connaît du Paléolithique. Certains décors ressemblent à ce qui a été exécuté dans la péninsule ibérique, au Maroc ou aux Canaries, ainsi qu’aux abords de l’ancien bassin saharien. Que faut-il en déduire ? Une meilleure connaissance des Guanches, ce peuple disparu des Canaries lors de la conquête espagnole à l’époque de la Renaissance, aurait pu peut-être apporté des lumières sur l’énigme Glozel.
Urne-Glozel
Notons au passage que tout ce qui aurait pu assurer un trait d’union entre les différentes histoires de l’Humanité a été délibérément détruit au cours des âges par les esprits forts du moment : la bibliothèque d’Alexandrie, les revêtements des pyramides, les ‘pages d’écriture’ de l’île de Pâques, tous les documents trouvés par les conquistadors, les témoignages païens d’Europe…Ainsi disparaît la mémoire des peuples, au profit de systèmes de pensées et d’actions provisoirement nouveaux…Au contraire des flots blancs du Léthée qui apportaient, à l’orée des Enfers, l’oubli aux âmes des morts, c’est dans un flot rouge dû à la cruauté des hommes que des Civilisations naissent puis disparaissent...
Un alphabet trait d’union
« Or il y avait des géants sur la terre en ce temps-là ! » est-il écrit dans la Genèse, au chapitre IV, où est décrite la dépravation des hommes, cause du déluge.
« Or, dans cette île Atlantide, des rois avaient constitué un empire grand et merveilleux. Cet empire était maître de l'île tout entière et aussi de nombreuses autres îles et de parties de continent. De notre côté, il possédait la Libye jusqu'à l'Egypte et l'Europe jusqu'à la Tyrrhénie (l'Italie occidentale) » écrit Platon, dans Timée, lorsqu'il décrit l'Atlantide.
L'archéologie a permis de découvrir dans le monde différents signes et alphabets. Ils appartiennent à des peuples différents, situés si loin les uns des autres qu'il paraît difficile de soupçonner des liens entre eux. Et pourtant ! Si l'alphabet de Glozel pouvait trouver son Champollion ! Si l'alphabet de Glozel pouvait être précisément daté ! Ce serait toute une partie de notre lointaine histoire, qui veut que notre civilisation soit née dans les larges plaines du Croissant fertile, de l'autre côté de la Méditerranée, qui serait remise en cause. Cet alphabet que certains ont daté du néolithique (8000 av. J.-C. donc antérieur aux ‘premiers’ alphabets phéniciens - 4000 av. J.-C.), que d'autres ont qualifié d'amulettes de sorciers gaulois...
Nous sommes toujours à la recherche de nos origines et de la Vérité. Il faut donc ne pas craindre d'aller à l'opposé des concepts, fussent-ils accrédités par la majorité des instances qui, trop souvent, s'arrogent des pouvoirs qu'ils ont usurpés. L'archéologie ‘officielle’ est au service des contribuables, des citoyens, et non l'inverse. Qu'importent les querelles de chapelles, d'écoles, qui, hélas, durent parfois plus longtemps que ceux qui les provoquent, les élèves se révélant aussi fanatiques et aussi aveugles que les maîtres. Les passions et les rivalités l'ont emporté sur la nécessaire sérénité. Des rapports ont été rédigés sur Glozel. Pourquoi ne sont-ils pas publiés ?
Du nom de Glozel
Dans la région du Centre, le C se traduit souvent phonétiquement en G. Ainsi, les prunes ‘reine-claude’ deviennent-elles des ‘reine-glaude’.
Pour trouver les origines du lieu-dit Glozel, on peut chercher les racines dans les termes suivants, empruntés au patois local ou régional :
— Gleizes : voisins.
— Glaus : Glouton (langue d'oc), glaïeul (langue d'oïl)
— Clos : enclos cultivé (langue d'oïl)
— Claussel : dérivé de Claus, l'équivalent d'une closerie (métairie dans le Midi et dans le Centre), tout comme Cloux, Clouzard, Clouzet... Cluseau, Cluzel, Clusot, Cluzeau ; Cluzel veut aussi dire caverne, enclos...
Si Claude, par déformation phonétique, se transforme en Glaude, voire en Claudel, il est curieux de constater que Glozel est à la fois une déformation du prénom du grand-père d'Emile Fradin, avec lequel il découvrit le site, l'équivalent de métairie - la famille en exploitait une - et le nom d'une terre dans laquelle se trouvent sinon des cavernes, du moins des cavités. Gérard Bourgue
En 1972, de nouveaux moyens de datation (carbone 14, thermoluminescence) établissent le caractère préhistorique d'une partie des objets. Henri François, ingénieur au Commissariat à l'Energie Atomique, en visite à Glozel, fait des prélèvements et les envoie à 3 laboratoires étrangers pour datation, qui utiliseront la méthode de datation au carbone 14 pour les os gravés et la thermoluminescence pour les céramiques et la terre cuite.
Pour les trois laboratoires indépendants, les résultats seraient les suivants :
Ø les ossements auraient entre 15 000 et 17 000 ans,
Ø les céramiques auraient 5 000 ans,
Ø les tablettes gravées auraient 2 500 ans.
Henri François écrira à Emile Fradin :
"...Seuls quelques attardés mal informés pourront encore prétendre que vous êtes un faussaire, les regroupements des mesures faites indépendamment dans chaque laboratoire sont parfaits et indiscutables..."
pointe d'harpon trouvé en 1974 à 2km de Glozel
Ce dernier n'a pas hésité à demander au Docteur Zimmerman de l'Université de Washington, attaché au Mc Donnel Center for the Space Science, de réaliser une investigation qu'il était le seul à pouvoir mener à bien. Le but était de déterminer si les céramiques de Glozel étaient bien des objets authentiques, et non des faux, fabriqués modernement. Basant sa démonstration sur une propriété particulière des grains de zircon, le Dr Zimmerman concluait ses résultats, en y indiquant: "Nous écartons donc toute possibilité pour que ces deux prélèvements de Glozel puissent être des céramiques modernes, irradiées artificiellement dans le but de les faire paraître anciennes. Et nous concluons qu 'elles ont vraiment été fabriquées dans 1 'antiquité". Une position qui venait conforter celles déjà émises auparavant, dont celle de l'Ingénieur géologue M.E. Buet, qui avait pu déterminer, en 1928, que les briques à inscriptions n'avaient été cuites qu'à une température comprise entre 600 et 700 degrés...
Les objets Glozéliens, actuellement 2500 pièces, ont été trouvés dans une couche archéologique unique, bien différenciée. Cette couche avait été signalée comme étant du Néolithique par le Doyen Charles Deperret. Le récent congrès international 14C et Archéologie - Lyon 1998 fait état, pour ce processus de néolithisation en Europe, d'une mise en place dans les derniers siècles du 7ème millénaire, et d'une généralisation dans la première moitié du 6ème.
Ce Champ des Morts a fait l'objet d'une investigation au magnétomètre à proton, réalisée en 1974, par Madame Lemercier, du Centre d'Etudes Nucléaires de Grenoble, qui a permis de conforter les précisions laissées par le Dr Antonin Morlet. Ce dernier fouilla ce lieu, seul avec Mr Fradin, pendant plus de 15 ans et y a laissé de nombreux endroits vierges, afin que les générations futures puissent compléter, par de nouvelles fouilles ou de nouvelles approches techniques, les informations déjà possédées.
La confrontation et la comparaison de la couverture aérienne et des résultats de Mme Lemercier permettent de retrouver trace des structures inviolées, au niveau du Champ des Morts, mais aussi dans les terrains avoisinant, au dessus et à gauche du terrain en venant du Musée.
En 1974, des céramiques ont été confiées au laboratoire d'Édimbourg pour essais de datation par thermoluminescence; ces expériences, reprises aux laboratoires de dosimétrie du CEA (Fontenay-aux-Roses et Gif-sur-Yvette) par H. François, G. Poutal et G. Valladas, ont donné des résultats peu significatifs en raison de nombreuses perturbations dues au comptage, à la nature et à la profondeur du sol d'enfouissement. Des objets identiques ont été datés de 700 av. J.-C. à 100 apr. J.-C., puis de 350 av. J.-C. au XVIIIe s. Les glozéliens mettent ces disparités sur la très forte radioactivité naturelle de la région.
L’ alphabets comporte un très grand nombre de signes (111 signes distincts suivant Morlet), beaucoup plus que dans les autres alphabets anciens auxquels il ressemble. Cette écriture présente de grandes ressemblances avec:
a) des formes très anciennes de l'écriture phénicienne, mais aussi avec
b) un certain nombre d'inscriptions alphabétiformes retrouvées dans des sites magdaléniens, au Portugal, en Roumanie et en France.
La même année, une équipe du Centre de Recherche Nucléaire de Grenoble passe le site au magnétomètre, montrant qu'il existerait encore des objets enfouis.
En 1975, après un congrès d'archéométrie tenu à Oxford, la lumière est enfin faite sur l'authenticité du site. L'Etat reconnaît l'authenticité de Glozel, mais la communauté scientifique continue de douter.
En 1983, Jack Lang, alors ministre de la Culture, décide d'une nouvelle campagne de fouilles (jusqu'en 1990). « Elles ont été menées à plusieurs kilomètres du site principal et dans des milieux stériles ou perturbés, estime Jean-Claude Fradin, fils d'Émile. Nous attendons toujours un rapport définitif sur ces fouilles.
M. Remy Chauvin, biologiste, "père spirituel des hérétiques en France" :
"...S'ils ne publient pas c'est qu'ils ont probablement trouvé des choses qui les ennuient, alors pourquoi ?
De quoi a-t-on peur ?
On a peur de contrarier quelques vieux professeurs, on a peur de démolir les théories en cours ?
Mais, est-ce que les théories scientifiques sont des monuments religieux ?
Qu'y a-t-il donc à Glozel qui soit responsable d'une telle levée de boucliers ?
Faisons donc des fouilles méthodiques et raisonnées à l'endroit où Emile Fradin les fit ! ..."
M. Emile Fradin s'est vu proposé des sommes fabuleuses pour ses découvertes mais il n'a cédé aucun objet. Le 16 juin 1990, il reçut les Palmes Académiques.
Alignement de pierres dressées (re)découvert en 1993 à Glozel.
Ces blocs dépassaient les 1m60 pour certains à l'origine. Cet alignement Nord-Sud visant le Champs des Morts, mesurait une centaine de mètres de long et se terminait par un demi cercle de pierres (christianisées au XIX ème siècle par la confection d'un sanctuaire marial). On pouvait en dénombrer environ 80. Ces blocs de granit furent en partie arrachés en 1921 pour édifier la grange de la ferme. Aujourd'hui on peut encore en compter une cinquantaine. Emile trouva deux rondelles d'argile sous ces pierres lors de leur dégagement.
En 1995, suite à la diffusion d'une émission télévisée, le résumé provisoire des recherches précédentes est enfin publié mais ne révèle rien, si ce n'est ce que l'on savait déjà, qu'il y a une grande disparité dans l'âge des objets de Glozel.
Plus de 3000 objets ont été retrouvés, des poteries, des tablettes gravées, des pierres polies, des bijoux en os, des têtes de flèches, des aiguilles, et il ne semble pas que les signes écrits aient été superposés à des gravures animalières antérieures.
Tous les ossements, humains ( n'appartenant pas à des squelettes d'homme moderne ), et d'animaux ( ayant été transformés en outils, bijoux, certains portant des signes d'écriture ), tous, présentent une fossilisation avancée.
Les haches en pierre polie ont leur tranchant trop peu usé et sont donc certainement votives
Les galets, gravés notamment de splendides rennes, ont soulevé l'admiration des spécialistes en art préhistorique.
Les objets en céramique, idoles, vases mortuaires aux masques étranges dépourvus de bouche et les fameuses tablettes couvertes d'inscriptions toujours inconnues, ont été fabriqués dans un four ovale qui fut tout d'abord pris pour une tombe.
En effet, sans doute à cause de la très forte radioactivité naturelle de la région (ce n'est pas pour rien qu'il y a un grand nombre de mines d'uranium), les datations sont extrêmement disparates, et on a du mal à comprendre et à fortiori à expliquer la présence sur le même lieu, d'objets âgés de 17 000 ans, de 5 000 ans, de 2 500 ans, de 1 500 ans, et même du moyen âge !
Reste également l'énigme de l'écriture que l'on retrouve sur des os gravés de 17 000 ans, toujours non déchiffrée... (cette écriture est ce qui gêne le plus la trame "historique"...)
http://www.ldi5.com/archeo/gloz.php
Le compte rendu de 1995 est incomplet et ambigu : les seuls nouveaux vestiges archéologiques du site sont les restants d'un artisanat de verrerie qui date du Moyen Âge. Aucun objet de type « glozélien » n'y a été découvert lors de ces fouilles (!).
On a le sentiment que Glozel gêne les autorités et qu'elles ne savent toujours pas où le situer. » Il réclame la réouverture des études et - pourquoi pas ? - le retour des fouilles à Glozel même.
Émile Fradin ne verra jamais l'aboutissement du combat de toute une vie. Le découvreur de Glozel s'est éteint le 13 février 2010 à l'âge de 103 ans. Il a été au cœur d'une des affaires les plus controversées de l'archéologie.
En attendant, l'association qu'il préside débroussaille le site, gère les archives et le petit musée. «Le plus important, ce n'est finalement pas la datation de ces objets ! clamait encore Émile Fradin peu avant sa disparition. C'est simplement qu'on reconnaisse leur authenticité et mon honnêteté.»
L’écriture de Glozel - Etude de Hans-Rudolf Hitz
Ecriture atypique
" Les inscriptions de Glozel sont basées sur un alphabet étrusque du Nord, apparenté à l’alphabet lépontique qui fut importé de la Gaule cisalpine en Gaule transalpine et ainsi à Glozel. Les graveurs de Glozel en créèrent l'alphabet primaire aux environs de 300 av. J.-C.
Avec des innovations propres aux signes de Glozel, ainsi que l’incorporation de certaines lettres et autres signes des alphabets latin, grec et étrusque, il résulte un alphabet développé, intitulé l'alphabet glozélique, vers 200 av. J.-C.
Les textes en corps d’écriture de Glozel devraient également contenir une langue locale gauloise, voire d’un dialecte proche gaulois où se retrouverait l’influence du lépontique. "
La présence des inscriptions typiques et atypiques de Glozel
Divers experts considèrent jusqu’à nos jours les inscriptions de Glozel, partiellement ou dans leur ensemble, comme de notoires falsifications, pendant que pour d’autres spécialistes en la matière ces mêmes gravures sont tenues pour illisibles.
Cependant, quelques scientifiques osèrent s'attaquer à un déchiffrement dont les tentatives aboutirent à des résultats très différents, mais sans le succès espéré. En échange, aujourd’hui, certains linguistes conviennent d’une parenté de ces signes avec les textes en gaulois, voire vieux-celtique …
Comme la présentation ci-dessus le démontre clairement, on peut distinguer depuis les inscriptions de Glozel des textes à la fois typiques et atypiques. Les textes typiques sont rédigés en écriture de Glozel et peuvent être déchiffrables à l’aide de la langue gauloise, voire vieux-celtique. Par contre, les textes atypiques, présents surtout sur les os et tablettes d’argile, sont illisibles et incompréhensibles en raison de leur graphisme généralement irrégulier et maladroit, et (ou) parce qu’ils se distinguent par des signes étranges, en comparaison à l’écriture de Glozel. C’est ainsi que ces derniers ne laissent pas deviner de relation avec une écriture ou langue connue.
L’origine de ces textes atypiques ne laisse percer aucune explication satisfaisante ou abordable. Il pourrait s’agir, par exemple, d’exercices d’écriture réalisés par des 'scribes celtes' sur lesquels pouvaient se trouver des textes maladroitement rédigés. Il peut s’agir, toutefois, d’autres textes mal rédigés par des personnes ayant pu arbitrairement recopier des signes vus sur des objets du sanctuaire tels qu’os et tablettes d’argile.
En raison des traces de vitrification, relevées sur quelques tablettes, certains experts suggéraient que des verriers, installés sur cet emplacement de Glozel au Moyen-Age vers le XIVe siècle, pouvaient être les auteurs de ces 'falsifications' insolites.
La plupart des gravures et signes se retrouve sous forme d’illustrations dans l’ouvrage 'Glozel - Corpus des inscriptions' (MORLET, 1978’). Quelques photographies sont tirées du livre 'Glozel - Les graveurs du silence' (LIRIS et al., 1994), reçues directement de R. Liris, à Vichy. D’autres clichés sont contenus dans les Actes du VIe et VIIe colloque international sur Glozel, Vichy, 'Mobilier en os et en ivoire / Tablettes à inscriptions' (GERMAIN, 2004, 2005).
Mais, il faut remarquer qu’un 'Corpus complet des inscriptions de Glozel avec du matériel photographique' n’existe malheureusement toujours pas à nos jours... ce qui rend difficile, voire impossible une lecture précise de certains textes. On ne peut, de fait, conclure que la totalité des inscriptions lisibles, et typiques, de Glozel soit délicate à recenser en raison d’un certain nombre de textes devant être qualifiés comme atypiques et 'nonsense artefacts'. Dans mon livre 'Der altkeltische Hintergrund der Inschriften von Glozel' (HITZ, 2007), les déchiffrages sont limités à 52 textes lisibles et typiques, à partir d’au minimum 250 inscriptions connues.
Les inscriptions de Glozel ont été déchiffrées à l’aide d’informations sur la grammaire gauloise et celtique ancien: DELAMARRE (2003) 'Dictionnaire de la langue gauloise', LAMBERT (2003) 'La Langue Gauloise – Description linguistique, commentaire d'inscriptions choisies', HOLDER (1896) 'Alt-Keltischer Sprachschatz. I – III' et STOKES (1894) 'Wortschatz der Keltischen Spracheinheit'.
Dr Hans-Rudolf Hitz
L'Ecriture de Glozel - Son déchiffrement - Son authenticité
In: Revue archéologique du Centre de la France. Tome 18, fascicule 1-2, 1979. pp. 73-84.
" Cet essai de déchiffrement de l'écriture de Glozel prouve l'authenticité des inscriptions trouvées au « Champ des Morts ». Grâce à la lecture de deux tablettes inscrites, Glozel pourrait dès à présent être considéré comme un « centre d'initiation à l'astronomie » . Cette conclusion est basée sur les aspects astronomiques, linguistiques et onomastiques suivants : on constate à Glozel, et aux environs, des lignes d'observations sur les corps célestes de la civilisation Glozélienne. Ces « Viseurs > astronomiques sont ainsi en relation, dans la région de Glozel, avec des toponymies caractéristiques, dans lesquelles on peut découvrir des mots pour « soleil » , « lune » et « étoile » dans une langue ancienne pré-celtique. En second lieu, on peut observer dans les inscriptions l'apparition fréquente d'un symbole bien connu, celui du Swastika. Fait inattendu, il apparut soudain que les rites astronomiques des indiens Hopis d'Amérique du Nord suggéraient que ce Swastika ne représentait pas le symbole du soleil, mais celui de Sirius. L'analyse des signes inscrits nous montre que l'écriture de Glozel se compose de symboles variés : figuratifs, mnémoniques, phonétiques et numériques. En ce qui concerne ces derniers, ils ressemblent tout à fait à ceux gravés sur des os de l'époque Paléolithique. Un cas spécial concerne les symboles phonétiques dans l'écriture Glozélienne. Ils appartiennent à une langue proto-celtique qui devrait avoir été le précurseur du pré-celtique mentionné dans les toponymies ; ce proto-celtique se compose d'un syllabaire codique à partir de 22 consonnes. Dans l'écriture de Glozel nous avons trouvé jusqu'ici une dizaine de ces symboles proto-celtiques.
La langue pré-celtique. " Quand je commençai à me livrer à l'étude de l'écriture Glozélienne, il m'apparut très évident, à quelles langues ces inscriptions bizarres (d'après les publications éditées : D. Voelter, 1930 - T.D. Craword, 1977) ne pouvaient jamais appartenir : le Sémitique, le Berbère, le Basque, le Chinois, le Finlandais et l'Espagnol. Mais dans ces travaux scientifiques, une langue n'était pas envisagée ni étudiée : le Celtique. Or je m'étais tourné depuis plusieurs années vers le Celtique, parce que je soupçonnais y avoir découvert la clef d'un langage qui était vraisemblablement parlé par les constructeurs des monuments mégalithiques au Néolithique. Comme on le sait, le Celtique ne consiste pas en une langue uniforme, mais il se compose, d'une part du plus ancien Goldélique où on compte le Gaélique d'Irlande (Irlandais) et le Gaélique d'Ecosse (Ecossais), et d'autre part du plus récent Britonnique à qui appartiennent le Breton et le Cymrique de Wales (Tab. 1). A côté de ces idiomes celtiques dits «insulaires», on connaissait antérieurement d'autres langues celtiques du « continent » dont je cite le Gaulois, le Gallois et le Celto-ibérique qui sont pratiquement éteintes aujourd'hui.
J'ai déjà mentionné les monuments dits mégalithiques qui étaient construits au Néolithique partout en Europe, par des peuples non déterminables d'une façon précise et dont on dit que les termes désignant des mégalithes sont dérivés du Celtique. Il faut quand même ajouter que ces monuments mégalithiques étaient érigés longtemps avant l'apparition des Celtes, ce qui veut dire que ces termes utilisés devaient appartenir probablement à une langue déjà « pré-celtique». Inspiré par l'idée d'une langue pré-celtique à l'époque des mégalithes, je commençai à étudier les toponymies dans les stations mégalithiques en Europe, et ainsi je trouvai des noms comme « Mane Lud » en France, « Avebury » (antérieurement «Abury») en Angleterre, «Loch Gur» en Irlande, « Grenchen » en Suisse, « Zuschen » en Allemagne et « Sartène » en Corse. "
Extraits : lire la suite ici sur les traductions des textes, le rapport avec la swastika (que l'on retrouve même chez les indiens d'amérique Hopis, sur leurs gravures, le rapport avec l'étoile Sirius et l'astronomie) : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/racf_0220-6617_1979_num_18_1_2234
ou ici : article-racf-0220-6617-1979-num-18-1-2234.pdf (1.92 Mo)
" D’après mes recherches sur les inscriptions de Glozel, on peut remarquer qu’il y a – à côté des textes typiques et lisibles – une certaine quantité de textes atypiques et illisibles, mais l’origine de ces derniers reste des plus obscures. Nous sommes peut-être en présence d’un travail exécuté par des 'scribes celtes', mais ceci reste sans grande certitude. On retient toutefois qu’il peut tout aussi bien s’agir ici, avec une grande probabilité admettons-le, du fait de vitriers s’installant à Glozel au Moyen-Age, vers le XIVe siècle. Des traces montrent qu’ils pouvaient avoir disposé leur four près du sanctuaire et, qu’en fondant le verre, aient laissé des traces de vitrification sur certaines tablettes en argile. Par ailleurs, il est possible d’admettre que ces artisans se soient distrait en recopiant, arbitrairement, les signes trouvés depuis d’anciens objets, sur d’autres supports. Ces derniers peuvent être des tablettes en argile ou os qui deviendront à leur tour les 'nonsense textes' parce que ces ’auteurs’ furent incapables de lire et interpréter les inscriptions originales de Glozel. C’est pour le moment la thèse la plus convaincante pour justifier la genèse des inscriptions atypiques de Glozel. "
Les inscriptions atypiques représentent pour moi le témoignage du pourquoi on avait parlé à Glozel d’une falsification des textes. S’il y a encore aujourd’hui des experts qui tiennent aussi les textes typiques pour une escroquerie, il serait difficile de comprendre comment les 'fausseurs' avaient acquis toutes ces connaissances.
Hans-Rudolf Hitz - D'après les conclusions de ce travail, Glozel aurait été un lieu de pèlerinage religieux et médical qui aurait attiré un grand concours de peuple. On s'y serait également livré à des observations astronomiques. Différents objets paléolithiques et néolithiques auraient pu être apportés sur les lieux par les pèlerins à titre d'offrandes. Les peuplades de cette époque connaissaient l'existence des grottes préhistoriques et les fouillaient déjà. Les tablettes de terre cuite remonteraient à une période comprise entre 700 avant notre ère et 100 après, d'après la datation par thermoluminescence. Le langage qui y figure serait d'origine celtique. L'existence des tablettes ne remettrait donc pas en cause la théorie selon laquelle l'écriture alphabétique serait née en Phénicie. Mais l'auteur observe que l'alphabet phénicien ignorait les voyelles, qui furent probablement introduites par les Grecs, et que les Étrusques adaptèrent ensuite l'alphabet grec. On trouverait des éléments de ces alphabets dans l'écriture de Glozel. On y décèlerait aussi l'influence de l'alphabet lépontique en usage à l'âge du fer dans certaines tribus celtes et gauloises. L'écriture de Glozel se lirait de gauche à droite et serait dépourvue de ponctuation. Elle comporterait un alphabet de 26 lettres complétées par une quarantaine de signes supplémentaires qui serviraient de ligatures. On remarquera que ces conclusions, compatibles avec les dogmes de la science officielle, le sont également, dans une certaine mesure, avec la thèse de Jullian. Elles permettraient donc une réconciliation post-mortem des adversaires qui se sont tant disputés, plus d'un demi siècle avant. (http://jean.dif.free.fr/Images/France/Glozel/Histoire.html)
Une traduction de Jullian (source: "L'Illustration" 1927)
Bien sûr, la grande donnée de Glozel, la grande énigme aussi, c'est l'écriture. Elle a fait couler beaucoup d'encre, irrité plus d'un… Actuellement plusieurs chercheurs sont arrivés à la cerner, commencent son déchiffrement.
Ce type d'écriture n'est pas unique. Il existe de nombreux alphabets anciens très voisins, dans les écrits dits Italiques, Ibériques (Alvao au Portugal, etc). Cette écriture a servi à noter une langue, pré indo-européenne, pré étrusque, vieux fond auquel il faut se référer pour en trouver la clé...et dont il subsiste des racines dans l'irlandais, l'islandais, le finnois et le norrois.
Inscription sur argile d'Alvao (Portugal) - Dessin de Mendes Correa
Écriture du Pakistan estimée vieille de 5500 ans
Plusieurs personnes planchent encore actuellement à peaufiner leurs démonstrations et travaux (une thèse sur le sujet est en cours d'élaboration ), sur ce qu'ils ont pressenti, avec grande justesse (Marie Labarrère Delorme, Maurice Guignard et Christian de Warenghien, Rudolf Hits). Elle sera l'élément déterminant et le passage obligé pour définir très exactement et ancrer la datation fiable de Glozel.
Sur la plupart de ces pièces (sculptures, gravures sur pierre, sur os, sur ivoire, bois de renne ou de cervidé) sont associés les mêmes signes que ceux tracés sur les tablettes d'argile, démontrant l'homogénéité indiscutable de la station et du gisement.
1968: Découverte à Moras-en-Valloire (Drôme) de poteries néolithiques portant des inscriptions de type hiéroglyphique qui pourraient être la plus ancienne forme d'écriture en Europe.
Une écriture préhistorique ?
Comme vous le savez, la préhistoire s'arrête avec l'apparition de l'écriture. Le titre peut donc sembler étrange car officiellement, l’écriture est née à Sumer, en Mésopotamie, au IVe millénaire avant notre ère.
Pourtant, en examinant au microscope, un jour de 1965, un fragment d’os de renne vieux de 32 000 ans, l’archéologue américain Alexander Marshack cru y discerner une forme d’écriture.
En effet, à la vue de ces marques, il eut le sentiment que ces tracés gravés en zigzag, étaient délibérés.
Des marques analogues ont été découvertes sur d’autres vestiges de la période glaciaire. Ces marques ont toujours été considérées comme de vulgaires graffitis.
Mais, pour Marshack, cet os, fragment d’un outil de l’homme de Cro-Magnon, découvert en Dordogne en 1911, portait la plus ancienne notation humaine.
Pour lui, les hommes préhistoriques connaissaient déjà une forme de communication écrite.
Il a émis l’hypothèse selon laquelle ces inscriptions seraient de nature astronomique. Un homme de Cro-Magnon aurait consigné le passage des saisons en relevant les phases de la Lune sur un « carnet » en os.
Depuis 1965, cet archéologue a découvert ce qu’il considère être des calendriers lunaires sur une quinzaine d’objets de la période glaciaire.
Simples graffitis ou communication écrite ?
Ces vestiges portent d’autres notations qui seraient relatives aux trophées de chasse.
Autant dire que cette théorie du calendrier est très controversée et non reconnue officiellement.
Outre les scientifiques qui ne voient dans ces annotations aucune signification particulière, d’autres leur attribuent une signification différente de celle de Marshack. C’est le cas du géologue-archéologue Jean de Heinzelin, dont l’interprétation a de quoi surprendre.
Selon lui, les traits et les points figurant sur les outils seraient en fait la plus ancienne arithmétique du monde. Les hommes de la dernière glaciation, affirme t-il, utilisaient un système de calcul de base dix et jonglaient avec les nombres premiers.
Toute interprétation est toujours sujette à controverse. Cependant, nous savons que l’homme de Cro-Magnon était plutôt coquet. C’était, de plus, un artiste accompli. Les peintures rupestres sont là pour en témoigner. Cet ancêtre, que nous considérons comme primitif, possédait un sens artistique indéniable.
Ces inscriptions ne sont pas, à mon avis, de vulgaires graffitis sans aucun sens. Elles devaient certainement en avoir un pour ces hommes. Mais peut-on parler de communication écrite ? Je vous laisse juge.
http://www.dinosoria.com/ecriture_prehistoire.htm
Ces autres découvertes, et notamment celles en Dordogne, ne seraient-elles pas à rapprocher de Glozel ?...
Odhinn-Hermodr de Warenghien publie le Manifeste Scholiastique de Glozel, clef de l’Esotérisme Occidental au Cercle glozélien. Cet auteur propose une nouvelle interprétation très fouillée de l'écriture glozélienne (voir son blog ici).
Reportages sur Glozel
Sources :
http://www.ldi5.com/archeo/gloz.php
http://romano03.free.fr/quelques_decouvertes.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Glozel - un peu trop orienté pour être honnête !
http://marie.roca.over-blog.com/article-27217952.html
http://jean.dif.free.fr/Images/France/Glozel/Histoire.html
Site lié à découvrir : http://glozel_enfin_traduit.eklablog.com/
MAJ 14-09-2018 : Extraits d'un autre article dédié aux surprenants souterrains annulaires d'Auvergne avec la découverte d'artefacts "glozéliens" ailleurs qu'à Glozel... :
" Mais là où cela se gâte, c'est que certains vestiges tout de même découverts depuis (alors que d'autres découvertes "préhistoriques" sont mentionnées au 19ème siècle), pourraient ramener cette pratique à bien plus anciens que les Gallo-Romains, puisque dans les souterrains de Puyravel, dans des fouilles au Hameau de Chez-Guerrier (Mayet-Montagne), sur le site de Moulin-Piat (à 2km au sud de Glozel, M. René Gattefossé le fouille en 1939. Il y découvre des haches de pierre, deux flêches, des anneaux de schiste brun, certaines de ces pièces sont gravées), dans les souterrains annulaires de Cluzel et de Palissard (des tablettes ou des galets inscrits de signes "glozéliens" ont été découverts en 1928), des artefacts et gravures du néolithique, préhistoriques donc, ont été trouvés. Certains de ces objets (galets gravés) ont été assimilés aux mêmes trouvés à Glozel. Des analyses faites en 1995 pour tenter de dater plus précisément une partie de ces objets "Glozéliens", dans plusieurs laboratoires, ont donné des résultats disparates et peu concluants : le quartz contenu dans la plupart des objets fausse les données de la thermoluminescence (radioactivité) et, malgré des résultats peu fiables et contradictoires entre les laboratoires (des données donnant -17000 ans en moyenne (comment ? c'est dans le rapport officiel pourtant !) mais s'étalant surtout entre - 600 avant JC et le 17ème siècle, voir même le 20ème siècle pour certains objets douteux), une étrange conclusion ramenait le tout au Moyen-âge, peut-être "Haut" (Gallo-Romain) pour certains objets, mais plutôt 13ème siècle pour l'essentiel... tout simplement parce, depuis le début du 20ème siècle, trop de fouilles avaient "pollué" les lieux et que seuls des traces d'une verrerie datant du moyen-âge avait pu être identifiées avec certitude... : " En effet, sans doute à cause de la très forte radioactivité naturelle de la région, les datations sont extrêmement disparates, et on a du mal à comprendre et à fortiori à expliquer la présence sur le même lieu, d'objets âgés de 17 000 ans, de 5 000 ans, de 2 500 ans, de 1 500 ans, et même du moyen âge ! Reste également l'énigme de l'écriture que l'on retrouve sur des os gravés de 17 000 ans, toujours non déchiffrée (elle l'a été par plusieurs auteurs différents à priori et daterait des Phéniciens selon beaucoup d'entre eux)... (mais cette écriture est ce qui gêne le plus la trame "historique"... même si d'autres écritures similaires semble avoir été découvertes ailleurs dans le monde (Pakistan)). Le compte rendu de 1995 est incomplet et ambigu : les seuls nouveaux vestiges archéologiques du site sont les restants d'un artisanat de verrerie qui date du Moyen Âge. Aucun objet de type « glozélien » n'y a été découvert lors de ces fouilles de 1995 (!) "
On se rappellera bien sûr que les datations d'avant le 21ème siècle (recalibration du carbone 14 en 2004) ne peuvent plus être considérées comme fiables de toute façon... Il faudrait tout redater, et comme on le fait maintenant, avec l'aide d'au moins trois méthodes différentes...
Mais même s'il y a un possible lien entre Glozel et les souterrains annulaires (puisque, finalement, il n'y a pas qu'à Glozel que des objets "glozéliens" ont été découverts !), revenons sur ces derniers, voilà plusieurs plans et schémas de ces cavités, établis par plusieurs chercheurs dont les noms sont sités plus haut ou par la suite... :
Anneau Birat (commune de Châtel Montagne) découvert en 1952, suite à l'effondrement de la voûte lors du passage d'une vache. Allée rectiligne de 13 m , demi-cercle de 18 m , 1m65 de haut, restes d'un muret de pierres sèches vers le fond
Anneau de Puyravel (Mayet de Montagne) découvert lors de labours en 1928. galerie de 16 m de circonférence. Restes de poteries, galet gravé et outil en pierre de l'époque préhistorique (néolithique + "Glozélien")
" Tous les souterrains de la Montagne bourbonnaise sont de longueur modeste (entre 20 et 40 m). Ils sont tous situés à une faible profondeur (entre 1m50 et 5m) et creusés dans du schiste ou du "gore" (arène granitique en décomposition), des matériaux qui excluent le creusement de vastes salles ou de larges couloirs. La plupart suivent le schéma de la lettre grecque Φ "phi" avec un vestibule d'entrée, se prolongeant plus ou moins dans l'axe par une galerie, coupant en deux endroits une structure en anneau. On notera que cette 21ème lettre grecque a été utilisée aussi auparavant par les minoens de Crète, Santorin et Milos, mais aussi par les Etrusques, puis tardivement par les Coptes.
Dans le système de numération grecque, phi vaut 500 ; par exemple ‹ φʹ › représente le nombre 500. Comme la plupart des autres lettres grecques, le phi est parfois utilisé en dehors de son contexte alphabétique grec dans les sciences. Par exemple, en mathématiques, elle note traditionnellement le nombre d'or (1+√5)/2 (soit environ 1,618). On l'appelle aussi "La Proportion Divine" car si on on mesure notre taille et qu'on divise ce nombre par la mesure du nombril aux pieds, on obtient Phi. On obtient le même résultat si on mesure la taille du haut de l'épaule au plus haut des doigts et qu'on divise ce nombre par la taille du coude au plus haut des doigts..."
Article complet :
Dans un autre article, j'ai comparé certaines urnes/statuettes typiques de Glozel à celles de la civilisation Lepenski Vir, daté du mésolithique (7000 ans Avant JC), qui comporte plusieurs particularités, dont ses fameuses maisons (ou huttes) dont le sol est systématiquement en forme de trapèze mathématiquement rigoureux :
" Cette culture (rattachée aussi à la Vieille Europe) possède aussi l'originalité d'avoir un dieu-poisson, dont on a retrouvé plusieurs représentations... représentations qui ne sont pas sans rappeler ce qui a été découvert en France à... Glozel ! : "
Notez bien que ce dieu-poisson possède des mains avec trois doigts... (ceci pour comparer avec certains artefacts ou momies trouvées ailleurs)
Urnes, gravures et tablettes trouvées à Glozel en France (extraits) :
Article complet :
Autres source intéressante : http://pascal.buffard.art.over-blog.com/2017/01/radiographie-d-un-biface-aurignacien-a-cortex-pascal-buffard.html
Yves Herbo, S, F, H, 02-2012, 04-2015, 14-09-2018, up 06-2019
Lucie, le fantôme du Château de Veauce en Allier
Château de Veauce en Allier (Wikipedia)
Je continue en quelque sorte mon petit tour des Contes et Légendes d'Auvergne, Bourbonnais et Limousin, commencé avec cette série d'articles donc vous trouverez les liens tout en bas...
Cette histoire étrange se déroule au château de Veauce, qui se trouve à la limite de trois territoires du Centre de la France. Il a probablement été érigé en 808, à l'époque où Charlemagne délimitait les extrêmes du territoire d'Aquitaine, et pour le fils de ce dernier, Louis le Débonnaire. Ce chateau fort surveille en effet de son surplomb l'Auvergne à Ebreuil, le Berry avec Naves et la campagne bourbonienne. Le piton rocheux sur lequel il est implanté en fait un point stratégique facile à défendre à l'époque, avec sa domination du sud-est du Massif de la Bosse de tout l'ouest de la vallée de la Veauce.
Les premiers siècles du Fief sont perdus pour l'Histoire, tout ce que l'on sait, c'est que le Sire de Veauce possédait alors un vaste territoire sur lequel il rendait justice et prenait taxe. On sait également qu'en 1080, Aimon de Veauce fait don de l'église de St Loup de Veauce aux moines de l'abbaye bénédictine de St Léger d'Ebreuil. C'est une contrée du Bourbonnais qui a toujours été très peu peuplée. En 1990, Veauce ne comptait que trente-deux habitants...
Eglise de Veauce
Le fief veaucien, connu au 11e siècle sous le nom de Velcia, dépend quelque temps de la couronne royale, jusqu'à ce que, en 1317, Philippe V le cède à son cousin Louis de Clermont, sire de Bourbon. En 1400, le roi Louis II de Bourbon en fait une baronie en faveur de Robert Dauphin, chevalier, seigneur de Royne et de Veauce. Après la mort de Charles de Bourbon, Connétable de France, en 1527, le château de Veauce releva directement de la Couronne à nouveau.
En 1559, Guy de Daillon, seigneur et baron de Veauce, comte de Lude (en Anjou), chevalier des Ordres du roi, gouverneur du Poitou et général d'Anjou épouse Jacqueline de La Fayette, dame de Pont-Gibaud. A peine quelques mois plus tard, une jeune fille de 18 ans, prénommée Lucie, se présente au château. Lucie, issue d'une famille noble mais totalement désargentée est fort belle et le sait. C'est le seigneur des lieux, Guy de Daillon, qui l'accueille et il n'est apparemment pas insensible à la beauté, au charme, à l'innocence et à la grâce de la demoiselle, puisqu'il l'embauche immédiatement comme servante.
Il semble que le châtelain ait même succombé à ces charmes puisque l'histoire raconte qu'au retour de la chasse, il offrait ses plus beaux trophées à Lucie, qui était devenue sa maîtresse...
Evidemment, l'épouse légitime et délaissée se rendit compte de ce qu'il se passait et bien qu'il s'agissait d'un affront a son âge, à sa beauté que de mettre ainsi en évidence la jeunesse d'une fille jolie, peut-être, mais pauvre, elle ne pouvait en cette époque agir contre son seigneur directement. Elle prit donc son mal en patience et, jalouse, jura de se venger dès que l'occasion se présenterait... et elle savait que tôt ou tard, elle se présenterait car en ces temps-là, et pour justifier leurs privilèges, les seigneurs, chevaliers et autres nobles passaient une grande partie de leur existence à revêtir leur armure et à guerroyer à tout venant pour le compte de leur roi ou pour leur propre compte. Durant ces longues absences, c'était l'épouse légitime qui prenait le commandement et donc la responsabilité « de la maison », c'est-à-dire du château...
Souvent, ces femmes douces et soumises étaient transformées par leur nouvelle responsabilité, devenant de vrais mégères tyranniques pour tous ceux qui étaient à leur service...
Cela ne loupa pas car quelques mois plus tard à peine, Guy de Daillon dut revêtir son armure, enfourcher son destrier et partir en guerre. L'épouse devint le maître pour un temps assez long. La troupe de son mari venait à peine de disparaître au détour de la forêt que sa jalousie put enfin s'exprimer au grand jour, au désespoir de la pauvre Lucie...
Elle n'hésita pas car en ces temps-là, les barons de Veauce comme leurs congénères, avaient droit de basse, moyenne et haute justice sur leur peuple. La condamnation pouvait aller de quelques coups de bâton à la mort, sans formalité et en toute impunité. De plus, tout était prévu au château de Veauce : la prison était installée dans la tour dite Mal-Coiffée (nommée ainsi après que Richelieu la fit à moitié détruire sous Louis 13, bien plus tard), au saillant sud-est de la forteresse. Elle donne dans la cour d'honneur à l'arrière du corps du logis d'habitation du châtelain. Elle fut érigée en 1385 par Catherine de Veauce, veuve de Louis de Veauce, qui se ruina et mourut en guerroyant pour délivrer le roi Jean le Bon, prisonnier des Anglais.
La Tour Mal-Coiffée
La prison en elle-même comprenait trois geôles superposées. Dans la partie haute, on enfermait les prisonniers condamnés à des peines légères et que l'on faisait travailler dur. Au rez-de-chaussée, on enfermait les condamnés devant subir plusieurs années d'emprisonnement. Dans le sous-sol, on trouvait une troisième prison et de celle-ci, on n'avait pratiquement aucune chance d'en sortir un jour. Les condamnés étaient descendus dans ce cul de basse-fosse humide par une corde. La nourriture leur parvenait de la même façon, de façon très limitée...
La pauvre Lucie fut enfermée sur ordre de la baronne dans la geôle du premier étage, qu'elle avait fait totalement vider préalablement de ses prisonniers. Elle était isolée, car, selon le bon vouloir de sa tortionnaire, elle devait être solitaire et n'avoir d'autre visite que la sienne. Ainsi, cette femme en proie à une jalousie féroce et à la limite du sadisme, venait visiter sa prisonnière, la narguait et l'insultait copieusement.
La prison, bien sûr, n'était pas très isolée ni chauffée, et le froid de la nuit était succédé le jour par les vents ou l'humidité printaniers ou la chaleur sèche estivale. On lui donnait comme nourriture juste de quoi ne pas mourir et pareil pour l'eau. De plus, Lucie était rongée par la terreur et les menaces incessantes de sa moqueuse tortionnaire, qui la faisait souffrir tant physiquement que moralement...
Soumise à un tel traitement, la belle jeune fille ne fut rapidement plus que l'ombre d'elle-même et mourut dans les affres de la peur, de la faim et du désespoir au bout de quelques mois. D'après la légende, cela arriva par une nuit d'automne, alors que la pleine lune jouait à cache-cache avec de lourds et noirs nuages courant dans le ciel. Ce soir-là, les habitants du village virent, assure-t-on, une merveilleuse apparition rayonnante assise sur les créneaux de la tour Mal-Coiffée.
Ce fut la première apparition de la Dame Blanche de Veauce, mais pas la dernière, car sa charmante silhouette fantôme continue à hanter le château vers minuit, et plus particulièrement la salle des gardes de la tour de l'Horloge et le chemin de ronde, qui va de la tour de l'Horloge à la prison de la tour Mal-Coiffée.
L'histoire se termine là car personne n'a connu la réaction du Seigneur à son retour de guerre, ni ce que fit la baronne du cadavre de Lucie... on pensa dans le village que la baronne jeta en cette année 1560 le corps de la malheureuse dans les oubliettes de la Tour...
Au fil des ans, des rumeurs ont parlé de ce fantôme. Certains ont assuré avoir aperçu cette blanche silhouette qui rappelle que, voici plus de quatre siècles se déroula, en ces lieux plutôt sinistres qu'est la Tout-prison Mal-Coiffée, un drame de la passion, de la jalousie et de la haine. Une jeune petite effrontée opportuniste avait chèrement payé sa croyance en l'amour miracle...
Que dit l'Histoire au sujet de ce fantôme ? le baron Amable de Blich racontait, dans une lettre écrite au 17e siècle, avoir vue et entendue sangloter une silhouette lumineuse féminine. Le curé de la paroisse avait noté au 19e siècle qu'un valet d'écurie nommé Denis Vincent avait vu sa torche éteinte et il avait, dans le même temps, senti une force inconnue le flanquer contre un mur, avant d'observer le passage d'une silhouette lumineuse de femme.
En 1963, un psychiatre venu de Francfort était accompagné de son chien, dans la nuit, sur le chemin de ronde, peut-être pour se donner du courage. Il avait pour nom docteur Rudolph Schmidt. Son chien se mit à hurler à la mort et, sur le mur, il discerna une forme lumineuse. Il actionna un appareil photo. Il n'y eut rien sur la pellicule pourtant ultrasensible.
En 1967, un radiesthésiste écossais de Glasgow, nommé John MacCain, contait qu'il avait observé un étrange phénomène entre minuit et 1 heure du matin. Il avait apporté avec lui des souris hypersensibles. Soudain, elles manifestaient un affolement incompréhensible.
Plus tard, un habitant du Chili, attiré par les TV et les comptes rendus des journaux, débarqua à Veauce. Il prétendit avoir entendu des bruits qu'il qualifia de « toutes sortes de gémissements ». Un spécialiste des phénomènes électromagnétiques vint depuis Los Angeles. C'était en décembre 1971. Sur ses appareils, il enregistra, assura-t-il, le passage d'ondes non identifiées.
Plusieurs familles illustres se sont succédé de 1700 à 1970 dans le château : Chauvigny de Blot, Le Loup, Du Buysson, les Cadier de Veauce (une des plus anciennes familles du Bourbonnais, qui conservera le domaine jusqu'en 1970).
Alors un certain Éphraïm Tagori de la Tour, qui se donnera lui-même le titre de baron de Veauce, acheta le domaine en 1970, s'y installa, mais n'avait pas la fortune nécessaire pour entretenir les bâtiments et en aménager l'intérieur. Tagori de la Tour, né à Jérusalem, en Palestine, fit des études d'ingénieur et acquit un diplôme d'ingénieur de l'armement. Par la suite, il devint plutôt mercenaire-aventurier car on le retrouva général chez les Russes, participant à la bataille de Stalingrad puis officier dans l'armée anglaise. Juif, il participa aux côtés de Moshe Dayan à la guerre des Six-Jours. Comment se retrouva-t-il à Veauce et réussit-il a acheter le château à l'ancienne famille bourbonnaise ? C'est resté un mystère. Pour les habitants de cette petite bourgade, c'était un personnage hors du commun, surtout qu'avec son franc-parlé, il en rajoutait.
Dans les années 1980, le château de Veauce connut l'animation et la célébrité à cause ou grâce à Lucie. Le baron Tagori de la Tour avait alerté les médias et ceux-ci, friands de telles histoires, débarquèrent à Veauce. Tour à tour vinrent Antenne 2, TF1, FR3 et une multitude de journalistes parisiens et de province.
À cette période, s'efforçant de trouver de l'argent pour entretenir et assurer son statut, le baron organisait à la belle saison des visites du château et, dans les locaux, des expositions de peintures. Et le fantôme était au centre de la plupart des conversations. A tel point qu'à un moment donné, une fois par semaine, on allait sur le coup de 23 h 30 dans la tour Mal-Coiffée à la recherche de l'apparition de Lucie.
Un jour, un journaliste parisien, Jean-Yves Casgha, animateur sur France Inter de l'émission « Boulevard de l'étrange », et collaborant aussi à l'émission d'Anne Hoang sur TF1 intitulée « Contre-enquête » voulut en avoir le cœur net et tenter de démystifier l'histoire.
Il arriva au château avec deux équipes de reportage en août 1984. Dans la nuit du 8 au 9 août 1984, les techniciens placèrent douze micros tout au long du parcours suivi (à priori) par le fantôme. On y ajouta une caméra installée dans l'ancienne salle de garde. Dans l'obscurité la plus complète, chacun, à l'heure dite, se posta aux aguets, retenant son souffle.
L'attente ne fut pas très longue. Peu avant minuit, les témoins virent apparaître un point lumineux sur un mur du chemin de ronde. Cette lueur se mit à disparaître et à apparaître, jamais au même endroit, un peu plus loin, diminuant ou grandissant selon son déplacement. La lumière semblait sortir, jaillir de nulle part. Autrement dit, cette lumière n'avait pas de source, ni de rayonnement. Elle semblait sortir de nulle part et ne rien éclairer autour d'elle. Au bout de vingt-cinq minutes, ce mystérieux phénomène s'est brusquement interrompu, la lumière s'est éteinte définitivement.
Les deux caméras avaient fonctionné. Le film n'enregistra rien, peut-être parce que le film n'était pas assez sensible à une aussi faible lumière. Quant aux appareils de photos, seules quatre pellicules furent très vaguement impressionnées - ce qui est déjà ça. Le développement et le tirage allaient cependant révéler une légère silhouette. Était-ce celle de Lucie ? On ne peut que le supposer. Les journalistes et techniciens, impressionnés, affirmèrent qu'ils détenaient l'une des premières preuves physiques qu'un phénomène fantomatique existait bien, que des milliers de témoignages de part le monde et depuis des siècles étaient enfin validés par un appareillage fiable...
La photo expertisée sans trucage du phénomène lumineux
Témoignage du journaliste :
" À la base, je souhaitais dresser le portrait du baron. Cependant, à la faveur de la première soirée tandis que je dînais avec mes collaborateurs, j'ai proposé d'annuler la chambre d'hôtel pour passer la nuit au château.
À l'issue du repas, dès la fin de notre discussion, les ingénieurs du son procèdent à l'installation de leur matériel. Ceux-ci disposent çà et là toute une série de microphones afin d'enregistrer d'éventuels bruits étranges…
Les ingénieurs sont accompagnés par deux personnes qui vont jouer un rôle de choix au cours de la nuit. Il s'agit d'un médium prétendument capable de communiquer avec les défunts et de sa petite-fille.
Dans un silence de mort, les douze coups de minuits retentissent dans la pénombre de la grande salle que l'on appelle la salle « des pendus », car c'est ici qu'en 1789, les révolutionnaires locaux ont pendu les propriétaires des lieux... Tout le monde est dans l'expectative…
Tout d'un coup, une forme pâle apparaît près de la fenêtre. Sa taille est celle d'une chouette. Cette silhouette est tout d'abord visible par intermittence puis plus longuement durant un quart d'heure.
La surprise est totale, les seuls bruits proviennent des techniciens qui chuchotent. Une journaliste présente sur les lieux perd son sang-froid et s'exclame: « Mais c'est impossible ! ». Suite à cela, dans un silence de mort, la forme pâle se dirige en direction du chemin des rondes puis disparait.
Les techniciens ont juste le temps de prendre quelques photographies. Après examen, une silhouette blanche et vaporeuse est visible sur l'une de ces photos.
Exactement au même moment, un son perçant et suraigu semble provenir d'une autre pièce. L'ingénieur du son en charge d'effectuer la synchronisation des micros l'entend très clairement dans son casque, peu avant que le micro ne s'éteigne définitivement !
Apeuré, il se joint alors à l'équipe, mais aucun d'entre eux n'a entendu ce bruit étrange. "
Mais évidemment, des sceptiques et des gens très conservateurs et effrayés par une telle possibilité firent selon leurs propres croyances : réussir à imiter et truquer un phénomène (naturel ou non) suffit à démontrer le fait qu'il s'agit d'une invention, création humaine et non un phénomène physique inconnu ou surnaturel... c'est un raisonnement évidemment faux et stupide en soit, mais ça marche aussi pour les crédules qu'il faut rassurer... l'argument principal fut que la nuit du 8 au 9 août 1984 était aussi une nuit de presque pleine Lune, la phase lunaire étant croissante au dernier quartier, et que c'était "probablement" un reflet lunaire à travers les meurtrières du chemin de ronde qui était la cause de cette lumière fantomatique... voilà une affirmation facile (sans vérifier la position lunaire ni l'heure du lever de la Lune, ni sa position éventuelle dans le ciel) qui suffit bien souvent aux sceptiques et zététiciens de tous poils (qui se font d'ailleurs pour certains de l'argent avec ces affirmations faciles !) pour repousser un tel phénomène ou un autre... et rassurer les crédules et en retardant ainsi parfois l'étude sérieux de certains phénomènes peu connus ou restant à découvrir, et ceci sans plus de matières scientifiques que les parapsycologues qu'ils mettent en doute, car ils utilisent en fait les mêmes méthodes...
Quant au baron, un homme peu impressionnable si l'on en juge par sa vie tourmentée de mercenaire, il vivait avec sa charmante femme, Denise, de quelque trente ans sa cadette, dans la partie opposée à la Tour. Ils étaient éloignés du chemin de ronde et de la Tour, parcours habituel du fantôme. II avait, selon ses dires, observé le phénomène au moins une centaine de fois. À chaque fois, il a essayé d'entrer en communication avec l'être qu'on suppose se manifester ainsi. Il a reconnu que, seul, dans le noir, dans ce château inhabité la nuit, il eut des frayeurs et, parfois, n'en menait pas large. Il y a tellement de bruits invraisemblables la nuit, venant de tous côtés, dans ces très vieilles demeures, que l'on peine à les identifier.
« J'ai, ajoutera-t-il, posé de loin des questions fort simples comme : Qui êtes-vous ? Que nous voulez-vous ? Une seule fois, j'ai cru, en 1972, entendre un long cri rauque paraissant venir de nulle part et qui m'a donné la chair de poule. J'ai pris mes jambes à mon cou. Jamais plus je n'ai tenté une semblable expérience et, de nuit, je n'ai plus remis les pieds sur le chemin de ronde. »
D'autres sont venus pour tenter de percer ce mystère, mais la curiosité s'estompa dans les années 1990, parce que le baron avait moins d'activité vu son grand âge. Ainsi, on parla beaucoup moins du fantôme.
Pour tous, c'était Lucie, même si les véritables historiens ne se hasardent pas sur son identité. Pour tous, c'est l'âme en peine de cette pauvre Lucie qui est supposée revenir hanter le château. Des gens du pays comme V. Richard, un chroniqueur local, vous racontent cette légende, et Lucie, ils l'ont baptisée la Dame blanche. Personne ne douta que ce fut son spectre que l'on pouvait supposer être sur la pellicule.
Pour beaucoup, ils ont précisé que cette « ombre lumineuse » laisse supposer des traits d'un visage qui, pour ceux de 1985, aurait eu une ressemblance avec celui de Fabiola, du célèbre tableau de Henner. Il semblerait aussi que sa longue silhouette, diaphane comme un halo de brume blanche, est protégée par une cape-pèlerine d'un brun foncé. Au 1er étage du château se trouve la Galerie des peintures et, parmi elles, "les mystères du Château de Veauce", toile de Marcel Hasquin, qui a pour thème la légende de Lucie...
"les mystères du Château de Veauce", toile de Marcel Hasquin
Le baron est mort en 1998. Son épouse et leur fille demeurent à Versailles. Le baron s'y était ruiné, vendant tout son troupeau de bovins, pour remettre en état la tour et les toitures... Madame Elisabeth Mincer, propriétaire britannique actuelle, l'a acquis en 2002... elle affirme n'avoir jamais vu le fantôme, mais que plusieurs de ses invités l'ont effectivement apercus selon leurs dires...
Reportage au château de Veauce (Allier), hanté par le fantôme de Lucie, dont le parapsychologue, M Réant, montre la photo expertisée, décrit les apparitions et raconte l'assassinat. Interview du châtelain Ephraim Tagori de la Tour "il a l'impression de connaître Lucie depuis toujours". Une voisine de 85 ans et le cafetier et maire du village, Henri GUILLOT, expliquent les raisons de leur scepticisme. Arrivée d'une équipe de scientifiques, installation d'appareils de mesure, et interview de Rémy CHAUVIN sur les expériences de physique qu'ils vont effectuer durant la nuit.
Émission Midi 2 du 13-08-1985 Producteur ou co-producteur Antenne 2 Journaliste Patrick Hesters
L'émission Mystères sur le Château de Veauce et le fantôme de Lucie
Sources : INA, "Les Mystères de l'Allier" de Jean Débordes, Documystere.com, lamontagne.fr, TF1
Yves Herbo, Sciences et Faits et Histoires, https://herboyves.blogspot.com/ , 06-05-2016
En attendant d'autres légendes et données archéologiques de l'Auvergne, comme ici : https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/auvergne-france-un-alignement-de-menhirs-decouvert.html ,
voici quelques liens d'articles sur des légendes françaises :
A suivre...
Yves Herbo (c), Sciences-Faits-Histoires, 11-04-2020
Date de dernière mise à jour : 11/04/2020
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